Avec la crise, la vente d’églises s’accélère

L'église Saint-François-d'Assise, à Vandœuvre près de Nancy, est convoitée par la chaîne de fast-food KFC, ce qui suscite l'émotion des riverains.L’église Saint-François-d’Assise, à Vandœuvre près de Nancy, est convoitée par la chaîne de fast-food KFC, ce qui suscite l’émotion des riverains. Crédits photo : JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN/AFP

Faute de pouvoir les entretenir, les diocèses et collectivités n’hésitent plus à mettre en vente leur patrimoine religieux. Selon des experts, 5 à 10% des édifices pourraient être vendus, détruits ou abandonnés d’ici à 2030.

Notre-Dame de Paris fête ses 850 ans en grande pompe. La cathédrale doit recevoir ce jeudi neuf nouvelles cloches, dont huit ont été fabriquées en Normandie. L’ensemble sera exposé au public pendant un mois à partir de samedi et sonnera pour la première fois le 23 mars. Coût de cette «restauration du paysage sonore»: 2 millions d’euros entièrement financés par des dons. Ce projet ambitieux ne masque toutefois pas les menaces qui planent sur les édifices religieux de France. Selon l’Observatoire du patrimoine religieux (OPR), le pays compte près de 100.000 monuments (en moyenne 2,5 par commune), à 95% catholiques et dont environ 45.000 sont des églises paroissiales. Or, qu’il soit vendu, détruit ou abandonné, «5 à 10% de cet ensemble monumental pourrait avoir disparu à l’horizon 2030, soit entre 5 et 10.000 édifices», estime l’association.

La crise pose sérieusement la question du financement de l’entretien de ce patrimoine, qui incombe aux collectivités (propriétaires d’environ 40.000 églises) ou à l’Église (qui possède les 5000 restantes)*. «Les diocèses sont dans une situation financière critique, tout comme les mairies, et ont de moins en moins de fidèles», explique Maxime Cumunel, de l’OPR. Or, selon l’association, la maçonnerie et la toiture des bâtiments, ainsi que l’électricité et le chauffage, sont à reprendre tous les 20 à 30 ans. Des travaux auxquels s’ajoutent les besoins de restauration des tableaux, fresques ou autres sculptures. Au total, 20 à 30% des monuments religieux français devront être restaurés dans les 20 prochaines années, estime l’OPR. «S’il est fait de façon régulière, ce qui est rarement le cas, et si l’église est convenablement chauffée et fermée, cet entretien pourrait ne coûter que quelques milliers d’euros par an», assure Maxime Cumunel. Les villes, de leur côté, avancent souvent des devis à plusieurs millions d’euros. «Faute de pouvoir les entretenir, les mairies et les diocèses n’hésitent plus à vendre leurs églises.» Selon lui, 10 à 20 seraient ainsi cédées chaque année.

Curieux destins

Eglise Sainte-Thérèse, à Saint-Quentin, dans l'Aisne, à vendre. Crédit: Site de Patrice Besse.Eglise Sainte-Thérèse, à Saint-Quentin, dans l’Aisne, à vendre. Crédit: Site de Patrice Besse.

Le marché des bâtiments religieux n’est pas nouveau, mais il brasse traditionnellement des biens appartenant à des particuliers ou des congrégations (abbayes, prieurés, chapelles incluses dans des bâtiments, etc.). «Cela fait deux à trois ans seulement que le clergé lui-même vend ses lieux de culte, mais cet épiphénomène va s’amplifier», prédit Benoît de Sagazan, fondateur d’un site spécialisé sur le patrimoine religieux. Fin 2012, il recensait 14 églises et 20 chapelles à vendre en France. Sur le terrain, Patrice Besse, gérant d’une agence immobilière dédiée aux demeures de caractère, anticipe un essor des ventes d’édifices religieux. «En ce moment, j’ai cinq églises à vendre», précise-t-il. Selon lui, «les diocèses céderont un quart à la moitié de leurs églises d’ici à 20 ans». Quant aux mairies, elles devraient vendre 5% de leurs biens, soit plus de 2000 monuments, en seulement cinq ans.

 

L'église Saint-Éloi de Vierzon, à vendre. Crédit: Sébastien SORIANO / Le Figaro.
L’église Saint-Éloi de Vierzon, à vendre. Crédit: Sébastien SORIANO / Le Figaro.

Toujours est-il que ces biens ne sont pas faciles à vendre. «L’année dernière, nous avons vendu des églises de 100.000 à 200.000 euros en moyenne», souligne Patrice Besse. «Mais l’acquéreur doit généralement prévoir plus de 200.000 à 300.000 euros de travaux.» Difficile, en outre, de faire abstraction du rôle historique de tels monuments dans un projet de rénovation. Un poids de l’histoire dont se délestent malgré tout certains repreneurs. Parmi les destins curieux, celui de l’église Saint-François-d’Assise, à Vandœuvre, près de Nancy, convoitée par la chaîne de fast-food KFC, suscite l’émotion des riverains. Quant à l’église Saint-Éloi de Vierzon, un temps promise à une reconversion en mosquée, son sort défraie la chronique depuis des semaines.

