Il y a quelques jours, j’ai appris qu’Andrea Fornella Abbott, 41 ans, avait été déclarée coupable mardi de trouble à l’ordre public après avoir été arrêtée en juillet 2011 à l’aéroport international de Nashville. Elle était confrontée à 30 jours de prison et à une amende de 50 $, mais le juge l’a soumise à un an de probation parce qu’elle n’avait pas de casier judiciaire. « Et alors ? » me direz-vous. Ce qui m’a ennuyé, c’est son prétendu « trouble à l’ordre public ». Son « crime » a été de discuter avec des agents de la TSA, en insistant pour qu’ils ne touchent pas les parties intimes de sa fille de 14 ans lors d’une « fouille au corps de routine » avant de refuser de subir la procédure invasive elle-même. Vous voyez, le trouble à l’ordre public ne venait pas d’une mère légitimement soucieuse de l’intimité de sa fille et d’elle-même, mais des agents et de la TSA qui ont institutionnalisé le trouble « à l’ordre public » – disons le franchement – pathologique sur la base du Gros Mensonge de la Guerre contre le Terrorisme.
Voici la séquence filmée de l’événement. Bien qu’il n’y ait pas de son, il est clair qu’Andrea Fornella ne faisait que plaider sa cause. Voilà pour l’illusion de la libre expression.
Cette affaire illustre de façon microcosmique la situation dans laquelle nous, le peuple, nous retrouvons, à notre époque, face aux détenteurs de pouvoir et à leurs agents. Les choses sont allées bien au-delà de la gestion de base de la population que l’on attendrait de la part du gouvernement. Comme à certains moments les plus sombres de l’histoire, nous sommes confrontés à des extrêmes pathologiques. Pensez à l’emprisonnement systématique et à l’extermination de populations entières telles de la « vermine », pour utiliser l’expression d’Hitler pour qualifier les Juifs. Ou aux excès des empereurs romains. Ou à la Stazi de Berlin Est qui soupçonnait les ménages dont les antennes TV pointaient vers l’ouest. Bien que les manifestations ne soient pas toujours les mêmes, la nature et l’essence du comportement pathologique le sont. Il s’agit de traiter les gens comme des objets. De nos jours, cependant, je pense que nous traversons une phase particulièrement mauvaise du cycle historique de maltraitance. Des gens innocents subissent certaines choses que vous ne feriez même pas à des objets auxquels vous tenez.
L’Histoire est une collection de crimes, dont les pires et la grande majorité sont perpétrés contre les gens ordinaires par les autorités. Ceux qui, dans un monde normal, auraient pour mission de défendre la justice, l’égalité et les droits de l’homme, et ce faisant serviraient tout le monde, se préoccupent au contraire de protéger leurs privilèges et d’extorquer les ressources d’autrui, que ce soit par la tromperie, la propagande, la force ou une combinaison des trois. Les effets des actions d’une élite psychopathique – la pathocratie – sont ce qui constitue la Terreur de l’Histoire. Dans son nouveau livre1 à paraître prochainement, Laura Knight-Jadczyk écrit :
Comme le soulignait le grand historien des religions, Mircea Eliade, l’étude de l’histoire, à travers ses diverses disciplines, offre une vision de l’humanité quasi insupportable. Les déplacements voraces des tribus affamées, qui envahissaient, conquéraient et détruisaient dans l’obscurité de la préhistoire ; les envahisseurs barbares du monde civilisé ; les bains de sang des croisades de l’Europe catholique contre les « infidèles » du Moyen-Orient ; la « terreur en plein jour » des traques de l’Inquisition où les martyrs éteignaient les flammes de leur sang ; et l’holocauste déchaîné des génocides modernes. Guerres, famines, pestes, toutes produisent un sentiment intolérable d’impuissance face à ce que Mircea Eliade appelle la Terreur de l’Histoire.
