Comment épargner de 1912 à 2012 : avec des billets ou des pièces d’or ?

Merci à Robin F pour cet article proposé par e-mail et qui revient sur l’histoire de notre monnaie durant ce dernier siècle!

À l’époque, ces billets ressemblaient à quelque chose, maintenant…

Le 24 juin 1912, un brave ouvrier prénommé Anatole met la somme de 100 francs de côté, pour ses descendants. Il est payé 5 francs par jour pour 10 heures de travail, comme ouvrier typographe dans une imprimerie. C’est un bon salaire, car beaucoup d’autres gagnent moins : un ouvrier charpentier ou un manœuvre ont 3 francs par jour, une couturière 2 francs et un ouvrier agricole 1,5 francs.
Le pain de 1 kg vaut 0,40 franc. Ces 100 francs représentent donc le salaire de 20 jours de travail et aussi 250 kg de pain. A raison d’un jour de paie mis de côté chaque mois, il a fallu économiser plus d’un an et demi (20 mois) pour rassembler ces 100 francs.
Pour les épargner, il a trois solutions :
–    des billets, par exemple 2 billets de 50 francs « rose et bleu »
–    des pièces d’argent, par exemple 20 pièces de 5 francs « Ecu » soit 500 g d’argent au titre 900 millièmes
–    des pièces d’or, par exemple 5 pièces de 20 francs « Napoléon », soit 32,25 g d’or au titre 900 millièmes.
En tant qu’ouvrier typographe, il est fasciné par le tout nouveau billet de 100 francs de la Banque de France, dessiné par Luc-Olivier Merson. C’est le tout premier billet polychrome en circulation. Par rapport aux vieux billets monochromes noirs, bleus, violets, ou encore bicolores bleus et rose, quelle révolution ! Il décide donc d’opter résolument pour la modernité et place ce billet tout neuf sous sa pile de draps.
Entre les deux guerres, le billet de 100 francs « Merson » reste sous les draps, mais il perd de la valeur car la hausse des prix est importante. Pour rattraper l’inflation, Poincaré dévalue brutalement le franc par la loi du 25 juin 1928, qui divise par cinq sa valeur en or : le franc vaut désormais 65,5 mg d’or au titre 900 millièmes.
La précédente valeur du franc, dit franc Germinal, avait été définie par la Convention en 1795 puis par la loi du 7 germinal an XI (27 mars 1803). Le franc Germinal équivalait à 5 g d’argent au titre neuf dixièmes, et aussi à 322,58 mg d’or à neuf dixièmes (soit un rapport or/argent de 15,5). C’est pourquoi la pièce de 20 francs or pesait 0,32258 x 20 = 6,4516 g depuis la révolution jusqu’à la dévaluation de 1928.
Ainsi en 1928, les pièces d’or et d’argent, dont la valeur en métal précieux est devenue cinq fois trop forte par rapport à la valeur faciale, sont démonétisées et retirées de la circulation (ou thésaurisées). Mais les billets restent valables, et Anatole laisse son 100 francs « Merson » sous sa pile de draps.
En octobre 1936, le franc est encore dévalué et on décide qu’il peut désormais fluctuer entre 43 et 49 mg d’or au titre 900 millièmes. Puis début 1939, après une nouvelle dévaluation, la valeur or est définie à 27,5 mg au titre 900 millièmes.
Avec la drôle de guerre, la chute se poursuit, et en février 1940 le franc ne vaut plus que 23,34 mg d’or au titre 900 millièmes (soit 21 mg d’or fin).
A la libération, c’est un peu le désordre. Billets d’avant-guerre, billets émis par l’Etat Français, et billets émis par les américains se côtoient. Le 4 juin 1945, on retire de la circulation l’ensemble des billets d’une valeur supérieure ou égale à 50 francs. Cet échange massif contre des coupures de réserve de 300 et 5000 francs, se fit en 12 jours dans toute la France. Puis, lorsque les nouveaux billets de 100 francs « Jeune paysan » furent imprimés, le fils d’Anatole en récupéra un qu’il replaça sous la pile de draps.
