Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Il fait beau, c’est le week-end, nos campagnes sont luxuriantes, et depuis des années je lis des articles concernant la disparition de nos abeilles qui jouent un rôle considérable dans l’ensemencement et la fécondation des plantes. Alors évidemment, j’avais très envie de pouvoir rencontrer un apiculteur et découvrir son métier, et surtout savoir ce qu’il pense de la situation et quelle est la réalité des choses.
Nous avons donc été reçus avec une grande gentillesse hier dimanche par Mélanie et Florent Maugeais, apiculteurs, bâtisseurs de leur propre main des Ruchers de Normandie. Pour vous donner une idée, ils possèdent 550 ruches, 230 ruchettes pour le renouvellement du cheptel et produisent 10 tonnes de miel les mauvaises années et 20 tonnes les très bonnes années, avec une moyenne annuelle de 15 tonnes.
Une piqûre d’abeille, ça fait mal…
Au moins, maintenant je sais de quoi je parle, et il valait mieux que ce soit moi qui prenne plutôt que ma femme… Ou bien sûr les enfants. Car nous y sommes allés en famille. D’ailleurs, pour ceux qui habitent Paris, la Normandie c’est grand. Le citadin en oublie tout simplement l’étendue de notre territoire et de nos campagnes. La ville limite l’horizon.
Bref, je me suis fait piquer… et je n’ai rien fait pour mériter ça. Même Florent notre apiculteur en a convenu. On a beau vous dire que fumer tue… vapoter vous fait piquer par les abeilles. Je vous explique.
Nous nous approchons d’une ruche. Florent allume une cigarette, souffle légèrement sa fumée vers la ruche, cela apaise les abeilles, il ouvre la ruche (avec une simple « clope ») écarte délicatement une ou deux abeilles, et plonge son doigt… dans le miel !! Pensez donc, après avoir fait un truc pareil, je pensais ne rien risquer… et voilà-t-y pas qu’une abeille me fonce dessus. Enfin moi je n’ai rien vu venir, c’est Florent qui, lui, a tout de suite compris que cette abeille n’était pas contente et qu’elle allait me piquer moi… Il m’a bien prévenu, « Haaa…. Ça va faire mal ». Je confirme, ça fait mal (d’ailleurs on est le soir, et j’ai toujours mal). Comme dit Florent, pour ceux qui ne se sont jamais fait piquer, les produits que l’on vend ne marchent pas et ne servent à rien, il faut serrer les dents, ça passe au bout de quelques minutes (c’est vrai) et il ne faut surtout pas toucher sinon ça recommence à faire encore plus mal car en touchant, on étale le venin (c’est vrai aussi, vu que je n’ai pas réussi à m’empêcher de toucher le point d’impact… situé dans l’oreille).
Bon, en résumé, la fumée d’une clope calme les abeilles, pas celle des vapoteuses… Conclusion, ne vapotez jamais à côté de 550 ruches… Bon, je sais, mon approche ne vaut rien scientifiquement !! Au fait, ses 550 ruches et ses 230 ruchettes représentent… plus de 20 millions d’abeilles, soit largement plus que le nombre de franciliens. Alors ne me faire piquer qu’une seule fois en ayant fréquenté 20 millions d’abeilles, c’est statistiquement insignifiant… Enfin ça, c’est l’argument de Florent, moi personnellement j’ai mal mais ma femme m’empêche de faire « mon parisien », mais faites gaffe, la campagne c’est dangereux !!
Ça c’est une ruche, une ruche de pro… pas une jolie petite maisonnette pour apiculteur amateur (indispensable évidemment) mais qui n’ont pas les mêmes besoins techniques. Lorsque l’on est un apiculteur professionnel, il faut pouvoir empiler les ruches, les déplacer et les transporter. Parce que pour vous faire du miel de tilleul… Il faut trouver du… tilleul. C’est la même logique avec l’acacia. Donc l’apiculteur va devoir par exemple jouer sur l’emplacement de ses ruches (un endroit où il y aura tout plein d’acacias) et le moment de la floraison en installant ses ruches au bon endroit au bon moment pour que les abeilles récolent… dans les bonnes fleurs.
Une ruche comment ça marche… Avant une reine vivait 3 ans. Désormais 1 an c’est déjà bien !
Ça marchait bien mais cela marche de plus en plus mal. Pour Florent, le constat est sans ambiguïté. Avant les reines vivaient environ 3 ans. Aujourd’hui une reine vit 1 an. Elle peut vivre plus longtemps mais dans un mauvais état de santé. Cela conduit les apiculteurs à les tuer eux-mêmes car une reine qui dégénère amène la dégénérescence de la colonie tout entière.
Une abeille ouvrière, elle, vit de 50 à 60 jours en fonction de la masse de travail qu’elle va fournir. Le travail de l’abeille ouvrière c’est le « butinage », et le butinage est épuisant pour elle. Pour les salariés humains, c’est la même chose. Si votre travail est physiquement éreintant, votre espérance de vie diminue. Il n’y a que la propagande patronale pour vous faire chanter « le travail c’est la santé ». N’oubliez pas la suite de cette chanson « et ne rien faire la conserver » !!
Enfin, il y a un troisième type d’abeille (oui, oui je peux vous dire que j’en ai appris des choses et que je serais bien resté encore plus longtemps à bavarder), l’abeille d’hiver. L’abeille d’hiver se fait littéralement gaver de nectar. Son travail est indispensable puisqu’à la sortie de l’hiver, c’est elle qui va relancer la colonie. Sans facteur limitant (pollution, maladie, vers, etc.) elle peut vivre 245 jours.
