La France contaminée ne vous a pas suffit? Vous en voulez encore? Alors voilà une autre « affaire » tout aussi immorale, mais comme il y a des histoires de gros sous, cela ne gêne pas plus que cela certains politiques qui devraient au contraire défendre les citoyens…
A Toulouse, le géant du BTP Vinci veut édifier un ensemble immobilier écolo-compatible, avec espaces verts, jardins partagés, une résidence senior, une crèche, des bureaux et logements collectifs. Petit problème, les sols et la nappe phréatique sont pollués aux hydrocarbures et aux métaux lourds, surtout au plomb. Mais de la mairie à la préfecture, personne ne semble s’inquiéter de la construction de centaines de logements sur un ancien site industriel. Et sans alerte de la part de riverains ou de citoyens, aucun compte ne sera demandé à Vinci sur les éventuels travaux de dépollution. Enquête.
C’est un vaste terrain vague bordé de murs plein de graffitis, où s’obstinent à danser quelques herbes folles devant une poignée d’arbres dégarnis. Rien de plus. Au fond, on aperçoit la ligne de chemin de fer Toulouse-Albi. Devant, le chemin Lapujade, une rue populaire sans l’ombre d’un commerce où seuls des immeubles collectifs, genre blocs en béton, poussent comme des champignons au détriment des « toulousaines », ces petites maisons typiques en galets et en briques. Nous sommes à moins de trois kilomètres de la Place du Capitole, l’hypercentre de Toulouse et ce terrain de 16 829 m2, qui s’étend du n°67 au n° 93 du Chemin Lapujade fait figure d’ovni. Comment a-t-on pu laisser vacant depuis plus de dix ans une telle superficie foncière dans un secteur en proie à la frénésie immobilière ?
Deux projets bloqués par la crise et les riverains
Petit retour en arrière : fin des années 90, l’entreprise Fournie-Grospaud, propriétaire du site, spécialisée dans les équipements électriques (armoires électriques, câblages..) est rachetée par Vinci Énergie. Laquelle hérite de ce terrain, truffé de hangars, bâtiments divers et bureaux. En mai 2007, Vinci Énergie signe une promesse de vente avec une autre filiale du groupe, Vinci Immobilier.
Cette dernière envisage de lancer sur ces parcelles un juteux programme immobilier articulé autour de six immeubles de trois étages, qui accueilleront 246 logements. Un mois et demi plus tard, fin juin 2007, le permis de construire est délivré par la mairie de Toulouse. Mais en 2008, avec la crise bancaire et financière qui assombrit le marché mondial, l’immobilier dégringole, Vinci Immobilier suspend son projet. « Nous vendions sur plan. Et à ce moment-là, plus personne ne voulait investir dans la pierre », se remémore une chargée de com’ du groupe. Fin du premier acte.
En 2010-2011, la municipalité, alors dirigée par le socialiste Pierre Cohen, décide d’un nouveau plan local d’urbanisme qui privilégie les constructions verticales pour en finir avec l’étalement urbain. Le terrain de Vinci est désigné par la mairie pour accueillir plusieurs immeubles de quatre à huit étages, soit au total 600 logements. Quitte à sacrifier quelques maisons toulousaines et à faire de l’ombre à celles qui restent. « Nous avons aussitôt créé une association de quartier de 200 membres, récolté 845 signatures, accroché une cinquantaine de banderoles sur nos maisons, organisé des repas de rue, prévenu les médias. La mairie a reculé », se félicite encore aujourd’hui Catherine Denoel, présidente de l’association Ilot Lapujade. Une belle bagarre qui, au final, a permis aux riverains de poser des gardes-fous pour les futurs projets immobiliers qui toucheraient leur quartier. « Nous avons clairement imposé une hauteur de bâtiments, un type particulier de logements et surtout demandé à ce qu’on construise sur le terrain de Vinci une maison pour personnes âgées, une crèche et des jardins partagés », poursuit Catherine Denoel. Fin du deuxième acte.
