« L’industrie a mis toutes ses forces en lobbying pour faire dérailler le projet de réglementation sur les perturbateurs endocriniens », soutient Stéphane Horel

Vous ne connaissez peut-être pas le nom de Stéphane Horel, c’est pourtant une journaliste indépendante hors-norme qui a multiplié les livres et les documentaires dénonçant certaines dérives qui pourrissent notre société, littéralement… Pourtant, si vous êtes amateurs de documentaires, vous avez sûrement vu l’un d’eux, surtout que certains se trouvent très facilement sur Youtube. Entre autres documentaires, nous lui devons l’excellent « Les origines du sida », le superbe documentaire « Les médicamenteurs« , ainsi que « Les alimenteurs« . Ses livres ayant été systématiquement adaptés en reportage à l’écran, l’on peut parier que le dernier en date dont le titre est « Intoxication » le soit un jour, il ne reste donc qu’à patienter.

En effet, un problème ignoré et pourtant capital est celui des perturbateurs endocriniens, ceux-ci couteraient 157 milliards d’euros par an de dépenses sanitaires dans l’UE! Et au lieu de combattre le problème, l’UE se soumet, et tout cela pourquoi? Pour retarder au maximum leur interdiction en vue de la mise en place du TAFTA.

Après trois ans d’enquête, la journaliste indépendante Stéphane Horel publie aujourd’hui « Intoxication », un livre dénonçant l’influence du lobbying de l’industrie 000314885chimique pour repousser une réglementation européenne sur les perturbateurs endocriniens. Entretien.

L’Usine Nouvelle : Qu’est ce qui a suscité votre enquête?
Stéphane Horel : J’avais écrit il y a dix ans un livre sur les perturbateurs endocriniens, que je continuais de suivre comme un sujet de santé publique, ne comprenant pas pourquoi il n’y avait pas de prise de conscience dans les médias du problème. J’étudiais par ailleurs la question du lobbying. En 2012, j’ai assisté à la conférence organisée par la Commission européenne sur le sujet : c’était une véritable opération de lobbying qui se déroulait sous mes yeux.

L’Europe va alors sans cesse repousser le problème, alors qu’elle avait décidé de légiférer sur les perturbateurs endocriniens dès 2009…
Le problème, c’est qu’entre le moment où il y a eu la volonté de réglementer et aujourd’hui, il y a eu des précisions apportées par les parlementaires sur le règlement final qui ne convenaient pas à la Commission. C’est à partir de là que l’industrie des pesticides, suivie par la chimie – car cela va avoir un impact sur toutes les législations européennes les concernant : règlement-cadre sur l’eau, règlement cosmétique… – ont mis toutes leurs forces en lobbying pour faire dérailler le projet de réglementation.

Les documents que j’ai obtenus par la Commission et les témoignages recueillis ne laissent aucun doute. Et l’industrie ne le nie pas ! Elle reconnaît que les critères des perturbateurs endocriniens tels qu’envisagés par la direction générale (DG) de l’Environnement ne lui convenaient pas. Elle admet avoir demandé une étude d’impact (débutée en septembre 2014, ndlr), qui lui a permis de reculer le projet d’au moins douze mois.

Ces perturbateurs endocriniens pointés du doigt
Les critères scientifiques permettant d’identifier les perturbateurs endocriniens se font toujours attendre. A fortiori leur réglementation à l’échelle européenne, promise en 2012. Pourtant, cela fait des années qu’on entend parler de ces substances chimiques, d’origine naturelle ou synthétique, qui interfèrent avec le fonctionnement hormonal des humains et sont présentes dans de nombreux produits courants (certains cosmétiques, pesticides…). Considérées comme une menace pour la santé par l’Organisation mondiale de la santé, elles sont soupçonnées de nombreux maux : infertilité, cancers, diabète ou obésité…

La direction générale Santé de la Commission affirme pourtant donner plus de poids aux voix de la société civile, qui disposent de moins de ressources en lobbying que l’industrie…
Mon enquête montre clairement que la DG Santé a empêché la DG Environnement de bien faire son travail.

Et maintenant qu’elle a le dossier entre les mains, elle fait preuve d’un manque de transparence absolu, tout en revendiquant le contraire. Son argument : dire qu’il y a une controverse scientifique, alors que dans le monde extérieur il y a un consensus scientifique. Toutes les sociétés savantes  prennent la parole les unes après les autres pour dire qu’il y a un problème et qu’il est largement temps de légiférer ! Mais ce sont des sujets profondément politiques. Et les intérêts commerciaux sont sur-représentés à Bruxelles. La société civile ne fait pas le poids.

