Des manifestants contre les projets d’exploitation pétrolière, à Palma de Majorque le 22 février 2014 ( AFP / Jaime Reina)Refuge des célébrités, l’île espagnole d’Ibiza s’attire aussi d’autres faveurs: celles d’un groupe pétrolier qui espère trouver de l’or noir dans ses fonds marins, mais le projet, vu d’un bon œil par le gouvernement, suscite une farouche opposition locale.
« Ici, tout le monde est contre », résume Carlos Bravo, coordinateur technique de l’Alliance Mar Blava (mer bleue en catalan) qui rassemble autorités régionales, municipalités, écologistes, entreprises du tourisme, syndicats et associations culturelles.
Ce collectif « réunit tout l’éventail social et économique des deux îles », Ibiza et Formentera, sa petite voisine accessible uniquement par bateau, explique-t-il.
Avec un message clair: « la prospection de pétrole n’est pas compatible » avec l’archipel des Baléares, dont ces îles font partie.
Pour s’y opposer, plus de 10.000 habitants ont manifesté fin février, une mobilisation historique.
Et ils ont trouvé un soutien inattendu, celui des célébrités qui viennent chaque année y profiter des eaux turquoises et de la vie nocturne animée.
« Ibiza est en danger », s’est exclamée la jet-setteuse Paris Hilton sur Twitter, où elle a 12,6 millions d’abonnés.
La mannequin Kate Moss a elle posé avec une pancarte marquée « Ibiza dit non ».
Le projet remonte à 2010, quand le groupe écossais Cairn Energy a obtenu quatre permis d’exploration autour des Baléares et au large de Valence. Il pourrait se concrétiser dans les prochains mois, si le ministère de l’Environnement donne son feu vert.
« L’entreprise est au tout début de son évaluation pour décider d’explorer ou non des hydrocarbures » dans cette zone, indique-t-elle dans un message écrit transmis à l’AFP.
« Cairn propose des travaux d’acquisition sismique en 3D dans une zone dont les périmètres sont à environ 50 kilomètres au large de Valence, 53 kilomètres de l’île d’Ibiza et 32 kilomètres des îles Columbretes » (un petit archipel au large de Valence), soit une surface de 2.400 kilomètres carrés.
La société promet de travailler « à un moment où l’impact sera minimum » donc « probablement pendant les mois d’hiver ».
Sous l’eau, elle utilisera des canons d’air comprimé dont les échos, une fois analysés, révèlent la présence ou non d’hydrocarbures.
– Cétacés en danger –
Mais les ondes produites par ces canons, toutes les dix secondes jour et nuit, pendant 75 jours, « ont un niveau sonore énorme, entre 10.000 et 100.000 fois celui d’un avion à réaction, ce qui provoque des dommages très importants chez les poissons, les cétacés, les tortues et les invertébrés » comme les calamars et poulpes, dénonce Carlos Bravo.
Près de ces îles vivent des orques, cachalots et dauphins: « les cétacés sont très sensibles aux bruits », confirme Txema Brotons, président de l’association scientifique Tursiops, « car cela interfère dans leur capacité de communication et de recherche d’aliments ».
« Les cétacés, les poissons et leurs larves… tous vont partir », renchérit Pere Valera, secrétaire du groupement de pêcheurs d’Ibiza. « Nous avons l’expérience de ce qui s’est passé ailleurs: (après les campagnes sismiques) il y a eu une réduction des prises de 70% ».
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