Elisabeth Lévy : «Les réformateurs de l’école prennent les enfants de pauvres pour des cons»

Où sont passées les années durant lesquelles les profs et instituteurs étaient respectés? Lorsque nos enfants apprenaient encore ce qu’est la France et son histoire, lorsque les marques ne s’étaient pas imposées subtilement dans les programmes, lorsque les grandes figures historiques n’étaient pas oubliées, ces années durant lesquelles l’orthographe était celle de Hugo ou de Verlaine et non d’un SMS? N’oubliez pas que Microsoft s’est payé l’éducation nationale, qu’à l’heure actuelle la théorie du genre est enseignée quel que soit le nom utilisé pour mieux faire passer la pilule, que les réformes sont multipliées pour un résultat plus que désastreux, même nos écoles foncent dans un mur, et ce sont nos enfants qui en subiront l’impact…

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – A l’occasion de la sortie du dernier numéro de Élisabeth_LévyCauseur intitulé «Profs ne lâchez rien», ElisabethLévy a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Pour la journaliste, les parents des classes moyennes et populaires ne sont pas prêts de renoncer à l’accent circonflexe.

 Elisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction de Causeur. Dans son numéro de mars, intitulé, «Profs ne lachez rien!», le magazine s’intéresse à la résistance des profs face à la destruction de l’école par les pédagos.

 

Le nouveau numéro de Causeur s’intitule «Profs ne lâchez rien!». Étant donné que le «collège Najat» et avec lui les nouveaux programmes entreront en vigueur à la rentrée prochaine, s’agit-il d’un appel à ne pas respecter la loi?

 

Nous ne l’avions pas vu comme ça, mais à la réflexion…oui! Nous sommes républicains et nous sommes évidemment pour le respect de la loi, mais je ne sais plus laquelle de nos constitutions, celle de 1793 je crois, dit qu’il faut se révolter contre les lois scélérates.

Eh bien, il n’y a pas plus scélérat qu’une loi qui promeut le nivèlement par le bas et organise la destruction de l’enseignement des humanités. Car on sacrifie en même temps l’avenir des élèves et celui de notre culture. Quand plus personne ne sera capable de transmettre la littérature française ou d’orthographier correctement la langue française, elles disparaîtront. Et le saccage continue car, comme nous le révélons dans ce numéro, les «experts» du ministère commencent déjà à imaginer le «Lycée unique» (qu’ils appellent Lycée pour tous).

Et à l’école maternelle et primaire, le désastre est déjà bien engagé

, ils veulent continuer à faire leur métier. Alors oui, beaucoup sont décidés à saboter la réforme en continuant à faire, sous les étiquettes bariolées de l’interdisciplinarité et du travail en groupe, les cours magistraux qui sont au cœur de ce métier quoi qu’en disent les adeptes des fanfreluches pédagogiques. Et si pour cela, ils doivent ruser avec l’institution qu’ils représentent – comme l’ont fait les parents d’élèves avec le latin, l’allemand et les classes bi-langues -, eh bien qu’ils rusent! Je suis convaincue qu’au-delà des clivages politiques, une grande partie de la France est avec eux.

Après la gronde déclenchée par la suppression du latin et du grec, c’est la simplification de l’orthographe qui a fait souffler un vent de révolte chez les parents et les profs. N’en fait-on pas trop pour un accent circonflexe?

 

Les parents et les profs ont tout compris ; ils savent que la réforme du collège et celle de l’orthographe sont deux facettes d’une seule et même entreprise: puisque, sous couvert d’offrir l’excellence à tous, ce qui est un oxymore et une tromperie, on a renoncé à la méritocratie républicaine, on va faire disparaître tout ce qui ressemble à de l’excellence, c’est-à-dire à la possibilité qu’ont certains élèves d’être meilleurs que les autres. Ce faisant, on brime les bons élèves et on empêche les moyens et les médiocres de progresser. Bref, en fait d’excellence pour tous, c’est l’excellence pour personne. Tout ça bien sûr, avec les meilleures intentions. Il s’agit de faire en sorte que les élèves les plus pauvres ne soient pas défavorisés. En réalité, pardonnez-moi l’expression, mais on les prend vraiment pour des cons. Le mépris enrobé de compassion: c’est cela le plus révoltant.

 

 

Certes, mais vous n’avez pas répondu sur l’orthographe. Pourquoi tant de drame pour un circonflexe?

 

Primo, à la différence d’un code informatique qui est purement fonctionnel, une langue est un héritage ¬- et une esthétique avec ses canons propres qui ne sont pas universels. Les accents circonflexes et d’autres singularités orthographiques sont en quelque sorte une trace du passé.

Deuxio, la maîtrise de règles complexes, parfois arbitraires, mais pourvues d’une cohérence interne, est une excellente formation intellectuelle. Je sais qu’il y a d’excellents esprits qui sont incapables d’apprendre l’orthographe mais je crois bien que j’ai appris à penser en apprenant à écrire.

Tertio, la seule raison pour laquelle on veut simplifier certaines règles, c’est qu’on n’arrive plus à les enseigner. Donc, de même qu’on a amené le bac au niveau de 80 % d’une classe d’âge, on va, peu à peu, amener le français au niveau des élèves les plus médiocres. Comme ça, ils ne se sentiront pas opprimés par cet atroce signe de distinction sociale

 

Eh bien, encore une fois, les parents des classes moyennes et populaires ne l’entendent pas ainsi. Ils veulent qu’on apprenne à leurs enfants que l’effort est une bonne chose et que l’«oignon» s’écrit avec un «i».

Source et interview en intégralité sur Le Figaro

 

6 Commentaires

  1. Quand commencerez vous a comprendre? Quand cela sera trop tard évidemment.

    Les personnes mises en place par vous meme pour vous représenter ne sont pas là pour votre bien ni celui de vos enfants.
    Virez ces psychopathes appelés politiques et prenez vous en main.

  2. Et certains de dire que si on en est arrivé là, la cause en serait à « trop de  » qui œuvrent dans l’ombre.

    Que de mauvaises langues, ou pas…

  3. Je pense que cette réforme va encore plus diviser les Français, enfin les jeunes, ceux qui sont encore en âge d’étudier. il y aura les « anciens » qui continueront à défendre notre belle langue, et les « nouveaux » à qui « on » aura appris à la détruire.

    Ce matin il y avait justement sur France inter, un débat à la BNF ouverte pour une fois largement au public, une auteure, dont je n’ai pas retenu le nom, qui a été professeur pendant 15 ans, dans des quartiers difficiles.
    Elle disait à quel point les enfants, même de ces quartiers, étaient réceptifs à notre langue quand on leur en explique les modifications au cours des siècles qui ont amené la façon d’écrire avec ses accents, ses doubles consonnes, et ses exceptions diverses et variées. Et aussi que c’est notre langue écrite et parlée qui est une des richesses de notre Pays.
    je ne peux citer tout ce qu’elle a dit et que j’ai approuvé des deux mains, merci Madame.
    Vous pourrez la retrouver sur le site de F Inter, émission de 7à9 vers 8h15/30. Cela fait tellement de bien d’entendre de pareils propos !

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