Agriculture : « On fabrique des fermes de merde, littéralement »

vache-à-lait
Le Salon de l’agriculture s’est achevé hier. L’occasion de revenir, grâce à cette carte interactive de la Confédération paysanne, sur cette trentaine d’exploitations à côté desquelles la ferme des Mille vaches ferait presque pâle figure. Des « fermes-usines » aux proportions titanesques…

Des exploitations de plus d’un million et demi de volailles par an, l’engraissement de 120 000 agneaux ou la production en batterie de 23 000 porcelets sont autant de projets agricoles qui ont reçu l’approbation des différentes préfectures concernées.

On apprend ainsi qu’une ferme à Espelette (64) élève 3 000 brebis laitières et 300 chèvres, une autre à Souraïde (64) possède déjà 4 500 brebis laitières et 700 chèvres ou encore à Rullac-Saint-Cirq (12) 120 000 agneaux sont engraissés à la chaîne.

Les élevages de volailles sont les plus effrayants. Il est impossible de se représenter fidèlement plus d’un million de poules entassées dans des volières géantes. Impossible puisqu’inhumain. Pourtant, à Pamproux (79), la société Pampr’œuf a implanté un élevage qui compte 600 000 poulettes et 600 000 poules pondeuses. Un total d’un million deux cent mille gallinacés s’entassent sous de gigantesques hangars en tôle pour produire 700 millions d’œufs par an. Soit près de 5% de la consommation française à lui tout seul.

La Confédération paysanne recense six autres fermes aviaires similaires dont celle de Steinseltz qui compte 1,5 million de poules à l’année. Réunies, ces sept fermes concentrent 4,2 millions d’animaux élevés la plupart du temps en cage ou en volière sans voir la lumière du jour, soit environ 10% de la totalité des poules d’élevage en France.

Avec ce type d’exploitations, l’industrie a pris le pas sur l’agriculture paysanne. Pourquoi toujours plus gros ? La faute à la PAC, nous explique Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. Les aides publiques européennes ne sont pas versées en fonction des besoins de l’exploitation, mais proportionnellement au nombre d’hectares cultivés ou de têtes de bétail. « Ce que nous voulons, poursuit-il, c’est une allocation calculée en fonction du nombre d’emplois sur l’exploitation. Le système agricole actuel arrive au bout de sa logique. Les paysans disparaissent en France et les méga exploitations ternissent l’image de la gastronomie française. Les produits de ces usines perdent leur authenticité et leur goût parce que les bêtes sont parquées à mille dans des endroits confinés qui favorisent la transmission de maladies. Alors, en prévention, elles sont gavées d’antibiotiques. »

Les 29 grandes exploitations en question s’inspirent de ce qui se fait aux Etats-Unis, en Allemagne, en Espagne ou encore en Afrique du Sud. Les règlementations y sont beaucoup plus permissives qu’en France et les élevages comptent parfois des dizaines de milliers de têtes.

Outre la compétitivité internationale, l’autre argument avancé par les défenseurs de cette agriculture démesurée est l’entraide que peuvent s’offrir les agriculteurs ainsi rassemblés à la tête de ces fermes usines. Tout agriculteur, s’il travaille seul, est en quelque sorte esclave de son exploitation. L’élevage ne connaît en effet ni dimanche, ni vacances, ni jour férié, et encore moins les 35 heures. Certains prônent donc le regroupement pour s’accorder de temps en temps un repos bien mérité.

C’est d’ailleurs ainsi que le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll nous présente ces « méga fermes » qui seraient d’abord la combinaison de plusieurs agriculteurs amenant chacun dans ses bagages une dizaine de têtes et d’hectares. « Moi je suis pour que l’on donne aux agriculteurs une capacité à se regrouper. Je prends l’exemple du projet sur les 1 000 veaux dans la Creuse. Tout le monde est contre. Mais ce projet est porté par 52 fermes qui préfèrent se regrouper plutôt que d’avoir 52 fois un petit atelier d’engraissement ».

Source+article en intégralité+carte sur Marianne.net

 

15 Commentaires

  1. Il y a plusieurs raisons qui font qu’on a une agriculture gavée à l’industrie et à la superficie..
    Côté hectare, on assiste à des paysans en fin de course qui préfèrent vendre leurs hectares au voisin et la ferme à part, accompagnée de quelques milliers de mètres. Ca évite les conflits parce que vendre sa terre à un inconnu plutôt qu’à l’agriculteur du coin, c’est mal vu. Une belle idée préconçue dans le monde agricole qui dit que seul des hectares en plus peuvent aider un agriculteur dans la faillite. Et comme ils sont presque tous pris à la gorge par leurs crédits…

    Et puis quand le fils ou la fille reprend l’exploitation familiale, on profite du statut Jeune Agriculteur pour racheter du matériel et lui faire contracter un crédit, puisque les JA ont des aides sur le matériel (suffit de changer de statut juridique de l’entreprise pour qu’une entreprise « soit créée par un JA »)…

    Heureusement une nouvelle génération d’installés voit le jour, orientés permaculture ou biodynamie, la plupart ne sont encore que cotisants solidaires aux yeux de la MSA, mais laissons leur le temps de faire leurs preuves, le milieu évolue et cherche vraiment à créer des jardins d’abondance sur les quelques hectares encore disponibles.

