La préparation psychologique des populations européennes, majoritairement hostiles au futur partenariat transatlantique et à toute nouvelle avancée du libre échange, tient sur un seul argument, du reste peu utilisé jusqu’à maintenant car relativement foireux : il s’agit comme toujours de la croissance et de l’emploi.
Cet argument est un peu l’arlésienne du petit économiste, mobilisable pour tout et n’importe quoi, et cela depuis des décennies. Maastricht, l’UE, l’euro, c’était déjà bon pour la croissance et l’emploi. On a vu. Pour ne prendre que le dernier exemple, depuis le passage à la monnaie unique, la zone euro s’en sort en effet moins bien que les autres pays en terme de croissance, comme l’illustre du reste ce graphique de Charles Gave :
La croissance et l’emploi constituent néanmoins l’unique argument des promoteurs du TAFTA pour justifier auprès de l’opinion publique les négociations actuellement en cours. Evidemment les véritables enjeux sont très éloignés de l’argumentaire officiel.
Il s’agit par exemple de la suppression des barrières tarifaires qui existent encore entre les deux zones, ce qui permettrait aux multinationales de gonfler encore leurs marges, mais aussi de la convergence réglementaire, au niveau des services financiers notamment, dont les américains ne veulent pour l’instant pas entendre parler et pour cause, l‘acte Dodd-Franck adopté aux états-unis après la crise de 2008 et destiné à limiter le risque bancaire systémique, est beaucoup plus contraignant en la matière que la législation européenne…
Malgré ces différents éléments, il n’en reste pas moins que dans l’esprit des élites dirigeantes, l’emploi est forcément lié à la croissance puisqu’elles raisonnent fonctionnent avec un modèle économique d’inspiration néolibérale et capitalistique, où les perspectives de croissance conditionnent la vitalité du marché de l’emploi. Ce présupposé n’est pas solidement fondé et le lien entre croissance et emploi est de moins en moins avéré.
Le secteur financier par exemple, représentait 4,6 % du PIB de la France en 2008 mais seulement 1,4 % des emplois…
De manière plus générale, les exigences de plus en plus fortes en rémunération du capital ont un effet dévastateur. Dans cette perspective le travail est en effet vu uniquement comme un coût et devient par la même une variable d’ajustement de la rentabilité du capital ce qui entraîne une série de phénomènes destructeurs comme les licenciements boursiers et les délocalisations.
D’autre part les gains de productivité ne se traduisent pas toujours par des créations d’emploi supplémentaires. Ils peuvent être affectés prioritairement à la rémunération du capital et se traduisent alors dans les faits par des compressions d’effectifs. La robotisation et les gains d’efficience rendus possibles par l’outil informatique sont deux causes majeures de non recours à l’embauche mais également de destruction d’emplois du fait de l’automatisation qui touche de plus en plus de secteurs d’activité.
Une étude récente menée par l’université d’Oxford sur le sujet concluait ainsi que presque la moitié des emplois étaient susceptibles d’être automatisés dans les 20 années à venir. Le groupe Carrefour a commencé à implanté des caisses automatiques et devrait continuer à étendre son dispositif, comme du reste d’autres enseignes de la grande distribution. Amazon ou le Taiwanais Foxconn ont lancé un plan d’automatisation massif de la gestion de leurs entrepôts. Si les emplois supprimés ne sont pas parmi les plus gratifiants, rien ne laisse penser qu’ils pourront être remplacés par de nouveaux, à court ou à moyen terme.
Ainsi, les perspectives de croissance, comme dans l’économie numérique, sont aujourd’hui de plus en plus liées à des secteurs peu créateurs d’emploi dans le contexte actuel, voir destructeurs d’emplois.
