États-Unis-Cuba : Une porte s’ouvre, mais…

L’année s’achève sous de bons auspices : les trois combattants antiterroristes cubains sont rentrés chez eux. Fin d’une injustice flagrante, qui a plongé le système judiciaire américain au cœur de l’ignominie. Et Barack Obama, devant l’échec indéniable d’un demi-siècle de politique vis à vis de Cuba, a décidé d’un changement de cap qui, bien qu’insuffisamment radical –pour ce faire, il faudrait que le Congrès abroge la loi sur le blocus économique, commercial et financier de l’île–, a le mérite d’au moins ouvrir la voie à un certain nombre de changements qui vont améliorer les conditions de vie du peuple cubain.

Ça n’est pas pour rien si Obama dans son discours a promis d’intervenir auprès du Congrès pour faire abroger cette loi qui fait obstacle à la normalisation des relations diplomatiques avec Cuba. En effet, comment pourrait-il atteindre son objectif si ce pays reste sous le coup d’un blocus condamné en diverses occasions par la communauté internationale, à l’Assemblée Générale des Etats-Unis, par l’OEA elle-même, ou encore l’Unasur et la Celac ?

La décision d’Obama va sûrement déclencher bon nombre d’analyses et une foison d’interprétations. Mais, d’ors et déjà, il semble impératif d’y apporter certains éclaircissements.

  • Un, l’échec retentissant des politiques conventionnelles.
  • Deux, l’isolement paradoxal dans lequel se trouvent les Etats-Unis, fait entériné par le Secrétaire d’Etat, John Kerry, quelques heures après le discours présidentiel. Isolement et hostilité croissante dans l’hémisphère et ahurissant abandon mis en évidence, année après année, par le vote écrasant contre le blocus à l’Assemblée Générale de l’ONU.
  • Trois, le rôle clé joué par le pape François et le gouvernement canadien, qui ont mené leur mission dans le secret le plus absolu et d’une manière extrêmement efficace, comme l’ont souligné autant le président des Etats-Unis que son homologue cubain Rául Castro.
  • Quatre, la lutte sans relâche des parents « des 5 », et leur mobilisation d’une puissante coalition internationale à la volonté inébranlable qui n’a jamais baissé les bras depuis le premier jour de détention des combattants cubains, afin d’exercer des pressions continues sur le gouvernement des Etats-Unis.
  • Cinq, le panorama géopolitique international préoccupant pour les intérêts us :
    - au Moyen Orient, avec l’Etat Islamique –créé en partie grâce aux Etats-Unis et au Royaume Uni– à l’origine de massacres de portée incalculable ; en Asie Centrale, où les talibans ne cessent de perpétrer d’horribles atrocités comme celle de l’attaque de l’école au Pakistan ; – en extrême Orient (crise de la Mer du sud de la Chine et menace d’affrontement armé avec le Japon)
    - en Afrique avec la déstabilisation progressive de régions entières et,
    - comble de tous les maux, la très sérieuse perspective d’une éventuelle confrontation armée en Europe ayant pour toile fond la crise ukrainienne,

Autant de raisons pour lesquelles il devient très fortement souhaitable de préserver la paix en Amérique Latine et dans les Caraïbes–en fait de les préserver comme uniques oasis de paix !– où l’emprise américaine passée est sérieurement compromise. Renouer des relations avec les pays de cette zone, dans un esprit de respect et d’égalité, devient une priorité absolue.

Mais, il faudra voir si Washington peut tenir ses promesses, car ses opposants, dans le pays comme à l’extérieur sont nombreux et très puissants.

Atilio A. Boron

18 décembre 2014.

Article original : EEUU-Cuba : una puerta que se abre, 17 Décembre 2014.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Florence Olier-Robine.

El Correo. Paris, 18 décembre 2014

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Voir Bruijitafr.

USA : Obama intronise Jeb Bush comme successeur potentiel après la grande manipe sur Cuba

L’effet d’annonce a balayé la planète, mais il faut chercher du côté de la Floride et des Républicains pour comprendre la récente déclaration d’Obama visant à normaliser les relations avec Cuba

Tout cela n’est bien évidemment que du vent pour amuser les commentateurs et autres « experts » du Système, car Obama n’a pas les moyens politiques de ses prétentions !

