Quand Varoufakis projetait secrètement de pirater son propre ministère…

Dommage que ça n’est pu être mis en œuvre. On ne peut que se rendre compte que la seule chose qui tient encore cette catastrophe qu’est l’Europe est l’euro, sans lui c’est la fin de cette entité  et la liberté pour tous. Mais ça ne fait pas les affaires de l’ex-Troïka, qui entend bien saboter les velléités d’indépendance des peuples…

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Il y avait bien un plan B à Athènes. Et pas n’importe lequel. Alors qu’il était ministre des Finances du gouvernement Tsipras, en plein bras de fer avec les Européens, Yanis Varoufakis a créé un cabinet secret, qui avait notamment pour mission de réfléchir aux alternatives, au cas où il faudrait passer de l’euro à la drachme. Varoufakis voulait aussi développer un système bancaire alternatif. Et cela supposait de… pirater sa propre administration fiscale !

L’affaire, pour le moins explosive à Athènes, a été révélée dimanche 26 juillet par “Ekathimerini“. Ce journal grec a retranscrit une conférence téléphonique entre Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des Finances britannique Norman Lamont, et des financiers. Elle a eu lieu le 16 juillet, soit une semaine après le départ de Varoufakis du gouvernement.

Depuis, le contenu de cette conversation a été confirmé par Varoufakis et par deux responsables de fonds spéculatifs qui y ont participé, révèle le “Télégraph” (en anglais). A Athènes, les principaux partis d’opposition (Nouvelle Démocratie, To Potami et le Pasok) se sont réunis en urgence pour évoquer l’affaire. “Ils veulent me faire passer pour un escroc, répond Varoufakis, et me faire tomber pour trahison.”

Un système bancaire parallèle

L’histoire racontée par l’ancien ministre aux financiers dépasse la fiction.

Le Premier ministre, avant qu’il ne devienne Premier ministre, avant que nous ne gagnions l’élection en janvier, m’avait donné son feu vert pour mettre au point un plan B, débute Varoufakis. J’ai réuni une équipe très compétente, restreinte vu qu’il fallait garder ce projet secret pour des raisons évidentes. Nous avions travaillé depuis décembre ou début janvier.”

L’économiste affirme que le plan était “presque achevé”, mais que pour le mener à bien, il avait besoin d’agrandir son équipe de 5 à 1.000 personnes. Là n’est pas la seule difficulté :

Notre plan se déroulait sur plusieurs fronts, poursuit l’ex-ministre, je ne vous en présenterai qu’un seul. Prenez le cas des premiers instants où les banques sont fermées. Les distributeurs de billet ne fonctionnent plus et il faut mettre en œuvre un système de paiement parallèle pour continuer à faire tourner l’économie pendant un temps, et donner le sentiment à la population que l’Etat a le contrôle, qu’il y a un plan. Nous avions prévu cela.”

Le plan de Varoufakis consistait à créer des comptes bancaires de réserve pour chaque contribuable, en fonction de son numéro fiscal. Il suffirait d’envoyer à chaque contribuable un mot de passe pour qu’il se connecte sur le site des impôts et passe des virements.

Cela aurait créé un système bancaire parallèle lors de la fermeture des banques résultant de l’action agressive de la BCE de nous priver d’oxygène. C’était très avancé et je pense que cela aurait fait la différence, parce que rapidement, nous aurions pu l’étendre, utiliser des applications sur smartphone, et cela aurait pu devenir un système parallèle qui fonctionne, bien sûr avec une dénomination en euro, mais qui pourrait être converti en drachme en un clin d’œil.”

Un obstacle : la troïka

Seulement, pour faire cela, le gouvernement grec aurait dû surmonter de sérieux obstacles institutionnels.

C’est assez fascinant, poursuit Varoufakis aux financiers. La direction générale des finances publiques, au sein de mon ministère, était contrôlée entièrement et directement par la troïka. Elle n’était pas contrôlée par mon ministère, par moi, ministre, elle était contrôlée par Bruxelles. Le directeur général est désigné via une procédure sous le contrôle de la troïka. Imaginez, c’est comme si les finances étaient contrôlées par Bruxelles au Royaume-Uni. Je suis sûr que ca vous hérisse le poil d’entendre cela.”

Le ministre fait alors appel à un “ami d’enfance”, professeur d’informatique à l’Université de Columbia, qu’il nomme directeur général des systèmes d’information.

Au bout d’une semaine, il m’appelle et me dit : ‘Tu sais quoi ? Je contrôle les machines, le matériel, mais je ne contrôle pas les logiciels. Ils appartiennent à la Troïka. Qu’est-ce que je fais ?’”

Les deux amis se voient discrètement. Pas question de demander officiellement à la direction des finances publiques l’autorisation d’accéder au système, cela pourrait susciter des soupçons.

