Comment le New York Times efface les crimes d’Israël

Selon le New York Times, il n’y a pas de blocus de Gaza, pas d’ occu­pation de la Cis­jor­danie et la Nakba (le net­toyage eth­nique de la Palestine en 1948) n’a jamais existé.

Trois récents articles effacent de l’histoire les crimes majeurs commis par Israël.

Dans un article du 13 décembre 2012 intitulé « le Hamas gagne du Prestige à Gaza, mais l’Argent est un vrai Pro­blème , » Steven Erlanger explore les raisons de la pau­vreté de plus en plus écra­sante à Gaza. Pas une seule fois dans ce texte de 1300 mots Erlanger ne fait même mention du blocus israélien de Gaza, ni des bom­bar­de­ments de 2008 et 2012 comme fac­teurs de cette pau­vreté (et surtout pas comme sa cause principale).

Au contraire, Erlanger pré­sente une longue liste de déve­lop­pe­ments régionaux (l’affaiblissement du régime Assad en Syrie, les sanc­tions contre l’Iran) et il insiste sur des déci­sions prises par le Hamas (de nou­velles taxes et des frais nou­veaux), qui lais­se­raient les Pales­ti­niens de Gaza non seulement dans une pau­vreté accrue, mais aussi plus mécon­tents que jamais du Hamas. « Les Gazaouis recon­naissent qu’il y a davantage d’ordre ici, » explique Erlanger , « plus de construc­tions et moins de détritus. Mais beaucoup de gens en ont assez du fardeau que repré­sente le finan­cement du Hamas et, impli­ci­tement, de sa branche armée. »

Pas de blocus

Dans la limite même où le récent mas­sacre israélien est tout sim­plement pris en compte, ce sont les roquettes du Hamas qui sont encore une fois accusées du malheur de Gaza. Comme pour étayer l’argument, un boucher de 43 ans dit à Erlanger, « la situation se délite régu­liè­rement à Gaza. » Un autre habitant de Gaza ajoute « c’est une vie de dépression et de pri­va­tions que nous menons. »

Erlanger n’inclut pas le mot « blocus » dans son analyse, il le fait seulement dans une liste de pro­blèmes que subissent actuel­lement les Pales­ti­niens de Gaza : « pau­vreté, mau­vaise gestion, blocus, chômage, liberté de mou­vement res­treinte, » en citant Mkhaimar Abusada. Et le blocus, parmi toutes ces autres condi­tions, est impli­ci­tement attribué au Hamas, pas à Israël : « s’il n’arrive pas à résoudre ces pro­blèmes, » conclut Abusada,  » le Hamas se retrouvera dans la même position qu’avant la guerre. » Alors qu’ Abusada, spé­cia­liste en sciences poli­tiques à l’Université Al-​​Aqsa, connait très cer­tai­nement l’origine de cette situation, l’endroit où Erlanger place sa citation laisse penser que même Abusada fait porter la res­pon­sa­bilité sur le Hamas.

Quoi qu’il en soit, Erlanger n’offre aucune idée de ce que peut avoir de tota­lement dévas­tateur un blocus aérien, ter­restre et maritime (sans même parler des deux der­nières attaques mili­taires) sur ce ter­ri­toire den­sément peuplé.

Un lecteur non informé pourrait aisément conclure que ce blocus est quelque chose dont le Hamas est res­pon­sable, et non une forme impé­ria­liste de punition col­lective imposée aux Pales­ti­niens par Israël. Et non quelque chose qui est direc­tement res­pon­sable de la pau­vreté de Gaza et de la « liberté de mou­vement restreinte . »

C’est donc le Hamas qui, selon le New York Times, est res­pon­sable des pro­blèmes de Gaza. Israël n’y est pour rien.

Pas de Nakba

Un article du Times sur les réfugiés pales­ti­niens en Syrie publié trois jour après l’histoire d’ Erlanger sur Gaza, rend obs­cures les raisons qui ont fait que les Pales­ti­niens sont devenus des réfugiés (« A Syrian airs­trike kills Pales­tinian refugees and costs Assad support, » 16 December 2012).

En tout juste 8 mots, le Times absout Israël de toute res­pon­sa­bilité dans le net­toyage eth­nique de cen­taines de mil­liers de Pales­ti­niens afin de faire de la place pour un Etat juif.

Relatant la récente attaque par le régime syrien du camp de Yarmouk à Damas, où vivent des mil­liers de réfugiés pales­ti­niens, le Times explique que les Pales­ti­niens qui s’y trouvent sont des « réfugiés du conflit entre Israël et leurs ascen­dants. » La Nakba, le péché ori­ginel du sio­nisme et de l’Etat d’Israël, est ainsi délayée dans l’ obs­curité. Elle est trans­formée en quelque chose qu’elle n’est pas, où le dépla­cement forcé de tout un groupe de gens par un autre devient un conflit entre deux parties a priori égales, qui a évidemment fait fuir un tas de Palestiniens.

Le journal, bien entendu, n’en vient pas à expliquer que, alors que la Réso­lution 194 des Nations unies accorde spé­ci­fi­quement aux Pales­ti­niens de Syrie (comme à ceux du Liban, de Jor­danie et d’ailleurs) le droit de retourner chez eux dans ce qui est main­tenant Israël, le gou­ver­nement israélien a tou­jours, parfois avec vio­lence, nié ce droit.

Pas d’ occupation

Un article publié le jour suivant, sur ce qu’on appelle la zone E1 à l’est de Jéru­salem en Cis­jor­danie occupée, ne men­tionne pas que cette zone et le ter­ri­toire plus vaste dont elle fait partie sont, pour le droit inter­na­tional, un ter­ri­toire pales­tinien actuel­lement sous occu­pation israé­lienne (Steven Erlanger, « West Bank land, empty but full of meaning, » 17 December).

