Le conflit en Ukraine, une aubaine pour les banques occidentales et Monsanto via la vente de surfaces agricoles destinées à la culture OGM ?
Information très peu relayée par les medias internationaux, et pourtant … : si l’on en croit certains députés allemands, le conflit qui frappe actuellement l’Ukraine pourrait être associé à d’importants enjeux liés à la vente de terres arables. Opérations pour le moins fructueuses qui impliqueraient des sociétés et consortiums étrangers, soutenus par la Banque mondiale (BM), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et le groupe allemand Bankengruppe KfW.
Le but final ? acquérir des surfaces agricoles en vue de disposer de terrains pour cultiver des plants OGM … Un dossier qui pourrait faire du bruit … bien au delà de Landerneau ….
S’exprimant devant le correspondant de l’agence Rossiya Segodnya Mme Birgit Bock-Luna, chef du bureau de Niema Movassat, député du Bundestag allemand a ainsi récemment laissé entendre que le « conflit en Ukraine » était « utilisé pour vendre des terres au profit de grands consortiums », ajoutant que les députés signataires d’une requête exprimée par Niema Movassat, collectaient et analysaient à présent l’information sur le dossier en vue de la rendre publique.
Mme Bock-Luna a par ailleurs indiqué que dans sa requête au gouvernement fédéral, M.Movassat supposait que le territoire ukrainien puisse servir à cultiver des OGM, alors que ce type de cultures est interdit au sein de l’Union européenne.
Un article publié en août 2014 par le journal en ligne RT.com (précédemment nommé Russia Today) avait d’ores et déjà levé le lièvre, déclarant que le Fonds Monétaire International (FMI) conditionnerait son prêt de 17 millions de dollars à une ouverture de l’Ukraine aux plantes génétiquement modifiées (PGM).
RT.com ne faisait alors lui-même que reprendre les propos de Frédéric Mousseau de l’Institut Oakland. En juillet 2014, cet institut US avait publié un rapport intitulé« Walking on the West side The World Bank and The IMF In The Ukraine Conflict » qui évoquait brièvement la question des OGM en ces termes : « alors que l’Ukraine n’a pas autorisé l’usage des OGM en agriculture, l’article 404 de l’accord avec l’Union européenne, qui traite de l’agriculture, inclut une clause qui est passée généralement inaperçue : elle indique, entre autres, que les deux parties devront coopérer pour étendre l’usage des biotechnologies. »
Parallèlement, Michael Cox, directeur de la recherche pour la banque d’investissement US Piper Jaffray, indiquait l’Ukraine, et dans une plus large mesure l’Europe orientale, sont parmi les « marchés les plus prometteurs pour les vendeurs d’équipements agricoles comme le géant Deere aussi bien que pour les semenciers comme Monsanto ou Dupont ».
D’après différents analystes, les lobbies US s’activent depuis de nombreuses années pour adapter le cadre politique et économique de l’Ukraine à ses objectifs. Et cela se fait via un réseau d’influence et par des prêts du FMI et de la Banque mondiale, lesquels permettent au nom de la lutte contre la corruption ou la pauvreté …. d’influencer les politiques nationales.
Monsanto semble avoir des vues plus que manifestes sur les grandes plaines céréalières ukrainiennes. L’agence Reuters, citant les propos de Vitaliy Fedchuk, un responsable de Monsanto dans le pays indiquait ainsi que le géant US avait prévu, en mai 2013, d’investir 140 millions de dollars dans une usine de production de semences conventionnelles en Ukraine. Une opportunité pour Monsanto pour pouvoir profiter de son implantation géographique pour favoriser sa technologie par des actions de lobbying ou, comme cela s’est déjà produit dans d’autres pays, par la dissémination discrète de ses semences qu’il offrira à des agriculteurs favorables aux biotechnologies. Des grands propriétaires terriens ukrainienes s’etaient alors d’ores et déjà prononcés pour l’autorisation des OGM.
En novembre 2013, l’agence d’information russe Interfax précisait que six grandes organisations agricoles ukrainiennes, dont l’Ukrainian Grain Association (UGA), avaient écrit aux responsables politiques nationaux ukrainiens en vue de faire adopter des amendements au projet de loi sur la biosécurité, amendements destinés à rendre l’expérimentation et la culture des PGM possibles.
Notoans par ailleurs qu’au début de l’année 2014, le Conseil pour le commerce US – Ukraine (U.S.-Ukraine Business Council (US-UBC) était dirigé par Morgan Williams, un des directeurs de SigmaBleyzer, entreprise ayant intégré, à hauteur de 62%, le capital de l’entreprise française AgroGeneration, laquelle possède 12000 hectares de terres agricoles en Ukraine. AgroGeneration est l’un des cinq premiers producteurs de céréales et d’oléagineux du pays.
Plus globalement, l’US-UBC est tête de pont de l’agro-industrie US. Son Comité exécutif inclut des représentants de grandes entreprises de Monsanto, John Deere, DuPont Pioneer, Eli Lilly, etCargill. Et parmi la vingtaine de consultants principaux, notons l’ex ambassadeur d’Ukraine aux États-Unis, Oleh Shamshur, un des principaux conseillers de PBN Hill + Knowlton Strategies (H+K), une entreprise de relations publiques, filiale du groupe WPP qui possède notamment Burson-Marsteller, lequel gère, notamment les relations publiques de Monsanto en Argentine.
Or si Oksana Monastyrska s’occupe notamment désormais chez H+K des affaires de Monsanto, il était précédemment responsable « finance » de la Banque mondiale (World Bank’s International Finance Corporation (IFC)). Elle a également travaillé à l’USAID.
Rappelons que le FMI et la Banque mondiale ont à plusieurs reprises conditionné leur prêt à des « améliorations » du système économique ukrainienne : mesures d’austérité, réduction drastique des déficits budgétaires, réforme du système bancaire, mais également réforme de la gestion de la propriété foncière.
En 2012, la Banque mondiale avait quant à elle initié via son outil financier le International Financial Corporation, un projet(« Investment Climate advisory Services Project »), dont le but était d’optimiser le commerce lié à l’agriculture en rationalisant ou en éliminant 58 procédures et pratiques différentes d’ici à 2015. Objectif final : supprimer les normes trop peu favorables au commerce.
Sources : sputniknews, Reuters
Elisabeth Studer – 13 février 2015 – www.leblogfinance.com
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