Pourquoi Charles de Gaulle refusa-t-il toujours de commémorer le débarquement du 6 juin ?

Une page d’histoire relayée sur le blog: les raisons pour lesquelles Charles De Gaulle refusait de commémorer le débarquement du 6 Juin. Peut-on donner raison à cet homme qui fut un si grand président? Tout est relatif, car s’il est important de se souvenir de toutes ces victimes qui furent chair à canon et qui crurent à leur sacrifice au nom de la liberté, il ne faut pas pour autant oublier l’histoire avec un grand H, et les vérités qui par commodité furent oubliées avec le temps. Commémorer cette date, c’est le faire avec “les libérateurs”, les américains, en fermant les yeux au passage sur les véritables raisons du débarquement, et elles ne furent pas celles qui nous ont été enseignées, ce n’est pas vraiment le style de la Maison-Blanche…

Le débarquement, c’est avant tout l’arrivée de la culture américaine qui devait s’imposer sur la vieille Europe, l’arrivée des marques et de nouveaux produits jusqu’alors inconnus, une vaste opération commerciale, et également un premier geste pour s’imposer en Europe dans le but un jour de prendre le pouvoir de celle-ci, puisque le TAFTA n’est pas un scénario récent, ce que certains ont tendance à oublier… Ils arrivèrent en conquérants refusant au passage l’aide de troupes françaises durant cette journée. Le pire, c’est que les États-Unis arrivèrent en France dans le but de “libérer le pays des nazis”, alors que les nazis étaient justement des partenaires économiques des USA. N’oubliez pas que les États-Unis et le troisième Reich, c’est une grande histoire que certains préfèrent oublier…

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Pour le petit rappel:

Commémorer le débarquement du 6 Juin, n’est-ce pas participer à un “souvenir” souhaité par de véritables faux-jetons qui jouent avec l’histoire à des fins géopolitiques? De Gaulle qui a fini par être évincé du pouvoir plus ou moins directement par les États-Unis comme déjà expliqué ici, avait ses raisons, reste à savoir si celles-ci étaient bonnes… Mais nous n’allons pas nier l’histoire, tout négationnisme étant très mal vu, autant regarder la vérité:

C’était de Gaulle, Tome 2 (Édition de Fallois Fayard 1997), pages 84 à 87


  • Palais de l’Élysée, 30 octobre 1963

En nommant Jean Sainteny ministre des Anciens combattants en décembre 1962, le Général lui avait demandé de consacrer son énergie à l’année 1964. Elle était propice à raviver le souvenir de deux des années glorieuses : cinquantenaire de 1914 et vingtième anniversaire de 1944.

À la fin du Conseil du 30 octobre 1963 , Jean Sainteny a évoqué les cérémonies prévues pour la commémoration de la libération, Pompidou me prend à part : « Tâchez de faire revenir le Général sur son refus d’aller sur les plages de Normandie… » Je suis stupéfait et de l’information et de la demande. « Enfin, reprend Pompidou, prenez des précautions… Je m’y suis cassé les dents. »

Sainteny m’apprend ensuite qu’il se les était déjà lui-même cassées. Naturellement, je vais me les casser aussi.

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  • « La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. » 

Alain Peyrefitte (l’air candide) : « Croyez-vous, mon Général, que les Français comprendront que vous ne soyez pas présents aux cérémonies de Normandie ?

Charles-de-Gaulle (sévèrement) : – C’est Pompidou qui vous a demandé de revenir à la charge ? (Je ne cille pas). Eh bien, non ! Ma décision est prise ! La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement.

Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne (il appuie).

Il m’a crié de toute la force de ses poumons : « De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! » (Il me l’a déjà dit. Ce souvenir est indélébile.)

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« De Gaulle, dites-vous bien que quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! »  (Winston Churchill)

  • « Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! »

Charles-de-Gaulle : « Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne !

Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.