Vous dénoncez une véritable connivence entre les institutions européennes et les industriels. Qu’en est-il des mesures de transparence prises par la Commission ?

Suite de l’interview sur Usinenouvelle.com

Donc, sans trop d’étonnement, l’on apprend que finalement, ce sont les multinationales et leurs bras armés les lobbys qui décident des décisions politiques à prendre. Et si nos moyens sont limités pour contrer ce genre de magouilles ou de dérives du système, appelez cela comme vous voulez, nous avons néanmoins un moyen d’agir: acheter malin et savoir quels produits ne pas utiliser, ce qui pour le coup s’avère relativement difficile puisque ces produits sont de partout.

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien (PE) ? D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les perturbateurs endocriniens sont « des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme. Elles peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire des effets néfastes sur l’organisme d’un individu ou sur ses descendants ». Ces produits chimiques peuvent être d’origine naturelle ou anthropique (provenant de l’activité humaine).

Produits poison environnement

© Réseau environnement santé

Des effets sur le système hormonal

Les PE exercent ainsi des effets sur les processus de synthèse, de sécrétion, de transport, d’action ou d’élimination des hormones naturelles du corps. Ils peuvent altérer le taux d’hormones dans le sang, imiter les hormones ou les inhiber. L’équilibre du système endocrinien relevant d’une régulation très fine, les dérèglements provoqués par les PE peuvent entraîner de très lourdes conséquences. En particulier, dans les premières étapes de la vie, où nos hormones jouent un rôle très important dans le développement physiologique de l’individu, les impacts des PE sur le fœtus, le nourrisson, ou l’enfant en croissance peuvent s’avérer irréversibles.

1991 : un changement de paradigme

C’est en 1991 avec la déclaration de Wingspread que des chercheurs ont pour la 1re fois formalisé le changement de paradigme toxicologique des perturbateurs endocriniens en 5 points :

  1. la période fait le poison : contrairement à l’adage « c’est la dose qui fait le poison », pour les PE c’est le moment de l’exposition qui compte, pas la dose, et en particulier la vie intra-utérine constitue une fenêtre de grande vulnérabilité à l’exposition aux PE ;
  2. le délai de latence entre l’exposition et l’apparition des effets peut être important ;
  3. la relation dose-effet n’est pas linéaire mais peut présenter, notamment, des courbes en U avec des effets plus forts à faible dose qu’à forte dose ;
  4. l’effet cocktail : les effets d’un mélange de PE peuvent dépasser la somme des effets des substances individuelles et l’on peut aussi observer des effets en combinant des doses qui seraient sans effet prises individuellement ;
  5. les effets transgénérationnels : par des mécanismes biochimiques complexes, désignés sous le terme d’épigénétiques, les effets des PE peuvent se transmettre sur plusieurs générations dans la descendance de l’individu exposé.

Les bouleversements induits par ce changement de paradigme constituent autant de défis pour la recherche scientifique et médicale, l’expertise en matière d’évaluation des risques et bien entendu les réponses politiques.

Quelles conséquences sur la santé ?

Les Perturbateurs Endocriniens (PE) sont associés à toutes les maladies chroniques modernes en pleine expansion : cancers hormono-dépendants, syndrome métabolique, troubles neuro-comportementaux, atteintes à la fertilité et l’appareil de reproduction. Ils pourraient constituer l’une des clefs d’explication de ce que l’OMS désigne comme une « épidémie [mondiale] de maladies non transmissibles ».

Exemples de risques associés aux substances :

  • Le bisphénol A, à lui seul, est associé à des tumeurs mammaires chez la femme exposée in-utero, au diabète de type 2, à des troubles cardiovasculaires, à des troubles de la reproduction et à des problèmes comportementaux.
  • Les phtalates seraient responsables chez le petit garçon du syndrome de dysgénésie testiculaire (dont testicules non-descendus, distance ano-génitale réduite, incidence accrue de cancer) et de troubles métaboliques (diabète de type 2 et obésité).
  • Les parabènes perturberaient le fonctionnement de plusieurs hormones (œstrogènes/androgènes, hormones thyroïdiennes), et sont susceptibles de provoquer des atteintes à la fertilité et à l’activité métabolique.
  • Les composés perfluorés sont associés à des atteintes à la reproduction, des troubles comportementaux et à l’affaiblissement des défenses immunitaires.
  • Plusieurs filtres UV courants dans les cosmétiques comme les composés de benzophénone et des dérivés de camphre sont suspectés d’affecter l’appareil de reproduction de la descendance masculine des individus exposés.
  • Le BHA, antioxydant et conservateur couramment utilisé dans les aliments, les emballages alimentaires et les cosmétiques est associé à une baisse des niveaux d’hormones (testostérone et hormones thyroïdiennes) et des malformations des spermatozoïdes.

