Moyen-Orientaux, Russes, Chinois… Ils s’offrent un morceau de France

Un article un peu long mais qui a l’avantage de revenir sur un sujet rare, la France dépouillée de ses richesses, vendues au plus offrant même si l’acheteur est des plus discutable. L’argent n’a pas d’odeur, et les politiques qui acceptent cela n’ont pas d’honneur… Le plus pathétique, et l’article le signale ainsi, c’est que face à « un geste de générosité », le français deviendrait « xénophobe ». Aimer son pays et ses valeurs est donc devenu de la xénophobie quand il s’agit de gros sous?

Ils sont nombreux à être attirés par nos palaces, nos ­vignobles, nos griffes de luxe. Quand la France n’a plus les moyens d’entretenir et de développer ses ­richesses, ce sont les pays émergents, du Moyen-Orient à l’Asie, qui prennent le relais. Un processus inéluctable.

Peu après l’élection de François Hollande, sa compagne Valérie Trierweiler effectue son premier voyage officiel aux Etats-Unis. Le samedi 19 mai 2012, elle offre à Michelle Obama un modèle Vicky tressé beige de la marque Le Tanneur. Un produit de maroquinerie « made in Corrèze », fief électoral du nouveau chef de l’Etat. Sacré coup de pub pour cette marque fondée en 1898. Ce qu’on ignore, c’est que Le Tanneur appartient au… Qatar. Et que c’est lors d’un thé avec Carla Bruni que la cheikha Moza, épouse de l’émir, fut sensibilisée à cette entreprise de cuir menacée par la crise. Désireuse de monter un empire du luxe, la cheikha racheta aussitôt Le Tanneur via le puissant Qatar Luxury Group. ­Sauvée, l’entreprise de Bort-les-Orgues a pu conserver ses 320 salariés et affiche depuis des résultats en hausse.

L’histoire de ce sac illustre la complexité de notre rapport au Qatar. On peut jouer les Cassandre et s’effrayer de voir filer nos labels entre des mains étrangères. On peut aussi y voir, comme Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, « une opportunité pour l’économie du pays », au même titre que les investissements venus des quatre coins du monde. En pleine crise, comment refuser ces mannes financières qui dopent la croissance ?  Décidé par Bercy, un clip publicitaire « Say oui to France » est diffusé actuellement dans le monde pour attirer les investisseurs dans notre pays. Seulement voilà, il y a des symboles de notre patrimoine auxquels il ne faut pas toucher. Quand il s’agit du Qatar, le sujet est encore plus sensible. Alors qu’en Bourse des fleurons tricolores sont passés discrètement entre les mains de groupes et de fonds étrangers, les flux de capitaux de ce pays grand comme la Corse qui se déversent dans l’Hexagone alimentent des peurs diffuses. Le Printemps, Lenôtre, Cartier, le Royal Monceau, le Palais de la Méditerranée à Nice, le Carlton à Cannes, le Paris Saint-Germain, des participations dans ­Lagardère, Vinci, Veolia, Vivendi, Total, LVMH… Le Qatar est présent partout !

 

La cheikha Moza et sa fille adorent la France

«  Le Qatar rachète la France » ont titré récemment les journaux télévisés. Dans « Le Journal du dimanche », Jaham Al-Kuwari, l’ambassadeur du Qatar en France, s’est aussitôt fendu d’une tribune intitulée « Pourquoi ce “Qatar bashing” ? ». L’émotion est forte, les mots sont durs : « Le conspirationnisme bat son plein, assorti d’une xénophobie à peine voilée. Qu’on le veuille ou non, cela a des airs de “délit de faciès”. » Dans son bureau situé place de la Concorde, Guy Delbès, en charge de l’immobilier pour le fonds souverain qatari QIA, ne mâche pas ses mots : « On assiste à une désinformation ! Comme si le Qatar rachetait la France. On confond les achats privés comme celui du Carlton à Cannes et les investissements du Fonds souverain. Ce n’est pas la même chose. Dans les entreprises du Cac 40, il ne s’agit que de faibles participations génératrices de revenus afin de préparer le jour où ses ressources en gaz et pétrole seront taries. Il n’y a qu’en France que cela pose problème. En Grande-Bretagne, les investissements sont trois ou quatre fois plus importants, et ils sont les bienvenus. »

