Comment Renault se prépare à démanteler ses usines en France

Officiellement, la direction de Renault s’engage à ne pas fermer d’usines en France si les syndicats acceptent de conclure un nouvel accord sur la compétitivité. Un accord qui ressemble davantage à un véritable plan d’austérité pour les salariés, assorti d’un chantage à l’emploi. Ou comment mettre en concurrence ses ouvriers français, espagnols, britanniques ou roumains, pour promouvoir des régressions sociales généralisées. De leur côté, les dirigeants et les actionnaires, dont l’État, continuent d’en profiter.

La direction de Renault « pourrait s’engager à ne pas fermer d’usine en France, malgré un marché européen sans véritable croissance ». Le communiqué, publié ce 13 novembre [1], est repris tel quel par plusieurs médias, avec plus ou moins de nuances. Et place les syndicats devant un choix cornélien : accepter les exigences de la direction en matière de compétitivité et de précarité – et espérer préserver les emplois – ou refuser le chantage et risquer le démantèlement des usines françaises. En jeu : l’avenir des 37 000 salariés de la firme au losange dont, en première ligne, deux tiers d’ « agents de production » – ouvriers en langue managériale – et de techniciens.

Pour mettre en concurrence ses sites de production, Renault profite pleinement de sa nouvelle dimension internationale. Qu’importe si les salariés refusent ici les nouvelles règles. D’autres les accepteront ailleurs aux dépens des premiers. C’est ce qui est en train de se passer en Espagne. La direction de Renault a proposé aux 7 000 salariés de ses trois usines espagnoles (Palencia, Valladolid et Séville) d’assurer la fabrication d’un nouveau modèle qui sortira au printemps 2013 et d’augmenter les capacités de production pour la fabrication de la Mégane et de boîtes de vitesses. Avec, à la clé, promet-on, l’embauche de 1 300 personnes. Une aubaine dans un pays qui compte désormais 25% de chômeurs.

Ces Français qui coûtent trop cher

Mais il existe un revers à cette médaille. En échange, la direction demande aux syndicats d’accepter un gel des salaires pendant trois ans tout en augmentant la durée annuelle de travail de 5 jours, de réduire de moitié les primes pour le travail de nuit, le samedi et les jours fériés, et de payer les nouveaux employés à 65% du salaire initial. Bref, un véritable plan d’austérité, assorti d’un chantage à l’emploi, imposé aux salariés. Un accord en ce sens a été signé le 8 novembre avec les trois syndicats majoritaires (UGT, Commissions ouvrières et la Confédération des cadres).

Pour accentuer la pression sur ses salariés français, la direction de Renault s’est amusée à comparer la productivité de ses usines en France, en Espagne, au Maroc et au Royaume-Uni. Un salarié français fabriquerait deux fois moins de véhicules par an qu’un Espagnol, et trois fois moins qu’un britannique. Pendant qu’un ouvrier de Flins assemble 24 Clio par an, un Espagnol de Palencia produit 55 Mégane. En plus, les Français coûteraient beaucoup plus cher : « Des sites d’assemblage comme Sandouville et Flins flirtent avec les 50.000 euros annuels par tête, charges sociales comprises, contre environ 35.000 pour leurs homologues espagnols (Palencia, Valladolid) et près de 11.000 euros pour Pitesti, l’usine roumaine des Logan », résume Les Echos. Bref, un ouvrier français coûte cinq fois plus cher qu’un Roumain, tout en produisant moins. « L’usine Dacia de Pitesti en Roumanie sert depuis longtemps d’argument à la direction de Renault pour dégrader les conditions de travail en Espagne et en France », précise un observateur averti des conditions de travail chez Renault.

Mise en concurrence des Français, des Espagnols et des Roumains

Ces ratios managériaux oublient de prendre en compte certaines réalités. La performance des chaînes d’assemblage dépend du nombre de modèles qui y passe. Plus il y a de véhicules différents, plus les arrêts de chaînes sont fréquents (réglages des machines, changement d’approvisionnement et des pièces de montage…). Ainsi l’usine de Sandouville (11 véhicules par an et par salarié en 2011) fabrique quatre modèles haut de gamme [2] quand l’usine de Palencia (55 véhicules/an/salarié), en Espagne, n’a qu’un seul modèle à assembler (la Mégane III).

Difficile également de comparer des usines qui fabriquent des gammes différentes de véhicules, de la plutôt luxueuse Laguna qui sort des chaînes de Sandouville à la très économique Logan fabriquée en Roumanie et destinée aux pays émergents. Le flux des commandes, et donc de production, ne sont pas les mêmes pour des véhicules mis sur le marché entre 20 000 et 30 000 € en période de crise – ce qui est surtout le cas des voitures produites en France – et pour les modèles moins chers, fabriqués en Espagne, en Roumanie ou en Slovénie, où la fabrication de la Twingo a été délocalisée. Si l’on compare Flins et Valladolid, qui assemblent tous les deux la Clio III, la productivité est similaire. Difficile aussi de comparer le coût de la masse salariale sans se pencher sur les niveaux de qualification des agents production, ni sur le degré d’automatisation des usines et la modernité de leurs équipements.

