Vu le peu d’intérêt pour les sujets de fond, une réflexion sur la terre. Pas notre planète Terre mais, cette terre nourricière, à qui nous devons tout et qui est bien malmenée, en souhaitant que ça fasse « tilt » à quelques uns. Merci à l’auteur Michel Costadau
Ça fait un moment qu’on me demande un billet sur l’agriculture. En fait ce sera sur la terre. Bon voilà c’est parti.
On va commencer par les fondamentaux, comme au rrruby. La phrase clé c’est la suivante : un agriculteur c’est quelqu’un qui s’occupe de la terre. Vous allez me dire bon ben euh oui c’est évident. Eh bien non…….. parce que 99 % des agriculteurs s’occupent uniquement de ce qu’ils font pousser, pas de la terre.Démonstration : destruction des adventices, apport d’azote ou d’autres produits pour nourrir la plante. Semences transgéniques, Épandage d’herbicides, d’insecticides, de fongicides pour protéger la plante et rien que la plante. Raccourcisseur de paille pour que ça ne se couche pas. Enrobage des semences pour lutter contre les insectes du sol. Vaporisation de glyphosate pour tuer la plante et la sécher. Ok. Stop.
Et donc, 99 % des agriculteurs sont de mauvais agriculteurs. Ils ne s’occupent pas de la terre. Alors pour la suite on va dire que quelqu’un qui s’occupe de la terre c’est un paysan, et celui qui ne s’en occupe pas un agriculteur. On dit même exploitant agricole, c’est plus clair.
Seulement voilà, ce n’est pas du tout évident de s’occuper de la terre. Tout en évitant de tomber dans le fétichisme, il faut reconnaître qu’il n’est pas si facile que ça de comprendre que la terre ce n’est pas que du minéral, c’est aussi de l’animal et du végétal dans une osmose variable et complexe. Y en a même qui disent qu’il y a du sidéral dedans, peut-être.
Mais déjà on peut tirer une sérieuse conséquence de cette situation : tout ce qui est hors sol, animal ou végétal ne devrait pas être de l’agriculture, parce que clairement c’est de l’industrie.
Bon mais alors, pour les paysans, comment s’occuper de la terre ?
Le paradoxe c’est que la première bonne attitude c’est de laisser la terre tranquille, c’est-à-dire ne pas la remuer, ne pas la toucher. Ce qui ne veut pas dire ne rien récolter, puisque la terre produit assez naturellement du végétal qui, en plus, peut servir à nourrir de l’animal. C’est d’ailleurs la première agriculture que nous avons pratiquée : cueillette, élevage, chasse.
Bien, le problème c’est qu’on ne choisit pas ce qui pousse. Aïe. Et donc si l’on souhaite par exemple récolter du blé, comment va-t-on demander ça à la terre ? D’abord est-ce que la terre elle a envie de faire pousser du blé. En fait oui, parce que la terre est généreuse et aime bien porter du fruit.
Mais alors il faut l’ensemencer. Avant on jetait la graine à la volée, c’était assez doux, maintenant on force la terre pour enfouir la graine, c’est un peu violent et guère plus efficace. Bon mais le plus important c’est le moment.
Il y en a qui sèment dans le sec en faisant une poussière terrible, ce n’est pas le bon moment. L’autre extrémité c’est quand ça colle trop, car alors le grain n’est plus en contact avec la terre, mais entouré de boulettes tassées. Alors le bon moment c’est quand vous prenez la terre dans la main et qu’elle s’effrite sans presque vous coller les doigts ni être dure et faire de la poussière. Voilà c’est ça le bon moment.
Évidemment s’il pleut juste après le semis, c’est un bonus.
Ensuite, ben ensuite il faut laisser la terre travailler, car quand les agriculteurs disent qu’ils travaillent la terre c’est un abus de langage, parce qu’en réalité c’est la terre qui travaille, c’est elle qui fait le boulot, avec le soleil et la pluie bien sûr et les paysans.Le boulot du paysan, c’est alors d’aider la terre. Et pour l’aider il faut comprendre ce qu’elle aime. Clairement elle aime la variété, soit en associant plusieurs plantes, soit en variant les plantes d’année en année.
Ce qu’elle aime aussi c’est se reposer de temps en temps, pas forcement en la laissant en jachère, mais surtout en ne faisant pendant quelques années que couper ce qui pousse sans rien planter de nouveau. Typiquement, c’est sa période prairie et en plus c’est joli. Ça elle aime bien.
Ce qu’elle aime aussi, c’est voir passer des animaux, broutant, paissant, mangeant. Oh pas des vaches si elles s’enfoncent à pleines jambes, plutôt des brebis qui se dispersent et avancent vite, car la brebis aime la terre et sa fraîcheur. Ce que la terre aime aussi, c’est qu’on la nourrisse : paille, déchets organiques, fumiers, produits minéraux, animaux ou végétaux qu’elle peut digérer.
Et pour bien voir si elle assimile ce que vous lui donnez, il suffit de le voir disparaître. Si vous retrouvez des chaumes l’année d’après, c’est qu’elle ne digère pas bien. Ça je l’ai compris.
Par contre ce que je n’ai pas compris c’est pourquoi la terre s’appelle la Terre.
Michel Costadau pour son site Non-Vote-2017
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Malgré l’aspect repoussant que beaucoup lui confèrent, la terre a bien plus de valeur que l’or et que tout ce qui brille. Le jour où les humains auront compris cela espérons qu’il ne sera pas trop tard et qu’elle ne sera pas totalement morte et … enterrée !
M.G.
“Quand le dernier arbre aura été coupé,
Quand la dernière rivière aura été empoisonnée,
Quand le dernier poisson aura été attrapé,
Seulement alors, l’Homme se rendra compte que l’argent ne se mange pas.” Proverbe indien.