EDF propose des conférences « sur le développement durable » dans les établissements scolaires. Vantant subtilement l’énergie nucléaire et stigmatisant la transition énergétique. Reporterre s’est procuré l’enregistrement d’une de ces conférences, au lycée René Char d’Avignon. Analyse.
C’est une leçon un peu spéciale qu’ont reçue les élèves du lycée René Char d’Avignon le 20 avril dernier. A la place de leur cours de principes fondamentaux de l’économie et de la gestion (PFEG), un conférencier, Romain Gras, leur a parlé production d’électricité et développement durable pendant une heure et demie. Détail troublant, ce monsieur travaille pour l’agence Junium Diffusion, un prestataire d’EDF. Alors que la production d’électricité de ce dernier dans le monde était à 82,2 % nucléaire en 2014.
Cet enseignement était-il aussi neutre qu’on est en droit de l’attendre de l’éducation publique ? Pour le savoir, Reporterre s’est procuré un enregistrement de l’animation proposée par M. Gras aux lycéens de René Char.
En introduction, l’intervenant présente les différents types d’énergie. Il poursuit sur les véhicules électriques, puis sur le pétrole, le gaz et le charbon, dont il souligne le caractère néfaste pour le climat et l’économie française. C’est là qu’arrive le nucléaire, « moyen alternatif » de produire de l’énergie qui « coûtait moins cher » à la France, dépourvue de réserves de gaz, de charbon et de pétrole.
Puis M. Gras détaille le fonctionnement de la filière atomique, de l’extraction de l’uranium à la gestion des déchets radioactifs. Il ne dissimule pas l’impact environnemental de cette industrie même s’il souligne que « l’uranium a un avantage, c’est un minerai à la base peu cher, beaucoup moins que le pétrole ».
« Ceux qui travaillent là [dans le réacteur] sont soumis à la radioactivité, poursuit l’intervenant. On porte bien sûr des combinaisons pour s’en protéger. » Insouciant, il rapporte avoir « pris des doses de radioactivité supérieures à la normale » cet hiver. Des propos qui minimisent les risques, alors qu’une étude du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) montre que l’exposition prolongée à de faibles doses de radioactivité accroît le risque de décès par leucémie chez les travailleurs du nucléaire.
Tchernobyl, Fukushima, démantèlement, déchets : le grand déballage
Les catastrophes nucléaires de Tchernobyl et de Fukushima sont évoquées, ainsi que leurs conséquences – mise en en place d’une « zone interdite » et difficultés à gérer les quantités phénoménales d’eau radioactive à Fukushima.
Le grand déballage continue avec les problèmes du démantèlement – « on ne peut pas déconstruire totalement une centrale nucléaire » – et les déchets radioactifs – « il y en a une partie, (…) on ne peut pas enlever la radioactivité, on ne sait pas quoi en faire (…) donc on les stocke »
Démontrer que le nucléaire est la solution la moins mauvaise
Le conférencier de Junium ne semble donc pas promouvoir ouvertement le nucléaire. En tout cas, il ne cache pas les dangers de ce mode de production. Son discours est plus subtil : démontrer qu’en dépit de ses défauts, l’atome reste la source d’énergie la moins mauvaise. Chose rassurante, les lycéens ne semblent pas dupes.
« Si le nucléaire c’est tellement bien, pourquoi l’Allemagne veut s’en débarrasser, de toutes ses centrales ? », demande l’un d’eux. La réponse fuse, un peu agacée : c’est un « choix politique » suite à l’accident « rarissime » de Fukushima en 2011. Et dans la bouche de M. Gras, c’est loin d’être une bonne idée : « Depuis 2011, l’Allemagne rejette énormément de CO2, parce qu’elle a lancé des centrales qui brûlent du charbon. » Ce qui est exact : les émissions de CO2 allemandes sont passées de 742,2 Mt en 2011 à 755,3 Mt en 2012 (cf p. 36 de ce document de l’IAE) – mais ont diminué en 2014. Mais il est possible que ce retour au charbon ne soit que passager : la transition énergétique est en marche outre-Rhin.
Une transition énergétique qui ne semble guère convaincre M. Gras. « [Les Allemands] ont développé massivement l’éolien. Super, ironise-t-il. Vous la contrôlez l’éolienne ? (…) Vous contrôlez rien du tout. » Les autres énergies renouvelables ne trouvent guère grâce à ses yeux. Les centrales hydrauliques, c’est bien, « c’est plus puissant, ça produit plus ». Mais « impact à mesurer (…). Vous inondez une vallée. Donc on déplace des villages ». L’énergie marémotrice, c’est pas mal, les hydroliennes aussi, « mais il y a un souci, c’est d’ordre économique. Produire de l’électricité en pleine mer, (…) techniquement, on sait faire, mais en ce moment c’est très coûteux ».
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Edf, heu Edf ! rappelez-moi, c’est bien pour Emprunts et Dettes de France ?
vraiment si çà ce n’est pas du marketing ques-ce que c’est? l’image parle d’elle même .. les enfoirés… c’est une sorte de projet MK ULTRAS limite ! l’endoctrinement du progrès-mafieuse <> vers le conditionnement de la penser.
Bof dans ce qu’il dit il n’a pas forcément tort et puis le nucléaire les français ont de l’expertise dans ce domaine et l’exporte bien.
Après « le nucléaire coute moins cher » ça c’est de la connerie, c’était vrai quand on n’avait pas pris en compte la déconstruction des centrales et leur décontamination ainsi que le stockage des déchets dans l’équation.
Avais suivi une émission qui ne date pas d’hier sur les solutions pouvant remplacer demain le nucléaire en FRANCE. Un spécialiste en énergie avait en tête d’utiliser l’énergie de la MER dans la mer et non à sa surface. Ne suis pas scientifique (hélas…) mais avais trouvé cette idée intelligente, SAINE, et certainement exploitable.
On utilise bien la force de l’eau dans les barrages pour produire de l’électricité…
A quand dans les lycées des visites de « spécialistes » EDF pour vanter LINKY ?
Comme pour ces hommes ingénieux, toujours en France, qui avaient trouvé comment faire tourner un moteur de voiture sans essence , un d’entre eux a du filer à l’étranger pour ne plus recevoir de menaces de mort.
UTILISER l’ECOLE pour convaincre de futurs adultes sur l’utilisation d’un « produit » si ce n’est pas de l’endoctrinement, c’est quoi d’autre ?
Ca a toujours fonctionné comme ça, quelque soient les sujets sensibles, on préfère laver les cerveaux des prochaines générations pour que ce soit à eux de faire dégager les anciennes convictions… Pratique, quand en face des laveurs de cerveaux il n’y a aucun esprit critique..