Le tout jeune parti Syrisa va avoir fort à faire, pour résoudre les problèmes d’austérité dont est victime la population. Cette « fabuleuse » Europe qui s’emploie à détruire les pays les uns après les autres, via les mesures d’austérité qui touchent les peuples, et pas du tout les têtes pensantes au sommet, qui n’ont elles, pas de soucis de chauffage, de nourriture ou de santé, étant somptueusement rémunérées avec l’argent des peuples, pour nous appauvrir et nous précariser un peu plus chaque jour, à cause d’une dette. La Russie peut attendre un peu… Merci RdeSB.
Comme Eric Kraus l’a souligné, il y a une confusion totale dans les médias aujourd’hui sur la façon d’interpréter la dernière décision de sanctions de l’UE. Syriza a-t-il plié comme le prétendent Reuters et Bloomberg. Ou bien la réunion a-t-elle mis au jour des divisions croissantes au sein de l’UE, comme le disent le Financial Times et le Times de Londres.
La meilleure réponse est que rien de définitif n’a été décidé à la dernière réunion du Conseil de l’UE, mais que Syriza a réussi à poser sa marque.
Je reviens à mon article sur Syriza pour Russia Insider. Qu’on le veuille ou non, pour Syriza les relations avec la Russie ne sont pas la priorité. Syriza n’est pas d’accord avec les sanctions, mais sa priorité absolue est la crise économique de la Grèce.
Compte tenu de cela, il est tout simplement irréaliste d’attendre d’un très jeune gouvernement, dans les premiers jours de son existence, qu’il provoque une crise au sein de l’Union européenne contre la Commission européenne, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, en risquant une crise plus profonde en Grèce, en mettant en danger sa propre existence, sur une question qui pour les Grecs ne revêt qu’une importance marginale.
Ce que Syriza a fait jeudi était tout ce qu’il pouvait faire de façon réaliste dans ces circonstances: essayer de mettre la pédale douce sur le train des sanctions.
La réunion du Conseil européen a été convoquée par Mme Mogherini, ministre des Affaires étrangères de l’UE, à la suite des demandes de l’aile dure de l’UE dirigée par le polonais Donald Tusk [président du Conseil des chefs d’État européens], qui réclament une forte réponse de l’UE à la rupture du cessez-le-feu, et à l’offensive en cours en Novorussie qui a abouti à la capture de l’aéroport de Donetsk par les séparatistes et à l’encerclement progressif de la poche de Debratselvo. Cette réunion a également eu lieu suite au battement de tambour hystérique orchestré après le bombardement à Marioupol, imputé aux séparatistes. Avant la rencontre, Tusk a déclaré qu’il n’était pas intéressé par une réunion purement déclamatoire.
C’est pourtant ce que Tusk a obtenu. Ce qui est ressorti de la réunion était essentiellement déclamatoire.
Les Grecs ont contesté un paragraphe belliqueux à l’encontre de la Russie, qui a été retiré du texte de la déclaration finale. Ils ont aussi différé toute nouvelle décision sur de nouvelles sanctions à une réunion du Conseil européen le 12 Février 2015, qui se tiendra au niveau des chefs de gouvernement. En retour, ils sont convenus d’une extension limitée des sanctions contre des entreprises et des particuliers russes, qui entreront en vigueur en mars, mais pas pour une année complète (comme le voulaient les extrémistes), seulement pour six mois (jusqu’en septembre 2015).
Ces sanctions sont une affaire sérieuse pour les personnes concernées, mais elles ne sont pas critiques pour la Russie.
Ce n’est pas le résultat que souhaitaient les Russes, ni les purs et durs de l’UE, dirigés par Donald Tusk. Il donne cependant le temps et l’espace à Syriza pour consolider sa propre position et trouver des alliances au sein de l’UE, à la fois sur la question critique de la dette et sur la question moins critique des sanctions .
Le prochain test viendra à la réunion du Conseil européen le 12 Février 2015, à laquelle Tsipras lui-même assistera. Comme les choses se présentent maintenant, il est peu probable que l’UE impose de nouvelles sanctions importantes à la Russie lors de cette réunion. Syriza est opposé à de telles sanctions, mais plus important encore, d’autres États de l’UE ne sont pas désireux non plus. Ils savent maintenant qu’un gouvernement de l’UE – celui de la Grèce – est fortement opposé à ces sanctions, ce qui est susceptible de renforcer leur propre opposition. La mesure dans laquelle de nouvelles sanctions peuvent être évitées lors de la réunion du 12 Février 2015 dépendra de la capacité de Syriza de jouer sur les doutes des autres États de l’UE. Manifestement, Syriza a réussi à jouer avec succès sur ces doutes lors de la réunion de jeudi dernier, quand il a reçu le soutien discret de plusieurs autres États de l’UE.
Le grand test sera toutefois lorsque les sanctions sectorielles viendront à échéance en juillet. On connaîtra alors la décision clé dont dépend l’avenir des sanctions.
