«Pinkwashing»: une blogueuse malade du cancer poursuivie par une association qui lutte contre le cancer

2015-05-01-1430461932-5049859-coverlivreamazonDans un article publié sur son blog, Manuela Wyler s’interroge sur l’opacité des comptes de certaines associations qui financent la lutte contre le cancer du sein. Mise en cause, l’une d’entre elles la poursuit en diffamation.

Sur son blog «Fuck my cancer», Manuela Wyler, 55 ans, atteinte d’un cancer du sein, dénonce régulièrement le «pinkwashing». Ce mot-valise anglais fait référence au travestissement du «marketing de cause en opportunisme commercial», comme l’explique Slate. L’un de ses coups de gueule porte notamment sur le filon des courses roses. «Depuis quelques mois je m’intéresse à ces associations, sociétés commerciales qui vivent de la peur des femmes et ne font pas vraiment avancer la recherche. Courir, danser, rouler, marcher, pratiquer le yoga c’est bon pour votre santé. C’est recommandé par la faculté et ces organisateurs proposent de le faire ensemble en payant un dossard au passage et en s’habillant en rose si possible avec un T-shirt que vous achetez aussi.

Les laboratoires pharmaceutiques s’associent à ces courses qu’ils  financent en partie ainsi que des marques variées de produits dits féminins qui vous fournissent des échantillons de lessives, tampons hygiéniques et autres produits chargés de substances toxiques mais non interdites», écrit-elle sur son blog.

L’un de ces événements sportifs aura d’ailleurs lieu à Lyon le 24 mai prochain. Il est organisé par l’association Courir pour Elles.

Dans son post, Manuela Wyler souligne que cette association «ne publie pas ses comptes ni sur son site ni ne les dépose au greffe du tribunal ou à la préfecture. Jusqu’au seuil de 153 000 € c’est son droit, ça n’est pas très éthique, ni responsable mais cela reste dans le cadre légal […] Je pense que pour l’exercice fiscal 2015 l’association va franchir allègrement le cap des 153K€ de recettes et devra publier ses comptes, sauf si par un tour de passe-passe comptable une régie de recettes est créée par un tiers.» Selon elle, il est nécessaire que cet argent soit traçable. «Elles seront 9 000 à avoir déboursé 20 € ce jour-là; donc 180 000 € de chiffre d’affaires déjà encaissés par l’association organisatrice qui est aussi détentrice de marques, dûment déposées à l’INPI, dérivées de la première». Et de souligner, au passage,  que la course bénéficie également d’une subvention départementale, en appelant les «élus et à la cour régionale des comptes à faire preuve d’un peu de responsabilité et à aller regarder de plus près ce qui mijote dans ces marmites roses opaques».

«Moralement, c’est inacceptable»

Manuela Wyler a subi le courroux de ladite association. Cette dernière a décidé de la poursuivre en diffamation, comme en témoigne la convocation pour première comparution mise en ligne par l’intéressée. Maître Xavier Vahramian qui défend la présidente de l’association Courir pour Elles, Sophie Moreau, explique que «le blog de Manuela Wyler n’est pas seulement diffamatoire mais il est aussi mensonger. L’association touche des subventions infimes. Seules celles qui touchent des subventions supérieures à 153 000 euros [et non des recettes comme le stipule Manuela Wyler] doivent publier leurs comptes [comme le notifie le site du gouvernement].

 

Source et suite de l’article sur Libération.fr

Le blog de Manuela Wyler: Fuckmycancer.fr

Son livre aux éditions Fayard: Fayard.fr/fuck-my-cancer

Un Commentaire

  1. J’appelle cela une lanceuse d’alerte. Il ne fait pas bon braquer les projecteurs sur certaines associations, certains labos… Elle a bien du courage. Comme si la maladie ne suffisait pas ! Il y en a qui devraient faire attention: un animal malade peut devenir plus dangereux qu’un animal bien portant.
    Bravo à cette dame !

    Il ne faut pas donner à n’importe qui en matière de cancer. C’est de l’arnaque, à juste titre dénoncé ici même sur le blog. Trop de gens se sucrent sur le dos des malades qui ont, au contraire, besoin de sécurité, de protection, de faire confiance. On en abuse, c’est scandaleux.

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