On pourrait changer le nom de la ville, car cet état de fait est récurant en France. On ne met pas souvent de faits divers il y en aurait trop, une ville où on ne peut plus vivre autrement, qu’avec le stress d’être agressé ou tué, ça devient grave. Y a t-il une solution? Le journal La Provence a interrogé le préfet délégué Gilles Leclair.
Gilles Leclair, préfet délégué à la sécurité : « Je ne suis pas le sauveur »
Il est arrivé dans une ville où, en matière de sécurité, rien ne va plus depuis un bout de temps. Ses prédécesseurs concédaient volontiers que Marseille était « une ville violente, partout » et le procureur de la République, Jacques Dallest, a même comparé certains quartiers aux favelas, à Rio.
La palette complète des faits-divers les plus noirs
Entre les gamins qui se tuent à coups de rafales de kalachnikov au pied des cités, les braqueurs qui n’hésitent pas à pointer une arme sur un enfant de 8 ans pour dévaliser un restaurant de l’Estaque, ou encore un automobiliste qui poignarde un piéton à la porte d’Aix et, à la Busserine, un homme qui tire sur un jeune cambrioleur, ces derniers mois nous ont livré la palette complète des faits-divers les plus noirs. Sans oublier un incivisme grandissant et une petite délinquance qui prospère aux quatre coins de la ville.
Un sentiment d’insécurité pregnant
Malgré les promesses du maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, de renforcer les effectifs de police municipale, et celles du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, de doter la ville de fonctionnaires supplémentaires ainsi que de caméras de vidéosurveillance, le sentiment d’insécurité est prégnant du nord au sud, dans les cités sensibles mais aussi les banlieues chics. Le conseil municipal extraordinaire, qui s’est tenu au début de l’été sur le sujet, démontre l’urgence de la situation. Mais pour ces maux, bien ancrés, quels remèdes ?
Des progrès mais pas de miracle
Conscient que « Marseille, ce n’est pas le paradis », Gilles Leclair, préfet de police, avance néanmoins quelques arguments au regard de certains chiffres : la délinquance a sensiblement baissé et la mise en place des « patrouilleurs » dans les quartiers sensibles commence même à porter ses fruits. « Mais je ne résoudrai pas à moi tout seul les difficultés liées à une ville pauvre, qui souffre de 50 ans d’immigration et de tradition de banditisme, martèle Gilles Leclair, un brin fataliste. Je ne suis ni le sauveur, ni Jésus Christ ». On l’aura donc compris, le préfet de police ne fera pas de miracle. Il n’en a pas les moyens.– Il y a un an, Nicolas Sarkozy prononçait son « discours de Grenoble », dans lequel il annonçait un durcissement de la répression. Pourtant, à Marseille, la situation, braquages de plus en plus violents et assassinats répétés, semble avoir empiré. Quelle est votre analyse ?
Gilles Leclair : « Incontestablement, on ne peut pas dire qu’à Marseille, on soit au paradis. Mais c’est une ville cosmopolite, ouverte sur le monde et la mer. Il y a une tradition de grand banditisme. C’est aussi une ville assez pauvre. Or, une certaine paupérisation entraîne une certaine délinquance. Il y a beaucoup de braquages alimentaires. »– La délinquance est, donc, une fatalité à Marseille ?
G.L. : « Non, il ne faut pas voir tout en noir. Et tout le monde travaille. Je vous rappelle que 1200 à 1300 personnes sont mises en cause chaque semaine par nos services de police et de gendarmerie dans le département. Ce n’est pas rien. Les atteintes à l’intégrité physique ont, certes, augmenté de 13% sur le premier semestre, mais les taux d’élucidation aussi: 12% de plus. S’agissant des homicides, on en est à 46, fin juillet, contre 47 à la même période de 2010, dont 15 lors de règlements de comptes (Ndlr: entretien réalisé avant l’exécution d’Hanna-Elias). C’est néanmoins relativement inquiétant car ils baissent partout sauf ici. »– La mutation du banditisme en est-elle une des causes ?
G.L. : « Vu les événements récents, on peut effectivement s’attendre à une recrudescence des homicides. Quand on tue un Rolland Gaben ou un Saïd Tir, on peut s’attendre à une réplique. Par ailleurs, jusqu’en 1985, il y avait des règles immuables. On ne s’attaquait pas aux femmes, aux gosses et aux vieillards. Mais aujourd’hui, les règles ont changé. Les malfaiteurs ont rajeuni, manquent de professionnalisme, et se droguent à tout va. Alors, forcément, il y a des débordements. On a désormais affaire à des groupes d’individus qui ne respectent qu’une seule règle: celle de la cité. C’est compliqué mais on essaie de riposter. »– Comment, avec Brennus ? Malgré les opérations coup-de-poing de cet hiver, la drogue et les trafics sont toujours aussi présents dans les cités…
G.L. : « On part de loin. Nous n’avons jamais eu la prétention de faire stopper tous les trafics. Mais on fait du travail de terrain. À Marseille, il n’y a pas de zone de non-droit. »– Mais la police est-elle réellement adaptée à cette nouvelle délinquance ? Ne faut-il pas plus de proximité ?