NOTE : AMGOT = « Allied  military government for occupied territories », gouvernement militaire allié pour les territoires occupés

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billets americains france Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer «le débarquement des anglo saxons»

NOTE : Comme le révèlent leurs coloris et leur graphisme – très voisins de ceux du dollar – ces billets libellés en francs furent imprimés aux États-Unis, de février à mai 1944, par le Bureau of Engraving and Printing, qui est normalement chargé d’imprimer les dollars américains et les autres documents officiels du gouvernement fédéral. Étant fabriqués aux États-Unis, c’est le papier, l’encre, la matière, la présentation et le format des dollars américains qui servirent de référence.

 Dès les premiers jours suivant le débarquement du 6 juin 1944, les armées américaines commencèrent à distribuer ces billets de banque pour remplacer les billets français émis durant l’Occupation.

Dès le 14 juin 1944, le Commissaire de la République François Coulet, présent en Normandie, fut confronté à cette circulation de monnaie, qui était d’ailleurs mal accueillie par la population. Il recommanda aux banques de les encaisser et de ne pas les remettre en circulation.   

Dès le 27 juin 1944, le général de Gaulle – arrivé entretemps sur le sol français – tapa du poing sur la table en dénonçant cette « fausse monnaie », et en en interdisant la circulation, dès son installation au pouvoir au sein du Gouvernement provisoire de la République française. Cette interdiction alla de pair avec l’effondrement du projet de commandement militaire imposé à la France(AMGOT).

Charles-de-Gaulle : « C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération !

Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n’est pas là !

« Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder !

  • « M’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non ! »

Charles-de-Gaulle : « En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre première armée y a été associée dès la première minute, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance.

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Charles de Gaulle commémore le débarquement de Provence le 15 août 1964 : cf. extrait d’actualités disponible sur le site de l’INA : http://www.ina.fr/video/CAF94058797

Charles-de-Gaulle : – Et je commémorerai la libération de Paris, puis celle de Strasbourg, puisque ce sont des prouesses françaises, puisque les Français de l’intérieur et de l’extérieur s’y sont unis, autour de leur drapeau, de leurs hymnes, de leur patrie ! Mais m’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non !

« Les Français sont déjà trop portés à croire qu’ils peuvent dormir tranquille, qu’ils n’ont qu’à s’en remettre à d’autres du soin de défendre leur indépendance ! Il ne faut pas les encourager dans cette confiance naïve, qu’ils paient ensuite par des ruines et par des massacres ! Il faut les encourager à compter sur eux-mêmes !

Allons, allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mémoire que ça ! Il faut commémorer la France, et non les Anglo-Saxons ! Je n’ai aucune raison de célébrer ça avec éclat. Dites-le à vos journalistes. »

Il reprend : « Ceux qui ont donné leur vie à leur patrie sur notre terre, les Anglais, les Canadiens, les Américains, les Polonais, Sainteny et Triboulet seront là pour les honorer dignement. »

NOTE : Sainteny et Triboulet étaient respectivement Ministre des anciens combattants et Ministre de la coopération en 1964.

  • 13 mai 1964

Espérant que le général aura oublié sa vive réplique, ou en tout cas aura oublié que c’est à moi qu’il l’a adressée, je remets la question sur le tapis, 10 mois et demi plus tard, le 13 mai 1964.

  • « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

Alain Peyrefitte : « Ne craignez-vous pas, si nous ne devons pas du moins quelques explications, que votre absence du 6 juin en Normandie soit mal interprétée ?

Charles-de-Gaulle : – Mais je vous l’ai déjà dit ! Il n’a jamais été question que j’y aille ! Je ne suis pas allé pour le cinquième anniversaire ; ni pour le dixième ; ni pour le quinzième. Pourquoi voulez-vous que j’y aille pour le vingtième ? Et j’ai demandé au Premier ministre de ne pas y aller non plus. D’ailleurs, le Premier ministre anglais n’y va pas. Johnson ira pas non plus. Pourquoi irions-nous ?

(Évidemment, Wilson et Johnson n’y vont pas, parce que De Gaulle n’y va pas.)

Alain Peyrefitte : – Eisenhower et Montgomery doivent y aller.

