On entend tout et n’importe quoi sur la Corée du Nord. A-t-elle vraiment l’arme atomique ? Alors que Sputnik titre « Kim Jong-un n’a pas à craindre une attaque contre ses sites nucléaires« . En attendant elle fait des essais et, il y a pas mal de dégâts dont personne ne parle.
Des avertissements urgents de fuites radioactives ont été lancés à la suite de l’effondrement d’un tunnel sous le mont Mantap, d’une hauteur de 7 200 pieds, là où la Corée du Nord met à l’essai ses systèmes d’armement.
L’accident qui se serait produit le 10 octobre et qui n’a été révélé que le 31 octobre est un désastre qui aurait tué deux cents personnes. Partout ailleurs dans le monde, cette tragédie aurait fait les manchettes et les chefs d’État auraient envoyé leurs condoléances et offert leur aide.
Apparemment, la vie des parents, filles et fils constituant la force ouvrière de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) vaut moins que celles des autres, car les lignes téléphoniques et les courriels sont restés muets. La tour Eiffel et la porte de Brandebourg n’ont pas été illuminées non plus aux couleurs du pays en commémoration des victimes.
Seuls les risques de radiation ont fait les manchettes. Les institutions et les organes spécialisés n’ont pas tenté d’évaluer ces risques ou de les limiter, n’ont pas tendu leurs mains à la suite d’une catastrophe majeure.
Alex Lockie, du Business Insider, rapporte que selon des sources nord-coréennes, le tunnel « s’est effondré sur 100 travailleurs, puis 100 autres sont morts sous la montagne instable lorsqu’ils sont allés les secourir. » (1)
Non seulement il n’y a pas eu d’aide de la « communauté internationale », mais « si des débris d’essai nucléaire parviennent en Chine, Pékin pourrait considérer cela comme une attaque contre son pays, avait déjà déclaré au Business Insider Jenny Town, directrice adjointe du U.S. Korea Institute et rédactrice en chef de 38 North. »
Commodément oubliés sont les essais irresponsables que les USA ont effectués au Nevada, où les champignons atomiques étaient visibles à des centaines de milles à la ronde : « Las Vegas a subi des effets sismiques notables » (« Site d’essais du Nevada » sur Wikileaks), sans oublier le sort de ceux qui vivaient « dans le sens du vent », qui ont souffert de maladies liées aux radiations des retombées nucléaires.
« Personne n’a manifesté autant de mépris pour les autres pays et le bien-être de son propre peuple que le régime dépravé de la Corée du Nord (…) », a déclaré Donald Trump à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre.
De toute évidence, il ignore l’histoire nucléaire irresponsable de son propre pays.
Oubliés aussi sont les essais atomiques des USA et du Royaume-Uni dans le Pacifique (1946-1962), à la suite desquels les militaires engagés dans l’opération qui étaient toujours vivants (ils n’avaient pas été avertis des dangers) ont lutté jusqu’à la fin de leur vie afin d’obtenir une compensation pour les cancers et les malformations de leurs enfants. Il en reste encore quelques-uns, aujourd’hui très âgés, qui luttent encore.
La population de l’île Bikini a été évacuée, mais l’île reste encore tellement radioactive que les familles et leurs descendants ne peuvent y retourner. Un autre bel exemple de populations jetables.
Bien qu’il ne soit pas encore certain que la Corée du Nord ait mis au point des armes nucléaires, elle en teste les possibilités en réponse à plus de soixante ans de menaces étasuniennes. Mais contrairement aux USA, ses essais se font sous une grosse montagne et « les essais successifs n’ont pas jusqu’à maintenant causé de fuites radioactives dans les régions avoisinantes, selon les analystes ». (2)
Cependant, dans la semaine de l’effondrement, il y a eu un avertissement sévère :
« Les essais nucléaires continuels par la Corée du Nord pourraient causer des fuites radioactives, a prévenu Nam Jae-Cheol, météorologue en chef des services météorologiques sud-coréens. L’espace creux au pied de la montagne où les essais sont effectués pourrait imploser et entraîner l’infiltration de matières radioactives. »
Aussi :
« Le mois dernier, des scientifiques de l’Institut de géologie et de géophysique de l’Académie chinoise des sciences ont également attiré l’attention sur la possibilité d’une implosion catastrophique dans les montagnes (…). »
Le même reportage nous apprend aussi que la Corée du Nord, probablement en réponse aux menaces apocalyptiques de Trump à l’endroit de ce pays comptant seulement 25,4 millions d’habitants, aurait « effectué ces derniers jours des exercices d’évacuation de masse et de simulation de panne généralisée dans un contexte de menace accrue de guerre nucléaire. »C’est poignant et honteux.
