« Chronique d’un massacre annoncé ? 200 000 salariés vont perdre la protection de leur mandat syndical !! » L’édito de Charles SANNAT…

Comme on le dit souvent, le diable se cache dans les détails, et les conséquences des ordonnances Macron se font sentir chaque jour un peu plus au fur et mesure de leurs applications concrètes.

On en parlait depuis longtemps de la fusion des IRP.

Derrière ce sigle barbare se cachent les instances représentatives du personnel. Derrière chaque instance, des « délégués » qui bénéficient dans le cadre de leur mandat de protections juridiques et d’un droit social avantageux, sans parler des heures de délégations permettant même dans les grands groupes à certains salariés d’être rémunérés à plein temps pour réaliser les tâches syndicales.

Souvenez-vous d’Arlette Laguiller, qui « travaillait » au Crédit Lyonnais mais qui en réalité était presque toujours en heure de délégation, ou Olivier Besancenot, également dans ce cas à la Poste.

Il va donc y avoir fusion des délégués du personnel (DP), des élus du comité d’entreprise (CE) et des anciens membres du CHSCT (hygiène, sécurité et conditions de travail) dans une instance unique, le CSE (conseil social d’entreprise). En 2011, la Dares évaluait à environ 600 000 le nombre de personnes détenant au moins un mandat d’élu (pour 767 000 mandats de titulaires, y compris de délégués syndicaux).

Selon Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO, entre “150 000 et 200 000 personnes vont perdre leur mandat ce n’est pas rien”, a lancé le patron de FO, et de poursuivre, “quels postes ces personnes vont-elles retrouver ? Ce n’est pas simple à gérer, y compris pour les employeurs”, a-t-il ajouté.

Règlements de compte à Ok Corral syndical ?

Les hommes brillent rarement par leur sagesse, et il est fort probable que cette réduction massive du nombre de représentants du personnel dans les entreprises s’accompagne aussi d’une forme de mise au pas des syndicats et d’une « chasse aux sorcières », plus rien ne protégeant les anciens représentants perdant leur mandat.

Derrière cette mesure (la fusion des IRP) qui pouvait sembler technique, et qui n’était pas franchement symboliquement parlant de nature à mobiliser les foules et faire sortir les barbecues à merguez de la CGT, se cache en réalité un affaiblissement sans précédent des syndicats en France qui vivent leur chant du cygne.

Les syndicats, dans une grande mesure, n’ont pas su ni s’adapter ni se renouveler, restant avant tout empreint de l’idéologie marxisante de la lutte des classes héritée de la révolution industrielle et de notre culture d’après-guerre.

Ce logiciel marxiste pour l’essentiel est devenu totalement inadapté au monde des affaires tel que nous le connaissons désormais.

Petit à petit, pierre après pierre, l’édifice de protection syndical est détruit consciencieusement.

C’est une bonne chose que de voir disparaître des structures inadaptées – et l’on aura encore l’occasion de voir des combats d’arrière-garde à la SNCF qui fonctionne fondamentalement terriblement mal en grande partie en raison de ses carences managériales liées à un statut des salariés où il n’y a que peu d’incitations positives et où les bosseurs, les sérieux et les constants ne sont pas plus récompensés que les paresseux.

Mais ce n’est pas une bonne chose que les salariés ne soient pas défendus et qu’aucune offre sociale crédible n’émerge pour le moment.

Du côté des représentants, dans les semaines qui viennent, il y aura beaucoup de larmes.

À travers cet exemple qui concerne les plus protégés d’entre les salariés, celles et ceux qui travaillent doivent comprendre l’immense changement de règles du jeu et la grande précarisation en chemin pour mieux s’en protéger.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT pour Insolentiae

 

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4 Commentaires

  1. et sinon, ça existe les entreprises, publiques ou privées, où « les bosseurs, les sérieux et les constants » sont mieux récompensés que les lèche-culs ? https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wink.gif

  2. 200 000 parasites en moins?
    Les cloportes font le ménage.

