Condamnés à mourir dans le plus grand silence: les réfugiés de l’atome forcés au retour en zone contaminée

Le Japon, sa culture, son riz, ses traditions ancestrales, et ses radiations… Depuis la catastrophe de la centrale de Fukushima-Daïchi devenue planétaire et incontrôlable, les japonais sont voués à un destin funeste sur lequel le gouvernement tente d’imposer un voile, celui du silence. La propagande est même phénoménale dans le domaine, ils en viennent même à dire que si une zone est contaminée et dangereuse, les zones qui l’entourent restent saines comme c’est le cas pour ce jardin d’enfant en plein Tokyo fermé car trop radioactif, le reste de la ville serait quand à lui sain et ne représenterait aucun danger…

Des solutions, si elles existent, sont relativement peu nombreuses, voire illusoires… Comme ce « mur de glace » construit autour de la centrale pour tenter de contenir les eaux radioactives, ce qui a foiré de la plus belle manière. Il y aurait bien une solution, mais peu envisageable, extrême et surtout il est déjà trop tard, cela serait de faire exploser cette région pour que la plaque sur laquelle repose la centrale bascule dans l’océan, et que les coeurs des réacteurs se refroidissent en profondeur, directement au fond de l’océan. Mais vous voyez, c’est irréalisable. Peut-être un jour « mère nature » aidera dans ce sens avec un nouveau séisme de grande ampleur…

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Les 120 000 déplacés nucléaires de Fukushima font face à des pressions gouvernementales croissantes pour retourner vivre dans les zones pourtant fortement contaminées. Alors que la centrale ravagée continue de déverser sa radioactivité, le gouvernement japonais, farouchement pro-nucléaire, veut donner l’illusion d’un retour à la normale.

De notre envoyé spécial au Japon. – « Ma maison est inhabitable. Elle est beaucoup trop radioactive. » Assis en tailleur sur son tatami, M. Nakano, 67 ans, ouvre son quotidien local à la page qui donne chaque jour, comme si c’était la météo, les taux de radioactivité de chaque hameau situé autour de la centrale dévastée de Fukushima Daiichi. Au feutre rouge, il a dessiné un point devant le taux de son village : 14,11 μSv/h. « C’est très élevé et très dangereux. En plus, c’est une mesure officielle, à laquelle je ne fais pas confiance. Je pense que la radioactivité y est en réalité encore plus forte. »

Dans les zones évacuées, les courtes visites sont tout de même autorisées la journée. M. Nakano s’est ainsi rendu avec sa femme, en décembre dernier, dans leur maison désertée, située dans la commune d’Okuma, pour une cérémonie et des prières à la mémoire de son père défunt. Sur des photos prises lors de la visite, le couple apparaît couvert de protections de la tête aux pieds : blouse, masque, sac plastique autour des chaussures. « Nous n’aimons pas trop y aller. La maison est abîmée, les animaux sauvages y entrent, nous avons été cambriolés. Il n’y a rien à faire, à part prier, laisser des fleurs et regarder. La dernière fois, on est restés 20 minutes, et on est repartis. »

M. et Mme Nagano vivent depuis 4 ans dans un petit deux-pièces, situé dans une barre de logements provisoires et préfabriqués, construits en urgence après l’explosion de la centrale. Au lendemain de la tragédie du 11 mars 2011, toute la commune d’Okuma, sa mairie, son administration et ses 11 500 habitants ont déménagé dans la ville d’Aizu-Wakamatsu, à 120 km du lieu de l’accident. Autour de cette cité d’accueil se sont multipliées ces barres de logements temporaires gris, sans étage et impeccablement entretenus.

Dans le salon minuscule des Nakano, une table basse, un tatami et deux télés. Sur les murs beiges où les vis sont apparentes, ils n’ont accroché que deux photos : des clichés aériens de leur grande maison abandonnée, avec la centrale en arrière-plan. De leur unique fenêtre, la vue donne sur les autres préfabriqués. « Au début, tous ces logements étaient remplis. Mais ils sont à moitié vides maintenant, soupire M. Nakano. Seuls les plus âgés, 70 ans en moyenne, sont restés. Les jeunes partent s’installer ailleurs et refont leur vie. »

Comme Yoshida Kuniyoshi, 34 ans. Cheveux long, petite barbiche, voix posée et déterminée, ce diplômé d’une université de Tokyo s’exprime en anglais. Originaire lui aussi d’Okuma, il vit dans une maison vacante d’Aizu-Wakamatsu, dont le loyer lui est payé par le gouvernement. Éditeur d’une petite revue locale, il gagne sa vie en donnant des cours de soutien scolaire dans une salle de classe improvisée, au premier étage de son domicile. « Le lendemain du tsunami, les haut-parleurs de la commune nous ont donné l’ordre d’évacuer à cause des radiations, se souvient-il. Avec mes parents, nous nous sommes enfuis à bord de camions de l’arméeJe suis très reconnaissant envers les habitants d’Aizu-Wakamatsu qui nous ont accueillis. »

Yoshida Kuniyoshi sort d’un placard son compteur Geiger, soigneusement enveloppé dans une pochette en plastique. « Quand je retourne chez moi, ça bipe comme un fou, c’est flippant. » Sur son tableau noir, à la craie, il indique les doses maximales de radioactivité, bien trop élevées selon lui, autorisées par le gouvernement dans les zones où l’ordre d’évacuation sera bientôt levé. « Je ne leur fais pas confiance. Quand ils nous disent “c’est sûr”, je les soupçonne surtout de servir les desseins de l’industrie nucléaire. »

Jeune marié, il n’a aucune envie de retourner s’installer dans sa maison irradiée, malgré la probable fin, d’ici deux ans, des indemnités et des aides financières. « Les journaux proches du gouvernement écrivent que les évacués coûtent trop cher. Il y a une pression pour mettre fin aux compensations données aux réfugiés nucléaires. Je pense que dans mon cas, elles cesseront dès 2017, comme c’est déjà prévu dans certaines zones. 2017 sera une année de combat », prévient-il, dans un petit rire amer.