 

10 Commentaires

  1. USA : Obama intronise Jeb Bush comme successeur potentiel après la grande manipe sur Cuba

    L’effet d’annonce a balayé la planète, mais il faut chercher du côté de la Floride et des Républicains pour comprendre la récente déclaration d’Obama visant à normaliser les relations avec Cuba !

    Tout cela n’est bien évidemment que du vent pour amuser les commentateurs et autres « experts » du Système, car Obama n’a pas les moyens politiques de ses prétentions !

    http://www.brujitafr.fr/2014/12/usa-obama-intronise-jeb-bush-comme-successeur-potentiel-apres-la-grande-manipe-sur-cuba.html

  2. Sans importance mais « d’orEs et déjà »

  3. L’intérêt des zuniens de copiner avec Cuba est que dans une situation où une guerre mondiale est de plus en plus envisageable il vaut mieux pour eux étendre leur périmètre de sécurité immédiat . Depuis la crise des missiles en 62 les ricains n’ ont jamais relâché la pression sur Castro , mais en vue d’un confrontation Est/Ouest il vaut mieux pour eux ne pas avoir un ennemi potentiel à leurs portes . De plus l’ouverture d’une ambassade américaine à Cuba va permettre de faire rentrer tout et n’importe quoi sous le couvert de la « valise » diplomatique .

  4. Ce n’est pas une porte ouverte, c’est de la poudre aux yeux.

    Les amerloques ne sont plus crédibles depuis longtemps.

    Cette opération vise à masquer le scandale des documents révélant la généralisation des tortures par les fascistes de la bannière étoilée.

    Elle révèle la trouille que commencent à avoir les cow-boys sans cervelle avec les accords militaires entre la Russie et les pays d’Amérique latine, qui en ont ras le bol d’être les larbins de la ploutocratie étasunienne.

    Pour tenter de donner le change, ce qui ne devrait pas aboutir au but recherché, ils (les amerloqueteux) nous rejouent la scène du bon et du méchant flic. Le bon «Obama», et le méchant le congrès à majorité pousses aux crimes contre l’humanité.

    Les dirigeants cubains ne sont pas niais au point de croire que cette drag queen de loup américain vient subitement de se transformer en mère-grand.

    Y a plus que les gogolitos pour tomber dans ce genre d’histoire à deux balles.

  5. On ne peut absolument avoir un minimum de confiance de la part des Américains, ils mentent comme des arracheurs de dents, partout où ils passent ils ne savent que laisser désolation derrière eux, etc…
    De plus ils ne font rien sans arrière pensée…
    Au-delà de cet effet d’annonce qui amuse la planète, il serait bon de savoir ce qui se cache réellement derrière ce « tapage ».

  6. y’a 3 semaines à l’ONU les deux seuls pays votant non au levé du blocus étaient les US et Israël et aujourd’hui ils veulent être amis ?

    On nous prend pour des cons.

    Les ricains veulent juste empêcher Poutine de se rapprocher de Cuba, ni plus ni moins.

    • oui c est exactement ca !!!
      il ne faut plus rien attendre des usa a part la guerre ,la torture,les epidemies ,les attentats,le terrorisme
      « Les élites occidentales et les gouvernements ne sont pas seulement totalement corrompus
      , ils sont aussi devenus fous » (Paul Craig Roberts)

      « Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat.
      Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie,
      les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession,
      d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis »

      Thomas Jefferson (1802

  7. Comme l’ont dit autrement beaucoup d’intervenants, on ne peut faire confiance à des voyous dont la diplomatie est ouvertement le terrorisme.

    Avec leur ambassade, les USiens, comme d’habitude, vont installer la CIA. Ils vont avoir les mains libres pour fomenter des émeutes afin d’installer un dictateur à leur botte.

    Mais, avant cela, ils vont tout faire pour éviter que la Russie ne s’impose comme partenaire des Cubains et, si les dirigeants cubains ne s’y opposent en rompant l’accord bidon de fin du blocus, ils vont remettre leur foutu dollar au centre des transactions dans les pays latino-américains.

    Bref, leurrer les Cubains est un pas en avant « direction Babel ».

  8. Cela pue la révolution couleur Havane.

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