Après-guerre, l’inflation reprend de plus belle, et le pouvoir d’achat du billet de 100 francs dégringole. Deux nouvelles dévaluations ont lieu en 1945 et 1949.
Revenu au pouvoir en 1958, le général de Gaulle annonce la création d’un « franc lourd » qu’il confie à son ministre des Finances, Antoine Pinay, et à l’économiste Jacques Rueff. Le 27 décembre 1958 une ordonnance met en place le « nouveau franc » égal à 100 anciens francs. Comme l’ancien franc valait 1,8 mg d’or fin à ce moment-là (33 fois moins que le franc Poincaré de 1928, et 12 fois moins qu’en 1940), le nouveau franc vaut donc 180 mg d’or fin.
Les anciennes pièces et billets restent valables quelque temps mais le nombre inscrit dessus vaut désormais des centimes et non plus des francs. Le petit-fils d’Anatole échange donc le billet de 100 anciens francs « Jeune Paysan » que lui a légué son père, contre une toute nouvelle pièce de 1 francs « Semeuse » en nickel. Il trouve que la pièce neuve est très jolie et bien brillante. Il la place sous la pile de draps.
La valeur du nouveau franc est encore un peu dévaluée en 1969 et passe à 160 mg d’or. Puis la référence à l’or est abandonnée et même interdite par les accords de Kingston en 1976.
Durant les années 70 à 90, l’inflation est toujours présente et quelques dévaluations supplémentaires ont lieu. En l’an 2000, la pièce de 1 francs « Semeuse » a toujours cours légal.
Finalement, après 17 dévaluations du franc au cours du 20ème siècle, on arrive à la grande révolution du passage à l’euro : les pièces et billets sont mis en circulation le 1er janvier 2002. Les Français ont 6 mois pour échanger leurs francs dans toutes les banques, et ensuite 3 ans de plus pour les pièces et 10 ans pour les billets à la Banque de France.
En janvier 2002, l’arrière-petit-fils d’Anatole sort la pièce de 1 francs « Semeuse » de sous les draps et va l’échanger contre des euros : 1 pièce de 10 centimes, et 1 pièce de 5 centimes. Il replace les 2 pièces sous la pile de draps.
Et puis, le 24 juin 2012, l’arrière-petit-fils d’Anatole qui a désormais 60 ans, trouve que la date anniversaire convient bien et dit à son fils :
– Pierre, il faut que je te transmette quelque chose. Il y a un siècle exactement, ton arrière-arrière-grand-père Anatole a mis 100 francs de côté. A l’époque, ça représentait une somme importante. Tous ses descendants ont soigneusement conservé cette somme et elle a été transmise de génération en génération, sous forme de billets puis de pièces, en passant par deux guerres mondiales et plusieurs changements de monnaie. Aujourd’hui, je te remets solennellement l’équivalent des 100 francs de départ : 15 centimes d’euro. A toi de les conserver et de les transmettre à ton aîné, pour perpétuer la tradition familiale.
– Mais Papa, qu’est-ce que tu veux que je fasse avec 15 centimes ? Ça ne paie même pas un quart de baguette ! Avec ça, j’ai à peine 40 g de pain.
EPILOGUE
Aujourd’hui en 2012, Pierre, ouvrier au Smic, gagne 50 euros par jour pour 7 heures de travail. Il gagne 1100 euros par mois pour jour 22 jours travaillés.
1 kg de pain coute 4 euros, et pour en acheter 250 kg, il faut 1000 euros. En mettant de côté 1 jour de salaire chaque mois, comme son arrière-arrière-grand-père Anatole, il lui faut économiser pendant 20 mois.
Cependant, si son ancêtre avait épargné ses 100 francs en 20 pièces de 5 francs argent « Ecu », il aurait environ 340 euros, au lieu de 15 centimes. Avec ça, il pourrait acheter 85 kg de pain.
Mais si son ancêtre avait épargné ses 100 francs en 5 pièces de 20 francs or « Napoléon », il aurait environ 1300 euros ! Cela représente 26 jours de salaire, et plus de 2 ans d’économies (26 mois). Avec tout ça, il pourrait acheter 325 kg de pain…
Transcription corrigée et adaptée d’un texte trouvé sur Internet. Merci à l’auteur original.

