Comment expliquer la victoire d’un parti pro-nucléaire au Japon ?

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Les 46èmes élections à la Chambre des représentants de décembre 2012 au Japon ont laissé un goût terriblement amer à ceux – militants, simples citoyens, victimes de la catastrophe de Fukushima ou amis du Japon – qu’une forte solidarité antinucléaire unissait désormais.

Qui a vraiment compris comment, du jour au lendemain, le Japon est passé du statut de nation nouvellement et farouchement antinucléaire – à 80% selon les enquêtes -, d’une nation atteinte dans sa chair et dans son âme par le drame nucléaire de Fukushima et qui avait enfin réappris à manifester dans les rues semaine après semaine, à celui de puissance dirigée par Shinzo Abe, un Premier Ministre profondément réactionnaire et résolument au service du lobby nucléaire, surnommé ici le « village nucléaire » ?

Le désarroi devant le résultat de ces élections a été tel qu’il semble avoir quelque peu aujourd’hui brisé l’énergie des combattants. Par quel tour de passe-passe le Parti Libéral Démocrate (PLD) qui avait perdu le pouvoir en 2009 est-il revenu ? Quelles en sont les conséquences pour le pays tout entier ? Je vais essayer d’apporter des éléments de réponse à ces questions.

Des élections anticonstitutionnelles

17 actions en justice ont à ce jour été entreprises pour demander l’annulation des élections de décembre, dont 16 par des groupes de juristes et une par un particulier. La Justice s’est prononcée : à chaque fois, le caractère anticonstitutionnel des élections a été reconnu, mais deux fois seulement l’annulation a été demandée, sans d’ailleurs être suivie d’effet [1] [2].
Ce qui n’est pas conforme à la Constitution, c’est la disproportion dans la représentativité ; avec le système électoral actuel, instauré avant les élections de 2009, le décalage peut atteindre 2,43 fois : un vote n’a pas la même valeur selon la circonscription, et les circonscriptions de province, moins peuplées, sont globalement favorisées. Des actions en justice avaient déjà eu lieu avant les élections anticipées de décembre dernier, mais ni les unes ni les autres n’ont été suivies d’effet pour l’instant bien que certains membres du gouvernement viennent de déclarer qu’il fallait envisager une réforme du système [3].

Un système électoral bien peu démocratique

Ces résultats affligeants sont aussi partiellement imputables au taux de participation relativement faible, un peu moins de 60 %. Le système électoral japonais est complexe, les électeurs votent en même temps pour un candidat au scrutin uninominal majoritaire à un seul tour et pour une liste de candidats au scrutin proportionnel. Les candidats se présentent fréquemment aux deux élections, augmentant ainsi leurs chances d’être élus. La démocratie pêche ici aussi : pour se porter candidat, il faut commencer par déposer la somme de 3 millions de yens (23 000€ au taux actuel) pour le scrutin nominal et 6 millions de yens (46 000€ ) pour le scrutin proportionnel. Cette somme est perdue en cas d’échec, et les petits partis sont donc irrémédiablement défavorisés, d’autant que tout candidat potentiel est supposé cesser son activité professionnelle pour se présenter.

À ce jeu, et malgré diverses irrégularités (bureaux de vote fermés trop tôt, tracts politiques PLD mensongers notamment au sujet de l’arrêt définitif de toutes les centrales annoncé dans le Nord-Est), le PLD du Premier Ministre Abe a obtenu la majorité absolue à la Chambre (294 sièges sur 480) avec seulement 24,67 % des voix au scrutin uninominal majoritaire et 15,99 % au scrutin proportionnel.

D’une certaine façon, les Japonais se sont fait voler leurs élections. Mais malgré les raisons objectives que je viens d’évoquer, il est indéniable que le contexte national de stagnation économique et l’incapacité du précédent gouvernement de M. Noda – du Parti Démocrate du Japon – à tenir ses promesses et à gérer la crise nucléaire, ainsi bien sûr que la situation en Asie, ont été déterminants. Les tensions avec la Chine (problème des îles Senkaku) et avec la Corée du Nord ont rendu la tâche facile à M. Abe comme à l’ensemble des nationalistes et des nostalgiques du Japon impérial.

