La FNSEA veut faire disparaître les petits cours d’eau de nos cartes…

Il faut savoir qu’il est interdit aux agriculteurs, d’utiliser des pesticides aux abords des cours d’eau. En déclassifiant les cours d’eau, ils pourront polluer et nous voyons où veut en arriver la FNSEA,  qui défend l’agriculture intensive. Qui dit intensif dit intrants chimiques à tout va. Nos cours d’eau sont déjà bien mal en point, selon notre planète info, 92% des cours d’eau seraient pollués.

Img/Reporterre

Alors que l’État cartographie les cours d’eau du pays, la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, a mobilisé ses troupes pour en faire déclasser le maximum. Enjeu : échapper aux règles sur la lutte contre la pollution. Deuxième volet de l’enquête de Reporterre.

Cet article est le deuxième de l’enquête que Reporterre consacre à la définition de la carte de France des cours d’eau. Vous pouvez lire, ou relire, le premier ici : « Quand le gouvernement et la FNSEA redessinent la carte des cours d’eau

Le ru du Pommeret dans les Yvelines, le ruisseau ariégeois de Paradis, le ru de Beauvais en Seine-et-Marne pourraient bien disparaître, effacés des cartes hydrographiques d’un trait de gomme. Une gomme tenue par la FNSEA, qui « veut refaire la géographie de la France suivant ses intérêts », comme le dit Gilles Huet. Pour le président d’Eau et rivières de Bretagne, ce qui est en train de se passer dans l’indifférence générale relève ni plus ni moins d’une « vaste escroquerie ». Voici la suite de l’histoire que Reporterre a commencé à vous raconter hier.

Nous sommes en juin 2015. Pressé par le syndicat des exploitants agricoles, Valls fait signer par Ségolène Royal une Instruction officielle. Il s’agit de faire réaliser par les services de l’État une identification et une cartographie complète de tous les cours d’eau de France. Incapable de contenir sa joie, le président de la commission environnement de la FNSEA, Éric Thiroin, triomphe dans un éditorial du 3 juillet 2015 : « Aujourd’hui, grâce au travail syndical du réseau FNSEA, une définition claire des cours d’eau est en train d’être intégrée. »

Joint par Reporterre, Éric Thirouin s’explique : « Cette procédure était une demande partagée par beaucoup de monde, pas uniquement des agriculteurs. Comme aucune loi ne définissait clairement ce qu’est un cours d’eau, on était arrivé sur le terrain à des situations extrêmement conflictuelles. » En effet, avant 2015, aucune cartographie n’existe en France. Ou plutôt, il en existe plusieurs, parfois contradictoires. Car, discerner un ruisseau d’un fossé ou d’une ravine peut relever du dilemme cornélien. Mais cette distinction est d’une importance cruciale : autour d’un ruisseau, épandage des pesticides et travaux sont interdits. Il appartient alors aux juges de trancher, à partir des observations de la police de l’eau. Une situation insoutenable, d’après Eric Thirouin : « Il faut que les choses soient claires dès le début, qu’un agriculteur sache ce qu’il a le droit de faire ou pas. »

Les sections locales de la FNSEA se mobilisent, notamment via les chambres d’agriculture 

Mais en fait de clarification, c’est un déclassement d’un certain nombre de cours d’eau qui est en cours. Pas la Loire, l’Aude ou l’Allier, dont l’existence ne fait aucun doute, mais les rus, ruisseaux et talwegs (petit cours d’eau en fond de vallée), qui serpentent par milliers sur nos territoires. « La stratégie de la FNSEA est de forcer la route pour inscrire les cours d’eau dans une cartographie fixée, et se battre au niveau départemental pour que, dans un maximum d’endroits, on réduise le nombre de cours d’eau », explique Bernard Rousseau, spécialiste de l’eau à France nature environnement (FNE).

Pour être sûre de peser, la FNSEA a même publié à l’été 2015 un formidable Guide d’appui à l’identification des cours d’eau. Le syndicat enjoint à ses adhérents locaux de mouiller la chemise et de faire leur propre inventaire des cours d’eau, car autrement, « ce que nous avons vécu au niveau national, vous risquez de le vivre au niveau local avec vos administrations : refus de réaliser les cartographies par manque de moyens, volonté incessante de revenir à un faisceau d’indicateurs, arbres de décision qui conduisent à tout classer en cours d’eau… ».

Sur le terrain, dès la parution de l’instruction gouvernementale, c’est l’agitation. Les sections locales de la FNSEA se mobilisent, notamment via les chambres d’agriculture, qu’elles contrôlent. Car le syndicat sait que le temps joue en sa faveur. Les cartes départementales doivent être finalisées par les services préfectoraux avant fin 2016. Un travail titanesque au vu des faibles moyens des directions départementales du territoire (DDT) et de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema). Car « pour bien faire, il faut se rendre sur le terrain, observer chaque cours d’eau », explique Gilles Huet. Sous prétexte « d’avancer vite », nombre de chambres tentent alors d’imposer leurs procédures, leurs propres cartes. Et court-circuitent les associations environnementales.