Quand l’homme contemple l’histoire TELLE QU’ELLE EST, il est obligé de réaliser qu’il est pris dans l’étau d’une existence qui ne semble guère se soucier ou s’inquiéter de sa douleur et de sa souffrance. Encore et encore, les mêmes souffrances s’abattent sur l’humanité, multipliées des millions et des millions de fois au cours des millénaires. La totalité des souffrances humaines est une chose effroyable. Je pourrais écrire jusqu’à la fin du monde, user des océans d’encre et des forêts de papier, et ne jamais évoquer entièrement cette terrible condition de l’existence humaine.
La bête que constitue le désastre arbitraire nous a toujours accompagnés. Depuis aussi longtemps que les cœurs humains font circuler le sang chaud dans ces corps trop fragiles et rayonnent de l’inexprimable douceur de vivre et du désir ardent de tout ce qui est bonté, justice et amour, la bête de la « vraie vie » ricane, traque, bave et complote en se léchant d’avance les babines à l’idée de son prochain festin de terreur et de souffrance. Depuis le début des temps, ce mystère de la condition humaine, cette malédiction de Caïn, existe. Et depuis l’Éternité, le cri demeure : « ma punition est trop lourde à porter ! ». [Mircea Eliade]
Mais si vous vous mettez à dire cela, vous êtes « rejeté », antisocial et accusé par ceux qui acceptent le statu quo d’être incapable de trouver un quelconque sens à la vie. Tout simplement, vous ne suivez pas le « programme », vous n’êtes pas un autoritariste. Si vous faites observer que les actes de nos dirigeants ne correspondent pas à leurs paroles, que quelque chose cloche terriblement dans notre monde, vous êtes exclu et vous souffrez d’une partialité qui n’est pas « en phase » avec la réalité. Après tout, notre monde est tout simplement chouette : deux milliards de personnes qui trouvent la mort dans un siècle de guerre et de famines, ce n’est que le « prix à payer pour faire des affaires » dans cette réalité. (C’est la vision sociopolitique, pas la vision des sciences sociales ou cognitives bien qu’il existe des scientifiques dans ces domaines qui ont été corrompus pour soutenir de telles idées, y compris des psychologues qui écrivent réellement des articles soutenant que la torture est une méthode efficace pour recueillir des informations – des salauds de malades, tous autant qu’ils sont).
Pour ceux d’entre nous qui ne faisons pas partie de l’élite, nous vivons l’histoire avec un « désespoir silencieux » et en espérant que nous et nos familles éviterons les pires des atrocités. Nous appelons « bons moments » les périodes où notre coin du globe n’est pas assailli par la guerre ou l’extrême pauvreté et nous prétendons souvent que les souffrances lointaines n’existent pas vraiment. Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal. Quand des désastres s’annoncent, nous commençons par les nier ; quand ils deviennent dangereusement proches, certains d’entre nous élèvent la voix, protestent et se rebellent de diverses manières et les autorités réagissent avec une main de fer. C’est la situation qu’affronte la majeure partie du monde aujourd’hui, particulièrement les soi-disant pays « libres » comme les États-Unis et l’Union Européenne, à la différence de ceux qui subissent une extrême souffrance depuis plus longtemps. (Pensez à la Palestine ou à certains endroits d’Afrique et prenez un peu de temps pour regarder ce documentaire extrêmement fort pour vous faire une idée de ce que certaines personnes doivent endurer.) La poigne a acquis une qualité différente de ce qu’elle était il y a à peine quelques années en arrière. Nous en sommes arrivés au point où elle est maintenant chargée de cruauté, de mépris et de moquerie.
Parmi certains exemples qui m’ont particulièrement mis hors de moi et horrifié, il y a le cas de Leah-Lynn Plant, Matthew Kyle Duran et Katherine Olejnik – tous dans la vingtaine – qui ont vu leur domicile de Portland, dans l’Oregon, faire l’objet d’une descente d’une unité spéciale du FBI, avec bélier, grenades incapacitantes et toute la panoplie. À ce qu’on dit, l’ordre de perquisition du FBI concernait des vêtements noirs, de la peinture, des matraques, des ordinateurs et des téléphones portables ainsi que « de la littérature et des documents anarchistes ». C’est vrai, de nos jours, détenir des livres, des ordinateurs et des vêtements noirs peut vous valoir une convocation devant un grand jury privé, et refuser de répondre à ses questions (sans aucun doute absurdes) vous fera atterrir en prison. Voici ce que déclarait Leah-Lynn Plant avant d’être emprisonnée.
