Danger de Mort pour les aigles ! …

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Urgence : Danger de Mort pour les aigles !

Img/Ipo.fr

COMMUNIQUÉ DE PRESSE: 11 janvier 2016Les éoliennes tuent, dans le monde, plusieurs dizaines de millions d’oiseaux par an (1). La moyenne est d’environ 200 par éolienne, soit un tous les deux jours. Pour les chauves-souris, il faut compter près du double : une par éolienne et par 24h. En France, on est discret sur cette mortalité. Les suivis, ou études post-construction, sont rarissimes et rarement publiées. Le Ministère de l’Écologie estime la mortalité des oiseaux entre 0 et 10 par éolienne et par an (2). L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) se contente de dire que l’impact est « faible mais doit néanmoins être pris en compte » (3). Mais en fait cet impact est entre 40 et 100 fois plus élevé que leurs estimations (1).

Les pouvoirs publics laissent aux Directions Régionales de l’Environnement (DREAL) le soin d’étudier les projets éoliens au cas par cas, sans se soucier de l’impact cumulatif que des milliers d’éoliennes auront sur la biodiversité en France. Ces DREAL, faute de moyens, se fondent sur les rapports des bureaux d’études commandités par les promoteurs éoliens. Or ces études concluent INVARIABLEMENT que le projet en question aura un impact négligeable sur les oiseaux et les chauves-souris. Dans les cas où l’impact est particulièrement fort et évident, elles recommandent des mesures dites de réduction ou de compensation. Mais c’est un leurre : les habitats naturels détruits ne se remplacent pas comme ça en dépensant quelques euros. Ces cabinets d’études prospèrent grâce à leurs avis favorables. Il serait suicidaire pour eux d’émettre un avis contraire : plus aucun promoteur ne les embaucherait. Ainsi, les projets éoliens sont très rarement refusés à cause de leur impact prévu sur la faune ailée. Et dans ces rares cas, il y a en général d’autres motifs invoqués. Il s’agit là d’un grave conflit d’intérêts qui invalide en fait TOUTES les études d’impact sur l’environnement.

Dans de telles conditions de laxisme, les promoteurs éoliens sont tout-puissants. Ils choisissent à leur guise les endroits qui leur conviennent pour implanter leurs machines, sans guère se soucier des espèces protégées qui vivent à proximité ou qui migrent à travers la zone. Ils paient des ornithologues pour écrire des rapports qui les dédouanent, et généralement les DREAL et les préfets accréditent ces études biaisées qui n’ont aucune valeur scientifique.

Prenons le cas de l’Escandorgue, où un couple d’aigles royaux qui s’est installé en 2008 est condamné à mort parce que trois projets de 7 éoliennes chacun – Bernagues, Cap Espigne et Cabalas (communes de Lunas et de Joncels, Hérault 34650) – vont être construits sur son territoire de chasse et de reproduction. L’aire de nidification de ces magnifiques oiseaux se situe à 1,5 km du site de Cabalas, ce qui est beaucoup trop proche. En Norvège, où des suivis sont faits et des douzaines de cadavres d’aigles de mer (pygargues à queue blanche) ont été trouvés sous des éoliennes, on respecte maintenant une zone-tampon de 5 km de rayon autour de leurs nids (4). Aux USA, l’administration compétente (Fish and Wildlife Service) de l’État d’Oregon a fixé un minimum de 6 miles (9,6 km) entre un projet éolien et un nid d’aigles royaux (5). En Espagne, où les lapins sont rares et les aigles doivent chercher leur nourriture encore plus loin de leur nid, la Société espagnole d’ornithologie nous avertit qu’il y a risque de collision jusqu’à 15 km du nid (6).

Implanter des éoliennes si près du nid de ces grands oiseaux qui sont connus pour être hyper-sensibles au dérangement et à la présence humaine, c’est les condamner. Outre le prévisible arrêt de leur reproduction, il y aura de très fortes chances pour qu’ils se fassent frapper par une pale tandis qu’ils focalisent sur leurs proies, ou bien en tentant de se poser sur les nacelles, comme cela arrive aux USA, en Norvège, en Espagne, en Australie, en Suède etc. (7).