Même indignation en face, à l’Assemblée nationale où le président du Groupe d’amitié France-Qatar se demande si l’on n’est pas « masochiste » en critiquant le Qatar. « Cet argent n’est ni sale ni suspect ; il vient d’un pays qui prépare son avenir économique en aidant notre présent, en période de crise. Pourquoi ne pas s’en réjouir ? Cela va créer de la richesse et des emplois, tempête Maurice Leroy, député du Loir-et-Cher. Si l’on continue à faire de tels titres dans les médias, on va faire partir ces investisseurs. » Qu’il se rassure, le Qatar a intérêt à rester en France. Depuis 1990, une convention fiscale avantageuse permet l’allégement des impositions sur les dividendes des sociétés qataries basées en France. En contrepartie, les entreprises françaises se taillent la part du lion dans l’émirat. Vinci pourrait même participer prochainement à la construction du plus long pont du monde reliant le Qatar au Bahreïn. En 2008, Nicolas Sarkozy a révisé cette convention en ajoutant un nouvel article qui exonère d’impôt sur les plus-values tous les investissements immobiliers réalisés dans l’Hexagone par « l’Etat du Qatar ou ses entités publiques ». Vérification faite, cette convention fiscale si décriée a simplement été réajustée pour s’aligner sur celles conclues avec… le Koweït ou l’Arabie saoudite.

 

Le Qatar voue une fascination pour le modèle français

Seul le projet de fonds qatari pour les banlieues a suscité des réserves mezza voce de la part de François Hollande. « Les décisions seront prises ensemble. Ce n’est pas un pays qui va choisir le talent », a-t-il déclaré le 11 octobre dernier sur France 24. Finalement, le futur fonds sera piloté par la Caisse des dépôts, financé à parts égales par la France et le Qatar, et sera destiné aux PME françaises. Comme il le fait partout ailleurs, le Qatar va continuer de poursuivre en France sa diversification économique. Ses fabuleuses réserves de pétrole et de gaz – les troisièmes au monde, après la Russie et l’Iran – ne sont pas éternelles. Allié et partenaire depuis longtemps – un accord de sécurité et de défense lie la France et le Qatar depuis 1994 –, ce pays de moins de 2 millions d’habitants veut aussi préserver cette relation pour se faire entendre au niveau international.

Comme l’expliquent Christian Chesnot et Georges Malbrunot dans « Qatar. Les secrets du coffre-fort » (éd. Michel Lafon), l’émir est un admirateur de la politique arabe du général de Gaulle, et il perçoit la France comme un contrepoids à la domination anglo-saxonne dans le Golfe. Son projet politique consiste à faire connaître le Qatar au monde entier pour se protéger des visées de ses turbulents voisins saoudiens ou iraniens. S’il investit partout – 10 milliards de livres en Grande-­Bretagne dont l’emblématique Harrods à Londres ; en Allemagne, avec par exemple 17 % de Volkswagen –, le Qatar a, selon les termes de Jaham Al-Kuwari, « une réelle admiration pour la France et la francophonie, qui correspond à une ­vision à long terme et à son insertion dans la mondialisation ». Cette fascination pour le modèle français est incarnée par la cheikha Moza, francophone passionnée de culture française, reçue en 2009 au sein de l’Académie des arts, sous la coupole de l’Institut de France, et sa fille, la cheikha ­Al-Mayassa passée par Sciences po Paris et la Sorbonne, considérée comme l’une des femmes les plus influentes du monde de la culture et de l’art. En charge du Qatar Museums Authority, elle a notamment acquis « Les joueurs de cartes » de Paul Cézanne au prix record de 250 millions de dollars !

 

Le Qatar, mais aussi le Koweït, Dubai, Abu Dhabi…

Avec tous ces achats spectaculaires et très médiatisés, on en oublierait que d’autres pays achètent et investissent des sommes tout aussi considérables en France. Mais cela se fait sans bruit, de manière plus discrète.
 « On parle beaucoup du Qatar parce que l’émirat investit dans les fleurons de l’économie française ou dans des symboles qui ont une résonance affective particulière, souligne Denis Bauchard, de l’Institut français des relations internationales. Mais on oublie qu’il y a aussi les fonds d’investissements américains comme Carlyle [achat à l’Etat français des locaux de l’Imprimerie nationale pour les lui revendre, quatre ans après, quatre fois plus cher !]  et les fonds souverains qui pèsent 3 000 milliards de dollars, parmi lesquels ceux du Koweït, de Dubai ou celui d’Abu Dhabi. » Bien plus important que le fonds souverain qatari, le Abu Dhabi Investment Authority (Adia) est doté de plus de 900 milliards ! Créé dans le but de placer les surplus de revenus pétroliers du pays, il est assez puissant pour pouvoir s’offrir des fleurons de l’économie française du Cac 40, comme Total, BNP Paribas, Société générale ou Bouygues. Et l’émirat est associé depuis 2009 à la Caisse des dépôts et au Fonds stratégique d’investissement (FSI) dans le cadre du Club des investisseurs de long terme pour investir au capital de PME françaises. Pour le tourisme, Abu Dhabi s’appuie sur Tourism Development & Investment Company (TDIC). C’est cette entité qui avait collaboré avec le Musée du Louvre pour en faire une « marque » mondiale de la culture.

