Protéger nos butineuses est impératif. A la lecture de cet article, on ne peut que constater qu’un pays qui n’a pas fait usage de pesticides, a ses colonies d’abeilles en bonne santé. Ce ne sont pas les malades soignés avec les produits de la ruche qui s’en plaindront..
Bucarest – Du venin d’abeille pour combattre la sclérose en plaques, du pollen pour la digestion, du miel comme cicatrisant: la Roumanie cultive l’apithérapie, une médecine alternative dont les racines remontent à l’Antiquité.
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x1na7h8_en-roumanie-l-apitherapie-a-fait-ses-preuves_news[/dailymotion]Dans la Grèce antique, Hippocrate appliquait du miel pour soigner les blessures et les Romains qualifiaient le pollen de «poudre qui donne la vie».
«La ruche constitue la plus ancienne pharmacie naturelle et la plus saine», explique Cristina Mateescu, directrice générale de l’Institut roumain de recherche et de développement apicole.
Médecin allopathe classique durant des années, le Dr Mariana Stan pratique aujourd’hui à Bucarest l’apithérapie «qui donne des résultats plus lents mais plus durables et plus profonds».
«Dans mon village, mon arrière-grand-mère était guérisseuse et utilisait les produits de la ruche. Elle m’a inspirée», explique-t-elle à l’AFP.
La Roumanie est un des rares pays au monde où des modules d’apithérapie ont été inclus dans les formations médicales classiques.
L’extrait de propolis développé par l’Institut de recherche et de développement apicole a été officiellement reconnu comme médicament.
En Inde, en Chine et dans l’Egypte antique, la propolis, substance résineuse butinée par les abeilles dans les bourgeons, était déjà prisée pour ses vertus cicatrisantes et antiseptiques.
Fondé en 1974, cet Institut emploie aujourd’hui 105 personnes. Outre ses recherches pour maintenir en bonne santé les colonies d’abeilles, il commercialise une trentaine de traitements homologués.
Une nouvelle gamme permet aussi aux chats et chiens d’être traités par apithérapie…
– La Roumanie pionnière de l’apithérapie –
«La Roumanie est une pionnière de l’apithérapie qu’elle a reconnue très tôt comme une composante de la médecine scientifique», explique à l’AFP le professeur américain Theodor Charbuliez, président de la Commission d’apithérapie d’Apimondia, fédération regroupant des milliers d’apiculteurs dans le monde.
Bucarest abrite depuis 1984 un centre médical d’apithérapie, le premier ouvert dans le monde.
Doïna Postolachi, 34 ans, y vient deux fois par semaine pour recevoir des injections de venin d’abeille (apitoxine), qui lui ont «redonné espoir» dans sa lutte contre la sclérose en plaques.
«Il y a un an, je ne pouvais plus marcher ni entrer dans ma baignoire. Mes pieds étaient cloués au sol mais aujourd’hui le traitement au venin m’a redonné de la force dans les jambes, je marche, je peux prendre un bain», affirme, rayonnante, cette poétesse aux yeux d’un bleu intense.
Le venin est récolté de manière douce, sans provoquer la mort des abeilles.
Doïna n’a jamais voulu des traitements chimiques classiques «qui s’accompagnent de nombreux effets secondaires».
Malgré le scepticisme de certains médecins allopathes, de nombreux patients dans le monde louent cette méthode alternative, y compris aux Etats-Unis.
Pour ses défenseurs, l’industrie pharmaceutique pourrait voir d’un mauvais oeil les traitements avec les produits de la ruche car ils sont très abordables.
– Des abeilles qui font des merveilles –
En 2013, l’université américaine Washington de Saint-Louis (Missouri) a publié une étude sur l’efficacité de la mélittine (toxine contenue dans le venin d’abeille) sur le virus du sida.
En France, des milliers de patients ont bénéficié de pansements au miel dans le service de chirurgie digestive de l’hôpital de Limoges (centre).
Des produits comme la gelée royale sont aussi de plus en plus utilisés en cosmétique. «Ils peuvent retarder les signes de vieillissement», relève Nelly Pfeiffer qui tient un salon spécialisé en apicosmétique à Bucarest.
Partout dans le pays, des officines proposent un vaste choix de produits apicoles.
Ce qui plaît, c’est l’image naturelle de ces traitements, qui ont toujours été présents dans la médecine traditionnelle d’un pays à la nature sauvage traversé par le massif des Carpates, comme dans le reste des Balkans.
«En Roumanie, nous avons la chance d’avoir une nature très préservée», note Cornelia Dostetan, apicultrice et membre de la Société nationale d’apithérapie.
Durant le communisme, les pénuries empêchèrent l’utilisation des pesticides. Aujourd’hui, la flore est encore très diverse en raison de l’absence de grandes zones de monocultures agricoles comme en Europe de l’Ouest.
Certifiée bio, la société roumaine Apiland, basée en Transylvanie, exporte du pollen cru aux Etats-Unis, en France, en Grande-Bretagne.
Selon le dernier recensement agricole de 2010, la Roumanie comptait 42.000 apiculteurs et 1,3 million de colonies d’abeilles.
«Ces êtres minuscules font des merveilles», dit Doïna qui ressent à leur égard «une immense reconnaissance».
Source 20Minutes avec © 2014 AFP
Les producteurs de pesticides –Syngenta et Bayer en tête- joueraient leur va-tout auprès de la Commission européenne, des Etats et de l’agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) afin de contrer les risques d’interdiction qui pèsent sur les néonicotinoïdes [JDLE], fortement suspectés dans l’effondrement des colonies d’abeilles. Lettres à l’appui, c’est ce que dénonce Corporate Europe Observatory (CEO), qui traque les lobbies dans les instances européennes. L’association a pu consulter des documents envoyés à différents commissaires européens et à l’Efsa par Syngenta, Bayer et l’ECPA[1], afin d’infléchir le processus de régulation comme le cours de l’expertise scientifique. Les courriers sont consultables sur le site de CEO (en anglais) et permettent de mieux saisir comment avancent dans la coulisse les dossiers dans lesquels se mêlent intérêts économiques, scientifiques et sanitaireshttp://www.journaldelenvironnement.net/risques-sante/.