Bonjour M. Aïvazov! Pourriez-vous brièvement exposer aux lecteurs votre méthode d’analyse de la situation économique et financière? Sur quelles théories se fonde-t-elle?
L’épine dorsale du « Système périodique du développement capitaliste mondial du milieu du XVIIIe siècle à la moitié du XXIe siècle » que j’ai élaboré est constituée par la théorie des grands cycles de Kondratiev, la théorie du développement par l’innovation de Schumpeter, et par la théorie du chaos de Prigogine.
Dans mon Système, j’ai réussi à intégrer en un seul et même ensemble des cycles différents, les cycles courts de Kitchin (3-5 ans) et de Juglar (8-11 ans), les cycles moyens de Kouznetsov (20-25 ans), avec les cycles longs de Kondratiev (40-60 ans), les cycles de formation des Structures technologiques (ST) de Glaziev, M.Hirooka et K.Peres et les cycles séculaires d’Arrighi, Pantine et Badalyan et Krivorotov. Il s’est avéré non seulement que tous ces cycles sont connectés, mais qu’ils se complètent et se conditionnent mutuellement. En outre, je m’appuie dans mes recherches sur des classiques de la pensée économique, comme Adam Smith, Karl Marx, Keynes et bien d’autres.
Quelles grandes tendances se dégagent de cette approche?
J’ai remarqué une chose intéressante: depuis les XVIIe-XVIIIe siècles, deux conceptions majeures du développement s’affrontent. La première a été initiée par les physiocrates français dans la formule «laissez faire, laissez passer», appelant à la liberté d’entreprise, et rejetant l’implication du gouvernement dans la vie économique de la société. Plus tard, cela a donné la «main invisible du marché» d’Adam Smith, la loi de Say etc., jusqu’au néo-libéralisme moderne.
L’autre conception, formulée dans la théorie du mercantilisme, non seulement autorisait, mais exigeait l’intervention du gouvernement dans la vie économique, d’abord sous forme de protectionnisme (protection du capital national contre la concurrence étrangère), puis de participation directe de l’Etat dans la vie économique par redistribution des ressources financières à travers le budget de l’Etat, et en régulant l’ensemble de la vie économique, conformément à la théorie de Keynes.
Ces deux paradigmes se succèdent lors de la transition entre les phases montante et descendante de chaque grand cycle de Kondratiev. Le néolibéralisme a détrôné dans les années 1980 le modèle de développement keynésien, et le néolibéralisme sera à son tour remplacé durant la décennie actuelle par le post-keynésianisme, fondé sur la participation déterminante de l’Etat dans la vie économique de la société, jusque dans la planification, comme au Japon ou en Chine.
Dans quelle mesure les actions des gouvernements et des Banques centrales peuvent influer sur l’économie mondiale si celle-ci est déterminée par des cycles?
Tout dépend des cycles dont on parle. Si vous parlez des petits cycles de Kitchin, l’injection massive de liquidités dans l’économie et les programmes étatiques de stimulation de la demande (prime à la casse, etc) ont permis dès la fin 2009 de surmonter la crise de ce cycle. Dans ce cas, les gouvernements et les Banques centrales ont joué un rôle décisif.
Mais ce cycle dure 3 à 5 ans, et en 2012-2013, les économies occidentales sont de nouveau entrées dans la phase descendante de ce cycle, et les gouvernements et les banques centrales sont depuis à court d’idées. Dans le cadre des cycles de Juglar, l’économie occidentale n’est jamais sortie de la crise depuis 2008, comme le montre le chômage élevé, la faible utilisation des capacités de production, le renouvellement larvé du capital fixe. Si l’on observe les cycles moyens de Kouznetsov, là aussi les économies développées restent dans un état de dépression: la demande de logement est faible, les prix sont encore bas par rapport à la période d’avant-crise, la construction est en berne.
Concernant les cycles de Kondratiev, la transition de la phase descendante à la phase montante suivante, étape à laquelle nous nous trouvons, est le terreau de formation des innovations de base de la « ‘VIe structure technique »: nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information, énergie alternative, ingénierie génétique, qui ne seront pas opérationnelles avant 2020.
En contexte de crise, l’Occident adopte-t-il les bonnes décisions compte tenu des cycles?
Concernant la marge de manœuvre des Etats pour influer sur l’économie en contexte de changement de cycle, celle-ci est très mince. Les gouvernements ne peuvent qu’atténuer ou intensifier des processus revêtant un caractère objectif, mais les crises provoquent une inflexion des politiques menées, il est vrai pas toujours dans le bon sens.