Même en adoptant une approche économique néo-classique, il faut un minimum de 3% de croissance pour que cette dernière se traduise par des créations d’emploi nettes (c’est à dire en plus du simple remplacement des départs à la retraite). C’est ce que les économistes appellent la « loi d’Okun ». Il faut noter à propos de cette loi, qui établi formellement le lien entre croissance économique et création d’emploi, qu’en dessous de 3 % de croissance, les gains de productivité se traduisent dans les faits par des destructions nettes d’emploi. Pour que la croissance crée effectivement de l’emploi il faut donc qu’elle soit supérieure aux gains de productivité, ce qui n’est absolument pas le cas actuellement au sein de l’UE. Il y avait 0,1 % de croissance pour l’année 2013 alors que la productivité par heures travaillées a progressé dans le même temps de 0,6 %.
Actuellement les gisements d’emploi potentiels se trouvent essentiellement dans les secteurs non robotisables, non délocalisables, et où l’informatisation ne se traduit pas par des compressions d’effectifs.
Ce sont des secteurs connaissant donc peu de gains de productivité et où ceux-ci sont du reste souvent difficilement mesurables. Ce sont donc également des secteurs connaissant une faible rentabilité du capital, du fait principalement de la part importante des salaires dans leur valeur ajoutée. Il s’agit essentiellement des services à la personne, de la santé ou encore de l’éducation. Ces différents facteurs (faible rentabilité du capital, gains de productivité limités, emplois non délocalisables) expliquent que ces secteurs soient largement investis par le service public et en tant que tels ils sont actuellement victimes de l’idéologie austéritaire qui conduit à un sous-financement chronique et à des situations de sous-emploi.
Ces secteurs sont très peu impactés par les perspectives d’exportation, ils sont par définition fortement localisés, on voit mal dans ces conditions les bénéfices qu’ils pourraient retirer du futur partenariat transatlantique.
De manière générale, comme l’histoire des délocalisations le montre, l’ouverture commerciale et le libre échange ont massivement détruit l’emploi en France, et particulièrement dans le secteur industriel. Ce dernier a perdu 36 % de ses effectifs en 30 ans, presque 2 millions d’emplois. On voit mal pourquoi le processus s’inverserait aujourd’hui simplement parce que les technocrates l’ont décidé…
Le commissaire européen De Gucht parle ainsi de « 0,5 à 1% de croissance supplémentaire pour la zone euro » et de « centaines de milliers d’emplois créés ». Une telle évaluation est concrètement impossible à faire, les modèles macro économiques sont en effet incapables de donner une estimation correcte du PIB un an à l’avance, comment dans ce contexte pourrait-on prévoir les impacts et retombées économiques d’un accord en cours de négociation, dont le contenu définitif n’a donc pas encore été arrêté et qui concerne les deux plus grosses zones économiques mondiales, cela à une échelle de plusieurs années ? C’est du pur et simple foutage de gueule.
Concernant les centaines de milliers d’emplois créés, à l’échelle de l’Union Européenne, la population active étant de 239 millions de personnes en 2014, on voit tout de suite l’effet monstrueux que pourront avoir ces créations d’emploi par « centaines de milliers »… Ramenées aux 26 millions de chômeurs de l’UE, ont voit également l’impact monumental sur l’emploi qui devrait, dans le meilleur des cas (si l’on prend l’hypothèse la plus haute de 900000 créations d’emploi) se traduire par une réduction du taux de chômage de 10,8% à 10,5%, soit une baisse de 0,3%. Enorme ! Et cela bien sûr, dans le meilleur des cas, et selon les hypothèses du négociateur européen De Gucht… On comprend donc tout de suite qu’il s’agit d’un accord importantissime pour la croissance et l’emploi qui justifiera bien quelques concessions en retour…
Guillaume Borel pour les moutons enragés
Qui touche le SMIC aux USA et en France ?
La comparaison avec les Etats-Unis est très révélatrice car elle contribue à briser d’autres mythes sur l’économie de ce pays considéré comme « ultralibéral ».
S’il existe officiellement aux Etats-Unis un salaire minimum fédéral de 5,15 dollars de l’heure, de nombreux Etats ont instauré leur propre salaire minimum.
http://www.ifrap.org/Le-SMIC-en-France-et-aux-Etats-Unis,133.html
http://www.liberation.fr/monde/2014/04/30/l-augmentation-du-salaire-minimum-rejetee-au-senat-americain_1008195
Quelle croissance ? Quels emplois ?
