Les nouvelles venant de l’Ukraine sont loin d’être réjouissantes pour le peuple ukrainien. Un troisième Maïdan semble se mettre en place et, rien de bon ne va en sortir. Une guerre civile est bien la dernière chose dont ce pays a besoin.
Comme beaucoup l’avaient malheureusement prédit (dont moi-même), la 3e saison du Maïdan est en cours de préparation à Kiev. Mikheil Saakachvili a tenu sa promesse et est revenu hier, 17 octobre, à Kiev pour faire entendre les « doléances du peuple » sous la forme de revendications exigeant la levée de l’immunité parlementaire, la modification de la législation électorale, la création d’un tribunal anti-corruption, et le départ de Porochenko.
Ils étaient environ 5 000 hier à s’être réunis devant la Rada pour porter ces revendications, d’abord calmement, puis beaucoup moins pacifiquement. Porochenko a d’ailleurs bien compris l’ampleur du risque que représente ces manifestations, et avait fait déployer un important cordon de sécurité autour de la Rada.
Plusieurs rues ont été totalement barrées, la Garde Nationale et la police assuraient un double cordon de sécurité autour du bâtiment, et les députés ne pouvaient rentrer dedans qu’après être passés par un portique de détection de métaux. Porochenko a eu beau démentir que de telles mesures de sécurité étaient prises pour faire face aux manifestants et prétendre qu’elles étaient là pour la venue du président maltais, cela ne trompe personne.
Car les manifestants, dont certains brandissaient le drapeau de Secteur Droit, de Svoboda ou du Corps National (issu du régiment Azov), ont vite montré leur véritable visage. La veille, ils avaient pris de force, sans grande résistance de la part de la police, un bâtiment appartenant à Victor Ianoukovytch, et disposant d’un héliport sur son toit, en plein centre de Kiev, à 300 m à peine à vol d’oiseau de la Rada. Le quartier général parfait pour mener la 3e révolution de couleur du pays en 13 ans…
Hier soir, sans surprise, la manifestation a dégénéré en affrontements avec la police, faisant au moins 10 blessés, y compris parmi les forces de l’ordre. Ces heurts ont éclaté lorsque la Garde Nationale et la police ont tenté d’empêcher (en vain) des manifestants d’apporter des tentes devant la Rada. Lors de ces affrontements, les manifestants ont endommagé des barrières et un portique de détection de métaux, et ont réussi à voler plusieurs boucliers anti-émeutes aux forces de l’ordre.
Après les affrontements, le député Moustafa Nayem est venu à la rencontre des manifestants pour leur indiquer que le président de la Rada, Andry Parouby, refusait d’accéder à leur requête de limiter les pouvoirs du régime de Porochenko. Il a ensuite appelé les manifestants à ne laisser aucun député sortir de la Rada tant que leurs exigences n’étaient pas satisfaites.
La tentative de la police et de la Garde Nationale a en tout cas échoué, car les manifestants ont non seulement réussi à amener, mais aussi à installer plusieurs tentes sur la rue Grouchevskyi, et ont promis d’en amener 700 autres. Sur les 5 000 manifestants qui étaient présents en journée, 200 sont restés sur place la nuit dernière dans les tentes qu’ils avaient réussies à monter.
Et comme promis, Saakachvili était là, pour vilipender Porochenko et lui « conseiller » de quitter son poste.
« Si avant la fin de la journée, ces gens-là [les députés de la Rada] ne prennent aucune décision pour le bien du peuple, nous devrons penser à nos prochaines exigences. Tant qu’il y aura Porochenko, il n’y aura pas de progrès, il n’y aura pas de lutte contre la corruption. Tant qu’il y aura Porochenko, il y aura la misère. Tant qu’il y aura Porochenko, il y aura l’émigration », a déclaré Saakachvili.
« Il n’y aura rien de bon tant que Porochenko est président. S’il ne vous entend pas aujourd’hui, nous devrons aller à un autre endroit, exiger de Porochenko qu’il se retire et libère le peuple ukrainien, » a poursuivi l’ex-président géorgien.
Il a aussi accusé le président ukrainien d’avoir pris totalement le contrôle de l’appareil judiciaire du pays, ainsi que de la Rada. En gros Saakachvili accuse Porochenko d’être un tyran, qu’il appelle à quitter son poste.
Mais histoire de ne pas rajouter l’incitation au coup d’État à son dossier judiciaire déjà chargé (puisque je rappelle qu’il est entré illégalement en Ukraine, et qu’il est poursuivi dans son pays d’origine), l’ex-président géorgien a tenu à présenter sa demande non comme un ultimatum, mais comme un « conseil » !
Pendant ce temps-là, sur les marchés financiers, alors que l’on pourrait s’attendre à voir la Hryvnia dévisser en cette période de troubles de type révolutionnaire, de manière assez étrange, cette dernière a au contraire vu son cours augmenter hier, et encore aujourd’hui :
Entre le 17 octobre à 7 h et aujourd’hui 13 h, la Hryvnia a gagné 0,6 %, alors qu’on se dirige de manière évidente vers un nouveau coup d’État. Plutôt bizarre non ? À moins que les marchés financiers soient pour la destitution de Porochenko et parient déjà sur le résultat de ce nouveau Maïdan…
Et histoire de confirmer cette thèse que certains qualifieront sûrement de « complotiste », Georges Soros vient de verser 18 milliards de dollars à sa fondation Open Society, célèbre pour sa sponsorisation des révolutions de couleur à travers le monde. Soros donne-t-il ainsi à sa fondation les moyens financiers nécessaires pour sponsoriser/payer ce troisième Maïdan sauce néo-nazie ?
Il y a de bonnes raisons de le penser, et le moment choisi pour faire ce versement d’une somme aussi conséquente à une fondation qui a déjà un passif lourd en termes de soutien à des coups d’État, à de quoi donner des sueurs froides à Porochenko.
Des angoisses que vient d’exprimer le président du Bloc Petro Porochenko à la Rada, Artour Guerassimov.
« Je suis de plus en plus convaincu que ni Saakachvili, ni ses supporters, ne cherchent à satisfaire les exigences qu’ils ont mises en avant. Leur objectif réel est une véritable déstabilisation massive de l’Ukraine, afin qu’ils puissent s’emparer du pouvoir quel qu’en soit le prix, » a ainsi déclaré le député.
Il a aussi exhorté les manifestants à cesser de bloquer le parlement en déclarant que de telles actions étaient « mauvaises ».
Sachant que ce monsieur a obtenu son mandat de député après un précédent coup d’État, et la violation de la constitution ukrainienne, il est assez « amusant » de le voir aujourd’hui déclarer que des actions semblables à celles qui l’ont porté au pouvoir sont « mauvaises ».
Mais il n’y a pas là de quoi se réjouir de voir l’arroseur être arrosé à son tour, quand on sait ce qui attend l’Ukraine et le peuple ukrainien à l’issue de ce 3e Maïdan sauce néo-nazie : le chaos, la guerre civile totale et la destruction complète du pays.
Christelle Néant pour DoniPress