Charles-de-Gaulle : – Ce sont des acteurs, qui se font payer cher à la télévision. »

Finalement, Eisenhower et Montgomery, après avoir annoncé leur participation, ne sont pas venus.

  • 10 juin 1964

Après le Conseil du 10 juin 1964, le Général laisse percer encore son agacement :

« Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? S’étaient-ils battus pour que la France recouvre sa liberté, pour qu’elle contribue à sa délivrance ? Que faisaient-ils pendant la guerre ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

Et lui, il a dû se battre pour que le débarquement ne se passe pas complètement de la France libre. S’il a prononcé son discours de Bayeux le 16 juin 1946, ce ne fut pas pour commémorer le débarquement du 6 juin, mais son débarquement sur les talons des Américains, le 16 juin 1944 à Bayeux.

Il recule son fauteuil, cale son dos. Il a envie de parler.

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  • « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? »

Charles-de-Gaulle : « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? Ce qu’ils voulaient, c’était glisser vers le nord le long de la mer, pour détruire les bases des V1 et des V2, prendre Anvers et, de là, donner l’assaut à l’Allemagne. Paris et la France ne les intéressaient pas. Leur stratégie, c’était d’atteindre la Ruhr, qui était l’arsenal, et de ne pas perdre un jour en chemin.

Churchill avait demandé à Eisenhower d’essayer de libérer Paris pour Noël. Il lui avait dit : « Personne ne pourra vous en demander davantage. »

Eh bien si, nous étions décidés à demander davantage ! Le peuple de Paris s’est soulevé spontanément et il aurait été probablement écrasé sous les décombres, comme le peuple de Varsovie, s’il n’avait pas été soutenu. Mais il y avait des hommes qui, trois ans plus tôt, à Koufra, s’étaient juré de libérer Paris, puis Strasbourg. Ce sont eux qui ont libéré Paris avec son peuple.

NOTE  : Leclerc et sa colonne, qui venaient du Tchad pour rejoindre la Tunisie en guerroyant, avaient fait, dans l’oasis de Koufra, le serment de ne pas déposer les armes avant d’avoir libéré Paris et Strasbourg.

  • « Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. »

Charles-de-Gaulle : « Mais nous n’avions pas l’accord des Américains. Quand j’ai vu que l’insurrection parisienne allait être écrasée par une division allemande intacte qui arrivait de Boulogne-sur-Mer, j’ai donné l’ordre à Leclerc de foncer. C’est ainsi que nous avons évité à Paris le sort de Varsovie. Nous avons obligé les Anglo-Saxons à changer de stratégie. Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. Ce qu’ils voulaient, c’était en finir avec Hitler, en essuyant le moins de pertes possibles. Ce qu’ils voulaient épargner, c’était le sang des boys, ce n’était pas le sang, les souffrances et l’honneur des Français.

« Effectivement, si les Anglo-Saxons avaient pu mener leur stratégie jusqu’au bout, ils auraient peut-être réussi à frapper l’Allemagne au cœur plus vite. De toute façon, Hitler aurait fini par être battu, et la France aurait fini par être libérée. Mais si les Français étaient restés passifs, et si nous n’avions pas eu de part à la défaite d’Hitler, c’est au bout du compte lui qui aurait vaincu la France. »


Ce que Roosevelt et les américains voulaient vraiment faire de la France en 1944

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  •  « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »

(Franklin Roosevelt, Président des États-Unis, le 23 novembre 1942, devant les émissaires de Charles de Gaulle à la Maison Blanche)

NOTE : Pour comprendre quels étaient les objectifs de Franklin Roosevelt, et des cercles dirigeants américains, quant à l’avenir de la France après le débarquement, il est utile de relire un passage essentiel des Mémoires de Guerre.

Nous sommes en novembre 1942. Les Anglo-Américains viennent de réaliser le débarquement en Afrique du nord française (Opération Torch), d’ailleurs sans en avoir prévenu le chef de la France Libre. […]

En revanche, une décision fait scandale, aussi bien au sein des Français Libres réfugiés à Londres que parmi l’opinion publique britannique : le général américain Eisenhower, bien entendu avec le plein accord du président Roosevelt, a décidé de maintenir l’Amiral Darlan, l’un des dauphins de Pétain, au pouvoir à Alger. En somme, Darlan a retourné sa veste et les Américains l’en récompensent en le maintenant dans ses fonctions à la tête de l’Afrique du nord française !

