Zone euro : peut-on encore éviter la catastrophe ?

On se demande comment les têtes pensantes, vont résoudre cette problématique. En re-capitalisant les banques?..

L’incapacité des ministres des finances européens, réunis samedi 17 septembre à Wroclaw (Pologne), à se mettre d’accord sur la mise en œuvre du plan de secours à la Grèce décidé en principe le 21 juillet risque d’enflammer de nouveau les marchés, alors que les grandes banques centrales de la planète s’étaient mobilisées, jeudi, de façon coordonnée pour fournir des liquidités aux établissements bancaires et apaiser momentanément la tempête.

Une du "Monde Economie" daté du mardi 20 septembre 2011.DR

La stratégie de l’Union européenne (UE), qui consistait à gagner du temps pour repousser la restructuration grecque et la mener à froid, est soumise à très rude épreuve.

Tout l’été, les négociations séparées menées par la Finlande pour obtenir des garanties de la Grèce, la démission du membre allemand du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), Jürgen Stark, et les déclarations de ministres néerlandais ou autrichiens évoquant un défaut grec avaient déjà encouragé la spéculation.

EFFET DE CONTAGION

La crise de confiance a ainsi déclenché une dynamique auto-réalisatrice de tensions sur les dettes souveraines, sur le marché du crédit interbancaire et sur les actions des banques. Si les seules pertes dues à un défaut sur la dette grecque peuvent être absorbées par les banques européennes, un effet de contagion aurait des conséquences néfastes sur tout le système financier.

« Le problème souverain et le problème bancaire sont intimement liés ; toute volonté de les séparer est vouée à l’échec. La restructuration de la dette grecque n’est pas lointaine. Le statu quo est condamné et risque d’amener à l’explosion de la zone euro », prévient Bruno Cavalier, directeur des études économiques de la société de Bourse Oddo.

Quelle que soit la date de la restructuration, l’enjeu est désormais de limiter ses effets sur les autres Etats fragiles de la zone euro – Portugal, Irlande, Espagne et Italie – et sur le système financier qui détient leurs titres. Bref, d’éviter l’effet boule de neige et l’explosion systémique qui plongerait la zone euro dans la dépression et aurait des répercussions globales. Pour cela, les experts préconisent un virage politique, surtout de la part de la BCE, prêteur en dernier ressort.

« Evidemment, en soi, la restructuration de la dette grecque va créer de la contagion. Mais elle aura fatalement lieu. La question est donc : que peut-on mettre en face ? Si l’on ne construit pas une digue, ce sera une invitation à généraliser le cas grec, et l’euro ne survivra pas », prévient Bruno Cavalier.

Pour n’avoir pas été surveillée par ses pairs – au contraire -, la Grèce est un cas à part. Après avoir fait défaut, elle n’aura d’ailleurs pas d’intérêt à sortir de l’euro, ce qui entraînerait selon les traités sa sortie de l’UE.

Une réintroduction de la drachme, son ancienne devise nationale, conduirait, selon les économistes de Natixis, à une dévaluation de 55 % face à l’euro, ce qui mettrait aussi en défaut financier tout le secteur privé grec. Une crise « à l’argentine » et un chaos économique et social s’installeraient dans ce pays en attendant qu’il puisse remonter la pente.

Un tel détricotage de la zone euro favoriserait la contagion et l’explosion de la monnaie unique, avec des coûts énormes. Ses partenaires devraient donc garder la Grèce et l’aider à se relever. « Réussir » un défaut grec suppose donc de réorienter les sommes qui avaient été prévues pour gagner du temps vers d’autres investissements.

Il s’agirait d’abord de recapitaliser les banques des Etats membres les plus fragiles. Et les autres pays devraient – comme la nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, l’a suggéré – renforcer les fonds propres de « leurs » banques en les recapitalisant.

« JOUER SUR TOUS LES LEVIERS »

Aux cours actuels, ils pourraient même aller jusqu’à en prendre le contrôle, comme l’évoquent certains experts, afin de les réformer et pour séparer leurs activités à risques des services bancaires traditionnels, comme cela est en projet outre-Manche.

Mais, à court terme, la responsabilité principale se trouve entre les mains de la BCE, a souligné le Prix Nobel d’économie Paul Krugman dans une tribune du New York Times le 11 septembre. Il lui suggère d’acheter plus massivement qu’elle ne le fait les titres de dette publique, pour enrayer le caractère auto-réalisateur de la crise.

Partant de la situation de la Grèce, les marchés font aussi monter les taux d’intérêt des Etats « fragiles », accroissant leurs problèmes budgétaires et économiques et la fragilité du système financier. Incluant désormais l’Espagne et l’Italie, cet ensemble pèse un tiers de l’économie de la zone euro !

Les quelque 150 milliards d’euros de dette souveraine rachetés par la BCE semblent insuffisants pour enrayer cette dynamique meurtrière.

OBSESSION DE L’INFLATION

Pour M. Krugman, la BCE est paralysée par l' »obsession » de la lutte contre l’inflation, alors même que l’effet des rachats de titres sur l’inflation « est douteux, lorsque l’économie est déprimée » et que cette dernière est de toute façon « une menace moindre pour les investisseurs que le défaut pur et simple ».

« La BCE peut – et doit – jouer sur tous les leviers, orthodoxes et hétérodoxes, pour limiter les effets (de) la restructuration de la dette grecque sur le système financier et (la) zone euro », ajoute M. Cavalier.

Elle peut baisser le loyer de l’argent. Son taux directeur a été relevé à 1,5 % en juillet quand il est proche de zéro aux Etats-Unis, au Japon, en Angleterre, en Suisse. Elle peut aussi apporter des liquidités à plus long terme au système bancaire, qu’elle finance à six mois.