Pour mémoire: la transition du IIIe au IVe cycle de Kondratiev a porté Roosevelt au pouvoir aux USA, et Hitler en Allemagne. La transition du IVe au Ve cycle dans les années 1979-80 a porté Thatcher au pouvoir en Grande-Bretagne et Reagan aux Etats-Unis, qui ont totalement modifié la politique économique menée avant eux.
Le problème est qu’en phase descendante des cycles, les gouvernements mènent généralement une politique « pro-crise » qui ne fait qu’aggraver la situation. C’est ce qui se passe actuellement en Europe et aux USA.
La crise de l’euro a repris de plus belle après une accalmie, notamment en raison de la dette de pays comme le Portugal. L’euro pourra-t-il surmonter cette crise?
L’euro survivra, mais l’Europe aura besoin d’une intervention chirurgicale. Certains pays devront être exclus de la zone euro, les autres traverseront des années difficiles. Mais je suis convaincu qu’après cette intervention, ce bloc n’en sera que plus fort. Bien sûr, il fallait tout de suite faire une « ablation » de la tumeur, et ils ont décidé de réaliser une « chimiothérapie » (émission de crédit). On ne note pas d’amélioration pour le moment, la maladie a été mise en veilleuse pour un temps.
En outre, l’UE traverse une crise de croissance, une monnaie commune existe mais il n’y a pas d’union budgétaire et fiscale. Il aurait fallu introduire avec l’euro des règles communes en matière d’impôts et de dépense des budgets publics. Le problème est que la zone euro a été formée lors de la phase montante du cycle de Kondratiev, alors que l’économie était florissante. Dès qu’on est passé en phase baissière, les problèmes sont apparus de plus belle. Il faut les résoudre, pas les remettre à plus tard.
Quand l’économie sortira-t-elle de la crise actuelle, qui a débuté en 2008 avec l’éclatement de la bulle des « subprimes »?
L’économie se récupèrera, mais cela n’arrivera pas avant 2019-2020. Il faut bien comprendre la nature de la crise actuelle. Le fait est que depuis la révolution néolibérale des années 1980, quand Thatcher et Reagan ont brutalement réduit les impôts sur les riches, étranglé leurs syndicats et créé les conditions pour la baisse des salaires des travailleurs, le monde a brusquement mis le cap sur la sphère financière, les riches n’investissant plus dans la consommation, mais dans les spéculations financières.
Regardez, actuellement, même les grandes corporations obtiennent jusqu’à la moitié de leur chiffre d’affaire non pas en produisant des biens, mais par le biais de spéculations sur les marchés, alors qu’il y a 30 ans ce chiffre était de 15%. Dans le même temps, le salaire réel aux Etats-Unis, si l’on déduit l’inflation, est resté au niveau de 1968.
Une question s’impose: à quoi était due la hausse du niveau de vie de l’Américain lambda avant la crise? La réponse est simple: au crédit. Les ménages, les villes et les autorités régionales vivent à crédit, tout comme les gouvernements des Etats. L’ensemble du monde occidental vit à crédit: cela signifie qu’il ne vit pas en conformité avec ses revenus, aux dépens d’autres pays qui ne consomment pas autant qu’ils le pourraient, et n’empruntent pas.
Interview complète sur fr.rian.ru
Si seulement…
et pitié pas au profit d’une monnaie US-EU
Et oui le crédit. En Pologne ça a commencé depuis quelques années, pour vivre à l’occidental riche, endettez vous (soumettez vous quoi, comme les pays l’ont fait).
Depuis que le cartel de banque a imposé la FED et la fausse monnaie $ au reste du monde (en 1913)
le dollar a perdu 98.5% de sa valeur,
en 1913 une once d or (31.1grammes -pureté 999) vaut 20usd
en 2013 la meme once d or (31.1 grammes – pureté 999) 1300 usd
avez vous déjà réaliser que vos pertes sont les gains de quelqu un d autre??
pendant que la valeur de la monnaie chute,
il y a un ennorme transfer de richesse, vers une hellite de prédateur,
L’euro survivra?
L’économie se récupèrera, mais cela n’arrivera pas avant 2019-2020???
Tiens, je croyais qu’avec le système de Ponzi et l’argent dette le système ne pouvait QUE s’écrouler!
Ça a changé?????
Oui il survivra : In God we trust , la main invisible va nous sauver de cette méchante fin de cycle !! la formule d’économistes réputés tel que lorie et Raffarin n’est plus a formuler , garde la « positive attitude » !!
C’est beau l’optimisme !!!
Serrez les dents, cela va passer.
C’est uniquement douloureux si vous n’êtes pas consentants.
Il faut vous détendre, respirez profondément et calmement.
Ce mossieur est un bon lubrifiant, non ?