Nous avons décidé de pirater le programme informatique de mon propre ministère afin de pouvoir copier, juste copier, le code du site internet des impôts sur un gros ordinateur de son bureau, pour pouvoir travailler sur la conception et le développement d’un système parallèle de paiement. Et nous étions prêts à obtenir le feu vert du Premier ministre, lorsque les banques fermeraient, pour nous rendre à la direction générale des finances publiques qui est contrôlée par Bruxelles et à y brancher son ordinateur portable pour activer le système.”

Voilà qui en dit long sur l’ampleur des enjeux auxquels doivent faire face le gouvernement grec et sur la complexité de la relation entre Athènes et Bruxelles.

Ce que j’essaie de vous décrire, c’est le genre de problèmes institutionnels que nous avons rencontré, les obstacles institutionnels qui nous empêchaient de mener une politique indépendante pour contrer effets de la fermeture de nos banques par la BCE.”

Varoufakis savait que la conversation était enregistrée. “Il y a surement d’autres personnes qui écoutent, mais ils ne diront rien à leurs amis”, avait mis en garde Normal Lamont alors que Varoufakis commençait à entrer dans les détails. “Je sais. Même s’ils le faisaient, je nierais avoir dit cela”, avait répondu le grec sur le coup. Depuis la publication de la conversation, il se défend :

C’est une tentative d’annuler les cinq premiers mois de ce gouvernement et de les mettre dans la poubelle de l’Histoire”, a-t-il déclaré au ‘Télégraph’. J’ai toujours été totalement contre un démantèlement de l’euro, car on ne sait jamais quelles forces maléfiques peuvent se réveiller en Europe.”

L’ancien ministre a aussi publié un communiqué officiel. Il s’en prend au journal grec :

L’article fait référence au projet du ministre comme l’a décrit le ministre le 6 juillet dans son discours de départ pendant la passation des pouvoirs. Dans ce discours, Varoufakis déclare clairement : ‘Le secrétariat général à l’informatique a commencé à étudier les moyens de faire de Taxisnet quelque chose de plus important, un système de paiement pour tiers, un système qui augmente l’efficacité et minimise les arriérés de l’Etat aux citoyens et vice-versa.’ Ce projet ne faisait pas partie du programme du groupe de travail, a été présenté entièrement par le ministre Varoufakis au cabinet et devrait, selon le ministre Varoufakis, être mis à exécution indépendamment des négociations avec les créanciers de la Grèce, car cela contribuera à améliorer considérablement l’efficacité des transactions entre l’Etat et les contribuables et entre les contribuables.”

Le projet de Schaüble

Le journal “Ekathimerini” cite aussi un extrait où Varoufakis évoque le ministre des Finances allemand :

Schaüble a un plan. Ce qu’il m’en a décrit est très simple. Il croît que l’eurozone n’est pas viable. Il pense qu’il faut des transferts budgétaires, et un certain degré d’union politique. Il croit que pour que cette union politique fonctionne sans fédération, sans la légitimité qu’un parlement fédéral, élu en bonne et due forme, peut assurer, notamment face à un exécutif, la seule solution est la discipline. Et il m’a dit explicitement qu’un Grexit sera l’élément qui lui permettra de négocier, qui lui donnera suffisamment de puissance, de quoi faire peur, afin d’imposer aux Français ce contre quoi Paris a résisté. Et de quoi s’agit-il ? Un degré de transfert budgétaire qui fait passer le pouvoir de Paris à Bruxelles.“

Dans le “Telegraph”, Varoufakis va plus loin, affirmant que Schaüble a fini par penser que la Grèce devait être expulsée de l’euro, qu’elle ne faisait qu’attendre son heure, sachant que le dernier plan de renflouement était voué à l’échec.

Tout le monde sait que le Fonds monétaire international ne veut pas participer au nouveau programme mais Schaüble insiste pour en faire la condition de nouveaux prêts. J’ai le fort pressentiment qu’il n’y aura pas d’accord de financement le 20 août.”

Selon Varoufakis, les indicateurs économiques se révéleront mauvais à la fin de l’année en Grèce.

Schaüble dira alors qu’il s’agit d’un nouvel échec. Il nous enfume. Il n’a pas renoncé à pousser la Grèce hors de l’euro.”

“Des enjeux opérationnels”

James K. Galbraith, économiste britannique de renom et proche de Varoufakis, a révélé lundi qu’il faisait partie de son équipe secrète. Et il précise son rôle, sous la forme de six déclarations :

