Les tomates : un fruit devenu immangeable …

Comme je suis d’accord avec Jacques Henry. Et pas que pour les tomates..

Pour une fois les pourfendeurs de l’amélioration variétale de plantes ne me contrediront pas, les tomates que l’on trouve dans le rayon légumes des supermarchés ne sont plus ce qu’elles étaient il y a 30 ou 40 ans. Des tomates fermes, à peine juteuses, d’un couleur franchement rouge, dégageant une odeur caractéristique provenant de dérivés de la famille des carotènes, ne cherchez pas : ces tomates n’existent pratiquement plus. La grande majorité des tomates ont été soigneusement sélectionnées durant les quelques 50 dernières années afin de mûrir lentement, de résister par elles-mêmes aux champignons et autres moisissures et surtout de se prêter à toutes sortes de transformations comme le ketchup ou les concentrés utilisés pour la confection des pizzas. La tomate est devenue un fruit typiquement industriel, sans goût ni attrait, un détestable produit commercial.

Certes on trouve maintenant des tomates dites « cerises » attachées les unes aux autres naturellement, c’est uniquement pour la satisfaction visuelle car elles sont tout aussi insipides. Il faut musarder dans des boutiques averties pour trouver quelques tomates à l’aspect plutôt sinistre pour satisfaire ses papilles gustatives produites par de petits agriculteurs courageux qui ont le « goût » du risque.

Capture d’écran 2017-02-01 à 20.55.06.png

Aujourd’hui la production de tomates est une véritable industrie. Ces fruits – oui, il s’agit de fruits et non pas de légumes – apparentés aux pommes de terre, sont produits dans des conditions contrôlées, souvent en hydroponie, c’est-à-dire en l’absence de terre, les racines étant imbibées automatiquement de liquides nutritifs, sous serre, stérilement, afin d’obtenir des tomates toutes de la même couleur, toutes de la même taille, facilement emballées et expédiées parfois à des milliers de kilomètres de leur lieu de production. Le revers de ce succès est un produit gorgé d’eau, sans goût aucun, bref une sorte d’ersatz repoussant.

Et ce résultat d’une sélection intense qui débuta au cours des années soixante a provoqué la disparition des gènes qui justement rendaient les tomates attractives de par leur senteur et la fermeté de leur chair. La sélection vers des tomates résistantes aux champignons et capables de rester sur les linéaires des supermarchés plus d’une semaine a été atteinte au détriment des propriétés organoleptiques qu’appréciaient nos parents et grands-parents. Aujourd’hui, on peut s’offrir un kilo de tomates insipides pour 1 euro ou si on est regardant et si on a les moyens financiers on peut s’offrir des tomates « comme autrefois » pour 10 euros le kilo, pas toutes de la même taille ni de la même couleur mais de vrais fruits que l’on peut déguster comme tels.

Le souci est que si les maraîchers voulaient produire des tomates, allez, on va dire industrielles, avec les saveurs d’antan, il faudrait réintroduire les gènes bien identifiés qu’elles ont perdu par sélection mais cette fois par génie génétique, en d’autres termes des tomates transgéniques qui redeviendraient de vraies tomates. N’est-ce pas là une absurdité ?

Inspiré d’un article paru sur le site Bloomberg

Source Jacques Henry

Voir aussi

http://jacqueshenry.wordpress.com/2012/10/06/nouvelles-du-bisphenol-a-a-en-fremir-dhorreur/

http://jacqueshenry.wordpress.com/2013/01/23/la-chimie-industrielle-est-vraiment-pourrie/

15 Commentaires

  1. Le constat fait sur les tomates concerne malheureusement de nombreuses autres espèces.

  2. On a même trouvé, en super-marché, des tomates dites « coeur de boeuf » qui n’avaient rien de la variété ancienne. Ces tomates côtelées et sans aucun goût avaient été ainsi dénommées pour tromper le client et lui faire croire qu’ils achetaient de la variété ancienne. La véritable « coeur de boeuf » est lisse et de forme allongée comme un coeur.
    On trouve maintenant des graines de ces vieilles variétés un peu partout. Il est assez facile de faire ses plants et de cultiver des tomates qui ont gardé le goût de la tomate. Certaines variétés viennent même très bien dans de grands pots ou bacs sur la terrasse. Alors, pourquoi se priver ?
    Et oui, malheureusement, le goût n’est pas un critère de sélection pour les producteurs. Coupez une salade dans votre jardin et comparez avec celle du commerce… Celui qui a un bout de jardin est bien heureux à l’heure actuelle.
    Un exemple : http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-planete/20150725.RUE9963/exploit-dans-son-micro-jardin-joseph-produit-300-kilos-de-legumes.html