Sitôt la nouvelle connue, Charles de Gaulle décide d’envoyer deux émissaires à Washington pour protester avec la dernière énergie auprès du président Rososevelt. Lequel les reçoit et leur livre une vision de la France d’après-guerre proprement scandaleuse. C’est ce célèbre passage des Mémoires de Guerre :

Il n’en faut pas davantage pour que le Président Roosevelt surmonte, à l’égard de Darlan, les scrupules démocratiques et juridiques que, depuis plus de deux années, il opposait au général de Gaulle. Par son ordre, Clark reconnaît le haut-commissaire et entame avec lui des négociations qui aboutissent, le 22 novembre, à un accord en vertu duquel Darlan gouverne et commande, pourvu qu’il donne satisfaction à ses vainqueurs anglo-saxons.

Sans doute, le Président fait-il publier une déclaration affirmant que les arrangements politiques conclus entre Eisenhower et Darlan ne sont « qu’un expédient temporaire. » Mais recevant, le 23, André Philip et Tixier et s’irritant de leurs protestations, il leur crie : « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »

Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Tome 2, l’Unité, 1942-1944, chapitre « Tragédie »  Page 48 (édition Plon)

On voit donc bien la collusion qu’il y avait entre les autorités américaines et les autorités du régime de Vichy. Le président Roosevelt et les cercles dirigeants américains voulaient disposer, au sortir de la guerre, d’une France domestiquée. C’était finalement un conflit d’impérialisme entre les Américains et les Allemands, rien d’autre.

Et Roosevelt souhaitait promouvoir les pétainistes contre de Gaulle parce qu’il savait parfaitement qu’ils seraient infiniment plus dociles, pour obéir à Washington comme ils obéissaient à Berlin, plutôt que le Fondateur de la France Libre, dont l’intransigeance sur l’indépendance de la France était déjà légendaire.

Cette vision stratégique de ce que devait devenir la France d’après-guerre selon Washington a été confirmée et précisée par Charles de Gaulle, vingt ans après les événements. Toujours à Alain Peyrefitte, dans un autre passage capital de l’ouvrage C’était de Gaulle. Passage que voici  :


C’était de Gaulle, Tome 2 (Édition de Fallois Fayard 1997), page 52


  • Palais de l’Élysée, 17 juin 1964

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  • « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. »

Charles-de-Gaulle : « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. Il pensait que le jour où les Américains auraient débarqué en France, si le Maréchal était encore là, il n’aurait rien à leur refuser ; ce qui était bien vrai.

Ensuite, Vichy étant devenu vraiment impossible, il a laissé tomber Vichy. Il a essayé de se rattraper sur Giraud.

Puis, voyant que ça ne donnait rien, il a essayé de se rabattre sur Herriot. Il a même tenté de fabriquer un gouvernement à Paris au moment où j’allais y entrer, avec Laval, Herriot. Tout ça été manigancé avec Otto Abetz [Représentant de Hitler à Paris sous l’Occupation] et avec Allen Dulles, qui était à Genève pour le compte de la CIA. »

Alain Peyrefitte : – Allen Dulles

Charles de Gaulle : – Oui, c’est ça. D’abord moi, en arrivant à Paris, j’aurais foutu ce gouvernement au [trou][…]. Vous pensez, à l’époque, Herriot, Laval et Abetz ça ne pesait pas lourd. Mais Roosevelt se figurait qu’Herriot assurerait la continuité avec la IIIe et Laval avec Vichy, et que tout ça allait apparaître comme la République.

Seulement, Hitler, ça l’a exaspéré quand il a su ça. Il a dit : « De quoi, de quoi ? Laval, Herriot, et tout ceux-là ? » Alors, il a fait savoir à Laval de s’en aller à Sigmaringen, il l’a fait dire aussi au Maréchal, il a désavoué Abetz, il a fait remettre Herriot dans sa prison. Il a tout nettoyé.