17 Commentaires

  1. Comme quoi la monnaie papier émise par les États est une escroquerie et une spoliation de la population bien orchestrée selon de bon vouloir des dirigeants.
    Un peu comme le furent les assignats au temps
    de la Monarchie ….
    Comment ??? vous avez dit PQ ?
    Ca veut dire quoi exactement ….????

  2. Objection votre honneur :

    Si l’epargnant avait fait confiance au banques et placer sur un livret A (ou equivalent), Qu’en serait il puisque les interet du livret s’ajoute pour calculer les intérêts de l’année suivant.

    a 3% / an : environ 3€ sauf erreur.

    Moralité : Avec les banques, on perd moins mais on perd quand meme. Avec bonne conscience puisque sur la Banque l’argent fait travailler des gens tandis que planquer dans le matelas…

  3. excellent article!

  4. le meme Robin F qui nous a présenté un article douteux sur
    les « FAUX NAPOLEONS  » . BIZZARE BIZZARE !!!

    et dont j’attends le retour sur ma proposition de rachat des ses Faux NAPO à moitié prix…..!

    • Wellington, tu devrais faire attention à ce que dis…

      1. Acheter des contrefaçons te rendre complice de recel de faux, ce qui est passible de prison.

      2. Si tu les revends tu deviens un escroc, et donc passible de prison.

      Drôle de moralité que tu montres là…

      3. Lors d’une plainte, la police saisit les objets du délit. Robin ne doit plus avoir ses pièces qui sont désormais des pièces à conviction.

      Donc, il vaut mieux tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de parler, sinon on risque de passer pour un rigolo, hein ? 😉

      • Ann

        un Rigolo,
        Déjà je pense qu’avec le précédent article que tu as du lire aussi, enfin j’espère, c’est Robin F qui prend les autres pour des rigolos
        https://lesmoutonsenrages.fr/2012/06/17/alerte-escroquerie-sur-les-fausses-pieces-dor/#more-27151

        de 2, les « pseudo faux » n’existent pas
        http://www.acheter-or.com/forum/viewtopic.php?f=2&p=22227

        de 3, je ne serai donc jamais un complice d’une fausse escroquerie, donc par déduction

        de 4, je ne voie ce que la morale vient faire la dedans,
        dans la survie (en l’occurence), il n’y a pas de morale…*
        crois tu que la banque qui t’as volé, qui te voles et qui te voleras en a à l’égard de tes comptes ?? hein ???

        de 5 , cela m’amène à me méfier du Rigolo de Robin qui nous prends pour des moutons,

        et de 6, la prison t’attendra quand le fait de détenir de l’or sera rendu illégal, et c’est arrivé !!
        http://www.cgb.fr/or/or_faire.html

        Alors, rends moi services, ne me fait pas rire avec ta morale à 2 balles …

        • Désolée, mais je trouve ton propos un peu confus.

          1 et 5. Je n’avais pas lu l’autre texte car je ne me sentais pas concernée. Bon, ben j’ai vu quelqu’un qui raconte ses problèmes, veut avertir ses concitoyens (intention louable), et qui a intégré à son récit des informations apprises auprès d’un spécialiste. En fait, je n’ai pas d’avis sur cette histoire d’arnaque. Simplement, je ne lui fais pas de procès d’intention et lui accorde le crédit de sa bonne foi.

          2. Que veux-tu dire ? Qu’il n’existe pas de faux Napoléons ? Ceci n’est évidemment pas vrai.
          En outre, le forum que tu indiques n’est pas très convaincant. Objectivement, j’y ai lu des interprétations erronées du 1er texte de Robin, des déductions tirées par les cheveux, des approximations et des fausses vérités. Bof.
          Et puis, on ne sait pas qui est ce Stéphane qui joue les redresseurs de torts et voudrait se faire passer pour un expert. Seulement qu’il est l’administrateur de ce forum (dont l’audience est plutôt réduite) et qu’il semble jouir d’une cour dévouée à sa cause, sans véritable contradicteur. Sauf qu’à la fin, son discours n’est pas très crédible pour les raisons précitées.

          3. Je maintiens ce que j’ai dit : légalement, acheter des objets de contrefaçon, quels qu’ils soient, est pénalement répréhensible. Et tout objet contrefait détecté est systématiquement saisi (la Banque de France retire tout faux billet, comme elle le faisait avant pour les fausses pièces d’or). Si tu ne connais pas le code pénal, cherche un peu tu trouveras facilement les articles de loi adéquats.

          La marché de la collection et le domaine de la monnaie officielle légale sont 2 choses bien distinctes. En collection, on peut effectivement trouver des exemplaires de faux, mais présentés comme tels. Il y a escroquerie dès lors que l’on veut faire passer un faux pour un vrai.

          Au sujet de l’affaire de ce Robin, il faut bien évidemment caractériser l’escroquerie : comment fait-on ? On ne peut évidemment pas se satisfaire d’une photo comment l’affirme faussement ce Stéphane. Dans ce cas précis, l’escroquerie peut porter sur plusieurs chefs :
          – des pièces qui n’ont pas été frappées par la Monnaie Française
          – des pièces qui ne sont pas au bon titre et qui contiennent moins d’or que prévu
          – des pièces originales qui ont été falsifiées pour en augmenter la valeur
          Il faut donc déterminer avec précision la composition et l’origine des pièces. Pour ça, il existe une technique appelée Spectrographie à Fluorescence qui détermine les % exacts des métaux utilisés dans ces pièces. A mon avis, c’est ce qu’il va se passer pour ces pièces.