Une étude ornithologique indépendante de l’association BECOT a par ailleurs démontré que leur territoire de chasse privilégié et la plupart de leurs perchoirs en lisière de bois se trouvent sur le site de Bernagues – celui-là même où le promoteur est en train d’ériger 7 éoliennes. L’étude montre aussi que l’aigle mâle, équipé depuis l’année 2014 d’une balise GPS, vole dans 96,5 % des cas à la hauteur des pales létales de ces machines. Et elle conclut que « ces projets sont l’annonce de la disparition de l’aigle royal » (sur l’Escandorgue). (8)

Le préfet de l’Hérault, averti du danger, notamment suite à une plainte des ornithologues auprès de la Commission Européenne, a demandé aux promoteurs de prévoir des systèmes de détection d’oiseaux de type « DT-Bird » couplés d’effaroucheurs sonores. Or ces dispositifs sont inefficaces, comme l’a prouvé une étude en Norvège (9), et comme l’a confirmé la LPO (10).

Quant à créer des territoires de chasse un peu plus loin pour y attirer les aigles, il n’y a aucun retour d’expérience prouvant l’efficacité de cette méthode – au contraire (11). Ceci est parfaitement compréhensible puisque l’on sait maintenant que les aigles et autres rapaces n’évitent pas les éoliennes, mais sont au contraire attirés par elles, en particulier par les espaces qu’il faut obligatoirement débroussailler dans un rayon de 50m autour des mâts. Ceci parce qu’ils y trouvent un grand terrain dégagé où abondent les proies: rongeurs ainsi qu’oiseaux blessés ou morts – cf. photos et vidéo (12).

Les ornithologues de BECOT avertissent d’ailleurs que tenter d’attirer les aigles vers d’autres territoires de chasse n’est pas applicable dans le contexte de l’Escandorgue, à cause de la présence d’autres couples d’aigles royaux dans les territoires limitrophes (8). Or ces oiseaux, fortement territoriaux, chassent les intrus de leur espèce.

Les éoliennes des trois projets précités non seulement tueront le couple d’aigles royaux qui vit sur l’Escandorgue, mais seront également mortelles pour les jeunes aigles en dispersion ou les adultes en errance qui viendront chasser sur ce massif une fois le couple disparu. D’autres rapaces aussi seront menacés, à commencer par les busards cendrés qui chassent et se reproduisent à proximité de Bernagues. Le seront également les nombreux « grands voiliers » en migration, errance ou dispersion (milans, aigles, circaètes, et les 4 espèces de vautours récemment réintroduites en France à grands frais) qui empruntent le Corridor de Migration des grands Rapaces dont l’un des maillons est l’Escandorgue (13).

Ce crime prévisible contre la biodiversité est aggravé par les circonstances qui suivent:

– 1)- Les 3 projets éoliens sont situés dans une ZNIEFF (Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique) et en zone de montagne.

– 2)- Le couple d’aigles royaux s’est installé sur l’Escandorgue en 2008. Or les études d’impact des 3 projets datent de 10-12 ans : elles sont donc parfaitement obsolètes.

– 3)- Les trois sites éoliens ont été incorporés récemment au Parc Naturel Régional du Haut Languedoc (autre fait nouveau) (14).

– 4)- De plus, le Corridor de Migration des grands Rapaces a été mis en évidence pour la première fois en février 2015 (13). Il passe sur les crêtes de l’Escandorgue.

– 5)- Les éoliennes qui ont été livrées récemment sur le site de Bernagues sont plus grandes que celles qui étaient prévues. Elles sont de ce fait incompatibles avec les études d’impact et les permis accordés, donc illégales. Elles balaieront davantage d’espace dans le ciel, tuant encore plus d’oiseaux (15).

– 6)- Le promoteur s’empressera dans les jours à venir d’ériger ses éoliennes afin de mettre les tribunaux devant le fait accompli. C’est là un effet pervers de l’ordonnance n° 2015 – 1324 du 22 octobre 2015 (en vertu de la loi n° 2015-990 du 6 août 2015 – « loi Macron »), qui modifie l’article L 480-13 du Code de l’Urbanisme (16), empêchant dans la plupart des cas les tribunaux de faire démanteler des éoliennes construites illégalement. Et vu qu’en l’occurrence les pouvoirs publics laissent faire les promoteurs, ne sommes-nous pas effectivement sortis de l’Etat de droit ? (17)

Dans ces conditions, le Collectif PPB 34 et Save The Eagles International demandent

à Monsieur le Préfet de l’Hérault l’arrêt immédiat des travaux en cours et l’annulation des permis de construire des 3 projets éoliens de Bernagues, Cap Espigne et Cabalas, ceci afin de sauver l’avifaune protégée par la loi française et les Directives européennes, et accessoirement de faire respecter l’Etat de droit.