Ces indemnités sont pourtant modestes : 100 000 yens par mois (725 euros), une somme qui permet à peine de survivre dans un Japon où le coût de la vie est très élevé. Leur fin programmée est l’une des mesures les plus coercitives mises en place par le gouvernement du premier ministre Shinzo Abe, arc-bouté sur sa politique pro-nucléaire, pour contraindre les populations à retourner vivre dans les zones contaminées. Un grand nombre des 120 000 réfugiés nucléaires (officiellement enregistrés comme tels) étaient propriétaires de leur maison ou de leur ferme ; or la région n’est pas riche, et beaucoup n’auront pas les moyens financiers de s’installer ailleurs.

Pour rassurer les populations déplacées sur leur retour, le gouvernement a lancé des travaux gigantesques de « décontamination » : pendant des mois, dans les zones évacuées parmi les moins irradiées, des milliers de travailleurs grattent les sols, enlèvent 5 cm de terre autour des habitations et dans les rizières, reconstruisent les routes, tentent de retirer le césium radioactif qui s’accroche aux surfaces. Ces travaux sont très onéreux, produisent des milliers de tonnes de déchets radioactifs qu’il faudra entreposer quelque part… et leur efficacité est remise en doute.

« Ce que nous observons en pratique, c’est que dans ces soi-disant “zones décontaminées”, 90 % du territoire reste contaminé. La région possède beaucoup de forêts, qui sont impossibles à nettoyer. Les gens vont donc revenir dans des zones constituées d’îlots et de couloirs décontaminés, alors que le reste est toujours irradié, accuse Jan van de Putte, expert nucléaire de Greenpeace, interviewé dans le petit bureau de l’ONG à Tokyo. Ce n’est pas un endroit où vous voulez laisser vos enfants jouer dans la nature. Nous pensons que les populations évacuées devraient au minimum avoir le droit de choisir de rentrer, ou pas. Mais le gouvernement leur impose son opinion, ce qui est totalement irresponsable. »

L’administration Abe veut à tout prix relancer une partie des 48 réacteurs à l’arrêt

Dans la plupart des pays, la dose maximale de radioactivité admissible (en dehors de la radioactivité naturelle et des doses reçues lors de traitements médicaux comme les scanners) est fixée à 1 milliSievert (mSv) par an. C’est notamment le cas en France. Pour les travailleurs du secteur nucléaire, cette dose maximale passe à 20mSv/an. Or, à Fukushima, le gouvernement entend bientôt lever l’ordre d’évacuation dans des zones fortement irradiées, où même après « décontamination », les populations seront exposées à des doses proches de 20 mSv/an, « et jusqu’à 50 mSv/ an dans les endroits non-nettoyés », avertit Jan van de Putte.

« C’est considérable. Je rappelle que c’est la norme pour les employés français du nucléaire, une norme qui sera appliquée à des enfants, à des nouveau-nés, à tout le monde ! Et il est évident que cela aura des conséquences sanitaires énormes », dénonce Cécile Asanuma-Brice, directrice adjointe du bureau du CNRS à Tokyo et chercheuse associée à la maison franco-japonaise de la capitale.

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7 Commentaires

  1. Ce gouvernement est criminel, que quelqu’un propose à ces dirigeants d’habiter là bas pendant quelques mois avec leur famille, on verra s’il ne vont pas fuir à toute jambe

  2. D’un côté nous avons Mr. Nakano qui nous dit que le taux de radioactivité officiel dans son village est de 14.11µSv/h et de l’autre nous avons Mr. Putte ******** qui nous dit que certains habitants seront exposés à 50mSv/an au maximum dans certaines zones.

    Hors 14.11 µSv/h donne 123,69 mSv/an. Et ce ne sont que les chiffres officiels.

  3. C’est criminel en effet. Encore un gouvernement qui ne prend pas ses responsabilités et se fiche bien de sa population. Pourtant, lorsque ces gens-là seront atteints, il faudra bien les soigner, non ? Lamentable !

  4. IL doit y avoir un genre d’ATTALI au JAPON. Renvoyer les victimes de l’atome en zone encore contaminée est ODIEUX, ignoble, inqualifiable.

    En achetant mon poisson me suis même posé la question de savoir s’il n’arrivait pas du Japon chez nous en congelé !

    Japon = la peur dans l’assiette pour les Japonais et pour nous en Europe !

  5. Il n’y a pas que le Japon c’est tout le pacifique

  6. Exemple de connerie humaine poussée à son paroxysme
    http://www.gespoir.com/DSL/PDF/Japon_26-11-11.pdf
    Que ce clown ai avalé des légumes irradiés de son plein grès c’est une chose. Mais se retrouver catapulté manu militari dans une zone contaminée ,c’en est une autre .

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