Dernièrement, 6 sismologues ont été condamnés à des peines de prison pour avoir sous-estimé la gravité potentielle dans une zone sismique, qu’en sera-t-il à l’avenir pour les autres? Doivent-ils vivre dans la peur d’être condamnés un jour ou doivent-ils systématiquement opter pour le pire scénario au risque d’entretenir la peur des populations? Cela reste ubuesque quand on constate que les pires criminels, eux, ne sont que rarement (voire jamais) inquiétés…
Un militaire italien marche sur les ruines des bâtiments démolis dans le séisme qui a dévasté L’Aquila, en Italie, le 6 avril 2009. Crédits photo : ALESSANDRO BIANCHI/REUTERMis en cause après le séisme de L’Aquila, ils rappellent qu’ils ne peuvent tout prévoir.
Sécheresse, inondations, pandémie grippale, éruptions volcaniques… Autant de risques sur lesquels les scientifiques pourraient au pire ne plus vouloir se prononcer, au mieux le faire sous le seul couvert de l’anonymat. Vingt-quatre heures après la condamnation de six sismologues italiens à six ans de prison ferme, l’émoi de la communauté scientifique est toujours à son comble. Les six savants ainsi que le sous-directeur de la protection civile ont été accusés d’avoir sous-évalué les risques avant le séisme qui a dévasté la ville de L’Aquila en 2009 et provoqué la mort de 309 personnes. Or tous les sismologues s’accordent à dire qu’il est impossible de prévoir un tremblement de terre.
Le président de la commission «grands risques», dont les experts ont été mis en cause, a annoncé mardi qu’il démissionnait de son poste. «Il n’est pas possible de fournir à l’État des avis sereins, désintéressés et hautement professionnels avec cette folle pression judiciaire et médiatique. Cela ne s’est jamais produit dans aucun autre pays du monde», a-t-il déclaré annonçant que plusieurs de ces collègues allaient suivre une même démarche. De leur côté, les sept condamnés ont fait appel de la décision.
«Une vision très dangereuse»
Pour les scientifiques le verdict soulève de multiples questions. C’est tout d’abord celle du rapport avec la société. «La vision un peu brutale transmise de manière très large est que la science sait ou ne sait pas: quand elle ne sait pas prédire de manière exacte, c’est qu’elle n’a rien à dire, et si elle se hasarde à des anticipations, celles-ci doivent être exactes. C’est une vision très dangereuse: nous vivons dans un monde où tout n’est pas prévisible, même si la science nous permet d’anticiper certains risques», rappelle le climatologue Hervé Le Treut.
C’est ensuite le rapport très délicat avec la justice. Il y a des exemples de procès par le passé mettant en cause des prévisions de scientifiques. «Nous avons connu des attaques de ce type», raconte ainsi Patrick Chassagneux en charge de la vigilance à Météo-France. Un sismologue américain ayant annoncé des risques de tremblements de terre à Los Angeles a également été poursuivi par des promoteurs qui l’accusaient d’avoir fait baisser les prix. Mais, jusqu’à présent, les plaignants ont été déboutés.
«Sans aller jusqu’à soutenir un éventuel principe d’irresponsabilité des scientifiques, il faut bien garder en tête que celui-ci établit son raisonnement en fonction de l’état des connaissances à un moment donné souligne Alain Carpentier, le président de l’Académie des sciences. On ne peut donc pas lui tenir grief du fait que ses connaissances soient limitées s’il a bien mobilisé toutes celles qui sont à sa disposition», affirme-t-il. Sinon, «on prend le risque que plus personne ne veuille se prononcer», s’inquiète Michel Setbon, sociologue des sciences «ou que les scientifiques se couvrent systématiquement en criant au loup».
«Il faut bien séparer le rôle de l’expert de celui du politique qui prend la décision», explique de son côté le géophysicien Vincent Courtillot, qui pointe du doigt les rapports complexes entre les experts, les politiques, les médias et le grand public: «Chacun doit garder sa place», ajoute-t-il. Ce procès en tout cas aura peut-être le mérite de rappeler que l’on ne peut pas tout attendre de la science.
Dans un article publié par la revue Nature au mois d’octobre et consacré au procès de L’Aquila, certains habitants expliquent comment, suspendus aux analyses scientifiques, ils ont petit à petit abandonné les réflexes de bon sens qui faisaient notamment que leurs parents quittaient systématiquement leur maison dès qu’il y avait une alerte sismique. «On aurait des dispositifs opérants en ravivant non pas la culture du risque mais la mémoire de la survie», plaide ainsi Emmanuel Garnier, historien du climat. Des propos qui, pour l’heure, ne rencontrent que bien peu d’échos.
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Source: Le Figaro
C’est bien beau de condamner des scientifiques mais est-ce que les états font leurs possibles pour se prémunir en conséquence des risques ????? C’est évident que non…. Est-ce qu’ils sont responsables des politiques d’urbanismes ???? C’est évident que non…. Est-ce qu’ils sont responsables de la crise et des remèdes concoctés par le docteur UE ???? Il est évident que non….. Donc surveillons la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie qui sont pris dans la tenaille des Docteurs Frankensteins et qui sont accessoirement les pays les plus sismiques de notre continent (avec la Turquie (hors-UE) mais qui est hors de la juridiction de Bruxelles)… Sans pompiers et hôpitaux, ni police, comment gères-tu un seisme destructeur????????
Ce que les Italiens vont gagner avec une telle décision, c’est qu’ils n’auront plus un seul scientifique qui bossera dans ce domaine… C’est LA bonne solution. Quand on est malade, on commence par casser le thermomètre, parce qu’il n’a rien fait pour vous soigner…
Cette sentence qui fut prononcée à l’encontre des scientifiques italiens est, on ne peut plus injuste.
Non pas qu’ils ne pouvaient pas prévoir la catastrophe, bien au contraire un rapport d’urgence sanitaire, relatant des émanations anormalement très (trop) élevées de Radon dans toute la région, a été 4 jours avant, envoyé au gouvernement, mais la lenteur bureaucratique a constitué un obstacle. De plus ce rapport a disparu de la circulation lors de la constitution des pièces à conviction, pourquoi, pour protéger qui ?
D’autre par, injuste car depuis le temps que la région connait des séismes variant de 3 à 5, il y a belle lurette que les pouvoirs publics auraient dû fournir les moyens de protéger la population par des normes et une obligation d’utilisation de matériaux parasismiques.
Mais aussi parce qu’il est inadmissible que l’on autorise de nouvelles constructions sur des régions où l’aléa sismique est très élevé. Je suis perpétuellement confronté à ce problème avec mon boulot, le pouvoir de l’argent, le pouvoir du politique, permet tout. Mais qui trinque en finale, la population ! Surtout quand on sait que des milliards d’euro sont investis dans des futilités et dans d’autres pays où c’est certains élus qui en profitent !
Comme tous les pays membres de la Communauté Européenne, l’Italie a ratifié le traité de normalisation des normes parasismiques pour tout type de nouvelle construction, EUROCODE 8, mais aucun de ces membres ne l’a encore mis en pratique, et si c’est le cas, aucune astreinte n’impose aux architectes et autres promoteurs immobiliers, de l’intégrer dans les cahiers des charges. Seule la France l’a intégré dans sa constitution, mais elles ne sont pas suivies d’astreintes à leur application.
En somme les vrais coupables, sont les politiciens et les promoteurs immobiliers.