Shinzo Abe au service du nucléaire

Soutenu par la majorité des grands industriels, par le Keidanren (syndicat patronal des entreprises), par le lobby nucléaire, par tous les revanchards et militaristes du pays, Abe a eu tôt fait de mettre le Japon au pas et de feindre d’ignorer les revendications antinucléaires de la nation. Les décisions intransigeantes de son gouvernement sur tout ce qui concerne le dédommagement et le suivi médical et social des victimes de l’accident nucléaire, sur la définition des zones d’évacuation et des zones de retour consécutives à l’accident nucléaire, sur le redémarrage des réacteurs nucléaires (depuis juillet 2012, seuls deux réacteurs sur les 50 encore théoriquement exploitables sont en service), n’ont pas tardé à durcir le paysage politique et sociétal du pays, aggravant encore le climat de déni qui s’était quelque peu instauré avant même son arrivée au pouvoir. Je vais en donner ici quelques exemples.

Article complet: groupes.sortirdunucleaire.org

21 Commentaires

  1. Quelle décadence sociale ce Japon depuis 1945!

    Tiens tiens,… nous aussi!

    bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre!

  2. Manque de choix,cloisonnage?

    On à probablement exporté le modèle français.

    Comment expliquer la victoire d’un parti pro-europeiste en fRance?

    • c’est peut être que l’europe n’est pas le plus gros problème de la france ? Entre le cancer et le choléra on choisit peut être le choléra faute d’alternatives viables ?

  3. Le cancer serait le peuple français?

    Ou la finance les illuminatis?
    Difficile de lutter sans connaitre son adversaire…

    • administrations, législations, sécurité, pourquoi le peuple ? Un peuple bien conseillé c’est une force.

    • Et pourtant c’est si simple; …il nous suffit tout simplement d’arrêter de collaborer avec ce système, et alors tout commencera à s’arranger comme par enchantement !

      • A t-on le choix ? je ne crois pas que ce soit possible ! S’il y a une solution, qu’on peut imaginer, ce ne sera pas un enchantement !

      • à ConscienceU12,en votant nous sommes NUS .
        Demain ,fin de Mois je reçois le facteur qui m’apporte du fric,je vais le renvoyer ???
        Tout est cloisonner,le Président F Mitterrand n’avais plus rien à dire,la lavette F Hollande idem,ces gens sont plus eux mêmes,pour le F Hollande ,c’est vraiment la pire serpillière,ces gens ont PEUR .

  4. je vous signale que c’est pas nous qui décidons ok.

    • RTB qu’est ce qui nous empêche de décider? Sur 100 moutons il y en a 80 qui disent
      « on ne peut rien faire » dans ce cas je leur réponds: subissez et fermez vos bouches.
      L’ouvrir pour gémir, en accusant les autres de tous les maux, sans faire aucun effort
      pour sortir de cette mascarade, c’est du masochisme assorti de négativisme. Heureusement qu’il y a
      20 autres moutons qui essayent eux, et pas besoin de beaucoup de moyen pour ça
      la part du colibri!……. ♥♥

      • Bisous VOLTI.
        C’est vous qui faites tout le boulot ok.
        Merci..

        • Je ne fais pas plus, que ce je peux faire, mais j’essaye de
          le faire.
          Et ne crois pas que je te cries dessus mon RTB, mais j’en ai marre
          d’entendre qu’on ne peut rien faire….
          Ceux qui décident font ce qu’ils veulent, à nous de leur montrer notre
          désaccord, en zappant au maximum ce qu’ils nous proposent.♥♥

  5. Marguerite, Volti, tu vas faire des jalouses !

  6. Les Japonnais sont très obéissants.

    Leur appareil démocratique (comme le notre) n’a de démocratique que le nom. On devrai dire parti-cratique. En éffets sesont les parti qui on le pouvoir et pas le peuple.

    Avec fukushima beaucouyp d’argent à du transiter vers l’étouffement de l’affaire et donc vers ce parti. Comme avec Sarko, si tu as du billets tu obtiendra des votes.

    Le livre de Kadafi LA LIVRE VERT est un très bonne critique des systèmes dit démocratique.

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