Allez sur ce site pour vous tenir informés sur leur affaire.
En parlant du FBI, ils ont récemment fait les gros titres pour avoir fait échouer un complot terroriste qu’ils avaient eux-mêmes créé (encore une fois). Ils ont arrêté un Bangladais de 21 ans, accusé d’avoir tenté de faire sauter la banque de la Réserve Fédérale de New York avec ce qu’il croyait être une bombe de 450 kg. La Fed n’a jamais été en danger (dieu l’en préserve !) car… eh bien les explosifs étaient faux et avaient été fournis par un agent secret du FBI. C’est un truc que le FBI a utilisé de nombreuses fois depuis sa création, mais surtout depuis que la Guerre contre le Terrorisme est arrivée d’Israël en Occident en 2001. Au risque d’énoncer des évidences, créer un complot afin de pouvoir prétendre l’avoir contrecarré n’est rien de moins que de la folie pure. Mais nous vivons dans un monde de fous, aussi en suivant leur logique, je trouve intéressant qu’en ces temps de stress économique, où les gens deviennent de plus en plus conscients du rôle infâme que joue la Réserve Fédérale dans le système monétaire international, ce soit la Fed qui était la « cible » de ce complet inoffensif. Sans doute sommes-nous maintenant censés nous sentir coupables de maudire les banksters tandis qu’ils raniment la peur qu’il y ait un penchant « terroriste » chez chaque manifestant du mouvement Occupy.
La folie ne se limite pas aux États-Unis. Récemment, un policier londonien a tiré au taser sur un aveugle après avoir pris par erreur sa canne blanche pour une épée de samouraï ! En admettant qu’un homme muni d’une telle épée eût été signalé, le policier avait alors peut-être ce fait à l’esprit. Mais prendre la canne blanche d’un aveugle pour une épée de samouraï indique un désir bien trop grand de taser quelqu’un. Au mieux, c’est une attitude inquiétante qui semble être répandue parmi les agents de police de nos jours. Au pire, c’est de la cruauté franchement pathologique – chose qui n’est pas étrangère à la police, comme l’affaire de Gilberto Valle, le policier new-yorkais qui rêvait de devenir un « zombie », le démontre. Valle « complotait d’enlever, violer, torturer et tuer des femmes et ensuite de cuisiner et manger leurs membres ». Ce qui est inquiétant, c’est qu’il avait discuté de ses projets avec un « complice non identifié », ce qui en fait toute une bande si vous voulez mon avis.
La pathologie dont nous sommes témoins comporte un élément que je ne peux que qualifier soit de moquerie soit d’idiotie. Je reste indécis quant à ce qui est le plus probable, mais je suppose que ça pourrait être un mélange des deux. Les meilleurs exemples récents sont la prestation digne des Looney Tunes de Benjamin Netanyahou à l’ONU et le prix Nobel de la Paix 2012 décerné à l’Union Européenne. Comme vous vous en rappelez peut-être, Netanyahou a décidé de convaincre le monde d’approuver une guerre totalement injustifiée contre l’Iran, au risque d’initier un conflit mondial aux proportions cauchemardesques, en présentant un schéma digne de Vil Coyote. Le comité du Prix Nobel de la Paix a choisi de récompenser un conglomérat de pays qui se sont récemment affairés à flanquer des raclées maladroites à leurs populations légitimement en colère, déjà frappées par un chômage en hausse et en plus punies par des mesures d’austérité.
Voici le traitement « pacifique » que l’Espagne, membre de l’Union Européenne, délivre à ses citoyens.