Ce mode de fonctionnement n’est-il pas définitivement caduc ?
mais les américains ne sont pas favorable non plus a toutes formes de traiter ils se reveillent d’un rêve qui n’est pas le leur la crise de 2008 a laisser de proffondes blessures la fracture sociale n’a jamais été aussi grande et la rebellion est proches oh non plus seulement les laisser pour compte (ils n’en n’ont plus la force) non mais la middle class a qui on a briser ses rêves par des mensonges et des manipulations en tout genres.
http://www.foxnews.com/politics/2014/06/22/louisiana-gov-jindal-claims-rebellion-brewing-against-washington/
http://www.washingtonpost.com/blogs/the-fix/wp/2014/06/23/south-dakota-wants-to-impeach-president-obama-theyll-have-to-get-in-line/
depuis 3 mois, 3 proches du président on du démissioné qui vat-il sacrifier cette fois ci?
on tout cas beaucoup veulent qu’il démissionne et cela ne métonnerai pas qu’un petit scandale genre watergate éclate…. mème Hilary qui veut la présidence en 2016 le lâche……….
La population américaine est d’environ 450 millions de personnes. Le nombre de personnes aux states vivant sous le seuil de pauvreté est d’environ 45 millions. Soit 10% de leur population.
Comment un pays peut il à ce point devenir destructeur pour sa propre population ( sans même parler de l’impact de sa politique sur l’ensemble du globe ) ?
Les américains ne sont pas plus dupes que nous. Ils savent pertinemment que les traités trans pacifiques et trans atlantiques ne profiteront encore une fois qu’à une certaine catégorie de la population, celle qui n’est pas du tout dans le besoin. Les retombées économiques pour les « middle class » sont plus que théoriques, pour ne pas dire totalement illusoires, et les pauvres n’auront RIEN.
Ce pays me dégoute de plus en plus…. mais si on fait la comparaison avec l’Europe et en particulier la France, les chiffres ne sont pas les mêmes mais le sentiment provoqué tend vers une certaine symétrie.
Il ne nous restera bientôt plus que nos bras pour être esclaves d’un système complètement fou. Si on nous laisse nos bras…
Puisque ces statistiques,ces sondages nous sont apportés sur un plateau
voilà un autre sondage sur un plateau
Les têtes des sondeurs feront l’objet d’un traîtement approprié
vinaigrette :oui 98 %
Hahah,bisous robertespierre,être sondés,quelle horreur dans les chapiteaux de F TV devant des milliards de sodomisés..
genre plateau à fromages 🙂
Et rappelons aussi que chaque état des USA n’est pas obliger de respecter les accords qui pourraient permettre a des entrepreneurs européens de développer des nouveaux marchés aux USA, en faisant casser des normes ou des lois (plus particulièrement sanitaires). Car le législateur américain pourra libéraliser et ouvrir des portes. Mais chaque état pourra très bien les refermer sans aucune chance de jouer le jeu de l’accord transatlantique. A titre d’exemple, l’appellation « château » pour les vins français, qui est actuellement protéger, fait l’objet de procédure pour casser cette exclusivité et permettre aux vins américains de prendre aussi cette appellation. Par contre, est ce que les vignobles français pourraient casser la sur taxe dont leurs vins font l’objets dans le cadre d’exportation dans certains état ? Ou est ce que l’artisan de tapenade provençale pourra t-il exporter aux USA sans être obliger de passer toute les batterie de procédures et règles sanitaires, pour finalement ce voir refuser l’exportation parce que « pas aux normes américaines… » ?
@Bobbafett84 : c’est tout l’enjeu des négociations actuelles. Les indications géographiques et l’application subfédérale de la convergence réglementaire sont deux points d’achoppement majeur entre les négociateurs… Du reste, les négociations sont tout simplement bloquées à l’heure actuelle…