Psychiatrie : des malades font partie de l’équipe soignante..

Une histoire de fous, au sens propre comme au figuré….

Une expérimentation pour deux ans dans trois régions démarre dans un mois. Ces patients "tuteurs" aideront les malades dans deux services marseillais. Un scandale pour les syndicats. Photo archives L.P.

L’Agence régionale de Santé met en place des « médiateurs » dès janvier

« Cette histoire me paraît complètement folle !« , lançait abasourdi et scandalisé hier Pierre Tribouillard (FO Santé). L’Agence régionale de Santé ne nous a pas prévenus, même au plan national ! Et s’il suffisait d’être malade pour pouvoir soigner, ça se saurait ». L’annonce hier par l’Agence régionale de santé (ARS) de la nouvelle expérimentation auprès des personnes souffrant de maladies mentales avec l’apparition d’un médiateur en santé mentale, lui-même patient, a provoqué la stupeur des représentations syndicales. Qui n’étaient au courant de rien. De quelques rumeurs tout au plus.

Pour faire simple, l’ARS Paca s’inscrit dans un programme national « qui permet aux personnes présentant des pathologies mentales pouvant aller des troubles dépressifs aux troubles psychotiques les plus sévères d’être accompagnées, dans le cadre de leur prise en charge, par des personnes ayant elles-mêmes traversé des épisodes de troubles mentaux ». Le docteur Hugues Riff, directeur adjoint délégué aux patients, offre de soins et autonomie à l’ARS, a détaillé la mise en place de ces médiateurs, à titre expérimental donc, dans trois régions : Île de France, Nord-Pas-de-Calais et Paca.

« La réinsertion est possible »

« Ce principe existe dans d’autres domaines (cancérologie, addictologie…) et dans d’autres pays comme le Canada. Désormais, un pair stabilisé qui maîtrise sa maladie mentale peut devenir un aide ». Deux équipes marseillaises vont accueillir cette expérimentation, ceux des professeurs Lançon et Girard. « Ce sont eux qui ont sélectionné d’anciens malades ». À partir de janvier, ces médiateurs vont commencer leur formation, sur huit semaines à Paris, Lille et Marseille (une semaine par mois), et leur travail. « Les médiateurs vont intégrer les équipes et débutent une formation à la faculté de médecine en alternance de janvier prochain à octobre 2012. Leur formation est assurée par la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie). Et c’est l’ARS qui finance cette action pour un montant de 330 000 par an pour le recrutement par les établissements retenus (APHM, Valvert, Centre hospitalier de Cannes et Sainte-Marie à Nice) de 5 binômes de médiateurs, soit dix médiateurs sur la région. Chaque médiateur sera rémunéré 2 500 euros brut par mois. Il sera un acteur reconnu dans l’équipe de soin, et pourra faire aussi des visites à domicile ».

Une mesure qui pourrait à terme révolutionner le paysage hospitalier français. « Les candidats ont été très nombreux : plus de 300 ! À terme, ce programme vise la reconnaissance d’un nouveau métier », notait le docteur Riff. « Le bénéfice est triple : pour le patient malade qui joue le rôle de médiateur en santé mentale, c’est une responsabilité qu’on lui confie, une intégration dans une équipe de soin. Pour le malade chronique, il a quelqu’un avec qui il se sent plus proche qu’un soignant. Et pour l’équipe, avoir recours à l’utilisateur du service de santé est important. Le tout pour montrer que la réinsertion est possible ». Pour le docteur Riff, « pas de risque que les anciens patients « replongent » même si c’est dans le cadre d’une maladie chronique. À nous de montrer que ce dispositif peut marcher ».

« Payés plus qu’une infirmière qui débute »

« C’est une bombe. Nous avons contacté le ministère de la Santé. Ce plan n’est pas officiellement arrêté et nous allons nous opposer à cette mesure qui ne répond pas aux besoins de la psychiatrie. On ne vise pas ces médiateurs mais nous sommes dans les pires difficultés de fonctionnement à cause entre autres du manque de personnel et du manque de lits. On se bat pour assurer nos propres formations, pour le maintien des postes et des recrutements car on ne trouve plus d’infirmiers sur le marché du travail. Et ces médiateurs sont payés plus qu’une infirmière qui débute (1615 bruts) ! », s’insurge Pierre Tribouillard (FO Santé). Pour Gérard Avena (Sud santé) : « On ne veut même plus payer des gens pour s’occuper des malades mentaux. Mais comment un malade peut-il conseiller un autre ? On met quelqu’un qui souffre un peu moins pour soigner celui qui souffre plus ? Et en plus on le paye ? ! Et dans cette formation de huit semaines (!), ils vont apprendre quoi ? Nous, on n’apprend pas notre métier dans la théorie mais face à la souffrance morale, le délire, l’agressivité. Et enfin, la réinsertion passe par les médecins, l’assistante sociale, les aides soignants. Et de vrais moyens« .