C’est là où je suis un peu perdu. Les membres du comité du Prix Nobel ne réalisent-ils pas le genre de message qu’ils envoient aux Espagnols et aux Grecs, ainsi qu’au reste d’entre nous ? Netanyahou pense-t-il honnêtement apporter un argument solide avec ce schéma puéril de bombe allumée ? Sont-ils aussi stupides que ça ? Ou sont-ils tellement convaincus de leurs manières et que pour finir ils pourront s’en sortir sans problèmes ? Saisissent-ils ces occasions pour se moquer de nous ? Ou tentent-ils de nous faire tourner en bourrique, ce qu’on appelle aussi « désorientation » ? En tout cas, je trouve cela fascinant, perturbant et inquiétant car cela me dit que les élites sont montées d’un cran dans leurs pratiques habituelles de contrôle et s’enfoncent encore plus loin dans la folie. C’est une chose de réprimer et contrôler parce que vous croyez que c’est la « routine » et ce qu’il faut faire pour conserver le pouvoir, c’en est tout à fait une autre de le faire en ajoutant de l’affront aux préjudices parce qu’ils retirent du plaisir de l’adjonction d’une touche de cruauté et de moquerie. Le truc, quel qu’il soit, qui transforme des gens ordinaires en « zombies » cannibales est peut-être en train de transformer nos dirigeants en caricatures d’eux-mêmes, quelque chose de similaire à une armée de George W. Bush qui dirigeraient le monde ?
Je n’ai aucune réponse à ces questions mais je vais poursuivre avec l’hypothèse de travail que ce « nouveau style » de contrôle et de répression intensifiés est en parti dû au fait qu’ils en escomptent des résultats particuliers et en partie parce que les psychopathes se gargarisent de la souffrance des autres. L’effet escompté est de compromettre notre aptitude normale à évaluer la réalité et à prendre des décisions. À un niveau plus fondamental, il s’agit de peur et d’intimidation. Remarquez que quand le bélier du FBI ne défonce pas la porte de tout le monde, le fait que cela semble être plutôt aléatoire et arbitraire a l’effet de nous donner le sentiment que nous sommes tous des cibles potentielles, donc pour être en sécurité, mieux vaut simplement suivre le programme. Pour certaines personnes, cela peut se manifester comme une sorte de syndrome de Stockholm. Laura Knight-Jadczyk écrit:
Le terme Syndrome de Stockholm fut inventé au début des années 1970 pour décrire les réactions curieuses de quatre employés de banque envers leurs ravisseurs. Le 23 août 1973, trois femmes et un homme furent pris en otage dans l’une des plus grandes banques de Stockholm. Ils furent retenus pendant six jours par deux anciens détenus qui menacèrent leur vie mais leur montrèrent également de la gentillesse. À la surprise générale, tous les otages résistèrent fortement aux efforts du gouvernement pour les sauver et s’empressèrent de défendre leurs ravisseurs. En effet, plusieurs mois après que les otages furent secourus par la police, ils éprouvaient toujours des sentiments chaleureux pour les hommes qui avaient menacé leur vie. Deux des femmes finirent par avoir des relations avec leurs ravisseurs. La psychologue Dee Graham a émis l’hypothèse que le syndrome de Stockholm se produit à un niveau sociétal. Puisque notre culture est patriarcale, elle pense que toutes les femmes en souffrent – à des degrés très variables, bien entendu. Elle a développé ses théories dans Loving to Survive: Sexual Terror, Men’s Violence, and Women’s Lives [Aimer pour survivre : terreur sexuelle, violence des hommes et vie des femmes – NdT], un ouvrage qui vaut la peine d’être lu.