*À l’exception des biens appartenant à des particuliers ou des congrégations, les édifices religieux sont régis par la loi sur la séparation de l’Église et de l’État du 9 décembre 1905. Ceux bâtis avant cette date appartiennent aux communes – à l’exception des cathédrales, propriétés de l’État – qui ont l’obligation de les entretenir. Les édifices postérieurs à 1905 sont détenus par les diocèses.

Source: Le Figaro

29 Commentaires

  1. l’eglise une maison comme les autres !
    peut etre un slogan publicitaire à venir.
    n’empeche une fois j’avais vu un reportage d’une personne qui y habitait c’etait vraiment bien fait il y avait de la place, par contre la facture pour le chauffage doit etre chere.

    • Les catholiques n’ont pas attendus le socialisme pour faire la charité tu sais …

      • on peut mème espérer que les bénébices de la vente de ces monuments vont alimenter les oeuvres caritatives de france …J’RIGOLE !

      • vas y te gene pas defends encore les catholiques suceurs de sang.
        le vatican bien logé dans son palais luxieux qui pourraient nourrir le monde ça ne te choque pas et tellement malin qu’il demande des prieres et l’aumone aux moutons.
        combien d’or il y a la bas hummm !

        les eglises vont moisir de plus en plus et avoir bientot beaucoup de lierres qui vont leurs pousser dessus.

      • ah encore une chose quand je vois un SDF j’essaie quand je le peux (avoir de la monnaie) de lui donner une petite piece et comme tu l’a compris je suis “tres” athée. va falloir comprendre que le bien ou le mal c’est à chacun de faire la part des choses mais visiblement dans la vie certains ont besoin d’un “maitre” pour les guider.

        • Comme je l’ai toujours dit, moi ancien catho allant tous les dimanches à l’église, prier doit être tout aussi naturel que respirer ou passer, et n’ayant pas besoin de quelqu’un pour m’expliquer comment pisser, je n’ai besoin de personne pour m’expliquer comment prier!

          • Quand j’allais à confesse je me faisais pardonner mes pollutions nocturnes par 5 Avé et 5 Pater,et le curé derrière la paroi qui demande les détails,bandes de tarés.

          • +1 avec toi Benji… Généralement, les “intermédiaires” ont plutôt tendance à “se” servir ; la religion, quelle qu’elle soit, n’est pas différente !
            🙂

            Par contre, il y a quand même une chose qui me fait sourire…
            …c’est de voir tous ceux qui hurlent des slogans pour faire “cesser les amalgames” sur les sujets qui les touchent, être parfois les plus prolixes et les plus haineux quand il s’agit de “bouffer du curé” ou de “défoncer du catho” !
            Ce comportement ne demande pas de courage car depuis quelques dizaines d’années, c’est limite “culturel” et plutôt “mainstream” de taper sur les catholiques dès qu’ils bougent une oreille…
            Hurler avec les loups ne demande pas plus de courage que d’être une hyène !

            Pour revenir au sujet de l’article : oui, une église vendue…et alors ? KFC intéressé pour en faire un restaurant…et alors ?
            Vous auriez préféré qu’autre chose soit fait dedans ? Eh bien achetez là et faites le…
            On n’avance pas en combattant ce qu’on déteste, on avance en se battant pour ce qu’on veut promouvoir !
            😉

            PS : les anti catho peuvent se faire plaisir en m’insultant suite à ce commentaire, ça fait un moment que je n’estime plus catholique…et je me demande si je peux encore me considérer comme chrétien (ah, je ne suis pas musulman non plus et je n’ai pas tourné bouddhiste)…
            😀

      • pour Notre-Dame les catholiques pouvaient faire des économies sur les Cloches ….Car il en a pleins au Gouvernement …

        • Si ces cloches ont été payées par les dons des fidèles ou par le biais d’œuvres faites pour ça…où est le problème ?
          Tant que ce n’est pas de l’argent public, il n’y a pas à maugréer là dessus…

          Et puis je connais une fonderie en Normandie qui devait être drôlement contente d’avoir à les faire, ces cloches !
          😉

        • Sinon, oui…c’est pas faux ; il y a pas mal de mauvais bourdons (cloche à son grave) au sein du gouvernement !
          lol
          😀

  2. Mettre un PFK dans une ancienne église, c’est quand même fort de café!

  3. Ces salopards peuvent aider les SDF mais ils préfèrent en faire des Fast Food,pourquoi pas des Bordels ?

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