Passer de 13 usines à 2 en France ?

Qu’importe, au vu de ces ratios caricaturés, les Français sont loin d’être suffisamment compétitifs, répète depuis quelques mois la direction du groupe. De là à considérer « qu’une seule usine de montage et une seule usine de mécanique pourraient être suffisantes en France », contre les 13 actuelles, il n’y a qu’un pas, qu’aurait allègrement franchi Gérard Leclercq, directeur des opérations de Renault en France, en avril dernier [3]. Depuis, la menace n’a fait que se préciser. Fin septembre, c’est le n°2 du groupe, Carlos Tavares, qui explique que Renault n’exclut pas de fermer des usines en Europe à cause de la morosité du marché [4]. Puis son PDG, Carlos Ghosn qui indique que Renault pourrait disparaître « sous sa forme actuelle » si sa « compétitivité » ne s’améliore pas. Comprenez : la compétitivité de ses usines en France.

« Nous ne demandons pas aux usines françaises d’être en compétition avec les Chinois ou les Indiens, mais de ne pas être en retrait par rapport aux Anglais de Nissan Sunderland ou aux Espagnols de Renault Palencia. Et ça, c’est un message que les gens comprennent. Nous devons ramener les usines françaises a minima aux niveaux espagnol et anglais », détaille Carlos Tavares, dans un entretien accordé à Nice Matin, à l’occasion du Mondial de l’auto, fin septembre. Une précision qui en dit long.

Article complet: Bastamag

6 Commentaires

  1. Mon frère qui bosse chez renault me parlait de peugeöt et leurs galères, je lui disais, t’en fais pas, c’est bientot votre tour, il sourait en me disant, renault c’est pas peugeöt, hein.

    Dois-je en rire maintenant, hum….

  2. huummm en fait sa vas etre le tour de toutes les grosses industrie en europe les patrons n’ont rien a foutre du personnel ils veulent juste plus de marge beneficiaire pour leur poche et revons pas si vous voulez etre concurrenciel travaillez a 450 euros par mois pour un travail penible vas etre une reference, allez, a quand le reveil de la populace qui reste vraiment endormie en se disant demain sa vas s’arranger hé ben non si vous vous bougez pas comme nos arriere grand parents ils vont nous bouffer tout crus…

  3. Accepter ses conditions pour les employés de renault et c’est la fin pour eux.
    Evidemment que renault parle en terme de compétitivité en ciblant l’Espagne ou la Roumanie, où en Espagne on en a parlé avec une baisse des salaires de plus de 25%, comme l’a dit un syndicaliste interviewé à propos de renault, il a souligné le fait que payer moins cher les salariés à hauteur de nos voisins menerais tot ou tard à devoir abaisser encore les salaires au niveau du Maroc puis de la Chine, afin d’etre plus « competitif » envers ses pays.
    Ce que je ne trouve pas logique, c’est que l’on demande aux employés d’etre moins payés, mais le pouvoir d’achat de ses employés descend au fur et à mesure que l’on descend son salaire.
    Un homme qui touche une misère n’achetera pas une voiture à 15000 euros (qui plus est, renault fait des voitures limite à obsolescence programmée, à titre personnel mes parents avaient achetés un espace neuf, au bout de deux ans le moteur à laché…), donc renault aura beau faire des reductions d’effectifs, de salaires, ça ne fera qu’empirer les choses.
    Mais rien n’est trop bon pour les patrons/actionnaires pour augmenter leurs marges, cependant il faut qu’ils comprennent que devenir plus riche et posseder plus de richesses fera forcément plus de pauvres.
    Tout ceci me rappel le sujet streaming/telechargement « illegal », car comme le telechargement « illegal » ne rapporte pas vu que ça part d’une idée de partage, par contre microsoft, apple n’utilisent pas cet argument pour renvoyer des gens.
    Enfin bref, les gens ont de moins en moins de quoi vivre, quand on sait que la plupart sont deja obligés de contracter des credits pour payer leurs impots, ils vont pas se payer une voiture, un logiciel, un ciné, mais si on donne au peuple plus d’argents, ils consommeront plus, les entreprises feront plus de benefices, et ils ne seront pas « obligés » de licencier des personnes qui se tuent deja au travail pour que ses types aillent acheter leurs yacht.
    Mais il faut faire basculer ses 10% de super-riches afin qu’ils lachent ce qu’ils ont, et faut un nouveau système, c’est plus supportable de voir autant d’inégalités envers les peuples de chaque pays.
    On est en 2012 mais nous sommes gouvernés sur un système de plusieurs siècles, de plus, ceux qui nous gouvernent veulent absolument garder ce système cupide, inégalitaire et destructeur.

  4. enfin une bonne nouvelle , moins de pollution , plus de temps libre pour les gens .

  5. sont encore en France ?
    En Belgique,Vilvorde non.
    Ils font quoi ?

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