A. WESTENDORP

Source La Provence

12 Commentaires

  1. Déja qu’on avait du mal à faire la difference entre psychiatres et patients…
    Maintenant …c’est plus la peine !

  2. Ah Ah Ah !
    Qui sont les vrais malades et qui sont les faux médecins ???
    Et qui a pris le contrôle de l’asile ???
    A toi de jouer … !!!
    Et si tu te trompes : camisole de force ! 

    Je crois qu’on ne peut pas rêver un meilleur symbole de notre société … 
    Et je me demande jusqu’à quel point on n’aurait pas déjà tenté une telle expérience au sein de notre gouvernement et de nos élus ? …

  3. Je trouve que c’est une excellente idée, qui mieux qu’un ancien malade mental qui maitrise sa maladie peut aider un autre malade mental…. des médicaments ? l’internement?… des psychiatres qui ne font que atténuer les problèmes par des neuroléptiques enlevant toute âme et émotion ?…

  4. Bien choisir ses mots pour manipuler l’opinion publique semble être la nouvelle marque de fabrique des Moutons enragés.
    Bien joué Voltigeur.

    Je ne sais pas ce qui passe sur ce forum depuis plusieurs semaines, mais j’ai l’impression de regarder le journal TV.

     » Des malades font partis de l’équipe soignante  »

    Alors ça veut dire qu’ils pourront prescrire des médicaments ? Faire des injections par intraveineuse ? Remplacer les psychologues ?
    Oulala ! C’est vilain pas beau !

    Hé ben non…
    L’article parle seulement de médiateurs, de patients qui font profiter de leur expérience et de leur amélioration mental les nouveau arrivé. Ou simplement ceux qui ont du mal à s’en sortir.

    Si ça peut leur permettre d’avoir une chance de réintégrer la société, ou simplement d’amélioré un minimum le peut d’espoir et d’envie de vivre qu’ils leur restent, pourquoi ne pas tenter l’expérience ?

     » Les candidats ont été nombreux ! Plus de 300 !  »
    MAIS COMBIEN ONT ÉTÉ, OU VONT ÊTRE CHOISI ?????

    On est entrain de parler d’être humain !!!

    Leur donner des responsabilités ? Grand dieu jamais de la vie, c’est mal !
    Mais les oublier en les laissant enfermé comme des bêtes, ça c’est bien plus respectable et responsable.
    Et puis on s’en fou, on les voix pas, alors on y est pour rien, si leur vie est foutu d’avance.

    • Tu sais très bien que je ne suis pas l’auteur de l’article, ce qui m’a
      interpellée ce n’est que le fait que ces « médiateurs » seront payés plus
      que des infirmiers(es) qui ont fait des études. Pour le fait que l’on
      donne une chance à tout le monde de s’en sortir, je ne suis pas contre.
      il est évident que ce ne sont pas des furieux qui auront une fonction médiatrice,
      Je ne peux m’empêcher de penser à tout ces « perturbés » déclarés sains d’esprit,
      qui font la une des faits divers en tant que récidivistes..

  5. Bravo !
    Nous savons marcher sur la tête, et en plus mieux payé que les infirmières professionnelles.
    Le choix ?
    3 années d’études disciplinées pour un salaire de 1615 euro, ou 3 années sans exercer de contrôle sur soi pour un salaire de 2500 euro.
    Le choix est fait.
    A quand l’équivalent pour le milieu carcéral ?

  6. C’est la sagesse même de demander à des malades la prise en charge de la maladie qui par définition isole. Créer un lien social entre malades et le reconnaître est tout à fait génial. Surtout quand on connait le nombre de psychiatres sadiques ou incompétents, c’est aussi une garantie de respect des libertés.
    Quand au salaire supérieur à ceux des personnels infirmiers. Ce n’est pas normal…

    • D’accord avec Candice, à part le salaire délirant, le système me parait intéressant pour les deux types de malades, mais sans doute plus pour les médiateurs (en particulier dépressifs) qui retrouve un rôle dans la société et se sente utiles.

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