La dernière attaque terroriste tchétchène en Russie présente toutes les caractéristiques du « made in USA » [New Eastern Outlook]

Les dernières attaques terroristes en Russie ne sont pas en elles-mêmes, des phénomènes nouveaux. Elles doivent sembler singulières à ceux qui en ont souffert, mais elles ne sont pas différentes de nombreuses attaques antérieures. Ce qui est nouveau c’est que le monde pourrait finalement se réveiller et se rendre compte de ce qui se passe en réalité.

Le grand programme de déstabilisation de la Fédération de Russie et de ses alliés a constitué une caractéristique sous-jacente des relations internationales depuis la fin de la guerre froide. L’ouest à passé tellement d’années à entraîner ses armées pour attaquer « l’empire du mal » qu’il s’est retrouvé complètement désemparé lorsque l’Union Soviétique implosa. L’ouest continue à justifier son existence en inventant de nouveaux ennemis et en essayant de les détruire toujours selon le même scénario. Il n’y a même pas besoin de fournir des motifs valables : il suffit d’entretenir cet état d’esprit au sein de l’armée.

Lorsque vous ne pouvez pas attaquer un théâtre d’opération avec des troupes régulières, vous employez des mercenaires dont vous pouvez vous laver les mains : c’est le principe du terrorisme sponsorisé par un état, un terme utilisé par les USA pour désigner les groupes qu’il utilise pour amorcer des conflits.

Empreintes digitales

 

La dernière attaque terroriste dans le sud de la Russie a probablement causé plus de dommage à ce programme occidental qu’aucune autre auparavant. Elle a été perpétrée par ceux qui apparaissent dans l’histoire officielle comme des rebelles tchétchènes et qui surgissent toujours lorsqu’il faut trouver un coupable, incluant ceux appartenant supposément à l’Etat Islamique. Les USA vont peut-être découvrir finalement qu’à force de toujours utiliser les mêmes méthodes éculées, on ne peut pas indéfiniment crier au loup.

L’ascension initiale de Vladimir Poutine a largement découlé de sa répression de l’insurrection islamique dans le Caucase. A cette époque, la ville de Grozny était devenue un spot international pour les tueries et un stand de tir à ciel ouvert. Dites « Grozny » et tout le monde suppose que la terreur et l’anarchie y règnent à nouveau. Ces associations historiques sont destinées à maquiller la similarité de cette attaque, qui a fait au moins 20 morts dont 10 policiers, avec ce qui se passe en Syrie et en Ukraine et le fait que les sanctions contre la Russie ne fonctionnent pas aussi bien qu’espéré.

Avec seulement neuf terroristes, l’ouest a envoyé un avertissement à la Fédération de Russie. Le message adressé à Poutine est le suivant : « Nous pouvons vous frapper quand nous voulons et où nous voulons, alors vous feriez mieux de renoncer à vos ambitions géopolitiques et de retourner dans votre grotte sous l’effet des sanctions et de la colère de l’ouest. »

Poutine a probablement une bonne connaissance de cette logique de déstabilisation, si l’on en juge par ces préoccupations anciennes concernant l’encerclement de la Russie par l’OTAN.

Tout le monde va considérer qu’une attaque en Tchétchénie est une affaire intérieure russe, qui n’implique pas l’ouest, et cessera d’écouter les objections de Poutine sur l’agression de l’OTAN. Tout ceci a été planifié il y a longtemps, et toutes les preuves sont là sur le papier. Le monde ne considérera probablement pas avant longtemps qu’il s’agit là d’une affaire intérieure américaine plutôt que russe.

Les cinq doigts de la main

Le plan a été publié dans le Times de Georgie, basé à Tbilissi, le 29 avril 2013. L’article était intitulé « Intérêts partagés dans la guerre contre la terreur : de Beslin à Boston ». Hyman Kamenowsky
y met à jour le lien entre tchétchènes et « terroristes » et comment il a été construit à travers des événements comme l’attentat à la bombe de Boston.Supposant que cette idée avait été digérée, malgré le retour de bâton qui a émergé suite au plan concocté contre les frères Tsarnaev à Boston, qui n’étaient pas plus armés qu’impliqués dans l’attentat (avez-vous déjà vu un témoignage crucial filmé par un cameraman professionnel portant des lunettes de soleil?) les médias grands public se sont fait depuis les portes parole du scénario US.

