Le président chypriote Demetris Christofias a qualifié mardi de « criminel », le comportement des banques de l’île, les jugeant responsables des « douloureuses » conditions imposées par le plan de sauvetage européen.
M. Christofias a affirmé avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour négocier un accord acceptable avec la troïka des créanciers internationaux (UE, FMI, BCE), dans une allocution télévisée visant à calmer l’opposition suscitée par les pertes d’emplois et les réductions de salaires que pourrait entraîner cet accord.
« S’il n’y avait pas de problèmes avec les banques, Chypre n’aurait pas eu besoin de se tourner vers un quelconque mécanisme », a déclaré M. Christofias, faisant allusion au Mécanisme de stabilité européen (MSE).
Chypre est responsable de la « terrible » situation dans laquelle elle se trouve, a-t-il ajouté.
« Beaucoup de citoyens se demandent: +pourquoi devons-nous payer pour les erreurs et les oublis, voire même les abus criminels de certains haut responsables des banques ?+ », a-t-il indiqué.
« Les décisions des administrations des banques et le faible contrôle de la Banque centrale ont coûté à Chypre plusieurs milliards d’euros. Pour les obtenir, nous avons dû recourir au Mécanisme de stabilité européen », s’est-il justifié.
Le montant de l’aide européenne nécessaire à la recapitalisation du système bancaire pourrait atteindre 10 milliards d’euros, alors que seul 1,5 milliard d’euros sont nécessaires pour couvrir les finances publiques durant les quatre prochaines années, a-t-il rappelé.
« Ces chiffres montrent que la crise (…) a été causée par le système bancaire », a-t-il estimé, indiquant que le gouvernement ne pouvait cependant pas permettre la chute du système bancaire, qui entraînerait la destruction de l’économie.
Un audit sur les banques est actuellement mené par l’entreprise d’investissement Pimco, qui devrait remettre son rapport début décembre pour déterminer le montant de leur recapitalisation.
« Avec notre décision de soutenir le système bancaire, nous soutenons l’économie (…), sans cela la situation serait bien pire qu’elle ne l’est aujourd’hui », a affirmé le président chypriote.
L’enquête actuelle concernant le comportement des banques durant la crise, qui pourraient avoir acheté des obligations grecques à haut risque, devrait « se poursuivre de manière rigoureuse », a-t-il ajouté.
Fin novembre, la troïka des créanciers internationaux a annoncé avoir mené des discussions « fructueuses » avec le gouvernement chypriote, qui estime avoir besoin de 17 milliards d’euros sur quatre ans pour soutenir son économie et ses banques. Pour en bénéficier, le pays doit en contrepartie s’engager auprès de ses créanciers sur des mesures d’austérité.
M. Christofias a affirmé que le gouvernement avait réussi à prévenir la privatisation des entreprises de services publics, tout en sauvant le 13ème mois de salaire, le système de salaires indexés et les richesses en hydrocarbures, a-t-il ajouté.
Source: Boursorama