Quelques chiffres

  • En 50 ans, la qualité du sperme a diminué de 50% à l’échelle mondiale et le volume séminal de 25 % [1]
  • En France, pour un homme de 35 ans : diminution du nombre de spermatozoïdes entre 1989 et 2005 et augmentation du nombre de spermatozoïdes malformés[2]
  • Le taux de couples n’ayant pu concevoir après 12 mois sans contraception passé de 14 % en 1991 à 24 % en 2012 [3]
  • Augmentation des malformations génitales :
    • hypospadias : malformation de l’urètre qui ne débouche pas à l’extrémité du pénis mais dans sa partie inférieure, qui affecte de 0,2 % et 4 % des jeunes garçons français. Le taux d’intervention chirurgicale est de 1,1 pour 1000 par an avec une augmentation de annuelle de 1,2 %.
[4]
    • crytorchidie : non-descente des testicules dans le scrotum, (+1,8 % d’augmentation par an des interventions chirurgicales)
    • Cancer des testicules : en 2008, l’incidence (taux standardisé mondial pour 100 000 personnes) était de 6,7, en augmentation de 2,5 % par an depuis 1998 [5]
  • Diminution de l’âge de la puberté chez les filles en France : 18 ans au 19e siècle contre 12 ans aujourd’hui. [6]

Quelles conséquences sur l’environnement ?

Les perturbateurs endocriniens sont omniprésents dans l’environnement : on les retrouve dans la quasi-totalité des milieux aquatiques (via les effluents de stations d’épuration, les eaux usées industrielles, les dispersions de pesticides agricoles, etc.) et dans les océans également contaminés par le lessivage des milliards de particules plastiques flottantes qui supplantent peu à peu le plancton en début de chaîne alimentaire. Cette contamination a des impacts sur la faune sauvage.

sic…Zoom sur les produits où l’on retrouve le plus de perturbateurs endocriniens

Zoom sur les produits où l’on retrouve le plus de perturbateurs endocrinien© Noteo Institut

Baumes et maquillage lèvres

  • 40 % des rouges à lèvres et baumes contiennent au moins 1 substance PE,
  • Les substances les plus présentes : Ethylhexyl Methoxycinnamate, Parabènes et Cyclopentasiloxane,
  • L’exposition aux substances est d’autant plus importante que les lèvres sont des muqueuses : l’absorption de ces substances à risques s’opère plus facilement pour passer dans la circulation sanguine.

Focus sur les fonds de teint & crèmes hydratantes

  • 71 % des fonds de teint et 32 % des crèmes hydratantes contiennent au moins 1 substance PE,
  • Les substances les plus présentes : Parabènes et Cyclopentasiloxane,
  • Les agents de pénétration contenus dans les crèmes hydratantes et fonds de teint amplifient l’absorption de ces substances à risques.

Focus sur les dentifrices

  • 30 % des dentifrices contiennent au moins 1 substance PE,
  • Les substances les plus présentes : Parabènes et Triclosan,
  • Les gencives étant très fines, l’absorption de ces substances à risques en est amplifiée.

Focus sur les déodorants

  • 35 % des déodorants contiennent au moins 1 substance PE,
  • Les substances les plus présentes : Parabènes et Cyclopentasiloxane,
  • L’utilisation de produits contenant ces ingrédients à risques sur une peau fragilisée par une dépilation ou un rasage peut engendrer une absorption plus importante du produit.

Hygiène-beauté : existe-t-il des alternatives ?

Peut-on atteindre le 0 % parabène ? 0 % perturbateurs endocriniens ?

Aujourd’hui 60 % des produits d’hygiène-beauté sont dénués de perturbateurs endocriniens.

Dans les autres cas, la problématique se situe souvent au niveau des conservateurs et des filtres UV. Concernant les parabènes, utilisés comme conservateurs du fait de leur capacité à inhiber le développement bactérien, ils interfèrent avec certaines fonctions hormonales.