Ainsi en Seine-et-Marne, l’association Adenca, l’antenne locale de FNE, n’a été conviée à aucune réunion de la préfecture, malgré plusieurs demandes. « Nous avons été mis au pied du mur, fin juillet 2016, on nous a envoyé un projet de cartographie en nous disant de faire nos observations, mais vite, avant l’automne. Nous avons été mis devant le fait accompli en plein été, quand les rivières sont à sec, et qu’il est impossible de montrer que ce sont des cours d’eau », raconte Mireille Lopez, présidente de l’association. Depuis, leurs contestations n’ont obtenu aucune réponse.

« Ils viennent en force, parfois jusqu’à quinze, et peuvent être très agressifs » 

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Lire l’article complet

Auteurs Lorène Lavocat et Fabrice Nicolino pour Reporterre

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13 Commentaires

  1. bonjour

    empoisonner les éléments vitaux , eau, terre ,air, au nom du pouvoir et de l’avoir …c’est ce que l’on nomme « liberté » associé à égalité et fraternité (termes chers aux compagnons de la truelle)……. »homosapienssapiensdestructor » est au sommet de son « art » …..pour ce qui est des belles paroles des prétendants au trône de « France » MDR……depuis 50 ans la dégradation s’accélère….pas besoin d’être passé par l'(E)cole (N)ationale des (A)rnaqueurs ou autres soit disant grandes écoles pour s’en rendre compte…

    j’ose espérer que ces éléments vitaux accompagnés par le soleil remettront de l’ordre à un moment ou à un autre……mais je crois bien que cela a déjà commencé…

    bonne journée à vous

    • Les paysans et leurs familles sont aussi les premiers à mourir des pesticides, herbicides, et saletés chimiques, de cette agriculture intensive excessive ( même par suicides ), même très visible avec le décès du président de la FNSEA récent, et dans cette folie, ils veulent encore plus en mourir !!
      Certains paysans passent au bio pour leur propre bonne santé d’abord et pourtant certains fous veulent empoisonner les petits cours d’eau pour mieux empoisonner toute la population !!

      Il faut que la justice s’occupe de ces criminels lobbys !!

  2. Les petits ruisseaux font les grandes rivières…

  3. Les paysans gros ou petits sont les premiers pollueurs avec les industriels car il ne pensent qu’ augmenter leurs marges ou vivrent du tourisme au détriment de l’ école.
    Ils n’ont pas forcément besoin de la FNSEA.
    Beaucoup se tournent vers le bio car ils touchent des aides pour s’installer et pour continuer à produire bio.
    Pour l’eau, la solution est de leur faire payer le véritable coût. Pour les produits chimiques, il faut les obliger à dépolluer leurs terres avec leurs propres deniers.
    Les élevages de porcs ou poulaillers abandonnés sont laissés à la merci de la nature.

    • Les agriculteurs bio ne touchent que 20% des aides accordées ! 80% vont aux cultures conventionnelles. C’est d’ailleurs à cause de cela en grande partie que les vrais produits bio sont chers.

      • Il faudrait que ces lobbys criminels paient le surcout du bio, certification, dépollution, etc…

        Attention, un jour la population prenant enfin conscience de cette criminalité par poisons partout dans ce qu’on mange, qui tue mille fois plus que les extrémistes fous, se retournera contre ces lobbys criminels !!

  4. Ce matin j’ai entendu que les moulins à eau devraient disparaître à plus ou moins brève échéance afin de mettre en œuvre la législation qui interdit tout barrage sur les cours d’eau, rivières entre autres afin que les poissons puissent circuler librement. Autrement dit, les belles roues qui en faisaient le charme seront supprimées, ainsi que les moulins qui se trouvent au milieu d’une rivière.

    J’en connais un, magnifique, au milieu du Loir, au Pays de mon enfance, qui fournissait, et encore maintenant car il s’est modernisé, toute la région et au-delà, en farines diverses et variées.

    Je ne sais plus qui a pondu cette loi idiote, je crois qu’elle vient évidemment de Bruxelles. Il aurait été plus juste d’exiger le nettoyage des rivières souvent encombrées non seulement de branchages, voire d’arbres que les vents violents ont abattus, mais aussi de tout ce que les zumains flanquent dedans en détritus de tous ordres.

  5. Les lobbys déforment toutes les intentions utiles de façon absurde.
    Les moulins d’autrefois, avec dérivation, laissaient passer les poissons.

    • Mais bien sûr Dereco, seulement ceux qui sont dans les bureaux à pondre des imbécilités pareilles, ne doivent pas fréquenter souvent la nature ! peut-être même n’ont-ils jamais vu un poisson de rivière en dehors de l’étal du poissonnier !
      Mais le plus triste dans l’affaire c’est que ce sont des sociétés de pêche qui sont à l’origine de ces inepties…

  6. Raisonnement d’un exploiteur agricole :

    Un kilomètre de cours d’eau, où il est interdit de cultiver sur 10 m de large de chaque coté, ben, cela fait deux hectares de moins à mettre en culture…

    Soit 160 quintaux de blé, ou 200 quintaux de maïs…

    Faut bien rembourser les Banksters du Crédit Kibricole… https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif

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