Réforme bancaire: des lobbys très investis

Mon ennemi intime, c’est la finance », ainsi parlait Zarathoustra Hollande durant les présidentielles, et la finance au final? Elle continue de décider, président ou non puisqu’au final, il ne décide pas de grand chose, Bruxelles se charge de tout, même de nous préparer une cuisson à point pour 2013. Bref, les pires escrocs banquiers continuent librement leur travail…

Les banquiers français ont fait feu de tout bois pour empêcher une mise en cause de leur modèle économique. Les dispositions arrêtées par le gouvernement devraient leur donner satisfaction. C’est une régulation a minima des activités spéculatives qui se profile.

RÉFORME BANCAIRE - Face à la vigueur du réquisitoire du candidat François Hollande, Baudouin Prot (BNP Paribas), Jean-Paul Chifflet(Crédit agricole) et Frédéric Oudéa (Société générale) ont, à partir de 2011, multiplié les plaidoiries auprès des responsables socialistes.

RÉFORME BANCAIRE – Face à la vigueur du réquisitoire du candidat François Hollande, Baudouin Prot (BNP Paribas), Jean-Paul Chifflet(Crédit agricole) et Frédéric Oudéa (Société générale) ont, à partir de 2011, multiplié les plaidoiries auprès des responsables socialistes.
REUTERS/Kenzo Tribouillard/Pool

Il est 15 h 43, au Bourget, en ce dimanche 22 janvier 2012. Devant un parterre conquis, François Hollande attaque le passage clef de son discours : « Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage[…], il ne sera pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. » Cet adversaire « a pris le contrôle de nos vies », « emprise devenue un empire », qu’il faut remettre au service de l’économie réelle. Un tournant, dans une bataille électorale qui mènera finalement le candidat socialiste à la victoire. 7 h 48, le lendemain : le téléphone de Karine Berger, économiste proche du candidat, identifiée comme partisane d’une ligne dure concernant la finance, se met à sonner. Au bout du fil, un représentant de la Fédération bancaire française (FBF), qui désire la rencontrer. La future députée des Hautes-Alpes est loin d’être la seule personne contactée dans l’entourage du candidat.

Ce n’est que le début de presque un an de lobbying intense auprès de la gauche, puis du pouvoir, pour édulcorer la proposition socialiste de séparer, au sein des banques françaises, les activités spéculatives des activités « utiles à l’économie ». Une contre-offensive couronnée de succès : l’ambition du projet de loi élaboré à Bercy, qui doit être présenté le 19 décembre, en Conseil des ministres, est bien moindre que celle de ses équivalents britannique, américain, ou même du rapport Liikanen, rédigé à la demande de la Commission européenne.

« Après le 6 mai, les hiérarques du parti ont convaincu le président de la nécessité d’attendre pour légiférer »

Le lobbying des banques françaises s’est en fait enclenché dès la fin de la primaire socialiste, à l’automne 2011. Le 29 novembre, les patrons de trois grandes banques françaises, Baudouin Prot (BNP Paribas), Frédéric Oudéa (Société générale) et François Pérol (BPCE), ont convié une bonne dizaine de parlementaires socialistes à leur table pour débattre de la crise européenne. Au menu : un discours martial contre le « complot anglo-saxon », et l' »isolationnisme allemand ». « Nous avons été interloqués par la violence des propos tenus », témoigne l’un d’eux. L’objectif est double : séduire par le biais d’un discours nettement plus à gauche qu’à l’accoutumée ; convaincre que les institutions financières françaises sont les victimes d’attaques venues de l’étranger. Et, surtout, que leur modèle économique, qui repose sur une complémentarité entre activités de dépôt (crédit aux particuliers, entreprises…), et de marché, est en revanche irréprochable. Forcément irréprochable…

Cette ligne de conduite demeurera tout au long de cette lutte d’influences. Pour parvenir à imposer sa vérité, le lobby bancaire dispose d’un puissant arsenal. La FBF, bien sûr, son bras armé, dont la présidence est assurée à tour de rôle par les patrons de grandes banques. En coulisse, Pierre de Lauzun, directeur général délégué, dresse les plans et peaufine les argumentaires. Chaque établissement dispose également de « relais » plus ou moins officiels, qui ont généralement accompli un parcours au sein de l’appareil d’Etat – beaucoup sont inspecteurs des Finances, souvent passés par la direction du Trésor. La plus belle prise est Xavier Musca, ex-directeur du Trésor et secrétaire général de l’Elysée, recruté l’été dernier par le Crédit agricole en tant que directeur général délégué.

A la Société générale, c’est Gilles Briatta qui officie : avant d’arriver dans la banque, en novembre 2011, cet ancien conseiller technique de Michel Barnier était le conseiller Europe de François Fillon à Matignon. Côté BNP Paribas, l’offre est démultipliée entre le directeur général délégué, François Villeroy de Galhau (ancien directeur du cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy), Baudouin Prot, président du groupe, et Jean-Laurent Bonnafé, son directeur général. Mais le véritable stratège en chef demeure Michel Pébereau : en première ligne pour concevoir le plan de sauvetage bancaire de 2008, l’homme a officiellement quitté la présidence de BNP Paribas le 1er décembre 2011. Mais il continue d’officier en coulisse.

Réforme bancaire: des lobbys très investis

© Jérôme Chatin

L’ex-président de BNP Paribas, Michel Pébereau, est très mobilisé contre la séparation des activités bancaires.

C’est cette armada qui est montée, depuis un an, à l’assaut du pouvoir. Durant la campagne, Jérôme Cahuzac, alors patron de la commission des Finances de l’Assemblée, rencontre la plupart des patrons de banque. Michel Sapin, chargé du projet, et Laurent Fabius s’entretiennent également avec les patrons de BNP Paribas et les dirigeants de la FBF. Pierre Moscovici, alors directeur de campagne, rencontre de son côté Frédéric Oudéa. « Dans l’après-6 mai, les hiérarques du parti ont rapidement convaincu le président de la nécessité d’attendre l’automne pour légiférer plus à froid », témoigne un proche du pouvoir socialiste.

Article complet: lexpansion.lexpress.fr

Un Commentaire

  1. Rappelons quand même que Flamby est le remplaçant de DSK, lui-même acoquiné avec le Bilderberg, groupuscule notoirement hostile aux banques et à leurs activités spéculatives …

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