 

Gevrey-Chambertin : le Chinois doit mettre de l’eau dans son vin

En août dernier, l’affaire avait défrayé la chronique. Le château de Gevrey-Chambertin est racheté au prix fort par un investisseur venu de Macao. Un décès brutal, un bien prestigieux mais en mauvais état, des propriétaires nombreux et divisés, l’impossibilité de faire face aux droits de succession autrement que par la vente et un acquéreur étranger au chéquier en or. Cela ressemble à une histoire familiale comme les notaires en voient régulièrement dans leurs études. Mais elle se déroule autour d’un symbole du patrimoine viticole français. Gevrey-Chambertin, son château du XIIe siècle et son vignoble de 2,3 hectares qui donne un grand cru de Bourgogne très coloré, puissant, aux arômes intenses. Le vin préféré de Napoléon ! En une signature, un homme d’affaires chinois propriétaire d’un complexe d’hôtels et de casinos à Macao s’empare du fleuron estimé à 3,5 millions pour 8 millions d’euros !

 

«C’est comme si l’on vendait l’âme des ancêtres», constate Casanis, du réseau Vignobles Investissement

La vente se fait au nez et à la barbe des récoltants locaux fédérés par Jean-Michel Guillon, président du syndicat des vignerons de Gevrey-Chambertin. Ils en avaient proposé 5 millions. « Encore une vente qui fait flamber les cours », s’indignent les vignerons qui redoutent que la hausse des prix du foncier, et donc des droits de succession, ne leur permette plus de transmettre leurs terres à leurs enfants. Plusieurs mois après l’affaire, les familles Masson et Mitran, ex-propriétaires, pointent aux abonnés absents. « C’est comme si l’on vendait l’âme des ancêtres, constate Casanis, du réseau Vignobles Investissement, il y a une honte des vendeurs dans notre pays maurassien marqué par un attachement à la terre, contrairement aux pays anglo-saxons où elle n’est qu’un actif parmi d’autres. »

Un héritier, ­Masson, se risque à un commentaire : « Ma mère, décédée brutalement, avait pourtant consacré une grande partie de sa vie à tenter de maintenir le domaine dans la famille. Mais j’étais minoritaire et il m’était impossible de racheter les parts des autres… » Soucieux de soigner son image, le nouveau propriétaire rappelle à qui veut l’entendre qu’il achète depuis 1990 des crus français en quantité importante et qu’avec Gevrey-Chambertin il réalise le « vieux rêve » de posséder une parcelle pour produire le vin dont il raffole. « Je ne m’attendais pas à tout ce bruit, mais je comprends parfaitement la réaction des Français à l’acquisition par des étrangers d’une partie de leur patrimoine collectif, se défend Louis Ng Chi Sing. Je n’ai pas voulu faire un coup financier, il s’agit d’un investissement affectif. »

Pour calmer la fronde, « le Chinois » a fait appel au meilleur vinificateur de Bourgogne, le domaine Armand Rousseau. Une consolation pour les professionnels locaux. Même le maire de la ville confie du bout des lèvres : « Au moins, les vignes n’échapperont pas à un viticulteur de la commune. » Quant à la restauration du château, elle a été confiée à l’architecte Christian Laporte. « C’est mon engagement envers les riverains et toute la population : renforcer ce patrimoine ­collectif, rassure Louis Ng Chi Sing. Puis, lorsque la rénovation sera terminée, je viendrai vivre ma première expérience de la vie bourguignonne. » Furieux, Jean-Michel Guillon n’y croit pas : « L’acheteur du château sera là peut-être trois fois dans l’année. Avec ce genre d’achats on va vers la paupérisation des vignerons, qui deviendront de simples locataires de vignes, voire des employés. » Un « coup de cœur » du Chinois ? « Comme beaucoup de ceux qui réussissent, ils ont plutôt un besoin de reconnaissance. Appartenant à la deuxième puissance économique mondiale, ils se sentent pousser les ailes… » Il faut préciser que 2 domaines sur 3 800 ont été achetés en Bourgogne… mais une vingtaine sur 8  000 dans le Bordelais.

