L’exclusion, un métier d’avenir ?

(Mise à jour en fin d’article)

C’est au cours de mes pérégrinations nocturnes sur la toile, qu’au détour d’un clic je me suis retrouvé nez à nez avec les restes encore fumants d’un blog déclaré « mort » en mai 2005. Inerte, mais non sans âme, errant dans l’immensité du web tel un vieux satellite prisonnier d’une boucle temporelle, ce blog m’a littéralement scotché de par la désinvolture avec laquelle son auteur – un ex clodo de profession qui aurait visiblement replongé – dépeint un véritable sujet de société à sensibilité variable : l’exclusion sociale. Il m’a paru nécessaire de lui redonner un souffle de vie le temps d’un partage.

Après avoir dépoussiéchaque page, chaque ligne de texte, à la recherche de l’auteur perdu, j’ai fini par lui mettre la main dessus : « A. Nonyme », ce qui doit signifier en langage d’exclu : « ne cherchez pas à savoir qui je suis, mais regardez plutôt comment je vis ». Parti sans laisser d’adresse, juste le titre d’un blog « Web’xclusion » et quelques textes tissés sur une trame d’humour imprégnée d’une odeur de bas-fonds, c’est d’une plume narquoise mais sincère que l‘auteur nous entraîne sans concession au plus près du pavé, en deçà même du tout premier barreau de l’échelle sociale.

L’inconnu avec qui vous allez faire connaissance nous livre le « mode d’emploi » de la rue à travers le prisme de son propre vécu, une analyse finement ciselée d’une société dans la société, avec ses propres us et coutumes, un univers impitoyable où tous les coups se côtoient : coups de gueule, coups de poings, coups de blues … Ici pas besoin de décodex pour comprendre que le froid, la chaleur, la faim, la solitude ou encore la violence sont le lot quotidien du petit monde des « sans-rien ».

Un monde défini par la nomenklatura comme « marginal » et semblant évoluer à mille lieues de nos petites préoccupations matérielles, pourtant nous côtoyons cet univers parallèle dès que nous mettons le nez dehors puisqu’il palpite inlassablement à chaque coin de rue, sous chaque pont et derrière chaque carton. Inconsciemment nous nous efforçons d’éviter son regard, par lâcheté, ou tout simplement par peur, car nous savons pertinemment qu’il nous talonne sans cesse, guettant le moment propice pour nous happer dans son infernale spirale

« Web’xclusion », le guide du clochard anonyme en onze volets gravés sur la toile dans l’attente d’une improbable suite, dont la lecture, j’en suis sûr, ne vous laissera pas insensible. Voici le premier opus en version PDF

(avec l’aimable autorisation d’A. Nonyme)  La rue (Sans Domicile Fixe)

Mise à jour ⇒ Second volet disponible en PDF La taule (journée portes ouvertes)

Si toutefois l’envie de vous immerger directement au cœur du blog fantôme pour vivre l’expérience du trottoir par procuration vous tente, voici le lien : webxclusion/index

M.G.

10 Commentaires

  1. Être au centre d’un carrefour et, d’un coup, te rendre compte qu’il n’est plus nécessaire de choisir une direction !
    C’est un moment magique ou tu perçois ce qu’est la vraie liberté !
    Au début, cette liberté te fait peur car tu ne là jamais connue,
    C’est si nouveau et si dangereux !
    La vraie liberté de l’esprit, c’est ne pas devoir choisir ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yes.gif
    Il faut l’avoir vécu pour le comprendre !

  2. Pfiouuu, j’en ai lu trois pages pour le moment et c’est le genre d’humour qui te prend aux tripes…
    C’est remarquablement bien écrit !

  3. Je viens de lire l’intégralité du PDF, c’est super bien écrit, intelligent, percutant. l’auteur décrit la rue sans fioriture ni complaisance. Il n’est ni dans la dénonciation ni dans l’émotionnel, c’est un constat, un croquis instantanée de notre société qui laisse songeur.

    Merci beaucoup pour ce partage

  4. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif
    Le pire c’est qu’étant éducateur et ayant travaillé en CHRS, je retrouve bien ce que je pense du secteur social.

    Perspicace et objectif, bravo à lui.

    https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gif

    • Les éducateurs et autres professions à caractère social ne sont pas assez valorisé et très mal payé, ce qui est un non sens.

      Ils sont aussi en sous effectif, manque d’infrastructures et de matériels. Leurs outils pédagogiques souvent obsolètes.

      J’ai été éducateur de rue il y a 23 ans d’ici on était partis pour au moins trois ans. On a été trop efficace en un ans on a réussi à rendre notre quartier beaucoup plus calme et sécurisé, on a été remerciés (sic).

      Je pense que les solutions préventives ne sont plus dans leurs préoccupations premières. On va plus aller sur des agences de sécurités privées qui vont suppléer les forces de l’ordre là où ils seront nécessaires, cartiers difficiles, centres commerciaux lieux névralgiques, etc…

      N’oublions pas que le CETA ou futur TAFTA va favoriser la privatisation de tous nos organes d’état, social, ou fédéral (pour la Belgique*).

      (*) d’où le non wallon.

      Orné

  5. pas de commentaire de certains : ceusses qui sont pour ce qui est contre et contre sur ce qui est pour ………???????

    Très bien écrit par ce « MONSIEUR » qui à sûrement plus de tripes et d’intelligence que beaucoup d’entre nous….

  6. @ Volti, MG, etc
    Franchement merci de me le faire découvrir.

    Peut être, dans la boîte à outils à coté de l’onglet « vos videos » , mettre vos textes. Et celui ci aurait toute sa place, de part le fait que cela ouvre les yeux sur un système qui broie des vies plus qu’elle ne les épanouis.

    Il faudrait même le pousser à publier, y en aurait des travailleurs sociaux et gens qui auraient besoin de ce rappel!

    🙂

    • Merci ADD pour cette appréciation !
      Et merci également aux autres intervenants.

      En balançant cet article, j’ai pensé à la même chose que toi : il mériterait d’être publié. Malheureusement je pense qu’A.Nonyme est de nouveau dans la rue, et le joindre sera donc mission impossible. Pourtant j’aurais vraiment aimé échanger avec lui.

      Quoi qu’il en soit, l’idée d’ajouter « vos textes » dans l’onglet « liens recommandés » est excellente. Dès que Volti (si elle veux bien) l’aura ajouté, j’y déposerai les 11 textes que je suis en train de passer en PDF.

      https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gif M.G.

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