La narrative officielle est que les combattants tchétchènes en Syrie avaient menacé d’exercer des représailles contre Poutine pour son soutien au président syrien Bachar-al-Assad. Le problème c’est que les menaces qui ont été citées proviennent d’un tchétchène qui a des racines et des connexions en Géorgie. La vallée du Pankissi a abrité pendant longtemps un camp d’entraînement terroriste américain. La population tchétchène originelle qui était négligeable a explosé avec l’arrivée de nouveaux compatriotes relativement riches qui ont tout à coup décidé de s’installer dans cette vallée. Ils ont été armés par le US Train and Equip Program et l’argent siphonné de divers ONG. Nous savons cela parce que l’armée géorgienne, qui était la destinataire officielle des ces équipements et de ces programmes d’entraînements, n’en a jamais bénéficié. A la place, des combattants tchétchènes parfaitement opérationnels ont soudainement émergé de cette vallée pour combattre dans tous les conflits où les USA avaient des intérêts. Ils combattent pour l’idéologie américaine, pour la juste cause, et le ministère de la défense, l’université Georges Washington et d’autres, ont écris les manuels qu’ils utilisent.

Les tchétchènes sont supposés avoir des intérêts frontaliers, qui seraient par exemple de défendre leurs frères musulmans du Caucase, qui n’ont jamais cessé d’avoir des griefs historiques et de réclamer justice, mais les USA n’ont aucun intérêt stratégique dans ces conflits, ce qui explique qu’aucun tchétchène armé ne se soit manifesté pour ces différentes causes.

Le Times de Géorgie a publié des articles d’investigation sur ces connexions terroristes il y a déjà 14 ans. Quelques-uns des rebelles tchétchènes sponsorisés par Washington et identifiés dans ces articles ont ensuite été impliqués dans le massacre de l’école de Beslan et la prise d’otages du théâtre de Moscou.

Les USA ont des liens stratégiques étroits avec la Géorgie depuis l’indépendance du pays en 1992. Ils ne peuvent pas affirmer ne pas être au courant de ces liens, d’autant plus qu’ils surveillent les publications de la presse géorgienne. Le propriétaire du Times de Géorgie, Malkhaz Gulashvili, a d’ailleurs été emprisonné pour des crimes inexistants ( ils ne figurent pas dans le code criminel géorgien ni du reste dans celui d’aucun autre pays) lorsque les critiques de son journal contre le golden boy US Mikheil Saakashvili sont devenues trop flagrantes.

Ces informations existent, des articles maintenant anciens ont été publiés. Mais après un certain temps, plus personne ne se soucie de qui est qui dans un conflit, de qui a raison ou tort, les gens veulent juste se changer les idées et penser à autre chose. La connexion de Grozny aurait dû faire les gros titres internationaux, mais il semble qu’elle ait eu le destin contraire. Cette attaque n’a pas encore été accompagnée de toute une flopée d’histoires sur le bon vieux temps où l’anarchie régnait à Grozny. Il semblerait maintenant que personne ne souhaite voir remonter ces événements à la surface, ni ne veuille savoir pourquoi ils ont eu lieu.

Dans une interview, l’ancien leader du parti travailliste britannique Michael Foot essaya de montrer à quel point la presse britannique était orientée en citant l’affaire de la lettre de Zinoviev, qui était probablement un faux se présentant comme une directive de Moscou au parti communiste britannique pour fomenter une révolution. Le public a vu les commentaires de Foot comme un reflet de ses préoccupations personnelles et non comme une mise en cause de la presse. Agiter le drapeau rouge sur Grozny a maintenant le même effet.

Copier-coller

Washington soutient activement l’hypothèse désinvolte que des tchétchènes agissant de manière autonome sont derrière toutes les atrocités car si les choses paraissaient plus complexes, les ingérences US et leurs implications seraient également reconnues.

Le dernier incident a été calculé pour perturber le président Poutine quelques heures avant qu’il ne fasse son discours à la nation à Moscou. Cela a cependant échoué pour deux raisons. Premièrement, très peu de personnes ont fait la connexion entre les deux événements. Deuxièmement, Poutine a dérivé dans son discours vers la résistance victorieuse à l’insurrection islamiste conçue pour lui nuire. D’autres terroristes tchétchènes signifient d’autres rappels de la victoire de Poutine.

