Accord sur le commerce des services (TISA) : décryptage du mandat de négociation

Le TISA fait partie des plus grandes trahisons que nous puissions subir, et bien sûr, cela se passe en plusieurs étapes afin que le maximum de personnes ne puisse rien voir venir de manière flagrante. Depuis des années donc, des dérégulations sont appliquées dans le pays pour favoriser les marchés privés d’une part, et la libéralisation en général de nôtre système, le tout pour mettre en place un nouveau système uniquement basé sur le profit appelé entre autres noms techniques TAFTA, mais grâce à Sarkozy, il a été popularisé sous le nom de Nouvel Ordre Mondial. Un des outils utilisé dans ce sens, c’est l’emprunt toxique (un exemple ici de l’utilisation de cette arnaque) qui permet la faillite financière de l’ensemble du pays, ce qui réduira au passage les possibilités pour éviter une privatisation totale des services. Ajoutez à cela les deux lois actuellement en train d’être imposées dans le pays, deux lois qui vont finir de libéraliser notre système: la loi Macron extrêmement dangereuse qui va passer en force, et la loi Tourainne qui va « flinguer » le médical « à la française ». Le but est simple pourtant, il faut faire tomber toutes les protections possibles et inimaginables si celles-ci peuvent gêner le profit pour des investisseurs étrangers!

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Il y a près d’un an, les lecteurs de ContreLaCour apprenaient l’existence des négociations sur l’Accord sur le commerce des services (TISA).

Ce nouvel accord, qui vise à une libéralisation poussée du commerce des services, cherche à sortir de l’impasse des négociations de Doha. De fait, en 2012, les Etats-Unis et l’Australie ont pris l’initiative de lancer ces nouvelles négociations entre les seuls membres de l’OMC qui le souhaitaient.
Les dispositions du futur accord ont vocation à, par la suite, être réintégrées dans le cadre de l’OMC, une fois qu’un nombre significatif d’Etats y auront pris part.

Coté Union européenne, la Commission européenne a publié ses directives de négociation le 15 février 2013. Celles-ci ont été approuvées le 18 mars 2013 par le Conseil de l’Union européenne, réuni en session « Agriculture et Pêche ».

Depuis mars, onze cycles de négociations ont eu lieu et ont commencé à soulever de sérieuses inquiétudes de la part des ONG, soucieuses de la préservation des services publics européens.

Le 10 mars dernier, afin de contrer les accusations, ainsi que les critiques sur le manque de transparence, les gouvernements européens, réunis en session « Affaires économiques et financières », ont donné leur accord à la publication du mandat de négociation.

Malheureusement, le mandat reste peu fourni et très inaccessible pour les non-initiés au droit du commerce international.

Décryptage du mandat de négociation

Aller plus loin que l’Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS)

Le mandat rappelle les grands principes promus par l’Union européenne, à savoir dépasser les difficultés connus dans le cadre de l’OMC tout en garantissant l’intégration future du TISA dans l’Accord général sur le commerce des services (AGCS).
Il reconnait la méthode consacré par l’OMC pour permettre l’avancée de la libéralisation. Il s’agit des « mesures de libéralisation autonome« , c’est à dire les mesures de libéralisation prises unilatéralement par les membres de l’OMC dans le cadre de leurs propres processus nationaux ou dans le cadre des programmes d’ajustement structurel de la Banque mondiale et du FMI.

S’agissant d’un accord qui ne se négocie pas avec l’ensemble des membres de l’OMC, l’Union européenne souhaite se protéger de l’application de la clause de la nation la plus favorisée.
En effet, cette clause prévoit que si vous accordez à un Etat une faveur spéciale (en abaissant, par exemple, le droit de douane perçu sur un de ses produits), vous devez le faire pour tous les autres membres de l’OMC. Elle est donc contradictoire avec la mise en place d’un accord entre un membre restreint de pays.
C’est l’article V de l’AGCS qui prévoit cette possibilité de déroger à la clause de la Nation la plus favorisée. Pour cela, il convient de mettre en place un « Accord d’intégration économique ».

Le TISA vise à aller plus loin que l’AGCS dans les domaines suivants : la transparence, la réglementation intérieure, les entreprises d’État, les services de télécommunications, les services informatiques, le commerce électronique, les transferts de données transfrontaliers, les services financiers, les services postaux et de courrier, les services de transport maritime international, les marchés publics de services et les subventions.
Il s’agit de mettre en place des disciplines réglementaires dans les domaines cités afin de promouvoir la libéralisation des services.

Concernant les rapports non discriminatoires entre les Parties à l’accord (dit « Traitement national »), il est prévu de suivre la méthode de la discipline horizontale.
Ainsi, au lieu de traiter les mesures relatives à la fourniture de services au cas par cas, en fonction des secteurs d’activités, ces disciplines « horizontales » ne seront pas spécifiques à un secteur, mais s’appliqueront à toutes les mesures affectant le commerce des services qui relèvent du TISA.
Autrement dit, les disciplines réglementaires précitées seront vraisemblablement des principes de libéralisation applicables à l’ensemble des services concernés par l’Accord.

Concernant le règlement des différends, il faut savoir qu’un organe spécifique existe à l’OMC afin de résoudre les litiges entre les Etats.
Dans le cadre du TISA, l’Union européenne souhaite mettre en place un mécanisme spécifique sur le modèle de celui existant au sein de l’OMC. A ce titre, le mandat suit la volonté des parlementaires européens exprimé dans un avis du 4 juillet 2013.