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Le gouvernement que Roosevelt (ci-dessus) voulait imposer aux Français en 1944 : Pierre Laval et Édouard Herriot (ci-dessous)  !

L’opération avait été préparée en concertation avec le chef de la CIA Allen Dulles et l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz…  

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NOTE : Le Président Roosevelt refusa toujours de reconnaître la légitimité de la France Libre, préférant maintenir une ambassade auprès de Pétain et du régime de Vichy jusqu’en novembre 1942, puis usant des manœuvres les plus tortueuses pour tenter d’écarter Charles de Gaulle du pouvoir et installer, à sa place, des dirigeants plus malléables.

Ainsi, en août 1944, soit plus de deux mois après le débarquement de Normandie, le Président Roosevelt espérait encore installer au pouvoir à Paris Édouard Herriot – homme politique radical de la IIIe République – et Pierre Laval – la figure la plus honnie de la Collaboration, avec lequel il avait d’ailleurs des liens de parenté par alliance. Ce projet scandaleux, minutieusement décrit par de Gaulle dans ses Mémoires de guerre, avait été ourdi par une étroite concertation entre le chef de la CIA Allen Dulles, l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz et le dauphin de Pétain.

Allen Dulles (1893 – 1969) fut le premier directeur civil de la Central Intelligence Agency (CIA), du 26 février 1953 au 29 novembre 1961, et l’un des sept membres de la commission Warren chargée d’enquêter sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.

Il était également le frère cadet de John Foster Dulles, Secrétaire d’État des États-Unis du gouvernement Dwight Eisenhower, de 1953 à 1959, et actionnaire principal de la United Fruit Company, société bananière influente dans les républiques bananières d’Amérique latine.

Allen Dulles est un personnage des plus controversés : sa carrière au sein de l’État américain ne cessant d’être émaillée de conflits d’intérêts personnels et familiaux plus ou moins importants, dus à sa participation à la vie de grands groupes industriels internationaux ainsi qu’à la carrière de son frère John Foster Dulles qui travailla lui aussi pour ces grands groupes.

Otto Abetz (1903 – 1958), francophone et francophile, représenta l’Allemagne en France en 1938 et en 1939, d’où il fut expulsé le 30 juin 1939 comme présumé espion. Le 8 juillet 1940, à la suite de l’armistice entre la France et l’Allemagne, il fut de nouveau envoyé en France. Nommé ambassadeur de l’Allemagne le 3 août 1940, il conserva ce poste jusqu’en 1944 et travailla à mettre en place une politique de collaboration. En juillet 1949, le tribunal militaire de Paris le condamna à 20 ans de travaux forcés pour crimes de guerre, en particulier pour son rôle dans l’organisation de la déportation des juifs de France vers les camps de la mort. Il fut libéré en avril 1954.

Charles de Gaulle : « Bohlen [L’ambassadeur des États-Unis en France] se comporte envers moi comme Roosevelt il y a vingt ans. Il reçoit en permanence des députés, des sénateurs, des journalistes, et il les monte contre nous. Je n’en ignore rien. Ils font tous ça, les Américains.

Article en intégralité sur Les crises via Quenelplus.com

 

Benji

20 Commentaires

  1. Ce n’est pas par altruisme que certains pays ont participé à la Libération !
    je me souviens de ce que m’avait raconté un oncle qui avait rejoint de Gaulle en Angleterre. il logeait dans une famille quand, au cours d’un repas, le maître de maison a lâché cette phrase ” quand la France sera sous domination anglaise…” mon oncle, croyant avoir mal entendu a fait répéter et expliquer la pensée de cet homme, qui lui a confirmé que l’Angleterre comptait bien annexer la France, sans autre forme de procès. Mon oncle s’est levé de table, a pris ses affaires et est parti.
    A la Libération il a été parachuté en France.

    Que serions-nous devenus si de Gaulle ne s’était pas imposé lors de la conférence qui établissait, en quelque sorte, le “partage” des pays libérés ??