Elle est allée jusqu’à un an, au début de la crise, mais elle pourrait financer à deux ans si c’est nécessaire. Enfin, elle doit répondre au danger exceptionnel par des mesures hors normes de monétisation de dette. « Aujourd’hui, il n’y a pas d’autre institution susceptible de montrer aux investisseurs que le mammouth de la dette italienne peut être canalisé », assure M. Cavalier.

« La BCE est divisée, mais pragmatique. Les responsables opposés aux rachats de dettes souveraines (les Allemands Axel Weber et Jürgen Stark) sont partis », ajoute M. Cavalier. L’avantage de ces interventions de la BCE, c’est qu’elles pourraient faire baisser l’euro.

SURÉVALUATION DE LA MONNAIE UNIQUE

Un des problèmes centraux de la zone euro est son manque de compétitivité lié à la surévaluation de la monnaie unique par rapport aux autres grandes devises. Economiquement, politiquement et socialement, rétablir la compétitivité par de seules mesures d’austérité internes ne semble ni réalisable ni souhaitable et porteur de risques de dépression et de déflation.

A plus long terme, les Européens pourraient aussi s’entendre sur davantage de solidarité. Mais dans la crise qu’ils traversent, des pas de géant seraient nécessaires. « Les euro-obligations ne marcheront que si elles sont faites massivement. Il faut aligner 3 000 à 4 000 milliards d’euros pour prendre le marché à son propre jeu et le dissuader de s’attaquer à la dette italienne. Lever un tel montant n’a de sens que si l’on affecte une recette fiscale propre au remboursement de ces emprunts. Cela suppose une grande confiance entre les partenaires. Or tout le monde hésite à s’engager car les pays ont trop divergé dans leurs histoires, leurs habitudes, leurs cycles économiques », note Philippe Brossard, économiste et président de Macrorama.

Le « saut fédéral » qui permettrait de disposer d’un budget commun risque de prendre du temps. On ne peut s’en remettre à cette seule idée, discutée âprement, pour affronter l’urgence.

Jean-Pierre Patat, consultant au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) et au cabinet de conseil Thierry Apoteker, préfère envisager une amélioration des règles existantes du pacte de stabilité : « Qu’il n’ait pas été respecté, par la France mais aussi par l’Allemagne, n’enlève rien à ses mérites. Qu’il doive être complété par des garde-fous sur l’endettement privé – en introduisant le solde des paiements courants dans les indicateurs surveillés – est indispensable. Mais il y a là un chantier plus réaliste que de bâtir un « gouvernement » impliquant dix-sept pays. »

C’est donc bien la BCE qui sera la dernière digue à même de protéger la zone euro.

Auteur Adrien de Tricornot pour le Monde

Grèce: Ces entreprises qui fraudent le fisc et ne paient pas leurs fournisseurs français
Les impayés à l’égard des sociétés tricolores ont doublé depuis un an…

La fraude fiscale semble bien être le sport national en Grèce. Le ministère des Finances a publié sur son site internet la liste de 6.000 entreprises et commerces qui doivent la bagatelle de 30 milliards d’euros à l’Etat, ce qui représente environ 10% de son PIB.

Une somme gigantesque alors que la Grèce bataille avec le FMI, l’Union Européenne et la Banque Centrale Européenne pour recevoir une aide de 8 milliards d’euros sans laquelle elle sera en faillite.

Tous les secteurs sont visés

Premier débiteur: Hellenic Railways qui doit à l’Etat 1,26 milliard d’euros. Les chances de remboursement sont minces alors que la compagnie de chemin de fer est endettée à hauteur de 7 milliards d’euros, note ce mardi Le Parisien.

Et tous les secteurs sont touchés. «Chaînes d’hôtels, importateurs de viande, coopératives agricoles, fabricants d’huile d’olive, et même les clubs de foot avec l’AEK (100 millions d’euros), le Panionios (21 millions d’euros) et le basket représenté par le Panthessalonikeios de Thessalonique (68 millions d’euros)», liste le quotidien.

Les sociétés françaises ne se font pas payer

Mais si 6.000 entreprises sont dans le viseur du fisc, d’autres sont dans le collimateur des sociétés françaises, car elles ne paient pas leurs factures. En effet, le nombre d’impayés a carrément été multiplié par deux au cours des douze derniers mois. «Alors qu’auparavant les factures s’élevaient à 8.000, 10.000, voire 20.000 euros, à présent les impayés dépassent 700.000, 800.000, et parfois un million d’euros », a indiqué Philippe Liszewski à Europe 1, le directeur du contentieux à la Coface, un assureur-crédit, responsable de récupérer les impayés. «C’est du jamais vu», d’après lui.

Dixit le patron de BioMérieux qui réalise 85% de son activité à l’étranger certaines sociétés grecques cumulent même trois ans d’impayés.

La France exporte pour 4 milliards d’euros de produits en Grèce chaque année.

M.B.

3 Commentaires

  1. Non on ne pourra pas éviter la catastrophe qui est inscrite dans les gènes du capitalisme financier. La seule solution pour éviter la faillite sera d’en sortir.
    A lire le journal quotidien du krach.

  2. Tu parles d’une solutions !
    Pour eux, il faudrait s’endetter encore plus à hauteur de (sic:) »3 000 à 4 000 milliards d’euros pour prendre le marché à son propre jeu et le dissuader de s’attaquer à l’Italie ».
    Pas de doute, ils nous prennent vraiment pour des cons !!!

  3. Par dessus la tete de cette europe là.
    vivement qu’elle disparaisse avec ses parasites

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