Afin de limiter leur emploi, les industriels se tournent vers d’autres substances qui ne sont pourtant pas dénuées de risques : Phenoxyethanol (risque Noteo Institut[14] : 14), Benzyl alcohol (risque Noteo Institut : 14), Methylisothiazolinone (MIT) et autres substances rassemblées dans la famille des isothiazolinones (risque Noteo Institut : 9), Dérivés azo de l’urée (Imidazolidinyl urea et Diazolidinyl urea).

Pourtant, la base de données européenne des substances utilisées en cosmétique[15]recense 166 substances pouvant être utilisées comme conservateur. Comme indiqué ci-dessus, certaines sont déjà connues pour présenter un risque mais d’autres resteraient des alternatives viables si elles pouvaient s’inscrire dans une formulation spécifique (pas d’incompatibilité de formule avec d’autres substances du produit).

Des formulations adaptées peuvent aussi permettre de s’affranchir des parabènes et autres conservateurs problématiques, par exemple en utilisant des huiles essentielles, de l’argile ou même certaines algues pour leurs caractéristiques gélifiantes.

Des travaux de recherche et développement sur des packagings « intelligents » permettent aujourd’hui de s’affranchir de conservateurs en limitant la contamination du produit lors de l’utilisation.

Article complet sur Site.generationscobayes.org via sott.net

6 Commentaires

  1. Logique, dépopulation oblige.

    • L’horreur est que ces cochonneries mises partout perturbent un max les foetus dans le ventre de leur mère à environ 40 jours de gestation, malformations variées mâles et femelles sexuelles, aussi avec des cancers 30 plus tard même sur 3 générations (voir le distilbène donné contre les fausses couches sur plus de 3 générations !! )

      L’industrie perdrait tous ses profits à supprimer ces perturbateurs de la vie, aussi elle a mis tous ses moyens à mentir en lobbying, comme pour l’amiante et le tabac !!

      Evitez les au max, comme moi, rasez vous sans crème, avec que de l’eau, car cela marche aussi bien, rien d’industriel !!

      Attention on supprime les parabens et PE pour les remplacer par bien pire les thialozinones, qui sont des neurotoxiques qui, à moins d’une partie par millions, détruisent vos neurones pour finir fou avec Alzheimer (après des allergies ) au lieu de PE !!

  2. http://www.aubonsens.fr/

    un monde monopolisé d’abstraction de conscience à l’insu ou (et) cautionnons les lobbyings contrôle notre vie pire qu’un rat dans un labo.. non?
    zombie-human https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif

    Plus c’est GROS !!!!!! Plus dans le fion °-°

  3. Les PE entraînent une féminisation des mâles
    -diminution de la fertilité
    -malformations génitales
    -et … diminution de la TESTOSTERONE

    Moins de testostérone ? Ce n’est peut-être pas plus mâle ?

    http://lesbrindherbes.org/2015/11/02/du-bienfait-des-perturbateurs-endocriniens/

    • Féminiser les hommes c’est un problème pour les hommes donc pour la société entière, mais pas pour les puissants. La testostérone est associée à « l’agressivité » (l’assertivité, le sens noble du terme), et l’envie de se rebeller. La dopamine joue aussi un peu ce rôle. Au contraire les femmes secrètent moins de dopamine et plus de sérotonine, qui est associée au contraire à la passivité, voir à la soumission (ce sont évidemment pas les seules fonctions de ses hormones mais le reste est hors-sujet).

      Je vous laisse deviner pourquoi la société cherche à affaiblir les hommes par tous les moyens (perturbateurs endocriniens, dégradation de son image dans les médias, diabolisation et ridiculisation de l’homme dans tous les médias, la théorie du genre). L’homme doit devenir une femme (soumis) comme les autres, pour les puissants. Il doit perdre sa puissance et ses repères.

      Après comme dit plus haut, les PE servent aussi à stériliser la population, produire des maladies…

  4. Je constate que les couches jetables pour bébés sont systématiquement ignorée dans le classement des produits dangereux. Elle ne contiennent pourtant pas moins d’une cinquantaine de produits chimiques. De plus, le gel absorbant utiliser dans les couches a été interdit pour les serviettes des femmes aux Etats-Unis.
    Si vous voulez dénoncer la dangerosité de Big Farma, commencez donc par les tout petits, ce sont eux les plus exposés.

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