Si la présentation de cette attaque est reconnue comme invraisemblable et comme un modèle du jeu trouble dont sont suspectés les états-unis, les gens commenceront à poser d’autres question à propos de ces terroristes. Par exemple : comment des saoudiens ont-ils pu apparaître à Pankissi plutôt qu’au Mandrasass au Pakistan, échangeant leur confort climatisé contre l’hiver géorgien ? Comment se fait-il que le commandant Imran Akhmadov soit un agent de la CIA comme cela a été révélé depuis, sous les ordres de la femme de Sandro Kvitaskhvili, le membre géorgien du nouveau gouvernement ukrainien ? Comment se fait-il que Nikol Jordania ait travaillé pour l’USAID en même temps qu’il participait au programme du camp d’entraînement de Pankissi, et comment se fait-il qu’il ait pu prendre le contrôle de différents projets d’aide humanitaire et qu’il les ait utilisé pour financer l’entraînement des éléments les plus radicaux, comme le rapporte la lecture détaillée de ces projets, soutenu et certifié par l’observation sur le terrain.

Et combien de personnes impliquées dans le Maïdan en Ukraine, incluant les membres de l’agence Media PR travaillent avec le département d’état US, ont été relocalisées en Géorgie pour apporter leur soutien à la tentative de come-back de l’ancien président Saakashvili et ses liens suspects avec la démission du ministre de la défense Irakli Alasania et l’armée « loyaliste » qui est partie avec lui ?

Mais bien sûr, les terroristes ne sont pas si sophistiqués. Ce sont des maniaques, et les états-unis représentent l’ordre. Donc ils ne peuvent pas collaborer. Et si leurs liens sont trop étroits, on donne alors aux terroristes un autre nom : les Contras sont un nom dont les gens se souviennent, KLF aussi.

Fournir aux terroristes tchétchènes un nom qui leur soit propre donnerait de la respectabilité à la cause indépendantiste tchétchène et pourrait finir par avoir un impact négatif beaucoup plus grand sur la Russie. Mais plus les USA connaissent d’échecs en Ukraine et en Syrie, plus ils ont à se convaincre eux-même de l’efficacité de leurs méthodes, si bien qu’ils seront bientôt les seuls à en être persuadés.

Conclusion

Comme l’expert scientifique James Burke l’a fait remarqué un jour, il y a une grande différence entre la première bombe et celle qui explose après que les gens aient arrêté de compter. Quand vous y êtes habitué, vous n’êtes plus vraiment intéressé par les informations à ce sujet et vous ne voulez plus en entendre parler.

Les USA ont joué la carte du terrorisme tchétchène si souvent que pour le public il s’agit juste d’un nouveau développement sur la guérilla tchétchène et ses combattants. Les USA savent cela très bien c’est pourquoi ils invoquent l’esprit d’un peuple habitué aux conflits. Ils doivent prendre de telles mesures car ils ne peuvent survivre sans ennemis. Ils ont en effet détruit la seule chose qui pouvait les remplacer, à savoir les valeurs positives dont ils se réclament et au nom desquelles le terrorisme par procuration est fabriqué. Il est nécessaire de garder à l’esprit que les « combattants de la liberté » américains sont des terroristes.

Le gouverneur de Tchétchénie Kadirov a déclaré qu’il savait qu’une attaque était en préparation mais elle aurait dû se produire le 12 décembre car il s’agit d’une fête nationale. Les menaces des « terroristes tchétchènes » sont devenues une blague comme les rumeurs de bombardements nocturnes de Taiwan par la Chine qui sont apparues symboliquement 30 ans après la prise de pouvoir communiste. Les USA ont changé la date afin de punir la Russie de soutenir le mauvais camp en Syrie et en Ukraine mais personne dans ces pays ne semble y prêter attention.

Nous avons assisté à cela si souvent que nous nous demandons pourquoi les états-unis persistent à fomenter de telles attaques. L’ouest va devoir trouver une nouvelle stratégie sinon les gens vont commencer à percevoir la Russie comme une grande puissance économique et une grande nation littéraire et artistique et ils vont commencer à s’interroger sur la véritable nature des terroristes.

Source : New Eastern Outlook

Traduction Ender pour les moutons enragés

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