Triste bilan, quand les richesses d’un peuple ne lui profite pas.. Kenya, Niger…..
Titre initial :
KENYA. Au moins 100 personnes brûlées dans l’explosion d’un oléoduc : « des pauvres venus siphonner du carburant »
L’explosion d’un oléoduc a tué au moins une centaine de personnes lundi dans un bidonville de la capitale kényane. D’après nos Observateurs, le bilan est extrêmement lourd parce que l’incendie a pris près d’une fuite dans la canalisation, un endroit où les habitants s’étaient regroupés pour récupérer du carburant.
Au lendemain de l’explosion, les équipes de recherche ont déclaré avoir retrouvé 92 corps, mais le bilan est loin d’être définitif. L’oléoduc, qui appartient à une compagnie pétrolière nationale, est situé dans la zone industrielle de Lunga Lunga, un quartier entouré par le bidonville de Sinai.Après l’explosion de l’oléoduc, les nombreux cours d’eau usée qui traversent le bidonville ont entraîné la propagation des flammes à une vitesse fulgurante et des dizaines d’habitants se sont retrouvés pris au piège.Michael a perdu sa petite fille de 5 ans. »Je n’étais pas là hier quand il y a eu l’explosion. Ma femme m’a appelé, je suis arrivé au plus vite et avec d’autres habitants nous avons essayé d’éteindre les flammes. Mais le pétrole s’est déversé dans l’eau et le feu s’est propagé partout. Ma petite fille de 5 ans est morte dans l’accident. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. »Notre Observateur Mohammed Yusuf, journaliste à Nairobi, s’est rendu sur les lieux de l’accident, lundi.
Les gens avaient l’habitude de venir récupérer du pétrole parce qu’il y avait une fuite dans l’oléoduc. En arrivant à Lunga Lunga, j’ai vu des cadavres brûlés entassés partout, dans les fossés, dans la rivière. Beaucoup de maisons ont été détruites. Les secours faisaient de leur mieux mais ce bidonville est très difficile d’accès. Les routes qui y mènent sont très mauvaises. »Selon la Croix-Rouge kényane, outre les mauvaises infrastructures, c’est l’attroupement des habitants qui a gêné l’intervention des secours. Les ruelles étaient bondées, rendant difficile l’évacuation des blessés. L’organisation a dressé un campement pour héberger les sinistrés mais, selon Mohammed Yusuf, les gens vont retourner s’installer près de l’oléoduc.
« Ils continueront de vivre là-bas jusqu’à ce que le gouvernement les évacue. Et si c’est le cas, ils iront s’installer dans une autre zone, tout aussi dangereuse, à côté d’un chemin de fer ou d’une centrale électrique… Les autorités n’offrent rien de mieux aux pauvres de la capitale. » »Pour les pauvres, tout est bon à prendre »Pour Alix d’Ansembourg, directrice de l’ONG Orphelins sans frontières, basée à Nairobi, ce type d’accident est tristement banal dans la capitale kényane.Dans ces bidonvilles, où vivent près de 60% de la population, tout est bon à prendre. Les pauvres profitent par exemple des accidents de camions pour venir voler les cargaisons. Quand c’est un camion citerne ou une fuite sur un oléoduc, les conséquences peuvent être dramatiques. Les gens savent très bien que c’est dangereux, mais le pétrole se revend cher et il faut nourrir les enfants.Ce matin, la presse internationale parlait plus de l’accident de Lunga Lunga que les médias locaux. Quand aux autorités, elles se contentent de mettre des affiches pour prévenir du danger. Elles considèrent qu’un bidonville est une zone d’habitation illégale et elles se dédouanent de toute responsabilité. »
Réagissant à l’accident, le ministre de l’Energie, Kiraitu Murungi a annoncé lundi qu’ »il était regrettable que certaines personnes s’installent dans une zone réservée à un oléoduc ».En 2009, l’explosion d’un camion citerne sur une autoroute avait déjà tué 122 personnes qui s’étaient attroupées autour du véhicule accidenté pour tenter d’en récupérer le carburant.Ce billet a été rédigé par Mohammed Yusuf et Michael Nairobi, avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à FRANCE 24.
Auteur : Mohammed Yusuf et Michael Nairobi
Source : observers.france24.com
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