  3. C’est vrai Rainette, mon voisin cultive des tomates anciennes et m’en a porté tout au long de l’été dernier, quel délice ! et les salades, fraîchement cueillies ont un parfum que j’avais totalement oublié bien qu’achetant des salades bio, elles sont cueillies la veille et n’ont plus cette odeur inimitable.
    Cet année je vais mettre des tomates en pots sur la terrasse, mon voisin me donnera des plants prêts à être repiqués.
    Les « cœur de bœuf » les vrais, miam…
    C’est aussi le consommateur qui est fautif, car en toutes saisons il veut des tomates, donc il faut produire hors saison. J’en vois, tout comme vous certainement, des tomates, des aubergines, des courgettes, toute l’année sur les étals, aussi bien dans la grande distribution que dans les magasins bio, et s’il n’y en a pas – un magasin bio que je connais avait essayé – les clients sont allés voir ailleurs.
    Alors se lamenter sur le manque de goût ne rime à rien si on n’accepte pas de vivre avec les saisons. Manger de saison et local serait vraiment une solution, car il y en a sûrement d’autres, pour que notre nourriture devienne un peu plus… mangeable !

  4. Les tomates de super marché n’ont aucune odeurs…. Alors que la tomate a un parfum assez fort en vérité et atypique qui a pour conséquence de te faire saliver direct tellement c’est bon !

    C’est donc pas normal qu’elles ne sentent rien ! Du coup il n’est même pas nécessaire que je poursuivre sur la texture ou le goût qui est du même acabit…

    Mon père continue d’en cultiver, inutile de dire qu’il n’y a pas photo, surtout que ses pieds viennent du village d’où il est originaire près de Trapanni.

    Malheureusement on a pas assez pour tenir toutes l’année, sauf pour la sauce tomate que ma mère met en pot stérilisé avec de l’huile d’olive.

    Donc le reste du temps je me fourni chez mon magasin bio ou on a de vraies tomates parfumées, dont la variété que Rainette relate si haut !


    Voilà ça c’est des tomate comme on a en Sicile.. È vero che cosa, questo che cosa è questa storia?

    Akasha.

  5. Pas de Jardin ? On trouve d’excellentes tomates, et autres légumes, sur certains marchés autour de 3€ le kilo. Il suffit de fouiner pour dégotter le bon maraîcher ou le petit paysan du coin qui cultive à l’ancienne. Il ne faut surtout pas hésiter à leur demander de quelle façon sont cultivés leurs légumes et quels traitements ils reçoivent. Un commerçant honnête vous répondra sans ambiguïté et vous fera même goûter ses produits …

    M.G.

    • Oui voilà, c’est exactement ce qu’on fait. On a d’ailleurs un bon maraicher bio pas très loin de chez-nous ! Mais il ne fait pas de légume de hors saisons, donc pas de tomate pour le moment, mais j’en trouve chez le magasin bio qui est en mode circuit court et commerce équitable ou tout est en vrac aussi pas de déchet sauf organique bien entendu, on en fait du composte qu’on donne d’ailleurs vu qu’on ne cultive pas nous même. On a des voisins qui eux cultive donc ils viennent se servir chez-nous dès qu’on en a du prêt la journée tout est ouvert jusqu’à 17h comme ça…

      Mon père lui est blindé, il cultive depuis toujours comme la plupart des vieux siciliens ^^
      è un Capo Spirituale lol

      Akasha.

      • Akasha, je me trompe ou tu habites en Belgique ? Et tu trouves des tomates en février cultivées naturellement, avec de la terre au pied et sans ajout d’engrais chimiques ? Et non nourries par perfusion ? Ouaahh !https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_smile.gif

        • Ben oui, c’est pour ça que je précise que le maraicher ou on se fournis, lui n’en a pas en hors saison.

          Où on les achètes comme je le précise il font dans le commerce en circuit court, MAIS aussi en équitable, elles viennent de ce circuit et du sud de l’Italie justement 🙂 J’ai aussi de la sauce tomate toutes faite de chez mes parents comme expliqué dans mon 1er poste.

          Akasha.

  6. Ici pas de petit paysan sur le marché ! juste un revendeur et ce n’est pas toujours frais.
    Il y a eu pendant quelque mois un paysan qui faisait du bio, établi sur la commune, mais il a arrêté ayant de gros problèmes de santé. Dommage !

Les commentaires sont clos.