 

Hôtel de Bourbon-Condé : du Roi-Soleil à la reine de Bahreïn

Propriété de la congrégation des petites sœurs de Marie, l’hôtel particulier de Bourbon-Condé, rue Monsieur, dans le VIIe arrondissement de Paris, appartient désormais à la famille royale du Bahreïn qui a déboursé 66 millions d’euros. Un « coup de cœur de la reine »… pour renflouer les caisses de l’enseignement catholique.

Retour en arrière. La scène se déroule un beau matin du printemps 2008. La mère supérieure découvre la cheikha ­Sabika, une reine du Moyen-Orient, très européanisée, ­moderne et francophone. Loin de l’image qu’elle s’en faisait. « Férue d’histoire de France, la reine savait déjà tout sur les lieux, nous avons fait la visite, et l’après-midi elle renchérissait l’offre d’un million, raconte Marie-Hélène Lundgreen, directrice de Belles Demeures de France. S’acheter une part de la France, c’est une manière de s’offrir un rêve avec tout ce qui va avec : la culture, le luxe, la mode, la gastronomie. » Quelques jours plus tard, lorsque l’émir arrive pour la signature, un mobilier style safari a été installé dans un immense salon vide à l’abandon ! Un rapide coup d’œil pour exprimer sa satisfaction et la vente record est réalisée. La sœur peut enfin souffler. Car cette cession a suscité des tensions au sein même de la communauté. L’affaire est remontée au Vatican qui a dépêché un « commissaire pontifical ». La décision de vendre n’a finalement été approuvée que dans la mesure où l’argent récolté était destiné à rénover une dizaine d’écoles religieuses en France et à permettre la modernisation de quatre écoles primaires.

Les Français attachés à leur patrimoine et paradoxalement « xénophobes » quand il y a un geste de générosité

Source et fin de l’article sur parismatch.com

5 Commentaires

  1. Mais cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus de frontières et que toutes les populations sont mélangées ou presque. Tous les riches vont partout et les petits croient aux frontières et à leur foutue nation qui fait de leur vie un mensonge!

  2. quelle geste de generosité ? ils ne savent pas quoi faire de leur petro dollars et ne font qu’investir sachant qu’un jour ou l’autre le pétrole vas s’épuiser . et nous , gros cons de Français , ont applaudis . merde , j’en peu plus de rage en voyant que mon pays vas devenir une province du katar . nos dirigeant ne sont même plus capable de sauver notre patrimoine .que nos ancêtre ont construit , créer de leur main et de leur sueur .

  3. Faites comme beaucoup,prévoyez de partir dans un avenir proche (moi j’ai choisi le Québec, mais c’est un rêve de gosse en même temps), il n’y a guère d’avenir ici…

    • Le Québec c’est l’Enfer ♫♫

      Le gouvernement dépense des sommes colossales pour
      sa représentation sympathique à l’étranger comme
      la Confédération Helvétique et les Pays-Bas.
      Ya plus de pays d’accueil à ce jour.
      Même ermite en Amazonie ou aux Philippines c’est out.

      Débarrasse-toi de tes mauvaises habitudes françaises,
      en Amérique on n’aime pas ça (y en a un paquet!),
      ils différencient bien les touristes et les
      emmerdeurs. Comme résident, tu ne supporteras
      le nouvel ordre établi. On ne montre pas les coulisses
      du Canada à la télé, verras-tu les risettes médiatiques?

      Fais un voyage d’initiation sans le dire, pour identifier
      l’enfer qui t’attend et reviens nous le dire.

      Tu vas pas t’installer près du bunker sous la montagne
      (plus près de toi mon Diable) le plus grrros chantier
      au monde pour conserver l’Elite pendant trois ans lors de
      l’Apocalypse, ça grouille de keufs.

      Bon voyage!

  4. Ils vendent la France aux Chinois ♫♫

    pour leur intérêt personnel, ils apparaissent dans la lucarne
    rarement à l’extérieur et les Moutons laisse faire.
    Le mariage gay à Montpellier c’est trop colle..

    Les citoyens sont totalement déconnectés.
    Y a grave mon pote et ça continue!

    .

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