RDC : les réacteurs « Trico », stoppés depuis longtemps, n’en menacent pas moins Kinshasa

La déshérence nucléaire se confirme un peu partout : le réacteur expérimental “Trico II” situé au sein de la capitale de la République Démocratique du Congo est – faute de combustible –  quasiment inutilisé depuis plusieurs années et pourtant ses installations délabrées et soumises à un risque géologique représentent une menace permanente pour les 10 millions d’habitants résidant dans la tentaculaire capitale du Congo Kinshasa.

Trico I et II, les cadeaux empoisonnés du programme Atoms for Peace

Trico I 1 fût le premier réacteur nucléaire installé en Afrique à la fin des années 1950, quand le pays était encore sous la domination de la Belgique ; il s’agissait alors de réaliser des recherches et d’effectuer des expérimentations nucléaires dans le cadre du tristement célèbre programme Atoms for Peace développé par les USA dès 1953.

D’une puissance de 250 kWt, ce prototype fut remplacé une dizaine d’années plus tard par Trico II, toujours construit par General Atomics 2 mais affichant cette fois-ci une puissance thermique d’environ 1 MW.

Ces petits réacteurs expérimentaux présentent quelques particularités techniques dont les principales sont un fonctionnement “cuve ouverte” et l’absence d’enceinte de confinement (une sécurité compliquant l’accès au cœur) ; tout aussi étrange, le fait que ces unités Triga Mk1 et Mk2 brulaient du combustible moyennement enrichi 3 pourrait attirer notre réflexion vers de possibles usages expérimentaux autres que civils.

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(1) Coupe d’un réacteur de recherche Triga MkII (250 kWt) (RCP)
Notez le cœur ouvert sur sa partie supérieure, le combustible n’est pas confiné

Trico : un désastre programmé, selon l’AIEA ?

Du fait de leurs nombreux défauts de sécurité et de sureté, les caractéristiques techniques de ces réacteurs expérimentaux avaient été définies par l’Agence Internationale de l’Energie Nucléaire comme “désastreuses”. A ces questions épineuses de sécurité des installations, l’implantation du centre de recherches nucléaires au sein de ce qui est aujourd’hui l’une des capitales les plus peuplées d’Afrique 4 représente l’une des autres inquiétudes de l’agence car le site contient plusieurs tonnes de combustible dont la majorité sinon la totalité est irradié donc hautement et longuement radioactif.

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(2) une installation nucléaire délabrée à quelques kilomètres du cœur urbain de Kinshasa

L’ancien directeur du centre nucléaire, le professeur Malu Kalenga – qui a d’ailleurs été fort longtemps l’un des responsables de l’AIEA – a longtemps bataillé pour maintenir le réacteur opérationnel et justifier son existence mais le destin du pays en a décidé autrement.

Selon un rapport de l’AIEA datant de 2004 cité par un Sénateur Belge, le centre nucléaire de Kinshasa ne remplirait que 10% environ des critères de sécurité minimums d’une installation nucléaire 5 et devrait – aurait du – en toute logique être démantelé.

L’histoire complexe et douloureuse de la RDC

De l’indépendance toute relative accordée au pays en 1960 en passant par l’époque Mobutu et à la situation militaire instable actuelle, l’histoire de la République Démocratique du Congo n’est – pour faire simple – qu’une longue suite d’horreurs, de corruption, d’inflation galopante et de tentatives de coups d’Etat réussis ou avortés.

Un tel contexte s’accordant très mal avec la gestion sereine d’un équipement nucléaire, fut-il vétuste et probablement inexploitable, les Etats-Unis ont souhaité ne prendre aucun risque avec cette installation en privant le réacteur de son approvisionnement en combustible dès les années 1990, au début du processus de “transition démocratique” initié par Mobutu sous la pression de la rue. Décidément, pour les USA, un dictateur allié vaut toujours mieux qu’une démocratie incertaine.

Le Centre d’Etude et de Recherche Nucléaire de Kinshasa (CREN-K) commença à souffrir à peu près à la même époque d’un manque de financement manifeste lié à la détérioration continue de l’économie du pays ; la RDC commençait alors à souffrir de la mise en place ratée des tristement célèbres “programmes d’ajustements structurels” 6 sous les auspices du FMI.

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6 Commentaires

  1. C’est vrai que l’absence de ce genre de danger faisait désordre sur la mappemonde infernale !!

  2. C’est vrai que l’absence de ce genre de danger au centre de l’Afrique faisait désordre sur la mappemonde infernale !!

  3. Malheureusement, cela ne va pas s’arranger.
    Avec la crise mondiale que nous vivons, les moyens financiers vont se réduire un peu partout comme une peau de chagrin.
    Par conséquent, le manque de maintenance et de surveillance ainsi qu’une réduction de personnel qualifié dans le domaine nucléaire risque d’engendrer de nombreux accidents nucléaires aux quatre coins de la planète, y compris en Europe et même en France.

    PS : sans parler d’un démentelement complet et sérieux lors de fin de vie des centrales !

    • Triste constat, mais belle et bien fort juste!

      A ce moment là, Il faudra retrouver les responsables/coupables.
      Histoire…de se faire un peu de bien!!!

  4. Effarant. C’est à se demander à quoi la RDC n’a pas servi de laboratoire ou de théâtre …

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