  2. Pour info, ce livre sorti il y a peu de temps en français:

    “Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine” de Carroll Quigley

    Ce grand livre de Carroll Quigley (1910-1977), professeur à l’université de Georgetown est paru en anglais après sa mort en 1981.

    Nous pouvons affirmer que cette parution en langue française de l’Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine, est véritablement une œuvre de salubrité publique.
    En effet, grâce aux travaux de cet universitaire américain, il est désormais possible de mieux connaître les arcanes de ce monde oligarchique opaque dont l’action a été déterminante pour le monde anglo-saxon et, par ricochet, pour la planète entière.

    L’auteur développe et explique à partir d’abondantes pièces d’archives que les élites anglo-saxonnes ont élaborées, dans la deuxième moitié du XIXè siècle, un véritable plan de bataille afin de permettre à l’Empire britannique associé aux Etats-Unis d’asseoir une hégémonie complète sur le monde. Cette volonté de puissance et de domination a été l’œuvre d’une poignée d’hommes liés intimement à la haute finance de la City et de Wall Street.

    Tout un groupe, issu de la haute aristocratie et bourgeoisie britannique en liaison avec une élite américaine, émerge. Fort d’un travail de bénédictin, Carroll Quigley recense les noms et expose les ambitions de cette « super classe » ou « famille technocratique » avant l’heure définie par des liens sociaux et familiaux étroits.

    Pierre Hillard

    « Selon Quigley, les puissances du capitalisme financier (1850-1932) avaient pour ambition de créer un système mondial de contrôle financier dans les mains du secteur privé capable de dominer le système politique de chaque pays et l’économie mondiale… »
    Site officiel de l’auteur (en anglais uniquement) : http://www.carrollquigley.net

  3. Il faut arrêter de croire que de gaulle s’est opposé aux ricains comme un chevalier blanc.
    Il a détruit l’influence de la France partout où il pouvait, et s’est contenté de mettre la France sous coupe réglée avec son gang, heu non il faut dire son parti, qui jouait avec la peur des gens du parti communiste qu’ils favorisaient par derrière.

    • De Gaulle (Charles) jusqu’en 1940
      Mythes et réalités
      > http://www.contreculture.org/AG%20De%20Gaulle%20jusqu%27en%201940.html

      C’était un soldat, et devenant “politique” il tua beaucoup, logique nationaliste et colonialiste d’avant guerre oblige.

      • Merci pour le lien, qui résume bien la carrière du monsieur que certains même ici croient encore être un sauveur.

        • Tyr, +1000!
          Il a comploté en douce contre son peuple.
          Pourquoi croyez-vous qu’ il a été convoqué en Anglerre et lancé
          sa célèbre allocution?.

      • Je veux bien que l’on dépeigne des mythes mais l’auteur fait aussi preuve de mauvaise foi. La phrase tout en bas sort d’on ne sait où, aucune source, juste de l’anti-gaullisme gratuit.

        • J’ avais comme un pressentiment. Il a troqué son pays.
          Ses successeurs continuent le travail qu’ il avait entrepris.
          Nous n’ en sommes pas encore au résultat final.
          Maintenant, il faudra assumer.