Les domaines exclus de l’Accord

Enfin, le mandat indique que l’Accord ne devra pas porter sur le domaine de l’audiovisuel.
Il devra respecter « le droit de l’UE et de ses États membres de réglementer la fourniture de services sur leur territoire et d’introduire de nouvelles règles en la matière, en vue d’atteindre des objectifs de politique publique« .
La notion d’objectifs de politique publique devra être interprétée au sens de l’OMC. Ainsi, un objectif de politique publique (protection de la santé, de la sécurité et du bien-être des consommateurs) devra être mis en œuvre par les gouvernements dans le cadre de mesures proportionnelles. Elles ne devront pas constituer une entrave non nécessaire au commerce.

Concernant les services publics, le mandat rappelle deux éléments :
– « l’accord ne couvrira pas les services fournis dans l’exercice du pouvoir gouvernemental »
Il s’agit d’un service qui n’est “fourni ni sur une base commerciale, ni en concurrence avec un ou plusieurs fournisseurs de services”. On pense notamment à la police, la protection contre l’incendie, l’émission de la monnaie, la sécurité sociale obligatoire et la collecte de l’impôt.
– « la grande qualité des services publics de l’UE devrait être préservée conformément au TFUE »
La gestion des services publics ne devraient pas être bouleversée par le TISA. Il faut rappeler que le droit européen exclut du principe de libre concurrence les services d’intérêt général (dont la définition se rapproche des services fournis dans l’exercice du pouvoir gouvernemental). Les services d’intérêt économique général sont quant à eux soumis à la libre concurrence sous réserve de dérogations :
« Les entreprises chargées de la gestion de service d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux règles du présent traité, notamment aux règles de concurrence, dans les limites où l’application de ces règles ne fait pas échec à l’accomplissement en droit ou en fait de la mission particulière qui leur a été impartie. » (article 106 du TFUE)
Ainsi certains services de transport, de santé, d’énergie, peuvent continuer d’être fournis en régie (sans mise en concurrence) ou disposer de subventions publiques.

Il y a cependant une chose nouvelle qui serait introduite dans le cadre du TISA : les clauses de statu quo et/ou à effet de cliquet.
Comme indiqué plus haut, l’accord vise à mettre en place des principes de libéralisation applicables à l’ensemble des services concernés par l’Accord. A ce titre, le TISA prévoit, non pas de lister les accords concernés, mais, à l’inverse, de lister les accords non concernés. On parle de « liste négative« .
Tous les services et modes de services pour lesquels l’UE souhaite maintenir des pratiques discriminatoires envers ses partenaires devront être explicitement listés.
Ce travail sera d’autant plus essentiel que le mandat prévoit la mise en place d’une clause de statu quo et/ou à effet de cliquet. Ainsi :
1°) il ne serait plus possible d’ajouter un service exempté une fois le traité entré en vigueur (statu quo)
2°) dans le cadre de l’exécution du traité, si l’UE décide de libéraliser un nouveau service, il ne serait plus possible de revenir sur cette décision (effet de cliquet).

Source et fin de l’article sur Pcfbassin.fr

Pour l’instant, nous n’avons entendu aucun syndicat national défendre les français là dessus, ni expliquer ce qu’il en est réellement. Les médias sont également assez discrets, quand aux partis qui se battent littéralement pour gagner les élections du moment, ils vont tous dans le même sens, dans l’application du TAFTA en France, sinon, ne pensez-vous pas qu’ils dénonceraient cette abomination?

2 Commentaires

  1. Les syndicats devront être poussés par les gens à s’intéresser à la question.
    Seulement les 3/4 des gens bêlent à l’unisson contre les syndicats, surtout d’ailleurs contre la CGT puisque cette formation syndicale , malgré d’évidentes taupes qu’il lui faut éliminer, reste la seule centrale syndicale à vraiment défendre encore les gens ici ou là dans les luttes.
    Je ne parle pas de Montreuil là où se cachent les planqués. Moi je parle au nom des syndiqués de terrain, de ceux qui luttent au quotidien à cotés des salariés.
    Tant que la grande masse des gens crachera comme actuellement sur ce syndicat, le système aura son pare feu.
    C’est d’ailleurs assez cocasse de voir bien plus de gens qui dégueulent sur les syndicats que sur les…exploiteurs !!!

  2. Merci, Benji pour ces précisions et cet article, mais il était antérieur à la déclassification qui vient d’être faite le 10 mars dernier après plus de deux ans de secret :
    http://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-6891-2013-ADD-1-DCL-1/FR/pdf

    Mais d’autres secteurs sont concernés car (7)
    « L’accord devra comporter des disciplines réglementaires nouvelles ou renforcées …. A cette fin, les négociations devraient viser à inclure notamment des disciplines réglementaires relatives à la transparence, à la réglementation intérieure, aux entreprises d’Etat, aux services de télécommunications, aux services informatiques, au commerce électronique, aux transferts de données transfrontaliers, aux services financiers, aux services postaux et de courrier, aux services de transport maritime international, aux marchés publics de services et aux subventions » … donc même si toutes les fonctions régaliennes ne sont pas incluses dans le présent accord c’est la fin de certaines fonctions publiques !!!! (incluses dans les entreprises d’Etat, ou les marchés publics de services …) et il est à craindre que ce soit beaucoup plus large que ne le laissait penser l’article de ContreLaCour de l’année dernière. Donc par exemple les hopitaux, l’eau, l’équipement … et pourquoi pas un jour l’enseignement !
    Ne sont exclus (2) que le domaine de l’audiovisuel et les services fournis dans l’exercice du pouvoir gouvernemental.
    A faire lire à certains fonctionnaires … dès qu’ils peuvent être remplacés par un secteur privé car « L’accord devrait … prévoir l’absence ou l’élimination des mesures discriminatoires existantes et/ou l’interdiction de nouvelles mesures discriminatoires ou de mesures plus discriminatoires ».

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