Quand il existe une pression sociale qui oblige les gens à penser du bien de leurs dirigeants et à voir le monde sous un jour positif, même face aux preuves du contraire, il est nécessaire pour ceux-ci de s’harmoniser fortement avec l’approbation ou la désapprobation des normes sociales qui sont créées et propagées par les dirigeants et leurs supporters d’élite qui ont les moyens de réprimer la plupart des perspectives contraires. Par conséquent, les multitudes d’autoritaristes sont poussés à apprendre comment penser uniquement en termes de normes sociales et comprennent qu’il est dangereux – voire même mortel – d’examiner honnêtement leurs propres expériences légitimes. En tant que victimes du syndrome de Stockholm sociétal, nous sommes encouragés à développer les caractéristiques psychologiques qui plaisent au système. Celles-ci comprennent : la dépendance, le manque d’initiative, l’incapacité à agir, décider, penser ; les stratégies pour rester en vie, y compris le déni, l’empressement vis-à-vis des demandes du système, de ses volontés et aussi des manifestations de son approbation. On nous apprend à développer de l’affection envers le système ainsi que de la peur envers l’intrusion de quiconque conteste la perspective du système. Par-dessus tout, nous sommes conditionnés à être affreusement reconnaissants envers le système de nous avoir donné la vie. Nous nous focalisons sur les gentillesses du système pas sur ses actes de brutalité. Le déni de la terreur et de la colère, ainsi que la perception du système en tant qu’entité omnipotente, nous maintiennent psychologiquement attachés à ce Système.
Bien sûr, des mensonges ajoutés aux mensonges fournissent le scénario pour justifier notre complaisance. Plutôt que d’admettre que nous aimons nos bourreaux, on nous donne l’opportunité de croire que la répression policière ne peut pas être mal puisque l’UE détient le prix Nobel de la Paix. Le dessin d’une bombe pourrait être le signal pour qu’on croie que Netanyahou a le sens de l’humour, donc il ne peut pas être le méchant politicien belliciste que certains disent qu’il est. De même, l’illusion d’élections démocratiques nous permet de garder nos grands espoirs que si nous faisons le bon choix, tout ira bien. Et si ça n’est pas le cas, nous aurons une nouvelle chance de jeter les dés dans quelques années.
Pour ceux qui sont soumis à des expériences négatives plus constantes et directes (comme de faire les frais de la brutalité policière, de vivre dans une zone en guerre, de devoir dépendre des poubelles pour se nourrir ou simplement d’être plus sensible aux mauvaises nouvelles) le résultat escompté pourrait être l’effondrement psychologique, c.-à-d., l’inhibition transmarginale. Imaginez-vous vivre sous la menace constante de drones américains. Combien de temps avant que la pression ne vous pousse au désespoir ?
Les gens aux États-Unis imaginent que les drones volent vers une cible, lancent leurs missiles mortels avec une précision chirurgicale et retournent vers une base américaine à des centaines ou des milliers de kilomètres de là. Mais les drones sont une présence constante dans les cieux au-dessus de la région tribale du Waziristan du Nord au Pakistan, jusqu’à six survolant les villages en même temps. Les gens les entendent jour et nuit. C’est une présence incontournable, le spectre indistinct de la mort d’en haut.
Et cette présence détruit inexorablement une communauté de deux fois la taille de Rhode Island. Les parents ont peur d’envoyer leurs enfants à l’école. Les femmes ont peur de se croiser sur les marchés. Les familles ont peur de se rassembler aux funérailles de personnes tuées à tort lors des frappes précédentes. Les routiers ont peur de livrer la nourriture en provenance d’autres parties du pays.
Les habitudes de la vie quotidienne ont été réduites en lambeaux. Des gens incontestablement innocents se terrent chez eux et ont peur de se rassembler dans les rues. Les « coups doubles », ou frappes secondaires sur la même cible, font que les habitants ont cessé d’aider les blessés. Une organisation humanitaire éminente apporte maintenant son assistance avec un délai surprenant de six heures.
Ce qui rend la situation encore pire, c’est que personne ne peut dire aux gens de ces communautés quoi faire pour se mettre en sûreté. Personne ne sait qui se trouve sur la liste des États-Unis de ceux à abattre, comment ils sont arrivés là, et personne ne sait ce qu’ils peuvent faire pour s’en tirer. Tout est épouvantablement aléatoire. Soudain, et sans prévenir, un missile est lancé qui efface tout le monde de la carte dans un rayon de 15 mètres.