      • J’ai lu ce lien et franchement, c’est tout sauf du sérieux.
        En effet, qu’y apprend-on?
        – De Gaulle, lors de la première guerre mondiale n’était pas forcément un grand courageux….la belle affaire !!!comme tout homme confronté au danger, ils étaient des millions ainsi…mais ça reste de l’interprétation et rien d’autre.
        – Qu’il admirait Pétain avant que ce dernier ne collabore et trahisse le pays… MAIS TOUT LE MONDE EN FRANCE ADMIRAIT PÉTAIN à ce moment-là ! Personne n’était devin de ce que ce monsieur allait faire ensuite.
        – Faux précurseur de l’utilisation de chars, d’avions et espérant en la ligne Maginot … ???? Idem que pour plus haut, la ligne Maginot était vantée par tous non ?
        Et puis, comparer un texte de 1925 avec un autre écrit 13 ans plus tard pour noter une contradiction, c’est d’une part dénier à l’homme le droit de rectifier une erreur éventuelle et d’autre part en l’occurrence parfaitement manipulateur. Vous ne changez jamais d’avis en 13 ans…surtout dans ce genre de domaine où tout évolue si vite, même à cette époque ?
        – Idem pour la bataille de Moncornet ou carrément on fait dans l’interprétation gratuite …
        – L’exil à Londres, là aussi, nous interprétons tant et tant et il faut même une déclaration de Churchill pour appuyer l’ensemble…quand on lit dans le post plus haut ce que Churchill dit à De Gaulle sur les USA, c’est simple pourtant à comprendre non? Que dans ces écrits, le gros à cigare ait voulu cracher sur ce De Gaulle qui l’avait quand même bien emmerdé me semble un peu….logique.
        – Le reste est du même tonneau, rien de concret, juste de la manipulation, de l’interprétation en s’appuyant en plus sur des demi faits, des “on dit que” etc etc…
        La petite phrase de la fin est d’un ridicule assez énorme d’ailleurs et ne mérite même pas d’être répétée tant elle donne plutôt envie de vomir qu’autre chose.

        En conclusion, sur De Gaulle, tenter de lui retirer l’action évidente qu’il a eue au moment de la seconde guerre mondiale en faveur de la France est tout simplement de la crapulerie intellectuelle mais quand on voit sur quoi on s’appuie pour le faire, on se rend compte que les arguments ont bien manqué…
        Maintenant, si on veut parler du De Gaulle d’après-guerre, de cet homme politique réac, de droite et qui ne s’appuya sur les communistes …un temps…. que parce que ces derniers avaient œuvré à la résistance et représentaient une part énorme du soutien populaire, alors là on le peut, il y a de la matière !
        Mais sur le rôle de cet homme dans la libération du pays lors de la seconde guerre mondiale, il va falloir trouver autre chose pour tenter de lui salir l’uniforme …
        A mon avis, ce dénigrement n’est pas venu par hasard en ce moment …

        • De Gaulle était de droite?
          Première nouvelle.
          Des preuves? bah non, hein.

          On ne tente pas de retirer à de Gaulle ce qu’il aurait fait de bien pendant la 2eme guerre mondiale, mais il ne faut pas oublier qu’il n’avait aucun légitimé quand il a passé son appel (passé AVANT l’armistice, donc à un moment où des soldats français se battaient encore contre l’allemand)

          Ensuite, qu’il y avait d’autres résistants, qui avaient d’autres points de vue peut-être plus pertinents que ce monsieur, mais qu’ils furent éliminés par les crapules et les gangters de ce qui deviendra le SAC.

          Je passerai sur la phrase du même qui a dit: “j’ai rendu la république à la France (super, merci, on avait besoin de ça), pourquoi ne lui rendrai-je pas la maçonnerie?” (pareil)

          Ce mec n’a jamais pensé qu’à entrer dans l’histoire, quitte à valider le plus grand massacre de civils en France avec l’épuration (qu’il nia dans son injustice et sa brutalité) et surtout qu’il n’eut aucun remord à trahir celui à qui il devait toute sa carrière , déçu de n’avoir été appelé à Vichy.

  4. A voir aussi sur Youtube, monsieur Henri Guillemin qui en parle tres bien, style “old school”, mais qui n’a rien a envier a la theorie du complot actuelle.

  5. j’ai rarement vu un pays commémoré son invasion

  6. Bonjour, une petite correction s’impose sur ce passage “Ils arrivèrent en conquérants refusant au passage l’aide de troupes françaises durant cette journée.”
    Eh bien non, il y a bien eu des troupes françaises le jour J. 177, c’est peu vous me direz, mais au moins leur présence fut symbolique. J’ajoute aussi que ce commando, nommé “commando Kieffer” fut aussi le premier à poser pied sur “Sword Beach”.
    http://www.ouest-france.fr/d-day-sword-les-177-commandos-francais-kieffer-sont-la-2284590
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Commandos_Kieffer_(France_libre)

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