Nous attirons votre attention sur le fait que les éoliennes à axe horizontal importées d’Espagne ou du Danemark que l’on voit dans toute la France pourraient être d’ores et déjà obsolètes. Des modèles à axe vertical plus efficients se développent en effet, qui ne seront pas dangereux pour les oiseaux (18).

Contacts presse :

Marjolaine Villey-Migraine, Porte-parole du Collectif pour la Protection des Paysages et de la Biodiversité 34 (Collectif PPB 34) –  aigles.escandorgue@gmail.com

06 43 54 82 71

Mark Duchamp +34 693 643 736
Président, Save the Eagles International

 save.the.eagles@gmail.com

Références :

(1) – https://conseilmondialpourlanature.wordpress.com/2015/04/27/le-grand-carnage/
(2) – « les taux variant de 0 à 10 oiseaux par éolienne et par an » page 64, ici : http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/guide_eolien_15072010_complet.pdf
(3) – http://www.metronews.fr/info/vrai-ou-faux-les-eoliennes-font-trop-de-bruit-et-tuent-les-oiseaux/mmdy!PITtkT8yC8nqQ/
… et  l’impact est « faible mais doit néanmoins être pris en compte » : www.ademe.fr/guide-developpeur-parc-eolien
(4) – http://sciencenordic.com/five-kilometres-between-life-and-death-sea-eagle
(5) –  https://portlandgreenenergy.wordpress.com/wind-farms-in-oregon/
(6) – http://www.seo.org/wp-content/uploads/2012/01/Manual_molinos.pdf (page 34)
(7) – Eagles and wind farms : mortality statistics www.iberica2000.org/Es/Articulo.asp?Id=3071

Rapaces attirés par les éoliennes :

https://conseilmondialpourlanature.wordpress.com/2013/07/28/alerte-biodiversite/(8) – L’étude BECOT (suivis de l’aigle portant une balise GPS) n’est pas publiée. Elle vous sera envoyée sur demande.

(9) – http://savetheeaglesinternational.org/francais/dtbird-tuera-nos-aigles.html
(10) – http://savetheeaglesinternational.org/francais/stei-et-la-lpo.html
(11)http://www.iberica2000.org/Documents/eolica/BIRD_MORTALITY/Critique_Beinn_an_Tuirc_report.rtf
(12) – https://savetheeagles.wordpress.com/2013/05/28/raptors-attracted-to-windfarms-2/
(13) – http://savetheeaglesinternational.org/francais/ornithologues-du-massif-central.html

… et :
http://savetheeaglesinternational.org/francais/le-corridor-des-grands-rapaces.html
(14)http://www.parc-haut-languedoc.fr/comprendre-le-parc/le-parc-en-cartes
(15) – permis accordé pour des éoliennes Vestas 66 de 1750 KW, dont les pales de 33m  balaieront un espace de 3 422 m² –  http://www.thewindpower.net/turbine_fr_168_vestas_v66-1750.php

– éoliennes déposées à Bernagues : ENERCON  E 70 de 2,3 MW, dont les pales de 35,5m balaieront un espace de 3 960m², soit 16% de plus que les Vestas autorisées.

E – 70/2300 : http://www.thewindpower.net/turbine_en_5_enercon_2300.php
(16) – http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074075&idArticle=LEGIARTI000006815940&dateTexte=&categorieLien=cid
(17) – https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat_de_droit(18) – http://www.dailymotion.com/video/xkrt04_eoliennes-verticales-vs-eoliennes-a-pales_webcam

2016-CP Collectif 34 et STEI (télécharger le pdf)

2 Commentaires

  1. L’homme est définitivement un parasite ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_negative.gif

  2. Les éoliennes semblent tourner lentement, je ne comprends pas comment elles peuvent tuer les oiseaux.
    Mais de toute façon, c’est encore une belle arnaque. Que faudra-t-il encore pour qu’on renonce aux projets ?

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