Une question qui m’occupe souvent l’esprit est pourquoi sommes-nous soumis à tant de cruauté et de mépris à cette période précise. Si nous sommes déjà à la merci du système mondial, sans aucune chance d’y changer quoi que ce soit ni de traduire n’importe quel réel criminel en justice, pourquoi augmentent-ils la température du fascisme sur nous, là maintenant ? Les lecteurs de Sott.net savent que notre hypothèse de travail favorite est que nous sommes bons pour une catastrophe cyclique naturelle de proportion mondiale (bombardement cométaire et/ou période glaciaire avec pénuries de nourriture et maladies virales – tout ceci s’étant déjà produit – souvent ensemble – de nombreuses fois dans l’histoire humaine) qui encourage l’élite à serrer la vis avant que les populations ne réalisent que sauver leur peau signifie prendre le contrôle de leur propre vie et supprimer les structures de pouvoir et leurs représentants. C’est ce qui semble être l’ultime raison à la poussée totalitaire qui a sérieusement démarré il y a 11 ans.
Examinons ces quelques derniers mois, et si quelque chose avait changé pour provoquer ces récentes démonstrations de pouvoir grotesques de la part de la pathocratie ? La seule réponse que je peux proposer est que les gens se rebellent de manières différentes et que ceux au sommet le ressentent. Parfois je me demande si nous sommes témoins d’une révolution mondiale en train de se faire. Voici une liste d’articles récents, bien que je sache que j’en laisse beaucoup de côté :
- Madrid à la limite : les manifestants espagnols contre l’austérité défient la brutalité policière
- La police espagnole tire des balles de caoutchouc lors de la manifestation de Madrid
- Des dizaines d’arrestations à la manifestation de San Francisco
- Des défenseurs de la paix occidentaux manifestent au Pakistan contre les frappes des drones
- Rome : 30 000 fonctionnaires protestent contre la politique d’austérité de l’Italie
- Derniers développements de la manifestation contre le film anti-islam
- Les Grecs manifestent contre les coupures récentes lors de la visite des auditeurs de la « troika »
- Affrontements, arrestations alors que plus de 30 000 étudiants manifestent au Canada
- Un Italien s’immole par le feu lors d’une manifestation anti-austérité
- La police tire sur les manifestants et les journalistes lors de la manifestation contre les coups de feu récents de la police à Anaheim, en Californie
- La police charge les manifestants à Madrid lors de la manifestation contre la mainmise économique
- Pouvoir du peuple : les jeunes protestent contre la progression de l’ancien parti dirigeant mexicain lors d’une manifestation collective
Si vous pensez que l’élite ne prend pas au sérieux ces manifestations mondiales, réfléchissez à l’armée privée de l’Union Européenne récemment créée, la Force de Gendarmerie Européenne:
Les gouvernements européens savent exactement ce qui les attend. L’UE a tranquillement fondé en secret la force de gendarmerie paramilitaire, de sorte que les pays de l’UE ne soient pas obligés d’utiliser leur propre armée contre leurs citoyens. La Force de Gendarmerie Européenne peut théoriquement être utilisée partout où l’UE voit une crise. C’est le Traité de Velsen, qui régit les opérations d’Eurogendfor, qui le dit. La devise sur les blasons est « Lex paciferat » c’est-à-dire « La loi pacifiera ». Il insiste sur « le principe d’une relation stricte entre l’application des principes légaux et la restauration d’un environnement sûr et sans danger. Un « conseil de guerre » sous la forme du Comité Ministériel, composé des ministres de la défense et de la sécurité des états membres de l’UE participants, décide de la stratégie de déploiement. La force peut être mise en marche soit sur demande soit par décision de l’UE.
Dans le même ordre d’idées, la Suisse préparedes plans d’urgence en vue de troubles violents à travers l’Europe.
En septembre, l’armée suisse a réalisé des exercices surnommés « Stabilo Due », avec des scénarios impliquant une violente instabilité à travers l’Europe.
La Suisse maintient une position ouvertement neutre depuis des décennies et a refusé de rejoindre la zone euro lorsque l’occasion lui fut présentée.
La plus grande crainte de Berne est probablement la désorganisation des armées des nations voisines qui s’ensuivraient d’une instabilité générale : la crise de la zone euro et les sévères mesures d’austérité dans l’UE obligent les états membres à amputer significativement leurs budgets militaires. Si les protestations continuent à progresser en Europe, la police et les forces armées pourraient se retrouver inaptes à gérer les troubles.