          4. Pourquoi parles-tu de survie ? Je ne vois pas ce que cela vient faire dans une discussion sur le pouvoir d’achat de la monnaie au cours d’un siècle.

          Pour le reste, ta réponse confirme malheureusement ce que je disais au sujet de la moralité.
          On ne saurait tout justifier, sous un quelconque prétexte. C’est pour le bien commun de la société que les lois et que le code moral existent.

          6. Du quoi parles-tu ? Ton commentaire est hors sujet, et je ne me sens pas concernée.

          Je finirai en rajoutant un autre point :

          7. Toujours sur ce forum susmentionné, Stéphane dit que Robin est un plagiaire. Or sa méconnaissance des lois le décrédibilise un peu plus : sans vouloir rentrer dans les détails juridiques, Wikipedia définit rapidement la notion de plagiat. https://fr.wikipedia.org/wiki/Plagiat

          Retenons juste 2 notions : 1. Copier en omettant de le dire et 2. S’approprier l’œuvre.
          Or, 1. Ce n’est pas une pure copie : en comparant avec le texte original que je n’ai eu aucun mal à trouver, on constate que les rectifications et adaptations sont importantes. 2. Robin ne cherche pas à s’approprier pas le texte et ne le signe pas. 3. Au contraire, il indique explicitement que ce texte est une transcription adaptée d’un contenu public (dont il remercie l’auteur, d’ailleurs). CQFD.

  5. Article vu sur Wikistrike il y a plus de 2 jours !!!
    Un pur copier/coller …

    c’est qui les moutons ??

  6. Ces 100 francs placés à la banque en 1912 il y aurait à peu près aujourd’hui 3000 euros sur le compte.

    1200 euros en gardant les pièces en or.
    3000 euros en les mettant à la banque.

    Calcul avec un taux à 2 %

    Mais peu importe la démonstration voulu par ce texte est on ne peut plus stupide, qui irait mettre de l’argent courant sous une pile de drap en espérant qu’il fructifie ?

    • 1,02 à la puissance 100 donne 7 et quelque.

      il aurait donc 700 francs d’epoque si il avait placé ses 100 F à 2% durant 100ans;

      en divisant par 100 le passage en nouveaux francs.. ça donne 7 francs lourds
      En divisant pas 7 pour avoir les euros…ça fait

      1 euros..

      on est moins volé à la banque mais ça tend quand meme vers zero..

  7. Eh ben… Je vois que certains ont le verbe acerbe et la critique facile, mais surtout l’esprit mal tourné…

    Voici donc la genèse de la démarche :
    Suite à des commentaires sur mon article « Alerte : escroquerie sur les fausses pièces d’or », j’ai continué mes recherches sur la monnaie française. Et c’est comme ça que j’ai déniché ici http://forum-gold.fr/viewtopic.php?f=14&t=4351 un petit texte de Bé Habba>/i> (l’auteur) que j’ai trouvé très bon. Ça m’a paru intéressant de le faire partager, mais comme il comportait plusieurs erreurs et me semblait incomplet, j’ai voulu le corriger et le mettre à jour, au lieu de simplement renvoyer le lien web.

    Ainsi, pour en finir avec les mauvaises langues et les grincheux :
    1. Comme je l’avais clairement indiqué sous le texte, c’est la transcription corrigée et adaptée d’un texte public trouvé sur Internet.
    2. Je n’ai pas dit que j’en était l’auteur, et n’en ai pas revendiqué la paternité car je ne l’ai pas signé !
    3. Si vous comparez attentivement les 2 textes (très facile avec Word), vous verrez que ce n’est pas un simple copier-coller. C’est clairement une refonte totale : il y a plus de 300 modifications, corrections, suppressions et ajouts !

    Et 4. je réitère mes remerciements à l’auteur du texte original. 😉

  8. En tout cas, y’en a qui ont tout compris…

    La famille Tapie (Bernard et ses fils Laurent et Stéphane) a investi au moins 1 million d’euros dans l’or. Oui, oui : 1.000.000 € ! Ca en fait des kilos…

    Ils ont racheté une petite boutique de négoce de la rue Vivienne qui avait été mise en liquidation judicaire : Godot et Fils. Quoi de mieux pour être au coeur du marché afin d’acheter facilement et discrétos pour placer son pognon ?

    Ben oui, quoi : depuis qu’ils sont redevenuds riches, ils ne savent plus quoi faire de leurs millions…

Les commentaires sont clos.