Corruption médicale aux États-Unis

À noter qu’en France, en 2007, 50 médecins ont écrit au président de l’époque (et pas le plus fiable de tous) Nicolas Sarkozy pour qu’il mette fin à la corruption médicale. On se doute du résultat…

6a0120a693284e970c0120a65b117e970b-320wiSuite à une série de scandales relatifs aux relations pécuniaires entre laboratoires pharmaceutiques et médecins servant de « relais d’opinion », les États-Unis ont mis en place une base de données publique, Open Payments, recensant tous les versements de ce type. Ce qui permet aujourd’hui au Monde de pointer plusieurs cas emblématiques de médecins rémunérés par Sanofi pour promouvoir ses médicaments auprès de leurs confrères ou de l’administration fédérale américaine. « Au total, Sanofi a versé 9,5 millions de dollars aux médecins américains au cours des cinq derniers mois de l’année 2013 (soit 22,8 millions de dollars sur l’année en extrapolant) », note le quotidien.

Des pratiques qui ne sont peut-être pas sans rapport avec les récents changements à la tête du groupe pharmaceutique français :

Sanofi n’a pas souhaité répondre à nos questions au sujet de ses liens financiers avec quelques médecins triés sur le volet. Mais, le 3 décembre, une ancienne salariée de Sanofi, Diane Ponte, a déposé une plainte aux États-Unis contre son ex-employeur, l’accusant d’avoir payé 34 millions de dollars (27,4 millions d’euros) de pots-de-vin à des médecins, des pharmacies et des hôpitaux pour qu’ils privilégient ses antidiabétiques plutôt que le Levemir de son concurrent Novo Nordisk. Les deux laboratoires sont engagés dans une guerre sans merci pour séduire les puissants pharmacy benefit managers, qui négocient les prix des médicaments pour environ 20 % des 4 milliards d’ordonnances rédigées chaque année aux États-Unis.

La plainte déposée dans le New Jersey cite plusieurs responsables du groupe, parmi lesquels l’ex-directeur général de Sanofi, Chris Viehbacher, débarqué contre toute attente fin octobre. Le groupe a toujours démenti l’existence d’un « cadavre dans le placard », mais la multiplication des départs au sein de sa filiale américaine a de quoi surprendre. Bob Rossilli, responsable des ventes de la division diabète chez Sanofi aux Etats-Unis, a quitté le laboratoire le 17 novembre, tout comme Raymond Godleski, l’un des responsables des « projets spéciaux ». En janvier, Dennis Urbaniak, le vice-président de la même division, les avait précédés. Il était auparavant responsable du marketing… du Lovenox, le médicament au cœur de l’enquête [de 2011] du Sénat américain [sur la stratégie d’influencer de Sanofi pour favoriser son anticoagulant Lovenox].

(Lire l’intégralité de l’article sur le site du Monde.)

L’un des concurrents de Sanofi, GlaxoSmithKline (GSK) a annoncé il y a un an son intention de mettre fin à la pratique de rémunération de médecins, après avoir été lui aussi mis en cause. La base de données Open Payments a été mise en place dans le cadre de la réforme du système de santé américain voulue par le président Obama.

Il existe également en France depuis juin 2014 un site présentant des informations partielles sur les liens entre laboratoires pharmaceutiques et professionnels de santé, transparence.sante.gouv.fr.

Commentaire : La problématique de la corruption est universelle et dépasse largement le cadre du monde médical.Si la forme change, le principe reste le même : un détournement, un renversement, une torsion qui modifie la nature de la chose concernée : personne, idée, connaissance.

Comme toute affaire de pot-de-vin dévoilée, d’accointances douteuses et de petits arrangement entre amis, nous ne sommes toujours qu’à moitié surpris par ces révélations. Pourtant, comprendre la corruptibilité, en digne fille du mensonge qu’elle est, comprendre sa nature contagieuse, en saisir l’ampleur universelle, voilà qui nous permet de la laisser avoir moins d’emprise nous, voilà qui nous donne l’opportunité de pouvoir nous situer dans le monde. Corrompus, nous le sommes presque tous, à divers degré. Quelle est la place de celui qui travaille à en être conscient ? De celui qui participe activement à la tromperie ? De celui qui n’en n’a pas conscience ?

Source: Multinationales.org via Sott.net

 

Les commentaires sont clos.