Les Etats-Unis préparent l’installation d’une base de drones de surveillance au Niger, non loin du théâtre des opérations militaires au Mali, afin de mieux contrôler les activités des groupes jihadistes au Sahel.
C’est le New York Times qui l’annonçait lundi, en précisant que la station américaine de surveillance comptera à terme quelque 300 militaires américains et les inévitables contracteurs civils qui les accompagnent.
Les Etats-Unis et le Niger ont signé lundi un accord militaire qui, selon le Guardian, permet aux forces américaines d’opérer légalement sur le territoire nigérien.
Cette base de surveillance par drones n’est que le dernier signe d’une militarisation croissante de la zone sahélienne, devenue l’une des zones d’affrontement entre la nébuleuse Al-Qaeda et les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux.
Cette montée en puissance américaine, qui n’attend plus, selon le New York Times, que le feu vert du Pentagone, fait suite à plusieurs tentatives infructueuses des Etats-Unis d’intervenir de manière pertinente sur le continent africain, sans renouveler l’échec traumatisant de la Somalie en 1992-93 : un débarquement en fanfare et un départ désastreux après le lynchage des GI.
Echec américain au Mali
Au Mali, en particulier, épicentre du conflit actuel dans lequel l’armée française a plongé seule voici deux semaines, les Américains restent sur un revers cuisant.
Ils ont dépensé beaucoup d’argent – 500 millions de dollars, quasiment la même somme que le coût de l’opération militaire interafricaine en cours – et d’efforts pour former l’armée malienne, pour voir une partie des soldats d’élite qu’ils avaient entraînés déserter avec armes et bagages pour rejoindre la rébellion. Pire, l’officier qu’ils avaient formé a conduit un coup d’Etat contre un président démocratiquement élu.
La semaine dernière, dans un discours à l’université américaine de Howard, le général Carter Ham, chef du commandement militaire des Etats-Unis pour l’Afrique, Africom, a reconnu que cette formation avait failli :
« Je pense que nous avons exclusivement mis l’accent sur les aspects techniques et tactiques, et que nous n’avons pas consacré le temps nécessaire aux valeurs et à l’éthique militaire. Lorsque vous portez l’uniforme de votre pays, vous prenez l’engagement de défendre la nation, et d’obéir à l’autorité civile qui a été instaurée. »
Concernant le coup d’Etat du capitaine Amadou Sanogo contre le régime du président Amadou Toumani Touré (ATT), le général américain a commenté :
« Est-ce que nous avons négligé les signes annonciateurs, et aurions-nous pu mener notre formation différemment pour aboutir à un résultat différent ? Sans doute un peu des deux. »
Surveillance du désert
Depuis le début de l’intervention française, l’aide américaine à l’opération Serval, fournie avec modération et moyennant de sévères explications, s’est notamment manifestée sous la forme de drones de surveillance dont la France manque cruellement à ce stade.
La base du Niger aura pour but de développer cette activité, uniquement destinée à la surveillance de l’immensité désertique à l’aide de drones non armés – pas comme ceux qui sont employés dans la zone frontalière entre l’Afghanistan et le Pakistan, et qui ont mené plusieurs attaques ciblées dont certaines ont touché des populations civiles.
Les Etats-Unis déploient depuis des années leurs efforts pour surveiller les agissements des émules d’Al-Qaïda dans la zone sahélienne. Ils ont en particulier développé une coopération militaire avec l’Algérie, et disposeraient d’une base d’écoute secrète, de « grandes oreilles » dans le sud de l’Algérie de la National Security Agency (NSA), une agence de renseignement américaine.
En 2008, la chaîne ABC avait filmé ces images étonnantes de soldats d’élite algériens et américains s’entraînant ensemble dans le sud algérien, avec les drapeaux des deux pays flottant côte à côte. Dans le reportage, le journaliste se demande si ce n’est pas un gaspillage d’argent, car « certains disent qu’il n’y a pas de réelle menace dans ce désert »…
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