Mais si l’on craint, à juste titre, des fuites radioactives, qu’arrivera-t-il si Donald Trump met à exécution sa menace de répondre par le « feu et la fureur comme le monde ne l’a encore jamais vu »?
Le 22 octobre, Trump a annoncé son intention de mettre la flotte étasunienne de bombardiers B-52 à capacité nucléaire en alerte 24 heures sur 24.
« C’est une étape de plus pour nous assurer que nous sommes préparés », a déclaré le général David Goldfein, chef d’état-major de l’armée de l’air, à Defense One. »
Les premières cibles, comme Trump l’a clairement exposé, seraient les installations d’armes de la RPDC. Les craintes soulevées actuellement par les fuites, ce n’est rien à côté de ce qui se passera si Trump va de l’avant. Pour reprendre ce qui a déjà été dit, c’est toute la région, sinon la planète entière, qui risque d’être réduite en cendres.
Le président des USA, qui est actuellement acculé au pied du mur, dont la destitution est une possibilité grandissante et qui semble de moins en moins saisir la réalité, pourrait bien recourir à pareille folie comme tactique de diversion.
L’heure est venue pour les pays voisins et les alliés des USA de profiter de cette catastrophe pour tendre la main, proposer leur aide, leur diplomatie et la normalité à un pays qui s’est construit littéralement sur les cendres de chaque ville et village que les Étasuniens ont détruit il y a soixante ans.
Il faut agir maintenant. La semaine prochaine, ce pourrait être trop tard.
Donald Trump doit d’ailleurs se rendre dans la région et en Corée du Sud dimanche. Il devait aller dans la zone frontalière, où l’attendait l’inévitable séance de photos à laquelle s’adonnent tous les va-t-en-guerre de passage. Mais il a annulé sa visite le jour même de l’annonce de fuites radioactives possibles.
Trump a une phobie. Dans son livre publié en 1997, The Art of the Comeback, il a écrit qu’il détestait les poignées de mains à cause des microbes :
« Une des malédictions de la société étasunienne, c’est le simple fait de serrer des mains. Plus vous connaissez du succès et devenez célèbre, plus cette terrible coutume semble se répéter.
« J’ai une obsession de la propreté des mains. Je me sens beaucoup mieux après m’être bien lavé les mains, ce que je fais autant que possible. »
D’autres sources rapportent qu’il préfère boire avec une paille, au cas où le verre dans lequel il boit serait porteur de microbes.
Lorsque Theresa May lui a rendu visite une semaine après son entrée en fonction, on a dit que la raison pour laquelle il lui a tenu la main si fermement en montant les escaliers, c’était parce qu’il craignait les microbes que d’autres avaient laissés en tenant la rampe avant lui.
Malgré sa menace de répondre « par le feu et la fureur », il s’est peut-être rendu compte que la radiation ne s’enlève pas en se lavant les mains. Serait-ce la raison pourquoi il a soudainement annulé sa visite à la frontière? Je me le demande.
Auteur Felicity Arbuthnot
Article original en anglais :
Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca
Notes
La source originale de cet article est Mondialisation.caCopyright © Felicity Arbuthnot, Mondialisation.ca, 2017
Fin octobre les medias allemand en parlaient aussi.
Et si demain un reacteur nucléaire sauterait en l´air, les dirigeants ne se préoccuperont toujours pas que le nucléaire est de la merde.