G.L. : « Il n’y a pas 36 méthodes de police. Il faut faire du travail de professionnels, recueillir les témoignages, faire des constatations et développer la police technique et scientifique. On a obtenu des aides et des renforts. On a créé un groupe ad hoc pour lutter contre les problèmes des cités afin d’échanger des informations. On a recruté des réservistes et mis en place « les patrouilleurs ». D’ailleurs, on a déjà obtenu une baisse sensible où ils ont été installés. »– Pourquoi ne pas remettre les commissariats dans les cités ?
G.L. : « Ce n’est pas d’actualité et je ne suis pas sûr qu’on y revienne. Il faut penser à la sécurité des policiers ! Néanmoins, j’aimerais bien qu’on y retourne… »– Comprenez-vous le ras-le-bol des Marseillais, comme celui des habitants de la place Victor-Gelu, où la situation s’est dégradée ?
G.L. : « Bien sûr que je comprends. C’est même pour ça qu’on travaille douze heures par jour. Concernant cette place, personne ne conteste que c’est un lieu de délinquance, d’incivilités, d’injures et de tapage. Mais on ne peut pas dire qu’on ne fait rien. Les policiers y sont intervenus à 11 reprises depuis le début de l’année et 8 personnes ont été interpellées! C’est incroyable mais les premiers à râler contre l’inaction de la police sont aussi ceux qui stationnent en triple file. L’incivilité entraîne une certaine délinquance. Tous les criminologues le disent. C’est la parabole de la fenêtre cassée. Si vous ne faites rien, trois jours plus tard, on vous en casse une autre. Moi, vous savez, je suis un vieux poulet. Je ne suis ni le sauveur, ni Jésus Christ! Tous les jours, je vois de belles affaires qui tombent. Ce qui me choque, c’est l’incivilité. »– Et les magasins de jouets devenus de véritables armureries, ce qui contribue à la banalisation des armes, ça ne vous choque pas ?
G.L. : « Que voulez-vous que je fasse ? C’est choquant au même titre que certains jeux vidéo. On ne peut pas tout interdire. Nous, on met en garde, on alerte mais ça relève surtout de la responsabilité des parents. »-La multiplication des points d’achats et de ventes d’or a entraîné une recrudescence des braquages de bijouteries et d’arrachages de colliers. Peut-on espérer une réglementation plus stricte de ce commerce ?
G.L. : « Le groupe d’intervention régional (GIR) et la PJ travaillent sur des réseaux. Il y a évidemment, avec ce commerce, un côté incitatif. J’espère que le législateur va se pencher sur le problème. »– Un accident a provoqué la mort de quatre personnes sur l’A7. La politique de sécurité routière est-elle adaptée aux comportements à risque ?
G.L. : « C’est un drame d’une tristesse infâme qu’on a vécu à Lançon. L’action en matière de sécurité routière est une action de longue haleine à mener. Les deux roues, ici, font peur. L’alcool, la vitesse et les toxicomanies sont parmi les causes principales d’accidents. J’ai décidé de fermer pour deux mois la boîte de nuit où avait consommé la jeune fille à l’origine du drame. On peut aussi réfléchir aux moyens d’interdire la possibilité d’entrer à contresens sur l’autoroute, car, ça cartonne très vite ! »– Marseille, en deux mots ?
G.L. : « C’est une ville attachante, aux multiples facettes qu’on aimerait voir ne pas devenir ville du crime ! »Propos recueillis par Laetitia SARIROGLOU et Denis TROSSERO
Source la Provence
Marseille c’est Marseille. Mais la sécurité c’est dégradée parallèlement aux performances du TGV, je trouve…
Y’a beaucoup de Parisiens qui aimeraient y avoir un « pied à terre » au soleil…
Mais le problème c’est qu’à Marseille y’a des Marseillais… comment les déloger ? les pousser à vendre leur charmant appartements et leur place qu’ils détiennent au vieux port pour leur sordide barquette à pêche ?
En plus y’a tous ceux qui ont décidé de ne pas laisser venir les « têtes de veaux » sur leur terre. Ceux là on été élevés au foot, et en rajoute une grosse couche.
Bref c’est la grosse pagaille à Marseille parce que chacun y participe sciement du plus puissant au plus faible.
C’est une ville que j’avais beaucoup aimé à une époque malgré quelques déboires et pour laquelle je garde un brin d’affection parce qu’elle avait un petit « je ne sais quoi » qui fleurait bon (même pendant les grêves des ébouheurs 😕 😕 ), a condition d’avoir le mode d’emploi 😉 .
Marseille, est devenue la capitale du crime, elle avait déjà une réputation de plaque tournante de la drogue.
Quant à nos politiques ils sont à Marseille des truands, dixit un socialiste Montenbourg…