Je voudrais ajouter qu’en juillet – et plus encore en septembre lorsque les sanctions qui ont été étendues jeudi viendront à échéance – nous aurons une meilleure idée des perspectives d’une victoire du parti Podemos en Espagne.
Si Podemos ne gagne pas en Espagne, alors les plans de Syriza pour changer l’Europe avec l’appui d’un des grands pays de l’UE seront compromis. Inutile de dire que l’Espagne a infiniment plus de poids au sein de l’UE que la Grèce. Un gouvernement Podemos en Espagne peut se permettre de faire cavalier seul sur les sanctions et défier les autres grandes puissances de l’UE. Syriza ne peut pas.
À mon avis la décision de jeudi était la meilleure que l’on pouvait attendre dans les circonstances. Comme je l’ai dit, les grandes décisions sont encore à venir. Il n’aurait été d’aucune utilité pour la Russie ou la Grèce que Syriza provoque une crise dans l’UE jeudi dernier sur la question de l’extension de sanctions secondaires. Cela aurait provoqué une escalade dramatique de la crise économique en Grèce, crise qui à son tour aurait entraîné le risque que Syriza soit balayé du pouvoir ou incapable de prendre des décisions indépendantes au moment des grandes échéances de juillet.
Je voudrais terminer en répétant à nouveau ce que je ai dit auparavant dans mon article de Russia Insider et ici.
La Grèce est un petit pays, économiquement très faible. Pour ses habitants, les sanctions ne sont pas la priorité. La crise économique en revanche l’est. C’est pourquoi ils ont voté pour Syriza: pour résoudre la crise économique, pas pour obtenir la levée des sanctions contre la Russie. Sur cette question des sanctions, les gens ne devraient pas attendre plus de Syriza que ce qu’il a promis et peut raisonnablement offrir.
Auteur Alexander Mercouris
Source vineyardsaker
Traduit par jj relu par Diane pour le Saker Francophone.
Voir aussi:
L’Europe en proie à l’angoisse et au spectre de la guerre par Pepe Escobar
Un ancien Premier ministre australien:Les États-Unis, un allié dangereux
Le bataillon de la mort à l’assaut du Quartier Général à Kiev
Lisez aussi l’analyse d’
Bonne analyse
Souhaitons un long gouvernement à Syriza et une longue vie à Tsipras car défier l’ordre établi n’est jamais bien vu par les pro américains.
Je crois hélas que nous allons nous rendre très vite à l’évidence que ce jeune parti n’a été créé que pour focaliser les mécontents sur …du vent !
Seul un parti qui prônerait la sortie claire et nette, sans ambiguïté de l’€, de l’UE et de l’Otan serait un vrai danger pour le système.Le programme ultra light de Syriza ne fait pas du tout peur au système. C’est un peu l’image du petit garçon qui refuse de manger sa soupe; il n’aura pas de dessert le lundi , mais le mardi il mangera sa soupe et tout rentrera dans l’ordre.
Tsipras va en décevoir plus d’un et ouvrir les portes à terme au parti d’extrême droite Aube Dorée.
Les Grecs n’ont pas fini de pleurer.
Les choses ne sont vraiment pas simples : ne pas oublier que Syrisa joue très gros face à une hydre Occidentale particulièrement dangereuse, Ianoukovitch a payé très cher pour le savoir.
En plus, les différents facteurs qui inter-agissent sont autant d’incertitudes, qu’il s’agissent des réactions d’un peuple traumatisé ou des opportunités de mieux se positionner dans l’alliance Occidentale ou celles de se replacer confortablement dans un groupe Eurasiatique.
Obama a fait remarquer qu’il était temps de faire quelque chose pour la Grèce : c’est un message très clair envoyé à la Troïka, la crainte de voir Tsipras se laisser aller à un flirt avec Moscou-Pékin est bien réelle et quand l’Occident craint quelque chose, ça n’est jamais de bon augure.
Poutine laisse entendre plusieurs interventions économiques ou géo-politiques qui pourraient tirer la Gréce d’affaires : mais quand et surtout comment ?
Nous avons tous vu que vouloir négocier une offre économique qu’on ne peut pas refuser est un casus belli capable de rayer un pays de la carte pour en faire un champs de ruines.
Avec un avenir plutôt correct qui peut s’envisager grâce aux champs pétroliers méditerranéens et le gazoduc Turkey Stream, se tenir tranquille et prendre le temps de bien préparer sa position stratégique n’est pas forcément un aveu de faiblesse ou de trahison électorale.
D’autant que le peu que nous avons vu depuis n’y ressemblait pas vraiment.
Avec Hollande, nous avons eu droit à une tout autre musique !
Rien n’est joué, et Tsipras a toujours une bonne main, qui mérite d’évidence un bon coup de bluff.
Obama viendrait de confirmer la participation de Washington dans le coup d’Etat en Ukraine…
La crise en Ukraine et l’implication des Etats Unis