Sécurité : l’État cherche de nouveaux alliés

TRANSPORT-VIOLENCES-SECURITE-NICEForte délinquance, moyens limités… Manuel Valls veut s’appuyer sur la sécurité privée et les polices municipales.

Le port de commerce du Havre ou celui de Marseille quadrillé par des vigiles, l’accès aux zones réservées des aéroports et aux centrales nucléaires filtré par des sociétés de sécurité privées, les tribunes du Stade de France pacifiées par de solides «stadiers» ou encore les 24 Heures du Mans moto surveillées par des agents de protection… Sans oublier les patrouilles d’hommes en noir du Groupement parisien inter-bailleurs de surveillance multipliant les rondes aux pieds des immeubles parisiens pour des missions antidélinquance…

De façon inexorable, le paysage de la sécurité en France est en pleine métamorphose. À la fois aiguillonné par une délinquance galopante et tenaillé par un budget corseté qui lui interdit de recruter davantage de policiers et de gendarmes, le ministère de l’Intérieur appelle à la rescousse de nouveaux partenaires non étatiques pour maintenir à niveau la protection du pays. Et recentrer les forces régaliennes sur leur cœur de métier.

Il s’agit là d’un changement de cap majeur pour les socialistes qui n’ont eu de cesse, pendant des années d’opposition, de fustiger les supposées «dérives à l’américaine» des «polices privées», de pourfendre la «vidéosurveillance» caricaturée en un orwellien «Big Brother» ou encore de vouer aux gémonies les polices municipales surtout quand celles-ci sont armées, comme à Nice ou Évry aujourd’hui.

Lors de son discours devant les forces de sécurité réunies le 30 septembre dernier à l’École militaire à Paris, Manuel Valls dresse un état des lieux sans appel. Déplorant l’«hémorragie des effectifs» qui s’est soldée par la «suppression de 13.700 emplois» sacrifiés sur l’autel de la révision générale des politiques publiques, le premier flic de France concède alors que cette «question est au cœur des préoccupations», allant jusqu’à reconnaître que «certains services, certaines unités, sont exsangues». Devant un parterre de galonnés, le locataire de la Place Beauvau prévient que «l’inscription territoriale de notre action commande aussi de mieux conjuguer le rôle des forces régaliennes, qui ne doit pas être amoindri, avec les missions des polices municipales et celles des acteurs de la sécurité privée».

Il est vrai qu’en période de vaches maigres ces deux «viviers» sont appelés à prendre une dimension stratégique. D’abord parce qu’ils sont en pleine expansion. Entre le début des années 1980 et 2013, le secteur de la sécurité privée a bondi de 60.000 à 150.000 salariés, employés par 9000 sociétés pour un chiffre d’affaires qui frise les 8 milliards d’euros. Le mastodonte croît de 3% à 6,4% par an. De leur côté, les policiers municipaux ont plus que quadruplé leurs effectifs pour atteindre les 20 000 hommes, dont 43% sont armés. Parmi eux, figurent 1500 gardes champêtres sur lesquels compte aussi le ministre de l’Intérieur. Ce dernier n’ignore pas que, désormais, les troupes de la sécurité privée et territoriale sont presque aussi nombreuses que les quelque 200.000 policiers et gendarmes réunis.

Source et article complet sur Le Figaro

Article trouvé grâce aux Brindherbes qui proposent dans le même temps un complément d’infos.

4 Commentaires

  1. Alors que c’est leur gestion totalement médiocre du bien public qui est à l’origine de la délinquance !

  2. Ben voyons … Relisons « La Stratégie du choc » (Naomi Klein) ? C’est la méthode Friedman : On crée une crise à laquelle le secteur privé offre une solution (payante). Et si la privatisation du traitement des infractions routières n’en est qu’un exemple, on a vu ce que ça donnait, avec le patron du centre de traitement qui faisait sauter ses prunes …

  3. Ben, si déjà on maintenait en prison les gens qu’on arrête: http://democratie-nouvelle.skynetblogs.be/archive/2014/01/07/merci-general-soubelet-8034992.html . Une bonne technique consisterait à condamner les primo-délinquants à une peine très sévère, (p.ex 10 ans) avec sursis pour les 3/4 ou les 4/5e. Comme ça, à la moindre récidive, on les renvoie aussi sec au trou pour longtemps, sans jugement.

    • « Sans jugement ».
      Mouarf, autant coller une balle dans la tête des gens au moment de leur arrestation, au moins, t’es plus emmerdé !

      Purée, la démocratie par le peuple, ça fait peur des fois…

      OK, le système va mal, mais y’a un moment où il faut arrêter d’appuyer trop fort, sans quoi, le criminel n’est plus celui qu’on croit (même si, de mon balcon, je ne vois plus que des criminels partout !)

Les commentaires sont clos.