« Je n’exclus pas que nous ayons besoin de l’armée dans les années à venir », a déclaré Ueli Maurer, ministre suisse de la Défense, dimanche dernier.
De même, les États-Unis – toujours en tête quand il s’agit de fascisme – a vu son ministère de la Sécurité Nationale passer de grosses commandes de munitions – plus de 750 millions de balles à tête creuse de calibre .40.
© Vivienne Gucwa, flickr.com
Le peuple devrait craindre Wall Street moitié moins que Wall Street ne devrait craindre le peupleOui, les choses vont mal mais terminons cet article par une note positive. Je suis conscient que tout ce qui vient d’être dit a l’air déprimant mais soyez assurés que moi, ainsi que les autres auteurs de Sott.net, abordons et commentons ces choses non pas par amour de la catastrophe et du pessimisme mais parce que, en fin de compte, nous gardons un sentiment d’optimisme essentiel vis-à-vis de la réalité. Pour nous, ignorer la réalité et son côté sombre serait vraiment un regard négatif car cela suppose qu’on ne peut rien y faire. Examiner les faits droit dans les yeux, c’est croire que quelque part il y a une issue ou que l’on peut donner un sens au chaos. Pour paraphraser Samsagace dans Le Seigneur des Anneaux, il y a du bien en ce monde et l’on peut faire quelque chose pour le défendre.
Et ça n’est pas seulement nous mais tout le monde ici-bas qui a eu le courage de faire quelque chose à propos de sa situation, que ce soit en descendant dans la rue, en partageant ses visions sur internet ou en donnant à une cause charitable. Je pense aux gens qui essayent obstinément de rompre le blocus à Gaza tout en sachant que l’armée israélienne fera tout ce qui est en son pouvoir pour les arrêter – même si cela implique d’abattre l’équipe. Mon propos ici n’est pas de juger quel genre de résistance est approprié ou efficace – sûr que certaines peuvent faire la différence tandis que d’autres peuvent faire de vous un martyr inutilement – mais plutôt de souligner que l’esprit humain n’a pas encore sombré. Il est en vie, il cherche des réponses et la justice, et la voix du peuple qui recherche le changement est plus forte de là où je suis.
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit
de Dylan ThomasN’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière.Bien que les hommes sages à leur fin sachent que l’obscur est mérité,
Parce que leurs paroles n’ont fourché nul éclair ils
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.Les hommes bons, passée la dernière vague, criant combien clairs
Leurs actes frêles auraient pu danser dans une verte baie
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.Les hommes violents qui prient et chantèrent le soleil en plein vol,
Et apprenant, trop tard, qu’ils l’ont affligé dans sa course,
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.Les hommes graves, près de mourir, qui voient de vue aveuglante
Que leurs yeux aveugles pourraient briller comme météores et s’égayer,
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.Et toi, mon père, ici sur la triste élévation
Maudis, bénis-moi à présent avec tes larmes violentes, je t’en prie.
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la mort de la lumière.Note
1. D’après le livre de Laura Knight-Jadczyk, à paraître prochainement : The Horns of Moses[Les Cor(ne)s de Moïse – NdT]
Andrés Perezalonso contribue à Signs of the Times versions anglaise et espagnole depuis 2007, et est également membre de l’équipe éditoriale du Dot Connector Magazine depuis 2010. Titulaire d’un doctorat en Politique, d’un master en Études internationales et d’un diplôme en Communication, il a travaillé en tant qu’analyste des médias. Passionné par le décryptage des événements mondiaux actuels, il prône une approche interdisciplinaire qui ose sortir des sentier battus. Né au Mexique, où il a passé son enfance, il réside actuellement au Royaume-Uni.
Source et traduction: Sott.net
Bonsoir,
Cela devient vraiment très grave, il devient urgent de ne plus etre des moutons (du moins non enragés).
Reptilienne ruminante
Première vidéo Nashville Airport observez la policière en arrière-plan… La société recrute des individus pervers qui répandent la terreur sans état d’âme. C’est la Théorie du Complot.