« Pas le moindre souci pour accueillir des enfants »
Le 23 décembre 2014, Vinci Construction, nouveau propriétaire du site – ce terrain est passé successivement entre les mains de trois filiales de Vinci –, dépose un permis de construire pour édifier un ensemble immobilier comprenant une crèche, une résidence senior, des bureaux, 185 logements collectifs. Le tout entouré d’espaces vert et de jardins partagés. « Bien sûr que nous sommes satisfaits, c’est exactement ce pour quoi on s’est battu », commente Catherine Denoel. Sauf que l’accueil d’enfants en bas âges ou la mise en place de jardins partagés, pose des questions : quid de la pollution de ce terrain ?
« Cela fait quatre ans qu’on demande à Vinci et à la mairie si ces terres sont polluées. Nous n’avons jamais eu de réponse », rétorque la présidente de l’association de quartier. « Fin 2014, à la réunion de présentation du projet, ils sont restés très flous. Ils ont parlé d’une pollution minime. Concernant la nappe phréatique, en dessous, ils ne nous ont rien dit », précise la présidente. Du côté de Vinci Construction, Xavier Defaux, directeur de la communication, se veut rassurant : « Il n’y a rien de particulier sur ce terrain. Aucune pollution au niveau de la nappe phréatique. Juste quelques traces localisées d’hydrocarbures au niveau des sols. Une fois qu’on aura traité tout ça, il n’y aura pas le moindre souci pour accueillir des enfants ».
Un passé industriel préoccupant
Pourtant, d’après quatre rapports que s’est procuré Basta !, la pollution des sols et de la nappe phréatique est bien plus problématique que Vinci Construction ne voudrait le laisser croire… En août 2006, Calligee, bureau d’étude d’expertise et de conseil en ingénierie de l’environnement, avec 25 ans d’expériences, est missionné par Vinci Énergies pour « réaliser un diagnostic de (non) pollution des sols ». Ce premier rapport de 39 pages s’intéresse à « l’étude de l’historique et de la vulnérabilité » du terrain. On y apprend que la nappe phréatique se trouve à seulement trois mètres de profondeur. Et surtout on découvre le passé industriel de ce terrain.
Occupé jusqu’en 1940 par des jardins et habitations, le terrain voit défiler à partir de 1946, une imprimerie – qui y avait installé ses presses rotatives au plomb –, une entreprise de peinture, un fournisseur de matériel électrique, une fonderie, un dépôt de droguerie et de matière plastique, une entreprise de travaux publics, une miroiterie et l’entreprise Fournie-Grospaud, avec ses équipements électriques, qui en 1990 a racheté toutes les parcelles. Autant d’activités qui ont forcément généré des pollutions étant donnée l’utilisation de peintures, solvants, métaux, carburants, huile, plomb… À ce stade, le bureau d’étude Calligee va s’attacher à la partie visible de la pollution et identifier « quatre zones » qui posent problème : une « cuve à fuel de 10 000 litres qui a fuit dans le passé », une « chaudière », elle aussi victime de fuites, une « fosse d’entretien de véhicules » et une « ancienne cabine de peintures ». Calligee propose de lancer neuf sondages pour étudier l’incidence de ces pollutions.
Pollutions aux hydrocarbures, cuivre, arsenic et plomb
En septembre 2006, nouveau rapport, cette fois-ci de 53 pages. Les sondages ou « investigations de terrain avec prélèvements et analyses des sols » ont été menés. Résultat : « Des teneurs en arsenic, plomb et hydrocarbures totaux supérieures à la VDSS [valeur guide de sécurité, ndlr] ont été repérées ». Au niveau de la qualité des eaux souterraines, « les teneurs en hydrocarbures et métaux relevées sur les sols amènent à se préoccuper des eaux souterraines », « la nappe a pu être impactée par ces pollutions ».
Novembre 2006, Calligee propose un devis à Vinci Immobilier qui a pris le relais de Vinci Énergie. Objectif : « réaliser des investigations complémentaires afin de déterminer l’extension des sources de pollution ». Accepté. En janvier 2007, nouveau rapport de 93 pages.
Article complet sur Bastamag
Cela ne m’étonne pas. L’hôpital de Grasse (06) est bien construit sur une immense décharge qui a duré des années. je comprends pourquoi certains malades n’arrivent à guérir qu’une fois sortis de là, sauf quand ils y restent pour partir ensuite les pieds devant !
