Depuis le Mexique, soutien à Notre-Dame-des-Landes…

Le 25 octobre, dans le cadre de la rencontre/séminaire « Mexique – Europe : ils ne passeront pas », des centaines de personnes se sont réunies au Centre intégral de formation indigène/université de la Terre de San Cristóbal de Las Casas au Chiapas.

Parmi les participants se trouvaient des internationaux, des habitants de San Cristóbal de Las Casas et de nombreux paysans et délégués des communautés de Bachajón, de Tila, de la forêt des Chimalapas (Oaxaca) ainsi que d’autres villages et hameaux du Chiapas, venus partager et écouter les expériences de résistance face aux mégaprojets, en Europe et au Mexique.

L’initiative de cette lettre de soutien, signée depuis par de nombreuses organisations, personnes et collectifs mexicains, est née dans la foulée de ces rencontres.

 

DU MEXIQUE, LETTRE DE SOUTIEN À LA LUTTE DE NOTRE DAME DES LANDES

Aux gens de Notre-Dame des Landes et de la France en résistance  
À l’ACIPA, à l’ADECA, à la coordination des opposants au projet d’aéroport,
Aux associations « COPAIN », aux habitants et habitantes qui résistent et
À tous les occupants et occupantes de « la Zone à défendre » ZAD,
Aux médias alternatifs et sincères,
À l’Autre Campagne et à la Sexta Internationale,
Aux luttes contre les mégaprojets et pour la défense de la Terre de toutes
les parties du monde

Ici, au Mexique, c’est rage et indignation que nous ressentons après avoir
été informés de l’expulsion et de la destruction de maisons, de forêts et
de terres de culture par la police française à Notre-Dame des Landes,
depuis le 16 octobre dernier.

Une zone agricole est menacée par le gouvernement socialiste français et son premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui veut imposer sur ces champs de l’ouest de la France un nouvel aéroport de taille internationale, et ce malgré l’opposition des paysans et des paysannes, des jeunes et d’une bonne partie de la population. Nous savons que ce chantier est complètement inutile vu qu’il y a déjà beaucoup d’aéroports en France, et nous sommes au courant du réchauffement climatique global provoqué par la multiplication des avions que seuls les riches peuvent se payer.

Nous savons aussi, car ils voulaient l’imposer aux villages d’Atenco dans l’État de Mexico, que la construction d’un aéroport entraîne à elle seule la convoitise pour les terres, l’urbanisation accélérée et l’implantation d’industries dans des zones encore rurales, où l’environnement a été préservé. Ce que ces projets amènent, c’est la division et le contrôle social de la population, et encore une fois ce sont les paysans qui se retrouvent spoliés par des constructions imposées de force et uniquement destinées aux gens de la ville ayant beaucoup d’argent.

Malgré l’énorme distance qui nous sépare, nous voulons vous dire que nos
luttes sont semblables : votre lutte est un miroir de la situation de
pillage que nous vivons sur nos terres. Il est important pour nous de nous
informer de ce qui arrive en Europe, parce que ce sont des modèles qu’on
veut nous imposer ici aussi et que nous non plus, nous ne voulons pas
perdre nos terres, nos territoires et nos modes de vie.

Nous voulons vous dire également qu’au Mexique, nous luttons aussi contre
le pillage des terres, comme c’est le cas des communautés de Tila et de
Bachajon au Chiapas, où les terres sont menacées d’être spoliées pour des
projets touristiques, ou bien encore dans l’Isthme de Tehuantepec, où les
terres sont enlevées aux villages indigènes ikoots et binniza, et où sont
imposées des centaines et des milliers d’éoliennes produisant de l’énergie
pour les multinationales et où, tout comme à Notre-Dame des Landes, la
police est envoyée pour surveiller les chantiers.

Ou encore à Huexca, dans l’État de Morelos, où des CRS ont été envoyés il y a quelques jours pour imposer un gazoduc et une usine thermo-électrique d’une entreprise espagnole, et cela malgré les risques liés à la proximité du volcan Popocatépetl ; comme à Atenco, où le projet d’aéroport est toujours d’actualité ; comme ce qu’il se passe contre les communautés zapatistes au Chiapas, que le gouvernement veut déposséder des terres récupérées grâce au soulèvement de 1994 ; comme, enfin, dans des dizaines et des centaines d’autres villages et de communautés partout au Mexique, où ils nous dépossèdent de la terre et nous imposent des projets de mort, mines à ciel ouvert, barrages hydroélectriques, autoroutes, « villes rurales », et tant d’autres projets de « développement » qui cherchent à en finir avec nos communautés et nos terres collectives.

Ces projets inutiles bénéficient seulement aux entreprises telles que OHL,
ENDESA, GAMESA, EDF, MALL, GOLDCORP, BLACKFIRE, IBERDROLA, MONSANTO, parmi d’autres. C’est à cause de ces entreprises qu’ils nous répriment et nous envoient la police et les CRS ; mais aussi qu’ils corrompent, achètent les élections et imposent des gouvernements, comme cela fut le cas du président Enrique Peña Nieto et de tant d’autres marionnettes politiques.

Leur cupidité et leur désir sans limites d’imposer ces mégaprojets en
arrivent même à l’ignominie d’instrumentaliser des groupes paramilitaires,
d’imposer les cartels de la drogue et de payer des tueurs à gage pour nous
assassiner.

Partout dans le monde, chaque jour nous voyons plus clairement jusqu’à
quel point peuvent en arriver ceux d’en haut afin de mettre en place des
politiques qui piétinent les peuples au bénéfice du pouvoir économique.
Ils sont capables d’inventer une guerre d’extermination contre tous ceux
qui s’opposent comme nous à leurs plans de mort. Mais chaque fois qu’ils
nous frappent, nous sommes encore plus conscients du système destructeur
auquel ils veulent nous soumettre.

Compagnons et compagnes, nous ne fraternisons pas seulement dans la lutte
contre la répression : nous voyons aussi que nous partageons la même
conscience que notre planète n’appartient pas aux hommes politiques et aux
riches qui sont leurs collègues, mais bien aux peuples et aux êtres
vivants qui l’habitent. Nous partageons aussi la pleine conscience du fait
que nous luttons partout contre ces gouvernements qui se disent
démocratiques mais qui nous imposent ces projets, nous divisent et nous
détruisent pour satisfaire la dictature de l’argent.

(…)

 

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Un article de Présentation/COLLECTIFS ET ORGANISATIONS DU MEXIQUE, déniché par Geof, publié par espoirchiapas.blogspot.fr et relayé par SOS-planete.

Auteur : Présentation/COLLECTIFS ET ORGANISATIONS DU MEXIQUE

Source : espoirchiapas.blogspot.fr

Article relayé par : mich

Un Commentaire

  1. Ça fait chaud au cœur d’apprendre que nos frères Zapatiste sont solidaires.
    Allez savoir , le sub-comandante Marcos est peut être abonné à l’Huma ?

Les commentaires sont clos.