  1. “A aucun moment le groupe de travail ne s’est engagé pour un Grexit ou tout autre choix de politique. Le travail était uniquement d’étudier les enjeux opérationnels qui se poseraient si la Grèce était forcée d’émettre de nouveaux papiers ou si elle était forcée à quitter l’euro.
  2. Le groupe a opéré en supposant que le gouvernement était entièrement décidé à négocier dans le cadre de l’euro, et a pris des précautions extrêmes pour ne pas mettre en jeu cette engagement en laissant filtrer au monde extérieur des indices de notre travail. Il n’y a eu aucune fuite, jusqu’à la révélation de l’existence du groupe, révélée par l’ancien ministre lui-même, en réponse aux critiques selon lesquelles son ministère n’avait pas préparé de plan de sortie alors qu’il savait que la sortie forcée de l’euro était une option.
  3. L’existence de plans n’auraient pas pu jouer de rôle dans la position grecque dans les négociations, puisque leur circulation (avant qu’il n’y ait eu besoin de les mettre en exécution) aurait destabilisé la politique du gouvernement.
  4. En dehors d’une conversation téléphonique tardive et non-concluante entre le député Costas Lapavitsas et moi, il n’y a eu aucune coordination avec la “plateforme de gauche” et les idées de notre groupe de travail avaient très peu en commun avec les leurs.
  5. Notre travail s’est terminé pour des raisons pratiques début mai, par un long memo exposant les questions principales et les scénarios que nous avons étudiés.
  6. Mon travail n’a été ni rémunéré ni officiel, fondé sur mon amitié pour Yanis Varoufakis et mon respect pour la cause du peuple grec.”

Donald Hébert

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com via Les-Crises

Voir aussi:

Le Koweït impose un fichage ADN à toute sa population

7 Commentaires

  1. Curieusement, je ne crois qu’à moitié à ce ramassis de connerie !
    Ça semble quand même une enfumerie de plus pour masquer la réalité. Tsipras a bel et bien baissé son froc pour des raisons certainement non avouables, menaces ou cupidité.
    Varoufakis raconte une belle histoire à dormir debout qui en gros, nous démontre l’amateurisme de gens qui auraient pris le pouvoir en Grèce sans réel….programme politique !Il auraient donc tout improvisé en quelque sorte à leur arrivée au pouvoir.
    Franchement la ficelle me parait bien grosse non ?

  2. Varoufakis et Tsipras n’étaient pas les bonnes personnes pour redresser la Grèce qui a vécu bien au-dessus de ses moyens. Les grecs ont élu celui qui les a trahis avec des promesses dignes de celles de Hollandescù.

    Varoufakis ? il a quand même écrit lorsqu’il était aux USA

    « c’est encore aux États-Unis qu’il incombe de prendre en main, peut-être pour la dernière fois, les rênes de l’Histoire je ne vois pas comment une avancée véritable pourrait s’accomplir autrement » (p. 354).

    Si les propos très conciliants de M. Obama hier à l’égard de M. Tsipras vous avaient rendus perplexes, je suppose que l’opinion du nouveau ministre grec des Finances vous les auront fait comprendre.

    La carte secrète d’Alexis Tsipras : « The US Are Back ! »… mais chut !

  3. Sur Bld Voltaire un avis que je partage :
    « Fut-elle dans l’Antiquité le berceau de la démocratie et donc sur le plan politique comme sur le plan culturel « notre aïeule », pour reprendre l’expression de Victor Hugo, il ne fallait pas admettre la Grèce dans la zone euro, pas plus qu’on n’aurait dû accueillir, un peu plus tard, la Roumanie et la Bulgarie dans l’Union européenne. Trop de décalage entre le niveau des salaires, des prestations sociales, du pouvoir d’achat de ces trois pays et les standards de l’Europe de l’Ouest. S’agissant plus particulièrement de la Grèce, la crise a mis en pleine lumière les vices et les tares d’une société profondément corrompue dont le népotisme, l’hypertrophie de la fonction publique, l’évasion fiscale systématique étaient les moindres défauts et où alternaient au pouvoir des gouvernements claniques incarnés notamment par les familles Karamanlís et Papandréou. L’entrée de la Grèce dans la Communauté n’a pas été précédée de la moindre enquête, de la moindre mise en garde, elle n’a pas été subordonnée à la moindre exigence et c’est sur la foi de statistiques truquées et de bilans mensongers qu’Athènes a pu quelque temps tenir son rang à Bruxelles. »

  4. en fait le plan B était le plan A. Tsipras a toujours fait campagne autour de la sortie de l’EURO de la Grèce, les choses on changé a mesure qu’il s’approchait du pouvoir son discour était plus nuancé pour ne pas dire complaisant, c’est triste mais Varoufakis est ce que l’on appel de dindon de la farce, Tsipras na pas hésiter a le sacrifier et cela il l’avait bien compris le soir du réffendum pendant que les gens fesaient la fêtes place Syndagma ce soir la au parlemnt les mines étaient déconfites suite au résultat et l’ambiance glacial. Varoufakis était évincer du pouvoir s’en ai suivi le reste du gouvernement qui avait voter NON et dans les jours qui suivait un remaniement gouvernementale.

    tsipras a vendu son âme au diable et sauvé ssa place pour quelques mois.

    Le pire dans tout sa après le choc, le peuple a accepter et n’a penser qu’a une seul chose « c’est les vacances » !

    je vous prédit une rentrèe très mouvementée en Grèce et d’ici la fin de l’année (tout dépend du vote en ES) un possible GREXIT mais pas des grecs mais sous la pression Allemande.

  5. La dette, quelle dette ? Varoufakis et le Plan B par Gérard Foucher

    http:xx//youtu.be/9BvPzoX97Rk

    http://www.youtube.com/watch?v=9BvPzoX97Rk&feature=youtu.be

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