Le personnel médical ne s’y porte pas bien non plus, je le sais connaissant quelqu’un qui y travaille depuis plus de 20 ans, j’en ai donc des échos assez réguliers…
Il faut remplir les espaces vides est tant pis si la zone est polluer, pourvu que l’argent rentre, la santé des gens ne nous concernent pas !
Hélas, ce genre de pensée est devenue monnaie courante, pauvre monde et quelle misère car l’argent du profit aujourd’hui rend misérable.
Il nous faudrait des gens comme Erin Brockovich pour faire payer les pollueurs sans scrupules, ni compassions mais il faudrait surtout que l’information se répande et que les gens se rassemblent et refusent d’habiter dans ses lieux polluer, mais combien seront informés ? Quand d’autre verront là une opportunité de logement qui manque cruellement à la population des villes.
Bah, les gens s’en moquent en général ! Dans mon minuscule hameau, à l’opposé, les « anciens » avaient créé une petite décharge dont tout le monde s’est servi par la suite.
Un jour le terrain sur le quel elle était et qui avait été remblayé a été vendu. J’ai prévenu les gens qui allaient acheter de ce qu’il y avait sous la terre ( je ne l’avais jamais vu mais on me l’avait raconté) et bien, les acheteurs m’ont dit que cela ne les dérangeaient pas vu qu’ils n’avaient pas l’intention de faire un jardin. Je leur ai alors expliqué les nuisances que cela pouvait entraîner au point de vue santé, cela leur est passé très au-dessus de la tête, ils voulaient ce coin là c’est tout..
on ne peut rien faire dans ces cas-là, j’ai prévenu, après c’est à eux de prendre leur responsabilité, mais si quelque chose arrivait ils ne pourront pas dire « on ne savait pas » !
Exactement !
http://www.dna.fr/edition-de-saverne/2012/07/16/expertise-et-fin-des-travaux-du-lotissement
un lotissement sur des remblais..
ruiné!
Bonjour. 🙂
On voit des maisons de retraite se vider de leur personnel, atteint de toutes sortes de cancers dans beaucoup de régions de France. En y regardant d’un peu plus près, il ne faut pas longtemps pour comprendre que les terrains pollués valent encore bien des bénéfices à faire en y installant des établissements dits de soins, aux frais des contribuables. 🙁
Toulouse n’est plus à une bourde près, après l’usine AZF construite sur une ancienne poudrerie …
http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/azf-toulouse-est-assise-sur-une-52007
http://www.youtube.com/watch?v=1ahF7tbtwVY
comme celle là?
Parmi les 4.142 SSP inventoriés dans la base de données Basol début 2012, un peu plus de la moitié d’entre eux (soit 2 128 sites) sont mis en sécurité en cas de risque immédiat. La mise en sécurité, lorsqu’elle est requise, permet d’éliminer les risques d’incendie et d’explosion, d’évacuer les déchets et de limiter les accès au site.
les SSP sont logiquement concentrés dans certaines régions comme l’Alsace, l’Île-de-France, la Lorraine, le Nord – Pas-de-Calais, ou Rhône-Alpes, mais aussi le long des axes de transport fluvial comme le Rhin, le Rhône ou la Seine
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ED97.pdf
+ technique..
http://www.gissol.fr/actualite/Documents/Conf_orientation/Conference_2010/CO_GISSOL_Contaminants_Jolivet_080610.pdf
Bilan qualitatif de la contamination par les éléments tracés métalliques et les composés traces organiques et application quantitative pour les éléments tracés métalliques
http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/57992_sogreah.pdf
Clairement il y a pire en France, polluée partout !!
Il y manque des déchets radioactifs, de radium, d’amiante, PCB, dioxines, de bombes pleines de gaz de guerre, décharge à ordures, pesticides, chimie, etc…, comme ailleurs !!!!!
Et souvent il n’y a eu aucune analyse, pour qu’on ignore tout, avec des pavillons dessus, des jardins à légumes ou des vaches, qu’on mange après, avec un peu plus de malbouffe.
Principe : si on n’en meurt pas tout de suite comme avec les terroristes, quasi impossible de prouver en justice et aucun responsable, même si le nombre de morts est des milliers de fois plus que les morts par les terroristes !!