Affaire Karachi : Ziad Takieddine, l’embarrassant ami des proches de Sarkozy

Étrange de voir que tout se recoupe plus ou moins, et que peut être, je dit bien peut être, au gouvernement ils sont un peu plus pourris encore que ce qu’on le soupçonnait! Et il y a ces noms qui reviennent…Kadhai, Karachi, etc….

Jean-François Copé et Brice Hortefeux, le 28 mai 2011 à Paris.

Jean-François Copé et Brice Hortefeux, le 28 mai 2011 à Paris.AFP/BERTRAND LANGLOIS

Jean-François Copé, Brice Hortefeux, Thierry Gaubert, ancien secrétaire général de la mairie de Neuilly, puis chef adjoint de cabinet de Nicolas Sarkozy… Le site Mediapart publie une série de photos qui prouve sans équivoque les liens étroits qui lient plusieurs personnalités éminentes de l’entourage du chef de l’Etat avec Ziad Takieddine, l’un des protagonistes majeurs de l’affaire Karachi. Et promet d’autres révélations rapidement.

Suite à la publication de ces clichés, les familles des victimes de l’attentat de Karachi ont réclamé, lundi 11 juillet, l’audition de MM. Copé et Hortefeux par la justice. Sur les photos publiées par Mediapart, qui les date de 2003 ou 2004, on peut voir MM. Copé et Hortefeux, ainsi que leurs épouses, poser, souriants, sur un bateau ou au bord d’une piscine, en compagnie de l’intermédiaire des ventes d’armes. Mediapart affirme également s’être procuré des notes qui prouvent des « relations suivies » entre Ziad Takieddine et Claude Guéant.

ZIAD TAKIEDDINE, PRINCIPAL SUSPECT DE L’AFFAIRE KARACHI

Franco-Libanais, M. Takieddine est présenté par nombre de témoins comme l’un des intermédiaires principaux de la vente de deux sous-marins au Pakistan, en 1994. Ce contrat, baptisé Agosta, accompagné de commissions – légales – versées aux intermédiaires, dont l’homme d’affaires, pourrait, selon les soupçons des juges Trévidic, Van Ruymbeke et Le Loire, avoir donné lieu à des rétrocommissions : une partie de l’argent serait revenue en France, et aurait pu servir à financer la campagne de M. Balladur en 1995.

>> Notre infographie :« Comprendre l’affaire Karachi en trois minutes »

Toujours selon les soupçons de la justice, l’arrêt du versement de ces commissions, ordonné par Jacques Chirac entre 1995 et 1996, pourrait avoir conduit à l’attentat de Karachi, qui provoqua la mort, en mai 2002, de 14 personnes dont onze employés français de la direction des constructions navales (DCN) qui travaillaient au Pakistan.

M. Takieddine nie avoir servi d’intermédiaire sur le contrat Agosta, mais il est nommémént désigné comme tel par plusieurs anciens membres de la DCN, qui ajoutent qu’il aurait été imposé à ce rôle par Edouard Balladur. Il reconnaît en revanche avoir participé à la vente de frégates à l’Arabie. Cet autre contrat, baptisé Sawari II est également pointé par la justice. Il aurait lui aussi donné lieu à des rétrocommissions, qui pourraient là encore avoir servi au financement de la campagne d’Edouard Balladur. Le Monde a également révélé les soupçons de la justice à propos d’un troisième contrat, appelé Miksa, qui aurait également donné lieu à des rétrocommissions.

Si l’ancien premier ministre dément tout financement illégal, le financement de sa campagne présente de graves irrégularités, dont un versement de 20 millions de francs en espèce, qui reste inexpliqué. Le Monde a récemment révélé les propos d’un témoin-clé, qui a expliqué que les fonds secrets dont disposait à l’époque Matignon n’avaient pas été utilisés pour la campagne de M. Balladur, ce qui tend à confirmer que cette somme provient d’une autre source.

« RELATIONS STRICTEMENT AMICALES »

Si M. Takieddine était connu comme un proche du chef de l’Etat, rien ne prouvait jusqu’ici ces liens. Les clichés que publie Mediapart les rendent irréfutables. Selon le site, Ziad Takieddine aurait en outre pris en charge les frais de voyage d’agrément de Jean-François Copé, à Londres, Venise, ou au Liban, alors que celui-ci était membre du gouvernement.

Durant ce dernier voyage, « qui comportait une partie officielle et une partie amicale », selon l’actuel patron de l’UMP, M. Takieddine et M. Copé ont été reçus par l’ambassadeur de France à Beyrouth.  M. Copé confirme avoir été invité, dans le cadre de « relations strictement amicales » avec M. Takieddine, de même que Brice Hortefeux.

Mediapart évoque aussi un « avoir de la famille Copé » dans les comptes de l’intermédiaire, où apparaîtrait également le nom de Pierre Charon, autre proche de Nicolas Sarkozy.

L’actuel chef de l’Etat, alors ministre de l’intérieur, avait négocié, en 2003, les suites du contrat Miksa de 1994, un gros marché d’armement à destination de l’Arabie Saoudite. Celui-ci avait donné lieu à une passe d’armes avec Jacques Chirac, qui avait bloqué la signature du contrat, d’une valeur de 7 milliards d’euros. Or, affirme Mediapart, cet accord était géré par Claude Guéant et Brice Hortefeux, qui le confirme, en étroite liaison avec Ziad Takieddine.

« FAIRE SAUTER LE GOUVERNEMENT »

Médiapart promet d’autres révélations : il affirme que Ziad Takieddine aurait perçu 91 millions d’euros pour le contrat Sawari II de vente de frégates, une somme dont Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget, aurait autorisé le versement en 1994. Le contrat Sawari II lui aurait rapporté, toujours selon le site, plus de 200 millions de dollars. Autre information : M. Takieddine aurait reçu depuis 2003, 11,8 millions d’euros de « paiements secrets » en provencance de comptes offshore.

Mediapart évoque également une conversation téléphonique  datant de mars 2011, entre Ziad Takieddine et Thierry Gaubert, directeur adjoint du cabinet de Nicolas Sarkozy à Bercy à l’époque. L’homme d’affaires aurait menacé de « faire sauter le gouvernement ».Lexpress.fr a révélé vendredi 8 juillet que le domicile de Thierry Gaubert a été perquisitionné par les juges Van Ruymbeke et Le Loire, qui cherchaient à en savoir plus sur le rôle joué par le Franco-Libanais.

Proche de Mouammar Kadhafi, M. Takieddine a été arrêté, le 7 mars, alors qu’il revenait de Libye en compagnie de deux journalistes du Journal du Dimanche. Il avait sur lui 1,5 millions d’euros en espèces. Placé en garde à vue, il a expliqué au Post.fravoir « entrepris cela dans une démarche positive. C’était un acte nécessaire pour faire comprendre à tous la situation en Libye ».

Source: lemonde.fr

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