La «famine verte» s’étend aux zones agricoles fertiles du Guatemala

Volonté politique trop frileuse, qui ne s’exerce que le temps d’un mandat, et après?…

Malnutrition et famine sévissent au Guatemala même si le pays reste un producteur agricole de premier plan pour certaines denrées AFP/ALEXANDER MARTINEZ

Le Guatemala est le cinquième producteur mondial de sucre, de café et de bananes. Mais au milieu d’une végétation luxuriante, les récoltes de maïs, de fèves et de riz s’effondrent…

Ailleurs dans le monde, on appelle cela la «famine verte». Dans le département de Jalapa au Guatemala, à 100 kilomètres de la capitale, la population meurt de faim entourée d’une végétation luxuriante.

Le Guatemala, pays de 14 millions d’habitants, présente le plus haut taux de malnutrition infantile d’Amérique latine. La moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique. Dans les zones rurales, comme dans le Japala, où plusieurs familles vivent avec moins de un dollar par jour, ce taux atteint jusqu’à 90%.

Luis Alexander n’a que 9 mois et souffre de malnutrition aiguë. Il paraît petit et faible dans les bras de sa mère, près de sa maison de torchis. Ronald Estuardo Navas, membre de l’organisation humanitaire Action contre la Faim, évalue l’état nutritionnel de Luis en mesurant la circonférence de son bras. Elle est 9,9 cm. «C’est petit, même pour un bébé. Il y a un risque important de mortalité», explique Navas à l’AFP. La mère de Luis, Herlinda Rodriguez, elle aussi sous-alimentée, a deux autres jeunes enfants. «Je n’ai pas assez de lait, c’est pour ça que Luis a un poids si faible», se plaint-elle.

Pourtant, lorsqu’on promène son regard autour de la modeste maison des Rodriguez, on ne voit que des montagnes et des prairies verdoyantes. Comment cette famille peut-elle être sous-alimentée? Sous d’autres latitudes, on appelle ce phénomène la «famine verte» pour la différencier de la faim qui sévit dans les zones désertiques, comme la Corne de l’Afrique, où la sécheresse endémique est responsable de la famine.

Diminution des récoltes en raison des sécheresses et des inondations

Le Guatemala est le cinquième producteur mondial de sucre, de café et de bananes. Mais quand les récoltes de subsistance s’épuisent, des milliers de familles ne peuvent pas acheter suffisamment de maïs, de fèves ou de riz. Leurs récoltes ont diminué ces dernières années à cause des sécheresses et des inondations, dues aux effets des changements climatiques dans la région.

Le pouvoir d’achat des communautés rurales, déjà faible, a aussi été durement affecté par l’évolution du prix des aliments sur les marchés local et international. Willem van Milink Paz, représentant du Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) au Guatemala explique que «le problème ici, c’est que le prix local des aliments est proportionnellement plus élevé que le prix sur le marché mondial».  Plus de 6.500 personnes sont mortes l’an dernier au Guatemala de complications liées à la malnutrition. 2.175 d’entre elles avaient moins de cinq ans, selon Luis Enrique Monterroso, responsable du droit à l’alimentation de la Commission des droits de l’homme du Guatemala. Pour lui, il existe des programmes et de l’argent pour s’attaquer au problème, mais il n’y a pas de volonté politique. « L’Etat n’existe pas pour les familles les plus vulnérables du pays », affirme-t-il.

«Soyons clairs et honnêtes: il n’y aura pas de solution efficace au problème tant que le gouvernement guatémaltèque ne fournira pas la plus grande partie de la solution», confirme Willem van Milink Paz. Pourtant, plusieurs programmes gouvernementaux ambitieux ont déjà été mis en place contre la malnutrition infantile.

Le dernier de ces programmes, «Ma famille progresse», supervisé par le président guatémaltèque Alvaro Colom, consiste à remettre aux mères dans le besoin une allocation conditionnelle à la fréquentation scolaire et aux contrôles de santé des enfants. Le vice-ministre de la Sécurité alimentaire du Guatemala, Billy Estrada, explique que les programmes existent, mais qu’il faut plus de suivi.

«Je crois que ce qui manque à ce gouvernement, et ce qui manquera au gouvernement suivant, ce sont des mesures qui durent au-delà des mandats politiques», déclare-t-il.

© 2011 AFP

Source 20minutes

4 Commentaires

  1. Ce que je ne comprends pas c’est pourquoi le maïs ne pousse plus alors que les bananes et le café oui…

  2. Je trouve que cet article donne une fausse idée de ce qui se passe réellement, à la limite du mensonge, la faute aux calamités climatiques et à la baisse des rendements ??
    Comme dans de nombreux autres pays du sud les agrocarburants et les monocultures d’exportation sont responsables ou agravent très fortement la malnutrition locale : http://www.cetri.be/spip.php?article2228
    La canne à sucre et l’huile de palme remplacent tout simplement les cultures de rentes et ruinent les sols… cultures largement aidées par les gouvernements locaux verreux.

  3. Y’a aussi un autre phénomène dont nous tenons plus compte.
    La famine. Jusqu’ici, une famine c’était pire qu’une crise économique.
    Mais plus depuis qu’on est dans un monde moderne.
     
    Ça fait deux ans que c’est la sécheresse en Europe et que la Sibérie brûle.
    Donc y’a de grave famine, mais nous n’en tenons pas compte ce même dans
    nos budgets ou si peu puisque le prix augmente mais qu’il ne se passe rien.
    On continue a vivre sans ce serrer la ceinture puisqu’on peut importer.
    Mais ses importations elle vient d’où ?
    Es-ce qu’elle prive un autre ?
     
     

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