Les activistes d’Occupy Wall Street aident les victimes de Sandy à New York

Merci à David T. pour cette magnifique info.

Les membres d’Occupy Wall Street, ce mouvement né en 2011 en réaction aux excès du monde de la finance, reprennent du service: ils se sont déployés à travers New York pour apporter repas chauds, médicaments et couvertures aux victimes de la tempête Sandy, qui a frappé l’est des Etats-Unis il y a deux semaines.

Ils ont ainsi fourni des vivres et de l’eau à Glenn Nisall, 53 ans, qui habite seul dans le quartier isolé de Rockaway, dans le Queens, et dont l’habitation a été coupée du réseau électrique par la tempête. A leur arrivée, il raconte s’être exclamé: « Occupy? Vous voulez dire Occupy Wall Street? », avant d’ajouter: « Fantastique, mec. Je suis l’un des 99%, vous savez! »

Occupy Wall Street était né à la fin de l’année 2011 dans le sillage de la crise et du mouvement d’origine espagnole des Indignés. Une poignée de manifestants s’était réunie sur la place Zuccotti Park, à Manhattan, sommant les dirigeants d’organiser un partage équitable avec les « 99% » des gens qui n’ont pas accès aux richesses mondiales.
La philosophie de l’entraide

L’appel avait été entendu et largement relayé, notamment sur les réseaux sociaux, et des mouvements « Occupy » étaient nés ensuite dans plusieurs pays du monde, avec pour objectif commun de protester contre la financiarisation de l’économie. Si le mouvement a ensuite disparu des radars médiatiques, ses membres ont conservé sa philosophie, qui les amène aujourd’hui à secourir les victimes de Sandy à New York.

Dès le lendemain du passage de la tempête, les militants d’Occupy ont établi un quartier général à l’église St Jacobi, à Brooklyn, et utilisé Twitter et Facebook pour faire passer le mot.

L’action rappelle les débuts du mouvement: des jeunes gens portant des barbes de trois jours communiquent entre eux par talkie-walkies et planifient les actions à venir. Les dons arrivent par camions entiers et sont stockés dans le sous-sol, où l’on trouve de tout, de la soupe en conserve aux aliments pour chiens, en passant par les housses de couette.
« Des jeunes qui écrivent l’histoire »

« Ce sont des jeunes qui écrivent l’histoire », explique Mark Naison, professeur à l’université de Fordham, qui a étudié le mouvement Occupy Wall Street. « Des jeunes gens qui refusent de laisser les autres souffrir, et tentent de faire quelque chose contre cela. »

Il existe aujourd’hui plusieurs dizaines de centres d’aide comme celui-là, et un flot ininterrompu de volontaires qui sont envoyés dans les endroit les plus touchés par la catastrophe naturelle.

Récemment, un message publié sur la page Facebook de l’organisation disait: « Attention! Si quelqu’un à Rockaway a besoin de pomper l’eau de son sous-sol, contactez Suzanne Hamalak à suzybklyn@aol.com. Sa famille veut rendre service, et ils ont des pompes industrielles qu’ils peuvent mettre à disposition gratuitement… »
L’art de la mobilisation

A Rockaway Park, Diego Ibañez, militant de 24 ans, dort sur le sol glacial d’un centre situé dans une rue où plusieurs bâtiments ont été détruits par des incendies. « On constate une nécessité, et on y répond », explique-t-il. « Il n’y a pas de patron pour nous dire ce qu’on peut ou ne peut pas faire. Zuccotti a été le meilleur entraînement pour apprendre à mobiliser autant de gens aussi rapidement. »

Très peu de transports en commun fonctionnent dans le quartier, où la plupart des gens n’ont toujours pas retrouvé l’électricité et où de nombreuses habitations sont détruites. Occupy a distribué des repas chauds, des piles et des couvertures aux habitants, tandis que des médecins et des infirmières vont toquer aux portes des personnes âgées pour vérifier leur état de santé.

A Rockaway, les militants d’Occupy ont aussi transformé un magasin en pharmacie de fortune, et des riverains font la queue pour venir chercher des médicaments. Des bandes de gaze et des bouteilles de désinfectant ont été empilés sur les tables derrière un rideau en lambeaux.

« Je ne crois pas qu’on aurait survécu sans eux », lance Kathleen Ryan, alors qu’elle patiente pour récupérer son traitement contre le diabète. « Cet endroit est fantastique. Cette communauté. Ils nous ont beaucoup aidés. »

Est-ce l’heure de gloire d’Occupy Wall Street? Carrie Morris sourit à cette idée. « L’entraide a toujours fait partie de ce mouvement », explique-t-elle. « C’est un élément important de ce que nous faisons. L’idée est de s’aider. Et nous voulons servir de modèle pour le reste de la société, en rappelant que tout le monde devrait faire cela. »

Source: Agence de presse via Romandie

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