Les causes de tous les problèmes ? Plusieurs facteurs !
Il est difficile d’être péremptoire et d’affirmer contrairement à ce que l’on croit que l’on ne doit incriminer que les produits phytosanitaires… en clair, les pesticides. Évidemment, ils sont particulièrement nocifs pour les essaims d’abeilles mais il faut bien comprendre le mécanisme.
Un produit chimique va obtenir une autorisation de mise sur le marché après des études purement théoriques ou presque sur sa toxicité. Il y a des conditions dites « standards ». Le produit x sera autorisé car sans danger pour les abeilles lorsqu’il traite le blé par exemple. Sauf que dans la réalité, les choses se passent tout différemment. En me montrant un champ voisin, Florent m’indique que ce champ est unique. Unique de par sa combinaison. Ce champ, depuis 20 ans, a reçu des cultures et des traitements. Cela en fait donc un «écosystème chimique » à part entière totalement différent du champ voisin qui, en ayant reçu d’autres cultures et donc d’autres traitements, aura une toxicité différente pour les abeilles et de façon générale pour tous les animaux.
Il est donc très difficile d’établir des responsabilités de façon claire. Et d’ailleurs mon point de vue sur ce type de sujet c’est que les industriels, quels que soient les secteurs, organisent consciemment et sciemment ce que je nomme une chaîne d’irresponsabilité. L’objectif : faire en sorte de diluer les responsabilités pour ne pas avoir à assumer les coûts sociaux, humains, ou environnementaux de leur activité. Regardez le cas particulièrement édifiant des producteurs de textile à bas coût au Bangladesh. Les usines s’effondrent sur les ouvriers sans que cela n’émeuvent les donneurs d’ordres occidentaux.Autre facteur, le varroa.
Le varroa est le seul genre de la famille des varroidae. Cet acarien parasite les abeilles et fait partie des causes possibles ou favorisantes du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles.
La femelle du varroa présente une forme elliptique, trapue, plus large que longue. Elle mesure de 1 à 1,2 mm sur 1,5 à 1,8 mm, ce qui la rend parfaitement visible à l’œil nu.
Les mâles vivent exclusivement dans les cellules du couvain de l’abeille, alors que les femelles se rencontrent aussi sur l’abeille adulte, dans et à l’extérieur de la ruche. Seules les femelles sont capables d’hiverner.
Le cycle de reproduction de varroa se déroule exclusivement dans le couvain.
Ce parasite va affaiblir les colonies et rendre les abeilles beaucoup plus vulnérables aux virus comme les APV, CPV ou ABPV qui peuvent être mortels pour les abeilles.
Voilà à quoi ressemble un varroa… C’est laid…
Enfin, dernier facteur : la baisse alarmante de la biodiversité…
Nous roulions à travers champs pour atteindre les Ruchers de Normandie et je montrais par la fenêtre au petit dernier les coquelicots tout rouges, tout en faisant remarquer à mon épouse qu’il n’y en avait pas beaucoup. Il y a 30 ans, enfin presque 40, quand j’avais son âge, les coquelicots bordaient nos routes par millions… Aujourd’hui, ce sont quelques taches rouges. Quelques coquelicots survivants et résistants aux pesticides déversés par tonnes par l’agriculture intensive.
Le résultat est visible à l’œil nu par chacun de nous, les plus de 40 ans, si nous faisons l’effort de nous souvenir comment c’était quand nous étions enfants.
Bref, plus de bleuets, plus de coquelicots, une diversité florale en forte baisse et donc pour les abeilles une mauvaise nourriture, une nourriture pas variée.
C’est comme l’être humain. Mangeons que des frites… uniquement des frites. Nous allons vite mais alors très vite d’abord dépérir puis mourir en raison de nos carences alimentaires. Il en est de même pour les colonies d’abeilles.
Article complet sur Le contrarien
Un amis apiculteur n’a perdu que 25% de ruches cet hiver !
Pour le Varroa, comme les Huiles Essentielles n’ont pas eu trop d’effet, il va faire un traitement à l’acide formique cette année (je ne connaissais pas) comme il est en bio !
Certains Ruchers ont plus de 50% de pertes !
En fait la durée de vie des abeilles est fonction de la température de la ruche selon le facteur T10°c :
à 33°c (température du couvain) une abeille vit 60 jours,
à 23°c température pour voler une abeille vit 120 jours
à 13°c température pour marcher dans la ruche et aller piocher dans les réserves elle vit 240 jours !
Mais ce sont les mêmes abeilles (pas de type spécial hiver ou été) !
Le facteur T10°c dit lorsque la température monte de 10°c le développement de l’insecte est deux fois plus rapide :
une asticot de mouche à 15°c donnera une mouche en 20 jour et à 25°c en 10 jours !
Mon cher Charles,
Vos gentils apiculteurs ont « oublié » de vous informer de la responsabilité des apiculteurs dans cette hécatombe.
Etrange, étrange…
L’abeille noire, européenne indigène bien résistante à nos contrés, est une abeille à…… FAIBLE RENDEMENT.
Devinez la suite,… quant au choix de la reine et donc leur silence complice.
Comme si cela ne suffisait pas et toujours dans un souci de rendement. Beaucoup d’apiculteurs « mal-nutritionnent » leurs colonies hivernant.
Dans la pratique, ils remplacent en forte proportion le miel d’hivernage par du sirop de glucose(…on fait mieux coté bio-diversité 🙁 ).
Vous imaginez bien qu’à la sortie de l’hiver, votre « troisième type » d’abeilles ont un mal fou à relancer la ruche.
..Et pour cause!
..Comme quoi, comme vous disiez, il faut toujours diversifier ses sources.