Reprenant les récentes décla­ration israé­liennes sur la construction de colonies dans la zone E1, Erlanger reproduit le vieux mythe sio­niste dans le texte : cette terre est « vide » et deux parties se la dis­putent aujourd’hui. « E1 [est] une portion de la Cis­jor­danie qui est vide pour la plus grande partie, » écrit Erlanger. Et la  » bataille  » pour E1 « parle de dif­fé­rences appa­remment insur­mon­tables, d’ hos­tilité et de méfiance entre Israé­liens et Pales­ti­niens, » selon Erlanger.

Ainsi, la Cis­jor­danie pales­ti­nienne occupée, avec toutes les colonies illé­gales, les routes réservées aux juifs, les points de contrôle israé­liens, les incur­sions mili­taires israé­liennes et les démo­li­tions par Israël des maisons pales­ti­niennes, est réduite à un ter­ri­toire que deux groupes dif­fé­rents reven­diquent avec la même légi­timité. C’est quand Erlanger écrit vers la fin de son article que EI est « en grande partie terre d’état » qu’il s’approche un tant soit peu d’une mention de l’occupation.

Mais ceci, comme le « blocus » de Gaza, sans qu’il l’identifie ou l’explique, est beaucoup trop vague pour qu’un lecteur non averti com­prenne quel « Etat » contrôle cette terre, dans quelles condi­tions et au détriment des droits, de la vie et de la sou­ve­raineté de qui.

Alors, voici le tableau : pas de blocus, pas de Nakba, et pas d’ occu­pation. Un reportage comme ceux-​​ci est au mieux illu­soire et au pire déli­bé­rément trompeur. Dans tous les cas, le New York Times sert les intérêts d’Israël en main­tenant le public amé­ricain dans l’ignorance quant à la véri­table nature de l’occupation israélienne.

Il est facile de com­prendre pourquoi tant d’Américains trouvent la situation si confuse en appa­rence, quand ceux qui la rap­portent sont eux-​​mêmes emplis de confusion sur les réa­lités fon­da­men­tales en termes d’histoire, de géo­graphie et de politique.

Via sott.net

11 Commentaires

  1. Ah bon? Les sionistes ne sont pas de pauvre martyres inconsolables qui récupèrent malgré eux toute la souffrance et la tristesse du monde entier?

  2. Et sur le net, la manipulation est aussi de mise.

    http://youtu.be/NiJcZr8FbsM

  3. Et oui, la vérité dérange…
    Le Hamas est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union Européenne, le Canada, l’Australie, le Japon et Israël. Le Hamas est responsable de la mort de plus de 1630 Israéliens. Le Hamas refuse de reconnaître l’État d’Israël et a juré de “lutter” jusqu’à sa destruction Sa charte appelle clairement à la mort des Juifs. Les tactiques employées par le Hamas pour détruire Israël comprennent : le tir de missiles à partir de zones densément peuplées, l’utilisation d’habitations civiles pour se cacher, entreposer des armes et des munitions ou fabriquer des armes, mais aussi l’utilisation cynique des Gazaouis comme boucliers humains. Depuis 2001, plus de 12700 roquettes et obus de mortier ont été tirés depuis Gaza sur Israël et plus de 9000 depuis le retrait israélien de la bande de Gaza en 2005.
    Et puis, qui était la avant qui ?
    « Voyage en Palestine », est le titre d’une œuvre écrite en 1695, par Hadrian Reland (ou Relandi), cartographe, géographe, philologue et professeur de philosophie hollandais. Le sous-titre de l’ouvrage, rédigé en Latin, s’intitule : « Monumentis Veteribus Illustrata », édité en 1714 aux Éditions Brodelet. Cette pièce peut aujourd’hui être consultée à l’Université de Haïfa. L’auteur de cet ouvrage, l’un des premiers orientalistes, connaissait les langues, hébraïque, arabe et grecque (ancien). En 1695, Relandi (ou Reland) est envoyé en voyage d’études en Israël, en Palestine d’alors, pour un objectif bien spécifique : recenser plus de 2500 lieux (villes et villages) apparaissant dans le texte du Tanah (Bible) ou de la Michna, dans leur appellation originelle. À chaque fois, Reland y mentionne le nom hébraïque tel qu’il apparaît dans le texte et le verset exact auquel il se réfère. Reland y fait également figurer son équivalent en Latin-Romain ou Grec ancien. Outre ce remarquable travail linguistique, l’auteur opère surtout un recensement de l’époque, pour chaque localité visitée : d’abord une considération d’ordre général spécifiant que la terre d’Israël d’alors est pratiquement déserte, très peu peuplée. Quelques remarques extraites de cette passionnante étude : · Aucune localité d’alors ne propose de nom ou de source arabe. La grande majorité de ses villes ou villages possède un nom hébreu, quelques-uns en Grec ou Latin-Romain. Pratiquement aucune ville qui possède aujourd’hui un nom en arabe n’en possédait à l’époque : ni Haïfa, ni Yafo, ni Naplouse (Shehem), Gaza ou Djénine. La plupart des villes étaient composées de Juifs, à l’exception de Naplouse (Shehem) qui comptait 120 personnes issues d’une même famille musulmane, les « Natashe », ainsi que 70 Samaritains. La suite…
    http://www.pvr-zone.ca/palestina.htm

  4. Le titre: »Comment le New York Times efface les crimes d’Israël », m’a fait penser tout de suite à Orwell et au ministère de la Vérité dans 1984.

    « Celui qui contrôle le présent, contrôle le passé. Celui qui contrôle le passé, contrôle le futur. » G.Orwell.

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