L’ONG Oceana met en garde contre la fraude à l’étiquetage du poisson: Un poisson sur trois n’est pas celui annoncé

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L’ONG Oceana, qui lutte pour la préservation des ressources maritimes, dénonce la fraude à l’étiquetage sur les poissons consommés à Bruxelles. Selon son enquête publiée le 3 novembre, Oceana prévient qu’un poisson sur trois n’est pas celui annoncé. Ce phénomène concerne plus largement tous les consommateurs de poissons. Pour Nicolas Fournier, chargé de mission des Affaires européennes chez Oceana, l’ambiguïté des directives européennes sur l’étiquetage des produits de la mer donnerait indirectement les moyens aux restaurants de déroger au règlement en « s’arrangeant » avec les étiquettes.

Quel poisson mangeons-nous vraiment à Bruxelles ? Lasse Gustavsson, directeur exécutif de l’ONG Oceana, souligne qu’au-delà des statistiques, son enquête réalisée à partir de tests ADN et menée en collaboration avec l’Université catholique de Louvain, permet de « pointer du doigt quelque chose qui va de travers » : à savoir que 32% des poissons examinés dans la capitale belge sont mal étiquetés. L’enquête base ses résultats sur un échantillonnage malgré tout important et sérieusement représentatif : les tests ADN ont été menés au cours de 280 repas servis dans 150 restaurants et cantines de Bruxelles. De plus, les échantillons prélevés dans les cantines de la Commission européenne prouvent que même les dirigeants européens ne sont pas épargnés.

Nicolas Fournier, chargé de mission des Affaires européennes chez Oceana, rappelle que la gestion des pêcheries relève de la compétence exclusive des Européens. Les résultats de l’enquête tendent à provoquer la mobilisation des Etats membres : « Les réglementations ne sont pas statiques et les choses peuvent encore évoluer ».

En 2014, l’ONG Oceana a réalisé une enquête similaire dans les poissonneries et supermarchés en France. Seules 4% des étiquettes étaient frauduleuses. La France figure-t-elle pour autant au rang des bons élèves ? Nicolas Fournier nuance cette déduction, car le cadrage d’étude – sans les restaurants – était différent  : « Si on faisait les mêmes tests aujourd’hui sur le segment des restaurants à Paris, je suis certain qu’on aurait les mêmes résultats qu’à Bruxelles. » A savoir qu’un poisson sur trois ferait l’objet de manoeuvres frauduleuses.

Le contrôle passe à la trappe

Les règles générales d’étiquetage sont consignées dans des directives européennes qui donnent un cadre à respecter. Néanmoins, Oceana déplore le manque de prescriptions de loi qui fragilise la structure du règlement. Si l’aspect législatif existe, son « contrôle » et sa « mise en œuvre » passent à la trappe. L’Europe a pourtant le meilleur système au monde en termes de traçabilité mais il est faillible. Les meilleurs pays n’inspectent d’ailleurs que 10% environ de leur production.

Où est le maillon faible dans la chaîne de distribution ? Déterminer à quel moment le mal se fait est complexe. Pour Nicolas Fournier, la fraude à l’étiquetage peut avoir lieu tant au niveau du grossiste qu’à celui du mareyeur. Depuis le bateau jusqu’au détaillant, le poisson passe par de multiples étapes, parfois équivoques. L’Europe importe environ 65% du poisson qu’elle consomme, et 90% de son poisson à chair blanche. A l’import comme à l’export, la transmission des informations peut être malaisément assurée et suscite la méfiance des ONG.

Alors d’où vient la fraude ? Notre expert n’a pas de réponse même si les motifs sont nombreux. Premièrement, le gain financier réalisé par les restaurateurs. Arnaquer le consommateur avec un poisson frit, plein de sauce, ou très épicé, est chose facile car la saveur du poisson en elle-même est difficilement décelable.

Plus étonnant, en revanche, des poissonniers ont confié à Oceana qu’ils ne souhaitaient pas « perturber le consommateur », préférant lui vendre du « cabillaud » toute l’année (un poisson qui n’est disponible qu’à certaines saisons) alors qu’il s’agit en réalité de « lieu jaune » par exemple – ce que la majorité des consommateurs ignore. Mieux vaut ne pas passer pour un commerçant irrespectueux des habitudes et des demandes de ses clients…

Le consommateur est-il infantilisé ?

De la même manière, tout le monde a entendu dire depuis des années que le thon rouge est en voie de disparition. Pourtant, les restaurants n’ont pas cessé d’en proposer. Délicat de fournir une denrée qui n’existe quasiment plus, sauf si l’on
« s’arrange » avec la réalité. « Si tous les restaurants qui proposent du thon rouge à la carte servaient réellement du thon rouge, l’espèce serait définitivement éradiquée depuis longtemps », dit Nicolas Fournier.

Article en intégralité sur Rfi.fr

9 Commentaires

  1. Article à diffuser largement.e lieu jaune pour du cabillaud ? Il y en a bien d’autres poissons d’avril.

  2. Merci à l’auteur de nous rappeler à quel point nous sommes grugés devant les bancs de poissons. Le lieu jaune au lieu du cabillaud n’est qu’un petit poisson d’avril…

    En boîte, Nous avons toutes et tous mangé FLIPPER le DAUPHIN au lieu de THON !

    Seule une marque « Il était un petit navire, il était un petit navire, qui n’avait ja-ja-jamais naviqué ne trempe pas dans cette scandaleuse tromperie.

    Les SARDINES ont ma confiance l’été, grillées dehors. Je ne m’en prive pas à raison d’une fois par semaine.

    Actuellement ? Remplace le poisson par des huitres. La plupart des poissons proposés étant d’élevage. BEUFK !

  3. Les poissons sont mutants, ils concentrent les métaux lourds et la radioactivité.
    Bonne chance à ceux qui en mangent encore !
    Là encore notre pouvoir est de refuser d’en consommer, ainsi on cessera de les pêcher.

  4. Vaut mieux bouffer le C.. de la voisine!

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