  2. je souhaite TOUT SIMPLEMENT qu’un jour PROCHE on fasse
    subir aux Hommes toutes les tortures qu’ils font subir
    à ses pauvres animaux pour une histoire de rendement donc
    de fric !!

    L’Homme n’est pas supérieur à l’animal. C’est UN ANIMAL
    LUI-MÊME. LE PIRE DE TOUTES LES ESPÈCES VIVANTES

    J’espère qu’il y a un enfer et que ces pourris s’y rendent
    à peine le dernier soupir rendu.

    • la plupart des gens sont égoïstes et individualistes;
      Parfois ils sont conscients et dans la minute d’après ils reprennent vite leur habitude, c’est désespérant..

      J’adore entendre des gens comme vous Dubitatif
      on se sent moins seul.
      Merci pour votre commentaire https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif

      • Ca c’est bien vrai lily!

        Je souhaite au plus profond de moi même que cette shoah qu’on a fait à des millions d’animaux chaque jour s’arrête.

        C’est un enfer sur Terre pour eux. Ce sont des terriens comme nous. Pourquoi nos intérêts seraient ils supérieurs aux leurs? Ils veulent juste vivre.

  3. Arrêtons de manger de la viande et des produits laitiers pas cher…
    Et si tu es pauvre, arrête tout court. ) provok inside (

    Si tu veux changer le monde, change toi toi-même et parles-en à ton voisin.

  4. http://naturealerte.blogspot.fr/2015/02/23022015france-eh-youpla-voici-la-carte.html

    11 000 porcs serrés les uns à côté des autres. 120 000 agneaux engraissés dans un même lieu. Non, ce n’est pas un cauchemar, mais les différents visages de l’industrialisation de notre agriculture. Voici la carte qui recense ces dérives industrielles.

    La Confédération paysanne publie aujourd’hui une carte de France de ce phénomène sans précédent. Le syndicat recense une trentaine de « projets phares », témoins d’un dévoiement dangereux du modèle productiviste. « C’est une agriculture destructrice d’emplois, incompatible avec la préservation de notre environnement et prédatrice d’une agriculture à taille humaine », explique le syndicat paysan.

    > et si a terme, tous ces projets venaient à se multiplier,
    en terme d’intérêts financiers,appuyés par les intérêts politiques servile à bruxelles,et à ses subventions
    ces usines deviendront des fermes d’intérêts national,au même titre que d’autres et défendus si besoin.
    et encadrés si nécessaire,pour que le fric coule à flot

    • …Et si, tout simplement, le mouvement vers la reconversion bio « poursuivait » son essor?

      Les animaux élevés sous hangar coincés les uns sur les autres, c’est mal perçu par la majorité de la population. Une réaction s’est produite du côté du secteur agricole, à force d’être aussi mal perçus par les autres, mais aussi parce que beaucoup sont tombés malades à cause des pesticides. Et beaucoup ont perdu simplement leur terre à force de ne plus rien récolter sur un sol mort, et à force de contracter des crédits en matériels et autres produits en tout genre, croyant encore que c’est la solution.
      Les autres se remettent donc en question, ne veulent ni tomber sous les crédits, ni tomber malade.
      Certes, la mouvance n’en n’est qu’à ses balbutiements, le bio à mes yeux est très loin d’être parfait, il y a mieux, mais ça demande du temps d’un point de vue Nature Portefeuille et Mentalité.

      Je cherche à m’installer, et quand on se lance dans les démarches, on s’aperçoit clairement qu’aujourd’hui on nous invite à privilégier les circuits courts, à faire du haut de gamme, de la forte valeur ajoutée, des races rares, etc.

      En terme d’intérêt financier, aux yeux de Bruxelles (et donc de l’Allemagne qui pour sa part est très développée en biodynamie) le milieu agricole a tout intérêt à tendre vers les petites exploitations de moins de 20hectares sur-abondantes avec des produits rares ou de qualités car cela amène une économie de luxe et puis forcément qui dit nombreuses petites activités dit nombreux emplois occupés et moins de chômage…

      Donc bref, oui ces chiffres font peur, mais en creusant un peu on se rend compte que le milieu semble tendre à la fois vers la procrastination et son contraire…

  5. Le meilleur moyen d’anéantir ces fermes serait de boycotter leur viande…La viande n’est pas indispensable à l’homme surtout celle que vous ingérez aujourd’hui savez vous comment elles sont nourries ces vaches?? n’oublions pas que quand vous avalez un morceau, vous avalez également le stress de l’animal,les molécules de cadavérine et de putrescine…après les gens se demandent pourquoi ils ont des cancers, des douleurs articulaires, du cholestérol, les problèmes digestifs, des colons surchargés de matières fécales (la liste est longue)sans parler des conséquences environnementales…Bon appétit!https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif

Les commentaires sont clos.