  3. «un statut des salariés où il n’y a que peu d’incitations positives et où les bosseurs, les sérieux et les constants ne sont pas plus récompensés que les paresseux.»

    J’ai arrêté de lire là, ces préjugés sont terribles pour la société, il y a autant besoin de bosseurs que de paresseux.

    Les uns se donnent tout leur saoul pour remplir objectifs pour être récompensés, les autres réfléchissent de tout leur saoul pour remplir leurs objectifs et être récompensés sans se fatiguer. Voilà ce qui caractérise les uns et les autres.

    Allez donc faire l’apologie du travail dur et du mérite ailleurs => https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/le-travail-nuit-gravement-a-la-201764

    Choisir la facilité et de moins travailler, c’est se tourner vers l’efficience et la solution la plus économique et libératrice. Il n’y a aucun mérite ou gain supplémentaire à couper des planches à la scie pour un bosseur, plutôt qu’à faire le paresseux avec une scie sauteuse.

    Ce principe vaut du jardinage en permaculture (vivre avec et laisser bosser pour soi plutôt que se battre contre des forces pour tout maîtriser) et peut s’appliquer dans tous les domaines de la vie, tout ce qui est en relation avec l’activité.

    Et avec la SNCF, on se demande bien en quoi les « bosseurs » seraient plus constants et sérieux que d’autres, les autres font ce qu’on leur demande de faire, et ce qui doit être fait quand ça doit être fait aussi, à quoi sert le zèle, sinon se fatiguer inutilement et s’user prématurément ? Faire le bosseur, ne provoquera pas plus de problèmes ou de pannes pour avoir de quoi « davantage bosser », les salariés répondent à une demande sur une mission de service public, les transports ferroviaires, point.

    J’ai vu mon propre père se tuer pour le travail, la gloire du travail et du mérite, je vomis sur cette gabegie puante, cette propagande odieuse, de l’activité ayant du sens oui, mais pas le travail comme vous et bien d’autres le laissent entendre, le travail n’est pas la vie, seule l’activité l’est, le travail, de plus se faire « rare » et se meurt de par l’automatisation ayant fait monter en flèche la productivité, et la délocalisation.

    Travailler histoire de travailler et se faire bien voir et courir après des illusions, c’est complétement stupide, ce n’est pas une « valeur », c’est un lavage de cerveau, au profit des « possédants ».

    Votre logique était valable il y a 40ans, c’est terminé. Aujourd’hui travailler plus, n’emmène majoritairement ni respect (bien au contraire, que de l’hypocrisie et du profit), ni évolution, ni augmentation, et on a vu deux générations, celles de nos grands-parents et parents, voir des problèmes de santé les suivre toute leur vie en les poussant à être plus productif, pour ce sacro-saint « travail », alors que la paie, est mensuelle, elle.

    Moi même on a tenté de me convaincre dans certaines situations de passer outre des limites de sécurités et conditions normales pour faire le « bosseur » et qu’on soit « content de moi ». Résultat ? Moi je vais bien et j’étais l’emmerdeur voulant rester dans les clous, alors que certains de mes anciens collègues ont eu des félicitations, et se tapent désormais des problèmes de dos, voir d’articulations. Et au service de qui ? Certainement pas d’eux même. Cette histoire c’est la mienne, mais on peut l’observer partout.

    Et personnellement je reconnais infiniment plus de mérites aux gens qui se sortent les doigts du cul pour trouver et plancher sur des solutions utiles pour la société en se fatiguant le moins possible, voir même pour eux même et leur famille (autonomie, production alimentaire, retrouver des savoirs, etc…), qu’aux « bosseurs » qui se vantent de faire 60H/semaine de bon travail (parfois sur des postes dont l’utilité pour la société est discutable) et de dormir 4H par nuit.

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